jeudi 24 septembre 2020

Sur mes pas de lecteur: "Je n'en ai jamais parlé à personne", quand les langues se délient, moi je les écoute et cela me touche !

 Je n'en suis pas à une première avec l'auteure féministe Martine Delvaux et ses écrits romanesques ou d'essai, je les lis avec intérêt et j'en conserve un bon nombre dans ma bibliothèque. Ainsi donc, "Je n'en ai parlé à personne" rejoindra "Le boys Clubs", Thelma, Louise & moi", "Le monde est à toi", "Les filles en série" et le très touchant (pour moi !), "Blanc dehors". Cette fois, elle utilise la parole de  nombreuses femmes (une centaine) qui avaient gardé jusque là pour elles ce qu'elles avaient subi, de violence dont celle sexuelle. 

Pour ma part, il me semble que dans mon entourage, peu de femmes ont été des victimes, mais ma perception tient possiblement du fait que "Je n'en ai jamais parlé à personne". Toutes ces femmes que j'ai croisées, celles avec qui j'ai travaillées, celles à qui j'ai enseignées, combien avaient une histoire ? Ces histoires, je ne les connaîtrai pas. Mais vous qui avez fait parvenir la votre à Martine Delvaux, je l'ai lu attentivement et comme homme elles m'ont touché ! 

                                               Tiré du site de la maison d'édition Héliotrope

Utilisant ces témoignages, elle nous propose une suite fort bien agencées qui une fois ma lecture débutée, m'a gardé captif jusqu'à la fin. De ces premiers mots "On ne se connait pas" jusqu'aux derniers "Mais je ne suis pas morte", j'ai découvert des mots qui portent forts. Deux exemples, en cours de lecture, aux antipodes des perceptions, "Cette histoire, même si je n'aime pas ça, fait partie de moi" et "Ce n'est pas si grave !" qui illustrent bien le drame passé, présent et futur de ces femmes.

Pour ce geste d'écriture, merci Martine Delvaux ! En espérant qu'il permette au plus grand nombre de prendre conscience de ces aspects sombres du comportement humain.

lundi 21 septembre 2020

Sur mes pas en danse: "Verso", une œuvre poétique en trois temps

Les propositions chorégraphiques sont de plus en plus fréquentes, soit en présence soit en court métrage. Pour son début de saison, Danse-Cité propose "Verso" d'Audrey Bergeron avec pleins de collaborateurs, une œuvre hybride, nous derrière notre écran et eux, en direct (du Théâtre Prospero). Et moi cette proposition, je l'ai acceptée, tout comme environ quatre-vingt-dix autres spectateurs en ce vendredi soir de première. Et quelques jours plus tard, nous avions la possibilité de la revoir en reprise et c'est ce que j'ai fait, deux fois plutôt qu'une. Ce qui m'a permis de confirmer mes premières impressions, mais sur cela, je reviendrai !

C'est bien assis devant mon écran que j'attends avec grand intérêt que l'on me fasse entrer virtuellement en "salle". Après l'accueil, nous avons droit à une œuvre en trois temps. "Inspirée des films muets et en noir & blanc, VERSO réunit un quatuor féminin et un pianiste au cœur d’un montage chorégraphique truqué et poétique", dixit la description officielle de l'œuvre et avec laquelle je suis bien d'accord. Ainsi donc, nous découvrons ces quatre femmes (Audrey Bergeron, Jessica Serli, Kim Henry et Merryn Kritzinger) avec des moments plus spécifiques pour chacune d'elles. Au début, j'y vois un univers fantaisiste, en "recto-verso !" dans lequel la répétition des gestes fort bien réussie. Par la suite, se développent leurs côtés fantaisistes, circassiens et "magiques" aussi ! Comme si elles nous présentaient leurs aspirations. Et puis arrive "le" moment (le solo fort riche de Kim Henry), par lequel nous sommes projetés dans la partie imaginaire de la proposition, dans une autre dimension de leur vie, telles des planètes qui évoluent autour du point central de la scène. 

                             Photo des interprètes par Marjorie Guindon tirée du site de Danse-Cité


Ces femmes et leurs univers, qui évoluent seules ou en groupe, sont portées par une musique riche (Roman Zavada et Antoine Berthiaume), tout à fait synchronisée avec leurs gestes pour appuyer et rehausser les épisodes de leur évolution. D'autre part, il y a aussi les accessoires qui ancrent dans la réalité, ces univers féminins. 

Audrey Bergeron, quatre ans après "Par le chas de l'aiguille", reprend son exploration de l'univers féminin et le fait évoluer de façon fort riche et plus onirique. Je ne sais pas comment aurait été ma perception de cette œuvre si je l'avais vu, juste là devant moi, mais le jeu des prises de vue l'enrichissait, diminuant mon regret de ne pas y être ! Et cette possibilité de la revoir en reprise, voilà une excellente idée.

vendredi 18 septembre 2020

Sur mes premiers pas en danse dans une salle: "More-Than-Things" à découvrir, même les yeux fermés !

 L'invitation à revenir en salle, depuis "une éternité" était fort tentante et je l'ai acceptée avec grand enthousiasme. Pour être certain, j'avais tous mes billets pour l'année depuis le pré dévoilement de la saison du La Chapelle et un de ceux là était pour le "laboratoire", "More-Than-Things" d'Émile Pineault et de toute son équipe. Un laboratoire, pour les moins familiers, consiste à présenter à un public, une étape de travail en cours d'une oeuvre en création ou en évolution. Vous avez là tous les ingrédients pour m'intéresser. Parce que voyez-vous, je pourrai peut-être humblement contribuer au produit final ! 

                                                  De Vjosana Shkurti tirée du site du La Chapelle

Et pour ce faire, je me rends bien à l'avance, soit plus de trente minutes, question d'avoir ma "bonne" place ! Et, ne riez pas s.v.p. (!) j'apprends avant de rentrer en salle que nous ne serons qu'une quinzaine de spectateurs disposés tout autour de l'espace de prestation. Malgré tout, tout en respectant les règles de distanciation et d'hygiène propres à notre époque, j'ai pu, pendant mon attente, échanger de façon fort agréable avec les gens du La Chapelle et d'une des membres de l'équipe de l'oeuvre à voir. J'y apprends que cette proposition s'adresse aux personnes voyantes et aux personnes avec un handicap visuel. C'est donc bien informé et surtout bien heureux de revenir en "salle" que j'attends de prendre place. 

Le moment venu, je rentre et après avoir évalué les possibilités (sur les quinze places, je vous rappelle (!) indiquées par une flèche ), je trouve la mienne, y prend place et ensuite, enlève mon masque. Devant moi, un espace circulaire jaune qui a toutes les allures d'une piscine sur ou sous laquelle se retrouvent deux personnages (Nien Tzu Weng et Émile Pineault). La vie réserve parfois des coïncidences, parce que une de mes dernières sorties culturelles, d'avant pandémie, était à la Nuit Blanche du CCOV, "Short & Sweet recyclé XXL) durant laquelle, Émile Pineault et ses acolytes nous proposait l'oeuvre la plus audacieuse, soit celle d'imaginer, parce fait dans l'obscurité, le mouvement de ses corps par le bruit et aussi notre imagination. 

C'est en gros ce qu'il proposera dans ce qui suivra aux spectateurs, dont deux sont des non voyants, comme je l'apprendrai lors de la discussion qui suivra la présentation. 

Parce que le plaisir de découvrir est un aspect fort important de cette proposition, je me garderai d'être trop descriptif. Cependant, je peux facilement vous donner quelques unes de mes impressions sur cette oeuvre qui se veut surtout performative et multi sensorielle. Pour le voyant que je suis, il y a deux corps qui évoluent dans l'espace rempli d'objets. Certains moments sont fort éloquents, tandis que d'autres plus abstraits. Les sons produits par les déplacements sont parfois très éloquents, parfois très discrets. Quelque fois pendant la prestation, je me suis mis dans la peau d'un non voyant et je me suis fermé les yeux. De façon surprenante, mon imagination produisait une histoire, mon histoire, tandis que les yeux ouverts, tout me semblait plus abstrait ! Comme si les sons dans la nuit, toute jeune enfant sous notre couverture pouvaient créer des êtres mystérieux et aussi des inquiétudes. Les bruits entendus, une fois traités et amplifiés dans notre cerveau produisaient une histoire toute personnelle ! 

J'ai donc eu les yeux ouverts, d'autre fois les yeux fermés, mais tout le temps les sons et les mouvements produisaient leurs effets.

Une fois la fin arrivée, nous sommes invités à rester en salle pour partager nos impressions. Et je suis resté ! Pour cette partie, je retiens les aspects suivants, Émile Pineault est entouré d'une grosse et belle équipe. La pandémie a "coupé les ailes" des créateurs qui voulaient présenté une oeuvre de proximité intégrant le toucher que la pandémie a cruellement amputé ! Aussi que pour un non voyant, soixante minutes, c'est long, surtout quand les sons se font plus discrets. Enfin, je suis jaloux, et le mot est faible, lorsque cette spectatrice non voyante nous partage son histoire perçue ! 

Je vous partage enfin, mon dernier commentaire, voilà un minerai encore à purifier, mais qui a une grande valeur et que je me promets de découvrir (les yeux ouverts ou fermés ???) la suite.

vendredi 11 septembre 2020

Sur mes pas au cinéma: "Jumbo", fable moderne qui demande de lâcher-prise !

La bande-annonce mettait les cartes sur table et "Jumbo" de Zoé Wittock verserait dans le fantastique. L'histoire d'une jeune fille (Noémie Merlant, éblouissante et convaincante !) qui tombe en amour avec un manège ! Au jeu du oui et du non avec ma blonde, elle veut passer son tour, tandis que moi, c'est un oui fort déterminé. Voilà donc pourquoi, je me retrouvais seul, seul sans ma blonde, mais aussi seul dans la salle (la salle 4 du Cinéma Beaubien) pour la première représentation de la journée à 10h20, ce vendredi matin. Je peux donc affirmer que j'ai été le premier spectateur à voir cette oeuvre au Québec !!!


Donc bien installé dans mon siège, je fais la connaissance de cette jeune femme, Jeanne, toute timide et réservée qui fait le ménage de nuit dans un parc d'attractions. Elle a aussi un univers bien à elle, tout en bricolage, dans sa chambre à coucher dans la maison de sa mère, une mère toute différente d'elle ! Puis arrive la rencontre avec la machine ! Cela perturbe et dérange les gens autour d'elle. Ce que vit et ressent cette jeune fille, Noémie Merlant nous le transmet avec éclat. 

Évidemment, plein d'obstacles autour d'elle se dressent, mais elle garde le cap jusqu'à la fin fort bien réussie. 

"Jumbo" est une fable moderne qui demande au spectateur un lâcher-prise et aussi qui le requestionne face aux différences de l'autre ! Une sortie cinéma qui mérite d'être faite !

Et comme il est écrit au début de la projection, "tiré d'un fait réel", voici pourquoi. En 2007, la réalisatrice a lu un article sur une femme qui s'est mariée avec la Tour Eiffel. "L’article m’a fait sourire mais il m’a aussi fascinée" a-t-elle dit. Elle l'a aussi contacté et de cette rencontre, l'idée du film est née ! Et pour les intéressé.es, ce phénomène a un nom, c'est l'objectophilie.

jeudi 10 septembre 2020

Sur mes pas en danse au Festival des arts de Saint-Sauveur: Une dernière oeuvre qui a tout de l'(en)vol !

 Nous en sommes rendus dix semaines plus tard à la présentation de la dernière oeuvre de cette édition en ligne du Festival des arts de Saint-Sauveur. Une finale avec Yannick Nézet-Séguin au piano (sur une création d'Éric Champagne) et à la danse Guillaume Côté. Une oeuvre intitulée "Échos" qui pour moi après l'avoir vu et revu, aurait pu avoir pour titre " L'en(vol)", mais commençons par le début.

De ce Festival en temps de confinement, nous avons eu droit à dix propositions qui, selon moi, permettaient de se faire notre propre récit. Je suis aussi assez certain que si je les visionnait l'une après l'autre en séquence, j'y verrais les chapitres d'une oeuvre plus grande et cela, malgré la diversité des genres et des styles. Et cette dernière proposition en sera la conclusion. 

Au Sommet Saint-Sauveur, sur le "toi du monde", il y a une scène, un piano et deux hommes. En arrière scène, nous voyons loin, au dessus des arbres. Par la suite, j'y vois un oiseau, un aigle qui sera porté par les courants du vent, l'oeuvre musicale. En entrée de jeu, c'est l'envol qui sera suivi du vol de cet "oiseau". Il va avec le vent, il va aussi contre celui-ci et aussi se laisse planer, comme moi, en cette fin de pandémie.Le geste est majestueux, d'où ma référence à l'aigle. Je ne suis pas un "fana" du ballet, mais impossible de ne pas apprécier la qualité du geste et de la synchronisation avec la musique. Et le propos porte et me rejoint !

Dehors, le ciel se fait plus sombre, le mercure reste plus bas dans sa colonne, nous indiquant que la saison chaude est derrière nous, ce qui me permettra de garder bien au frais les souvenirs de cette édition particulière du Festival des arts de Saint-Sauveur. 

Il faut s'adapter, qu'on nous répète, et les responsables de ce festival l'ont bien fait. Et moi, j'en ai bien profité. Merci beaucoup !


dimanche 6 septembre 2020

Sur mes pas au cinéma: Deux rencontres qui me laissent des traces !

Pour ce long week-end, un rendez-vous avec le septième art était prévu, mais au final, ce sera deux. Deux oeuvres qui chacune à sa façon, nous aurons touché ! Mais commençons dans l'ordre. 

Il est samedi en début de soirée et pourquoi pas ! Et comme il était encore possible de réserver deux billets pour "Petit Pays" en ce samedi soir, nous l'avons fait ! Et tellement content de notre décision de dernière minute. Tirée d'un récit autobiographique, cette oeuvre nous propose une perspective nouvelle, Si la tragédie nous semblait toute rwandaise, nous en avons découvert la perspective burundaise, qui elle aussi, est toute aussi tragique.Du cinéma qui nous a ému et qui aussi nous a fait découvrir une perspective nouvelle. À voir !


Et le lendemain, nous serons en salle pour découvrir "Femmes", "Woman" en France ! Cela faisait un certain temps que nous tentions d'y aller, mais comme les places dans les petites salles du Cinéma Beaubien partaient comme des petits pains chauds, nous reportions au lendemain. Mais en ce dimanche, c'est dans la plus grande salle numéro 1 que nos bonnes places ont été réservées ! Et c'est dans une salle pleine, en temps de pandémie, que nous avons pris place. Et comme d'autres l'ont dit avant moi, nous avons été subjugués et touchés! Spectatrices ou spectateurs seront captifs tout au long de ces presque deux heures de témoignages tout féminins. Impossible pour nous de trouver des aspects de la vie des femmes tout autour du globe qui n'a pas été traité ! Tout cela avec un traitement esthétique hors du commun, avec en point d'orgue, la chorégraphie aérienne de ces femmes ! Pour faire le tour du monde de la perspective féminine aujourd'hui, "Femme(s)", notez ici la parenthèse sur l'universalité et l'unicité de chacune d'elles, par Anastasia Mikova et Yann Arthus-Bertrand mérite le détour et que cette proposition reste à l'affiche de nombreuses autres semaines.



mercredi 2 septembre 2020

Sur mes pas en danse au Festival des arts de Saint-Sauveur: deux propositions toutes en lien !

 Il m'arrive de mûrir ma réflexion sur une oeuvre et souvent, cela s'avère salutaire. Non pas que ma perspective change nettement, mais que de nouveaux éléments l'enrichissent. C'est ce qui est arrivé lors de mes visionnements de la proposition d'Andrew Skeels et Isabelle Panneton, "Appel/Éveil au sommet". J'ai attendu avant de me compromettre à rédiger sur ce que j'y ai vu. Et c'est lorsque j'ai visionné la proposition, la semaine suivante, de Daina Ashbee et Alejandra Odgers, "Try-fixer" que ces deux oeuvres n'ont fait qu'une ! Et voici pourquoi !

"Appel/Éveil au sommet" nous présente d'abord un homme (Stéphane Beaulac) qui joue de la trompette dans un grand espace vert en pente. Et puis nous "arrive" un autre (Andrew Skeels), d'abord dans un flou , puis ensuite de façon plus nette sur une scène toute noire. Je sens rapidement que devant moi, c'est un soldat sur un champ de bataille qui semble affronter une force adverse. Il exprime en gestes ses différentes émotions face à un ennemi invisible et insaisissable ! Il encaisse, il riposte, il chute, il se relève avec des gestes qui sont fort éloquents ! Il le fera jusqu'à la toute fin où nous l'abandonnerons face à son destin. 

Mais qu'arrive-t-il à cet homme après ? Saura-t-il reprendre vie dans un monde plus normal ? Et la réponse m'a été fournie par la suivante, celle de Daina Ashbee et Alejandra Odgers. Nous passons d'un champ verdoyant à un milieu lacustre où nous sommes accueillis par le son de la flûte (Caroline Séguin) qui a tout de l'appel. Mais pour appeler qui ? Dans les profondeur du lac, on perçoit une présence qui produit des mouvements sur la surface. Et après des efforts tout en son et en mouvements, un homme émerge (Benjamin Kamino). Il semble à bout de souffle. Serait-ce notre soldat de la première proposition qui tente de revenir à une vie normale ? Il tente de le faire sur la même scène noire au milieu d'un lac ! Tout est difficile, malgré l'appui du son de la flûte, au son parfois surprenant. Cet homme sans protection, ni vêtements, tente de rester à la surface, comme l'on tenté plusieurs soldats revenus à la vie "normale". Mais que lui arrivera-t-il ? Pas question pour moi ici de vous le dévoiler. 

De façon générale, je voudrais mentionner la participation particulièrement active de la flûtiste dans cette oeuvre. Elle ne reste pas en retrait de l'oeuvre et elle a les deux pieds dedans, comme au début de l'oeuvre avec ses deux pieds dans l'eau ! Son rôle est fort important dans ma lecture de cette histoire proposée.

Ainsi donc deux œuvres qui ont de la suite et que je vous propose de découvrir à la suite l'une de l'autre.