samedi 30 octobre 2021

Sur mes pas en danse: Une rencontre surprenante avec "Morphs" de Lina Cruz à l'Agora de la danse !

 En cette dernière semaine d'octobre, mes pas me ramènent au Wilder. Cette fois, c'est vers le deuxième étage que mes pas me dirigent jusqu'à l'Espace orange pour découvrir "Morphs" de Lina Cruz. Peut-être que ma mémoire me joue des tours, mais ça sera une première fois avec une oeuvre de cette chorégraphe qui pourtant nous propose depuis plusieurs années ses chorégraphies. 

Pour cette première fois donc, je suis assis, première rangée, pour rencontrer ces êtres mystérieux que la chorégraphe nomme les morphs, ouvriers de Morphée, le dieu du sommeil ! Cette rencontre, je la ferai seul, comme un grand garçon, avec personne à côté de moi pour" me rassurer", puisque la jauge est réduite, un siège sur deux étant occupé !

                                    Photo par Vanessa Fortin tirée du site de l'Agora de la danse

Une fois les lumières devenues toutes éteintes, trois d'entre eux (Elinor Fueter, Geneviève Robitaille et Antoine Turmine) nous apparaîtront, sortant de leurs cocons tout à l'arrière de la scène. Ces êtres se préparent, fragment de verre/miroir à la main et moi ce qui me frappe en entrée de jeu, c'est leur regard, mystérieux et invitant ! Peu à peu, iels avec leurs gestes et leurs déplacements prennent possession de la scène et de mon attention. 

Après ces premiers moments, ils seront rejoints par trois autres personnages (Abe Minjheer, Alexandra Saint-Pierre et Philippe Noireaut) qui pour ce qui suivra, m'entraîneront dans un monde onirique dans lequel, ils se déplacent de façon fort particulière. Difficile de bien décrire ce que je vois et comme après avoir rêvé, il n'en reste que des volutes de souvenir.  Devant moi, ce sont des créatures qui se transforment et évoluent, me gardant captif de ce qu'elles me présentent. Ces morphs apparaissent, disparaissent, s'enferment, se libèrent, se transforment et aussi lancent et récupèrent des pièces de monnaies (des pièces de 25 cents que j'ai pu apprendre après la représentation, gracieuseté d'une des membres de l'équipe de l'Agora !), tout cela avec des gestes avec une touche animale (comme la chorégraphe l'indiquait dans le texte dans le Devoir, signé par Léa Villalba.). 

Les commentaires de certains spectateurs entendus à la fin de la représentation sont fort éloquents. "Particulier" dira le spectateur à ma gauche et "Que cela fait du bien" dira cette spectatrice derrière moi. Peu importe qui que nous soyons, voilà une proposition qui nous entraîne hors des sentiers battus pour découvrir des êtres tout droit sortis d'un imaginaire fort fertile !

mercredi 27 octobre 2021

Sur mes pas en danse: Un programme double de Tangente avec deux rencontres autobiographiques riches de leur intimité

 Mardi soir fin octobre, mes pas m'amènent jusqu'à l'Espace Vert du Wilder. À mon arrivée une dizaine de minutes à l'avance, tout est tranquille et c'est au début de la file à l'entrée que je me retrouve. Dans la salle, les sièges recouverts d'un tissu noir rappellent que la soirée sera présentée en jauge réduite (même si nous devons conserver notre couvre-visage), tout en contraste avec mes sorties précédentes.

Il en reste que cela produit une atmosphère d'intimité propice aux rencontres autobiographiques à venir et qui sait, à des confidences !

Une fois, les salutations et les reconnaissances territoriales faites, les lumières se font d'abord discrètes et absentes ensuite. Et c'est dans le noir complet que débute "Nyctophobie" (signifiant la peur du noir) de Jean-François Bienvenue. Et c'est de ce noir, en contre-jour, tout au fond de la scène, que nous apparait cet homme, de face ou de dos ? Le premier tableau nous révélera peu à peu un corps qui me semble en proie à un trouble intérieur. Peu à peu, il nous présente ses états de corps. Derrière lui, des projections (blanc sur noir) sur les trois écrans disposés en parabole accompagnent certains des tableaux, magnifiant les gestes. Je suis frappé par ce tableau durant lequel il va à la rencontre de ces cercles "hallucinants" projetés. Ce que je vois là, tout juste devant moi, est un homme qui souffre et tel un corps noir irradiant, il émet un rayonnement intense, intérieur, intermittent, intensif ! 

                                                 Crédit: Denis Martin fournie par Tangente

Et puis arrive cette toile mis devant pour nous permettre de lire une description du phénomène de "dépersonnalisation" et peu à peu les mots disparaissent jusqu'au dernier "fascinant". Et puis, autre tableau fort de cette rencontre, selon moi, le moment où on le voit, au propre comme au figuré, prendre son problème à bras le corps". Si c'est souvent très difficile de transmettre et d'expliquer aux autres ce que nous ressentons en dedans, Jean-François Bienvenue réussit avec ses états de corps à le faire avec un bon dosage d'effets visuels. Je suis aussi convaincu qu'à au moins une occasion de notre vie, nous avons ressenti ce qu'il nous présente.

Après les applaudissements bien mérités, il quitte et le démantèlement de l'espace scénique et la mise en place dans le coin arrière droit, d'une "masse blanche", nous pouvons poursuivre. 

Donc, du noir apparaît dans le coin gauche une boîte rectangulaire en bois et en papier. Ainsi débute "Residuals" de et avec Shion Skye Carter qui nous présentera son cheminement de vie.

                                                  Crédit: Vanessa Fortin fournie par Tangente

De cette boîte, nous apparait d'abord un bras, un deuxième et après un certain temps, un corps. Celui de cette femme qui entreprendra la présentation de son cheminement. Pour ma part, j'y vois celui de son arrivée sur terre, de son cheminement pour trouver sa place, de son devenir ici dans ce monde, de ses métamorphoses jusqu'à devenir totalement épanouie ! J'ai été aussi très touché par son visage tellement irradiant lors de nos applaudissements. 

Voilà une proposition dans laquelle le propos est fort accessible pour un grand public, illustrée par des symboles fort personnels dont la calligraphie qui est fort bien utilisée pour enrichir son propos. Parce que aller de l'avant ne veut pas dire renier ses origines !

De cette double rencontre je reviens fort heureux parce que pour moi, la rencontre est un des aspects fort précieux. Et merci aussi à toi  Élisabeth-Anne Dorléans pour cette prescription chorégraphique fort juste pour moi. 

lundi 25 octobre 2021

Sur mes pas en danse: À la suite de "CANTO OSTINATO" pendant "quelques pas" et heureux de les avoir fait !

 De cette proposition chorégraphique en extérieur, j'en étais rendu à mon "last call" ! En effet, Laurie-Anne Langis et Louis-Élyan Martin, après avoir arpentés la ville durant la saison estivale passée, en étaient à leurs derniers avec leur proposition déambulatoire "CANTO OSTINATO". Malgré une horaire chargé en ce dimanche, mes pas m'ont amené près du métro Outremont, au parc Raoul Dandurand, afin de les suivre pour une petite heure. Le rendez-vous, selon le planning annoncé est 13h35, et comme je l'apprécie beaucoup, c'est à ce moment qu'ils sont arrivés !

Pause

Si comme moi, le titre de l'oeuvre vous intrigue, sachez que Wikipedia nous indique que, "Canto Ostinato est une composition pour instruments à clavier du compositeur néerlandais Simeon ten Holt (1923-2012). Le titre est souvent traduit par "chant obstiné", mais en fait le terme musical "ostinato" est un court motif musical qui est répété plusieurs fois pendant la durée d'une composition (ou une partie de celle-ci)."

Fin de la pause

Mais peu importe ce que signifie le titre et le sens de la proposition que je vais "en partie" découvrir, les pas et les mouvements des deux interprètes m'ont fait voyager, au propre comme au figuré. Je vous en propose donc quelques faits et impressions que j'ai vécu tout au long de mon cheminement avec eux.


                                              Photo tirée du site Facebook des artistes

Donc avec moi assis sur un banc, réchauffé par le soleil, j'attends dans ce petit parc sur le boulevard Van Horne. Et eux arrivent côté est avec leurs gestes, habillé.es de façon identique tout en noir, avec sur elle et lui, ce qu'il faut pour que la musique les suive. Ils évoluent dans ce parc presque vide d'abord dans le cercle de la partie centrale et ensuite dans les "estrades". Leurs mouvements et leurs déplacements sont tout en douceur, en harmonie, orientés, en phase ou non. Une fois le "tour de la question" fait, ils m'entraînent à leur suite sur le boulevard Dollard. Tout en allant de l'avant, ils utilisent les dessins sur le sol pour créer leurs gestes. C'est l'un à la suite de l'autre que ces deux êtres vont de l'avant, parfois rapidement, parfois plus lentement. Utilisant le milieu de la rue avec ses arbres et ses arbustes, ils jouent à un cache-cache poursuite. Leurs déplacements peuvent surprendre, à preuve, ce chat qui s'enfuit à leur arrivée. Leurs mouvements intriguent aussi, à preuve ce jeune couple, surpris de les découvrir et qui se regardent avec un regard interrogatif. Voilà pour le spectateur que je suis, autant un élément fort intéressant, celui de la réaction des gens dans l'espace public, même si cela détourne mon attention.

Leur arrivée sur l'avenue Bernard, avec moi à la suite, intrigue au point d'amener des questions d'une passante à l'agente culturelle qui les accompagne. Le passage sur cette artère est court. Nous sommes, à la course, entrainés sur l'avenue Stuart pour nous diriger jusqu'au parc Beaubien (d'Outremont) près du Chemin de la Côte-Sainte-Catherine.

Autre pause

Ce parc, moi qui a passé si souvent si près, je ne m'y étais jamais arrêté. Voilà un autre plaisir de ce type de proposition particulière, celui de découvrir des coins de ma ville !

Fin de la deuxième (et dernière !) pause

Donc, dans ce parc, leur arrivée capte l'attention des gens, de tout âge, même des travailleurs de l'arrondissement qui installent (déjà !!!), les bandes de la patinoire d'hiver. Dans ce coin du parc, il y a un étang, des arbres tout autour et aussi à côté une colline. Dès leurs premiers mouvements, nous sommes près d'une vingtaine de personnes à les observer, dont trois petites filles toute attentives. Si certain.es ne feront que passer, d'autres les suivent. De ce bord de l'étang, nous irons gravir, à leur suite, cette colline à la pente abrupte (selon mes critères !). Leur arrivée surprend ce couple étendu par terre qui profitait des rayons de soleil, mais qui les garde attentif par la suite.

Leurs déplacements les amènent de l'autre côté de l'étang. Et là !!! Impossible d'avoir une perspective globale de leur prestation en ces lieux. Il faut choisir son point de vue, comme si "l'histoire" de ce couple, là, avait différentes perspectives, comme dans la vraie vie !

Et arrive le moment où ils s'éloignent l'un de l'autre en se regardant, elle partant tout au loin et lui restant tout en haut. De tout ce que j'ai vu de ce déambulatoire, voilà un moment qui me fait "un gros ouf" ! Et puis, lui repart à la rencontre de elle, direction avenue St-Viateur. 

Mais moi, je dois quitter, les laissant aller à la suite de leur histoire qui restera incomplète pour moi. De mes pas avec eux cependant, je peux témoigner de la beauté et de la magnificence de leurs mouvements. Impossible aussi de ne pas mentionner le bon travail de repérage qui a su si bien intégrer les lieux publics dans ce duo !

La saison extérieurs pour moi est officiellement terminée et c'est sur une belle rencontre qu'elle s'est faite !



samedi 23 octobre 2021

Sur mes premiers pas de la saison à l'Usine C: Revoir avec autant résonance "Pour" de Daina Ashbee !

 Peu à peu avec l'automne qui prend ses aises sur la métropole, mes pas me ramènent vers chacune de "mes" salles de rencontres culturelles. En ce mercredi soir, c'est vers l'Usine C qu'ils m'amènent pour revoir "Pour" de Daina Ashbee. De cette première fois au La Chapelle (il y a environ cinq ans !), je n'en avais que de vagues souvenirs et pourtant !!!! Cette fois, c'est à l'Usine C que je reverrai cette oeuvre, portée cette fois avec tout autant de brio par Irene Martinez que par Paige Culley, la première fois.

                                           Crédit: Stéphanie Paillet tirée du site de l'Usine C

Question de ne pas me répéter, je vous repropose ce que j'avais écrit à l'époque.

Avec "Pour", je peux l'indiquer en entrée de jeu, la chorégraphe poursuit dans la même veine, mais en l'ancrant dans "la relation complexe des femmes à leur cycle menstruel", fort justement annoncée comme une oeuvre "alliant force et vulnérabilité", des êtres qui plient, mais qui ne brisent pas. Mais, cette rencontre n'est pas facile, exigeante et interpellante, que l'on soit un homme ou une femme et cela dès le début. 

notre entrée dans la salle, nous devons prendre notre place dans la pénombre. Nous pourrons entendre à intervalle régulier, le temps que chaque siège accueille son spectateur, le cri ou le chant venant d'une forme humaine que l'on peut distinguer avec effort dans le fond de la scène. Ce chant ou ce cri, tel un appel, se modifiera peu à peu. La salle remplie, les lumières s'éteignent complètement et nous sommes là dans l'attente. Le personnage ( totalement investie du début jusqu'à la fin), s'approche tout à coup de nous, soit juste en face de moi en première rangée. Il fait noir, mais elle est là, prenant possession de notre attention et de notre vision, malgré le peu de luminosité entre nous.

Arrive, le moment, la scène blanche rayonne et nos yeux peinent et vacillent à effectuer la transition. S'en suivra une série de tableaux durant lesquels cette femme, sans défense, exécutera des mouvements ou des cris répétés jusqu'à parfois tester sa résistance et la nôtre aussi. Il a été parfois possible de ressentir cet effet dans la salle autour de moi. Les tableaux étant souvent sans enrobage musical, "cet effet de salle", il est difficile de le rater. D'autant plus vrai pour le dernier tableau qui nous oblige à un certain effort de retenue et qui devrait faire jaser "dans les chaumières" !!!. 

Pour ma part, j'ai été particulièrement touché lors des tableaux durant lesquels, elle m'interpellait (OK !, je sais que je n'étais pas seul, mais c'est tout comme !) avec son regard, les yeux grands ouverts, tout aussi affirmés que vides. Je me sentais visé tout en dedans et de respirer, j'en arrêtais presque.

L'abandon de ce corps féminin aux cycles fondamentaux pour que la vie soit, voilà ce que le spectateur homme que je suis a pu découvrir intensément tout au long de ce "Pour". Les pas de retour m'ont permis de revenir sur terre, comblé !

En cette soirée d'octobre, la "magie" de la chorégraphe a encore opéré. 


vendredi 22 octobre 2021

Sur mes pas au Festival Phénomena: Une belle soirée "Mix Tape Coté B" en deux temps !

En ce retour à la presque normalité pour le monde des arts, mon calendrier déborde de propositions et les choix sont parfois difficiles sinon déchirants à faire. Il en reste qu'au Festival Phénomena, j'ai pu trouver du temps pour aller découvrir une des deux soirées "Mix Tape", la B, concoctées toutes les deux par Claudia Chan Tak. Au programme de cette soirée, une première partie en chansons avec Brenda Freyle (accompagnée par Sergio Barrenechea aux percussions et à la voix et Lucio Chachamovich à la guitare). En deuxième partie, une rencontre chorégraphique avec trois artistes, Kijâtai-Alexandra Veillette-Cheezo, Ford Mckeown Larose et Justin de Luna que j'avais déjà vu en vrai comme en vidéo, il y a quelques temps.

                                                       Crédit: Claudia Chan Tak

Mes pas m'amènent donc en ce jeudi soir jusqu'à La Sala Rossa. Après avoir gravi les marches et avoir présenté mon billet (et oui,oui, mon passeport vaccinal !!!), je suis accueilli par la commissaire de l'évènement Claudia Chan Tak et la "grande patronne" du Festival, D.Kimm. Je fais le tour de la salle et je me dirige vers ce qui sera mon siège pour toute la soirée, première rangée !

Une fois assis, j'aperçois les artistes de la deuxième partie à ma droite, à l'entrée des coulisses. Peu à peu la salle derrière moi gagne en activité et en spectateurs, évidemment. Et puis arrive le moment de commencer, et c'est la directrice du festival qui prend le micro pour nous accueillir plus officiellement et démarrer la soirée. Elle nous présente la "commissaire à la diversité" de la soirée Claudia Chan Tak qui prend le relais. Avec son enthousiasme, fort contagieux, elle nous parle de la façon dont elle a concocté ses deux soirées. 

Et la première partie débute avec l'arrivée en scène de la Brenda Freyle et de ses accompagnateurs. Et s'en suit une rencontre avec cette femme qui nous parle de ses origines colombiennes, de son coin de pays pas trop loin de la plage à l'année longue et qui surtout nous invite à apprécier le temps présent. Et elle chante aussi, fort bien, avec sa voix chaude ses compositions et aussi d'autres, de chanteuses marquantes pour elle. Une trentaine de minutes qui me permet de découvrir une belle voix et une belle présence d'une chanteuse fort intéressante. Bon choix Claudia !

Après une courte pause, débute la deuxième partie en trois temps, d'abord une arrivée sur scène des trois artistes avec sur l'écran en arrière scène, en projection, cette goutte d'eau qui tombe dans de l'eau et des ondes que cela provoque. Devant, les trois nous proposent des mouvements qui a tout de la fluidité et des ondes de propagation de cette goutte qui tombe. Cette soirée présentant la diversité, j'y retrouve néanmoins une belle homogénéité des mouvements, comme si ces derniers en une belle communion chorégraphique faisaient tomber les frontières pour me rappeler nos similitudes.

Il s'en suit un deuxième temps qui nous permet de mieux les connaître, eux et leur relation envers leur "maison". L'endroit dans lequel ils ou elle sont eux ou elle mêmes. Ce qui justifie mon expression "rencontre chorégraphique". Et arrive la dernière partie en deux temps, d'abord leur passage sur scène, à tour de rôle. J'en retiens surtout les "jeux de mains" de Ford Mckeown Larose, la robe blanche de Kijâtai-Alexandra Veillette-Cheezo qui comme ses mouvements évolue au rythme de la chanson et enfin les mouvements libérateurs et le "You will be OK" de Justin de Luna. Le tout se termine par les derniers pas sur scènes tout festifs des trois ensemble. 

Une fois les applaudissements fort bien mérités envolés, la commissaire revient sur scène pour nous inviter à "party !!". Pour ma part, mes pas me ramènent à la maison avec dans ma tête plein de beaux souvenirs de cette belle soirée. 

jeudi 21 octobre 2021

Sur mes pas (virtuels et réels) en danse: Mon début de saison chez Danse Danse

 Ma saison culturelle en salle est bien entamée et très active, comme me le rappelait récemment mon passeport vaccinal ! Et les gens de Danse Danse y ont contribué pour mon plus grand plaisir avec trois propositions. Il y a eu, d'abord, "La Probabilité du Néant" d'Alexandra 'Spicey' Landé (et sa compagnie Ebnflōh). Ensuite, "Cão Sem Plumas"  (« chien sans plumes ») de Deborah Colker en webdiffusion et enfin, plus récemment, "L'effritement des parades" d'Alan Lake (Alan Lake factori(e)).

Donc pour ma première sortie à la Place des Arts, je suis invité à prendre un chemin différent pour me rendre dans la Salle Maisonneuve. Chemin qui m'amène sur la scène de cette salle et prendre place dans les estrades, installées pour cette occasion. Arrivé un peu juste et comme c'était admission générale, c'est loin de "ma" première rangée au milieu des estrades fort bien garnies que je prend place. Mais comme personne ne s'assoit devant moi, ma vue sera imprenable pour ce qui suivra. Déjà sur scène les huit interprètes (Nindy Banks, Ja James ‘Jigsaw’ Britton Johnson, Jaleesa ‘Tealeaf’ Coligny, Kosisochukwu ‘Kosi’ Eze, James-Lee ‘Kiddy’ Joseph, Christina ‘Hurricane Tina’ Paquette, Alexandre ‘Bibiman’ Philippe-Beaudoin. Elie-Anne ‘Rawss’ Ross). Je ressens dans leurs comportements face à une certaine fatalité !

                                                        Tirée du site de Danse Danse

Pause

Ce moment résonne en moi puisqu'il y a un an et demi, l'oeuvre précédente de cette chorégraphe, "In-Ward" était la dernière que j'avais vu en salle avant la fermeture des salles à cause de la pandémie.

Fin de la pause

Leurs déplacements sont intrigants et les mots, projetés en gros en arrière scène, interpellent "An eye on you", en lien avec une phrase de présentation, l'oeuvre "pose un regard lucide sur notre perception, notre jugement et les conséquences de nos choix." La suite arrive avec les lumières éclairant les spectateurs qui se font de plus en plus discrète. La suite est constituée de tableaux de danse urbaine, style que j'apprécie de plus en plus et cette chorégraphe en est grandement responsable. C'est le microcosme d'une société avec sa diversité, ses interrelations que je vois évoluer devant moi. La scène, libre de tout artifice, me laisse tout libre de découvrir le repli de l'un.e, l'affirmation de l'autre et le rassemblement de tous. Une soirée qui m'a permis de découvrir les pas sur scène de plus en plus affirmés de cette chorégraphe.

Avant le prochain rendez-vous, une proposition en webdiffusion que j'aurais tellement aimé voir en vrai. Il en reste que la présentation du documentaire, "Où commence la rivière" de Filigrane Archives qui présente une entrevue avec la chorégraphe et le processus de création, je l'apprécie vraiment. Voilà un enrichissement à l'oeuvre à venir que j'ai appris à apprécier pleinement. 

La captation me permet de découvrir une proposition internationale qui me plonge dans un univers où sont floues les frontières entre la rivière et la terre. Frontières mobiles et furtives sur lesquelles 14 interprètes sur scène évoluent avec en arrière scène des projections tout en osmose avec les mouvements. Un heureux mariage des arts visuels et de la danse qui je suis convaincu, produit grand effet lorsqu'on est en salle. En ces temps où la frontière est fermée aux artistes d'ailleurs, cette webdiffusion est fort bienvenue !

Et enfin, pour ma deuxième sortie en vrai à Danse Danse, c'est dans la Cinquième Salle de la Place des Arts que mes pas m'amènent pour découvrir "L'effritement des parades" d'Alan Lake. Je ne serai pas encore en première rangée et en plus tous les sièges peuvent être occupés, dont ceux juste à ma droite et à ma gauche. C'est pour moi une première, mais de cette proximité nouvelle, je m'y accommode bien ! 

Une fois, les directives d'usage énoncées, et le tout débute devant moi avec l'apparition de cette femme (Esther Rousseau-Morin), majestueuse, toute dorée et le corps gorgé de vie (lire ici enceinte de plusieurs mois). Tout lentement et avec assurance, elle prend possession des lieux et de sa présence sur cette terre, la vie apparait. Une vie composée d'épisodes comme le chorégraphe nous y a habitué. Une scène riche en accessoires fort en symboles, tels que ces gerbes de blé. L'histoire de Perséphone, déesse grecque, qui nous est présenté prendra le sens que l'on y voudra. 

                                                  Tirée du site de Danse Danse

Autre pause

Sur ce point, l'article de Guylaine Massoutre sur le site de la revue Jeu, est vraiment intéressant !

Fin de l'autre pause

Pour ma part, je voudrais surtout revenir sur deux aspects de ce que j'y ai vu et qui m'ont impressionné. D'abord, l'exigence pour les interprètes, tout au long de l'oeuvre, d'avoir à manipuler tous les objets scéniques tout au long de la présentation. Bravo à vous Esther Rousseau-Morin, Odile Amélie Peters, Fabien Piché et David Rancourt. Lors du tableau final, lorsque ce dernier doit se mettre en équilibre sur un coussin, je suis fasciné de le voir y arriver. Ensuite, l'utilisation de la matière, signature du chorégraphe, pour obtenir des tableaux scéniques fort riches en symboles et aussi très beau. Il est intéressant de voir évoluer les interprètes pour créer devant nous une pause esthétique fort belle et riche. 

Voilà une oeuvre qui mérite qu'on la voit et la revoit pour pouvoir mieux apprécier les détails fort nombreux et pour pouvoir aussi se faire raconter une autre fois cette histoire. 

 


mardi 19 octobre 2021

Sur mes pas au théâtre: "Les eaux claires" de Chloé Lacasse qui font remonter ses souvenirs et les nôtres aussi !

C'était la deuxième fois cette saison que mes pas me portaient jusqu'à l'Espace Go. Après avoir été captivé et troublé par "La brèche" de Naomie Wallace mis en scène par Solène Paré, j'étais encore en première rangée pour découvrir "Les eaux claires" de et par Chloé Lacasse. Je la connaissais déjà comme chanteuse, ayant écouté en boucle un de ses premiers CD, il y a un certain temps et que j'ai ressorti en vue de ma rencontre avec elle. J'étais donc bien curieux avant de m'y rendre. Arrivé un peu à l'avance, la salle avec une jauge limitée se remplit peu à peu. Et puis arrive le début de la représentation.

                                          Crédit :Sarah Seené., Tirée du sitre de l'Espage Go

C'est avec ses textes et ses chansons qu'elle nous raconte sa jeunesse. C'est le décès de sa mère, sujet central de notre rencontre, qui a déclenché la création de cette oeuvre. Chacun peut y trouver une résonance. Dans mon cas elle est double, mes parents sont décédés et Chloé Lacasse a l'âge de mes filles. Les référents culturels de son époque de jeune fille sont les miens comme père de famille. Et son quartier de Longueuil, je le connais aussi.

Alternant ses propos avec des chansons avec en arrière fond, les projections vidéos fort belles (de Sarah Seené), elle m'a touché. Les épisodes de sa vie qu'elle nous raconte et ceux qu'elle nous chante, je les ressens bien. Elle est captivante lorsqu'elle nous partage les craintes de sa mère. Elle impressionne par la récapitulation des noms de tous ses collègues de classe, indiquant au passage les relations plus personnels avec certain.es ! Elle chante fort bien et elle joue tout autant et je la suis avec grand intérêt.

Une fort belle rencontre, riche en confidences, dont je garde de bons souvenirs et qui mériterait d'être représentée.

lundi 18 octobre 2021

Une visite à l'hôtel Germain pour y découvrir le monde "L'autre maintenant" de Milan Gervais !

Voilà un de mes plaisirs de spectateurs, celui de suivre les pas d'un.e chorégraphe et de découvrir où ils m'amènent. En ce qui concerne Milan Gervais, et de sa compagnie "Human Playground", mes pas m'ont amené dans des parcs, dans une rue, dans des espaces publics et aussi dans un stationnement étagé extérieur. Dans ces lieux, j'y ai découvert er redécouvert aussi "Auto-Fiction", "Parking", "Inscape". 

En cette fin de soirée d'octobre, le lieu de rencontre avec sa nouvelle proposition était un hôtel, soit l'Hôtel Germain de Montréal pour y découvrir "L'AUTRE MAINTENANT", adaptation de "Inscape, présenté dans un stationnement étagé de l'ouest de Montréal. Hôtel dont je franchissais le seuil pour une deuxième fois pour y découvrir aussi une proposition culturelle. La première fois, c'était pour, "2050 Mansfield-Rendez-vous à l'hôtel" en 2014, une proposition de la Deuxième Porte à Gauche dont je m'ennuie des propositions audacieuses. Au moment où j'écris ces mots, les représentations en nombre très limitées, trop limitées tant qu'à moi, étaient du passé. Je me permettrai donc de vous décrire ce que j'y ai vécu.

À ma sortie de la station de métro, mes pas me portent à travers un centre-ville tout aussi en construction qu'animé, jusqu'à la porte de cet hôtel. Une fois la porte franchie, le calme de l'endroit me fait grand bien. Je passe à la réception et une fois mon nom donné et mon passeport vaccinal montré, j'ai droit à une carte magnétique pour une des chambres et je suis invité à me rendre dans la salle tout au fond pour attendre. 

Pause

Je ne sais pas comment nous nous souviendrons de ce bout de phrase "mon passeport vaccinal montré" dans quelques années ? J'espère que cela un mauvais souvenir d'une époque sanitaire révolue.

Fin de la pause

Nous sommes quelques-uns à attendre. Comme j'ai été informé, qu'il y aura un petit retard pour le début, j'en profite pour examiner les lieux. Nous serons une dizaine de spectateurs à se faire inviter par le "concierge" (Marco Pronovost) de l'hôtel, notre hôte pour la soirée à prendre place dans un salon proche du bar assez calme. Il nous accueille et nous présente de façon fort intéressante, les aspects historiques et architecturaux de cet hôtel qui a ouvert ses portes à l'époque de l'Expo 67 et qui a ajouté des étages tout en haut par la suite. Il nous présente aussi comment les propriétaires soutiennent les créateurs d'ici, des toiles exposées jusqu'aux uniformes des employés. 

Vient le moment d'entreprendre notre "expédition" vers les étages supérieurs qui débutera au troisième étage. À notre arrivée, nous sommes invités à rester près des ascenseurs pour découvrir trois femmes (Marine Rixhon, Jessica Serli, Susie Paulson) déjà présentes dans cette pièce qui semblent attendre ! Et puis, nous sommes invités à inverser nos places avec les leurs. C'est donc assis que nous poursuivons notre découverte de l'oeuvre. Et puis, elles nous quittent, chacune de son côté. Et à notre tour, nous allons quitter pour nous rendre dans un salon pour nous permettre de mettre sur papier un de nos souvenirs d'un séjour à l'hôtel ou/et lire ceux laissés par d'autres passés avant nous dans ce lieu. 

Prochain arrêt, le corridor du septième étage avant de nous diriger dans la chambre au numéro de notre carte magnétique. Nous serons quatre à prendre place dans cette chambre dans laquelle se retrouve déjà une femme (Marine Rixhon). Elle est dans le lit et semble être dans un vide tout aussi béant que personnel. Ce qui suivra, nous montre ce qu'elle fera pour tenter de combler le manque qui l'habite dont en mangeant réglisse rouges et "crottes de fromage" en alternance tout en visionnant une vidéo sur son portable. Elle aura beau faire le tour de la chambre, rien à faire ! Et puis arrive notre hôte qui nous invite de quitter la chambre. C'est dans le corridor que nous nous retrouverons tout.es pour échanger sur ce que l'on vient de découvrir avec un verre à la main qui nous est offert. 

                                     Photo de l'oeuvre tirée du site Facebook de Milan Gervais

Et tous ensemble, nous continuons notre expédition en prenant l'ascenseur jusqu'à la Suite Signature au 18e étage dont les grandes fenêtres sont derrière les rideaux fermés. Deux femmes arrivent et dans un tableau semblable, selon mes souvenirs, au dernier de "Inscape". Ces deux femmes fort belles avec leur robe me captivent de par leurs relations exprimées par leurs mouvements. Et puis les rideaux sont ouverts, donnant une perspective imprenable sur la ville pendant qu'elles évoluent, maintenant, sur le balcon. Chacun pourra, comme moi, donner une signification à leurs déplacements. Et puis, elle nous quittent ! 

Il s'en suit nos applaudissements et une invitation de rester dans ce lieu pour échanger avec la chorégraphe, Milan Gervais, les trois interprètes et notre "concierge" Marco Pronovost fort bon et très crédible (une des spectatrice s'est même fait avoir !) dans son rôle. Occasion privilégiée pour apprendre sur l'historique et le contexte de création de cette présentation, dans le cadre du projet de l’Art à l’hôtel du Conseil des arts de Montréal en partenariat avec Association des hôtels du Grand Montréal. Projet mis de l'avant compte-tenu de la pandémie. Et pour moi, le temps était venu pour partir, fort heureux de cette rencontre culturelle. Je redescend donc les dix-huit étages, je laisse ma carte magnétique à la réception et à ma sortie, je prends le temps de regarder la façade de l'hôtel dont on m'avait parlé au début de ma soirée dans l'hôtel avant de revenir à la maison.

samedi 16 octobre 2021

Sur mes pas en danse: Entrainé par "La Goddam Voie Lactée" et sa constellation d'étoiles !

 D'aussi loin que ma mémoire me porte, je n'ai jamais assisté à une proposition de Mélanie Demers qui ne me percutait pas comme spectateur. De cette créatrice que je "suis" depuis plusieurs années, un constat s'impose à moi. La réussite du rendu s'appuie sur l'implication "totale" des interprètes qui dépasse toujours la simple prestation chorégraphique!" Il y a quelques années, après avoir assisté à "Quelque chose de sauvages" avec les étudiant.es en danse de l'UQAM en 2017 (dont faisait partie une des interprètes de "La Goddam Voie Lactée", Léa Noblet Di Ziranaldi), j'écrivais "J'ai encore en tête les performances de Marc Boivin dans "Would" et il y a un peu plus longtemps, de Jacques Poulin-Denis dans "Junkyard/Paradise" et dans lesquelles la réussite du rendu s'appuie sur leur présence "totale" !" 

                             Photo Mathieu Doyon fournie par le FTA et tirée du site de La Presse

Mélanie Demers ne fait pas dans la demi mesure, je me répète (!), et encore une fois avec sa plus récente proposition, elle nous porte son message haut et fort. Et ce message est incarné par cinq femmes, une "dream team", Stacey Désilier, Frannie Holder, Brianna Lombardo, Chi Long, Léa Noblet Di Ziranaldi et moi, je suis en première rangée pour le recevoir. "Cette puissante charge féminine" comme l'annonce le site de l'Agora de la Danse se décline en danse, en théâtre, en musique, ces arts qu'elle aime bien amalgamer sur scène. 

En ouverture, ces cinq femmes nous apparaissent habillées d'un uniforme identique à la couleur près. Elles semblent prêtes pour une mission, armées de leur guitare ! Et cette mission sera accomplie tout au long des différents tableaux, durant lesquelles, elles endossent une certaine vision de la femme pour mieux les retourner ! Difficile pour moi, de résumer ce que je vois, mais de chacune de ces femmes qui se sont métamorphosées devant moi (lire ici avec entre autres des vêtements différents). Je retiens l'aspect frontal de la présentation. Un des tableaux, celui durant lequel Léa Noblet Di Ziranaldi s'adresse à une plante verte avec un discours d'une époque que nous espérons révolue.

Pause

Un tableau dans le même esprit d'une des nouvelles du livre "Ce qu'un jeune mari devrait savoir", "Anthologie des mœurs victoriennes" de Heather O'Neill. Cette nouvelle et toutes les autres aussi méritent le détour !

Fin de la pause

La nature humaine polymorphique des femmes, nous en découvrons différentes perspectives de la chorégraphe. Un exemple fort éloquent est lorsque Stacey Désilier s'avance vers nous, obnubilée par sa mission armée de son séchoir et de sa perceuse.  Chacune de ces femmes que Mélanie Demers met sur le champ de bataille (fumée incluse !) avec un départ canon, utilise son talent au grand complet pour porter le message. Et moi son réquisitoire, "rose sang" titrait fort judicieusement Iris Gagnon-Paradis (sur le site de La Presse), je le reçois totalement avec grande satisfaction !





jeudi 7 octobre 2021

Sur mes pas en danse: Deux rencontres toutes intimes chez Tangente et une surprise !

 C'était un lundi soir agréable pour un début de mois d'octobre lorsque mes pas m'ont amené jusqu'au Wilder et son Espace Vert pour y découvrir deux propositions toutes personnelles et intimes. En première partie, Raul Huaman, accompagné sur scène par Valmont Harnois, nous propose "Cellule" qu'il a créé après avoir frôlé la mort. Et en deuxième partie, Hoor Malas et Mayar Alexan, quand à eux, nous proposent "Trois secondes" qui nous amènera dans l'intimité de cette femme (Hoor Malas).

Une fois à mon siège, première rangée, je vois une scène toute vide, tandis que derrière moi, les gens prennent place. Et puis arrive Ivanie Aubin-Malo qui nous accueille et qui fait les présentations d'usage avec son beau sourire. Et puis, la lumière se fait de plus en plus discrète jusqu'à disparaître. Et puis, arrivant de l'arrière, fort bruyamment , nous le découvrirons un peu après, deux hommes dans une bulle de plastique. Ce qui suit, me montre le comportement de ces deux cellules. Une image me plait particulièrement, celle qui montre une fleur qui éclot, ouf ! Et de cette proposition, j'en retiens une illustration de "sortir de sa bulle pour y retourner". Une seule question me turlupine, rien de bien important cependant, pourquoi un duo plutôt qu'un solo ? Mais pourquoi pas !

                                   "Cellule" Crédit de Mariana Frandsen fournie par Tangente

Il s'en suit une pause permettant de bien nettoyer la scène et de placer les éléments scéniques de la prochaine oeuvre (petite bibliothèque avec pot de fleur dessus, matelas par terre, lampe et miroir sur pied). Une fois le tout en place, il y aura lui, qui restera du côté cour et les lumières qui s'éteignent. Lorsqu'elle se rallume, une forme se devine sous une couverture sur le matelas par terre (compte-tenu de la durée de l'obscurité et du silence tout au long, comment a-t-elle pu se glisser dessous ????). Peu importe, cette forme prend vie et se déplace dans ce lieu pour se libérer, malgré le danger qui semble bien présent. Cette femme doit se protéger face à un danger, je le ressens, et pour cela elle prendra place dans un tout petit espace de cette bibliothèque. Elle est toute coincée ! Je le ressens plus fortement encore, elle doit continuer à vivre, malgré le danger qu'elle semble ressentir tout autour d'elle. Et puis retentit cette sirène d'alarme et son visage change. 

                                    "Trois secondes" Crédit Denis Martin fournie par Tangente

Mais voyez-vous, cette sirène pour elle comme pour nous, elle n'était pas prévue. Nous voilà donc "invité.es" à sortir rapidement par la sortie de secours. Ce que nous ferons pour nous diriger tout en face de l'immeuble guidé.es par une personne de l'équipe de Tangente. Comme si la réalité rejoignait la fiction !!! Nous serons donc sur le trottoir par un soir d'octobre relativement clément à voir arriver les véhicules de pompiers. Incertain.es de la suite, nous attendons et nous supputons sur la suite. Reprise, annulée, ou reportée sera la soirée ??? 

Et puis, une fois toutes les vérifications faites, nous sommes invitées à revenir en salle pour terminer cette histoire colorée de danger, mais aussi d'espoir. À notre retour en salle, comme si rien ne s'était passé, cette femme reprend place dans son petit espace et poursuit jusqu'au dernier tableau à la scénographie assez simple, mais fort bien imaginée (un de mes deux tableaux préférés). De cette lumière détournée à la recherche sur la scène, mais aussi dans l'estrade, voilà  qui illustre bien l'espoir que cette femme a pour le monde et le futur. De Hoor Malas qui vient de Syrie, je ressens fort bien la force de sa proposition. En observant la réaction du public, je n'étais pas le seul ! "Trois secondes", voilà une proposition que je voudrais bien revoir !

Au final, une belle soirée avec deux propositions qui m'ont permis d'aller à la rencontre d'univers personnels ! 

mardi 5 octobre 2021

Sur mes pas en danse sur l'Esplanade de la Place des arts: Découvrir autrement "Habiter sa mémoire" qui nous montre encore que les gestes nous parlent !

Mère Nature établit son agenda météorologique, sans discussions, et nous devons nous y ajuster. Mes pas devaient m'amener sur l'Esplanade de la Place des Arts le samedi, mais les nuages fort chargés de pluie ont annulé les performances de cette journée. Fort heureusement, une éclaircie dans mon agenda et aussi dans les nuages m'ont permis de m'y rendre pour presque deux heures en ce dimanche. 

Au programme, "Habiter sa mémoire", de Caroline Laurin-Beaucage, présenté par Danse Danse que j'ai eu la chance d'apprécier, deux fois plutôt qu'une, mais cette fois incarné pour cette occasion par huit interprètes (Carole Prieur, Brianna Lombardo, Angélique Willkie, Ariane Levasseur, Susanna Haight, Marie-Reine Kabasha, Claudine Hébert and Marine Rixhon). Chacune pendant une heure prenne place dans le cube et habite leur mémoire pour nous la présenter en gestes.

                                                            Tirée du site de Danse Danse

À mon arrivée, Susanna Haight complète sa prestation, tandis que moi je trouve une belle place assise, juste devant, une place comme je les aime ! Nous ne sommes pas nombreux en ce début d'après-midi quelque peu frisquet, mais les gens déjà présents sont fort attentifs. Caroline Laurin-Beaucage est là tout près. Pour ceux et celles, mais évidemment pas moi qui ont un téléphone intelligent, il est possible d'accéder "à une archive vocale où diverses impressions, réflexions et souvenirs rassemblés par les interprètes viennent compléter la performance vivante." 

(Note à moi-même: un jour, il faudra faire le pas et en acquérir un mon cher dinosaure!). 

Il en reste qu'il y a un dieu bienveillant, même pour les dinosaures comme moi. Et cette bienveillance m'est proposée par Caroline qui m'offre son téléphone (désinfecté !). Offre acceptée avec gratitude pour la prochaine proposition, celle de Brianna Lombardo. Pendant qu'autour de moi, les gens vont et viennent, Susanna quitte au son des applaudissements suite à ses confidences chorégraphiques. Et puis arrive Brianna Lombardo, elle aussi, tout de rouge vêtue, qui prend place dans le cube. Et pendant qu'elle se met en mouvement, moi, j'écoute ses confidences qui nous informe de son début de processus dans le Parc Baldwin. Je suis surpris, mais peut-être ne devrais-je pas l'être, les gestes devant moi, concordent souvent avec le propos que j'entend et que je réentend une deuxième fois ! Il y a vraiment une plus value à cet ajout vocal ! 

Je dois le concéder, cette interprète est une de mes préférées. La portée de ses gestes et de ses mouvements me rejoint et me touche et cette fois ne fait pas exception. Pendant une heure, je la suis, même si parfois mon attention est détourné, because place extérieure et ses activités tout autour. 

Et puis se termine sa prestation dans le cube et après les applaudissements, elle laisse sa place à Marine Rixhon qui prendra possession du lieu et de mon attention pour les trente minutes suivantes. De cette interprète, je reconnais les mouvements qui la caractérisent. Un élément de sa prestation me frappe, celui de l'utilisation de ses cheveux. Ses cheveux qui voilent et qui dévoilent son visage.

Mais le temps passe et moi je dois, avec regret, quitter ! Sur cette esplanade, avec un public toujours attentif, se poursuivra les prestations jusqu'à la fin de l'après-midi. Ça sera aussi pour moi la fin de la saison extérieure qui se termine donc sur le bon pied !

samedi 2 octobre 2021

Sur mes pas (virtuels) en danse: Avec "6.58: Manifesto", Andrea Peña, encore une fois explore les comportements humains et moi j'apprécie !

 Il y a un certain temps que je me suis mis devant mon écran pour découvrir une proposition chorégraphique. Lorsque "6.58: Manifesto" par Andrea Peña & Artists a été présenté à l'Agora de la danse sur scène, j'ai dû passer mon tour. Voilà pourquoi, j'ai apprécié la possibilité de la découvrir en ligne. 

Me voilà donc bien installé devant mon écran pour assister à la plus récente proposition d'Andrea Peña. Je me rappelle encore fort bien de l'intensité de  "Untitled I + III" que j'avais vu et apprécié, il y a deux ans (lire ici comme une éternité puisqu'avant la pandémie !) avec deux des interprètes de l'oeuvre actuelle. Une proposition dont l'intensité persistante brisait notre résistance de spectateur. 

                                                            Tirée du site de atuvu.ca

Cette fois, elle met en scène neuf interprètes de danse (Nicholas Bellefleur, Véronique Giasson, Gabby Kachan, Jean-Benoît Labrecque, Benjamin Landsberg, Jontae McCrory, Erin O’loughlin, Francois Richard et Laura Toma) que l'on retrouve dans un hangar d'aviation ou un lieu qui en a toutes les allures.

Pause

La vie de spectateur réserve des coïncidences amusantes. Lors d'une de mes rencontres "Osez en solo" de l'été dernier, je découvrais pour la première fois, Véronique Giasson. Lorsque j'avais fait le constat avec elle après sa prestation, elle m'indiquait que nous nous "reverrions" prochainement. Prédiction tout à fait juste, puisque deux fois plutôt qu'une, je l'ai revu, soit lors d'une soirée au Festival Quartier Danses et pour cette création. Voilà ce que s'appelle se mettre à jour !

Fin de la pause

 L'objectif de sa création, comme elle l'indique dans une entrevue fort intéressant sur le site atuvu.ca, "elle transpose avec ses collègues artistes ses questionnements philosophiques en métaphores visuelles." De sa vision en trois tableaux des enjeux actuels, moi j'en ai eu une autre perspective, privilège de spectateur. Et de ma vision, en voici la description. Donc, dans ses trois tableaux, j'y vois d'abord le réveil et la journée des "travailleurs", s'en suit un deuxième tableau plus extatique de la soirée qui suit, entouré.es tout en étant seul.es. Le tout se termine par le retour, chez soi, dans notre intimité, seul.es ou partagé.es. 

Le tout débute lorsque les interprètes endossent leurs uniformes et qu'ils effectuent leurs tâches attendues. Comme nous (?), des êtres programmés et dont les tâches amènent à rencontrer, sinon interférer ou collaborer avec les autres. Le tableau me captive avec des répétitions que j'aurais appréciées encore fort longtemps. Mais comme toute journée, tic-tac, tic-tac, elle se termine. Et puis arrive le moment où ils-elles doivent évacuer collectivement comme dans une grande messe collective techno, enlevant leurs uniformes symboles de leur individualité pour revêtir ceux de la collectivité. L'exercice est exutoire pour ceux et celles qui le font porté par la musique techno de Arielle Cissy Loé. Fascinant aussi pour ceux et celles qui, comme moi, le regarde. 

Après cette soirée de célébration collective, il y a le retour dans l'intimité après avoir passé le balai sur ce qui vient de se passer, question de faire une pause. Porté.es par la voie de cette soprano (Erin Lindsay), nous sommes comme entraînés à la suite de leur sommeil agité. Et puis, lorsque la fin arrive, je voyais déjà comme une suite à venir, tel un "reset". 

Cette oeuvre, je l'ai vu deux fois et ma perspective du premier visionnement s'est confirmée lors de mon deuxième ! Cependant mon retour en salle depuis le début de cette saison m'a fait réaliser que si la perspective donnée par la captation peut être intéressante, il en reste qu'elle me condamne à voir ce qu'elle me propose. Plusieurs fois durant le visionnement, j'aurais tant voulu choisir de voir ailleurs. Mais comme je n'ai pas pu la voir en vrai, je ne ferai pas trop mon difficile. 

vendredi 1 octobre 2021

Sur mes pas au théâtre: "the future is another country" et moi, dans ce pays, j'y ai fait des pas surprenants !

À cette proposition, j'ai fait de la place dans mon agenda et j'ai dit oui ! Je me suis donc rendu jusqu'au MAI, un des lieux culturels qui me réservent parfois des propositions surprenantes et aussi différentes. Et cette fois, cela a encore été vrai ! 

Le soir, malgré l'heure assez hâtive (lire ici 19h00), commence à nous imposer son ombre. Faudra s'y habituer pour quelques mois que je me suis dit pendant que mes pas m'amènent à la porte du MAI pour assister à la pièce "the future is another country" dr Boulouki Theatre. Une fois rendu, l'accueil chaleureux dissipe mon blues automnal ! 

À l'heure venue, je suis invité avec les autres spectateurs à me rendre dans la salle et prendre place. À l'entrée, toute la première rangée, ma rangée de prédilection, n'est pas disponible sauf un siège que je ne prendrai pas, ce qui a été une bonne décision comme je le saurai plus tard. Je prends donc place dans la deuxième rangée. Devant moi, la scène est dans l'ombre et derrière un écran éclairé qui me permet de soupçonner un assemblage de meubles et au moins un personnage qui me semble être de dos. 

Et puis le temps passe et le moment de débuter arrive. Émergent, à tour de rôle de la noirceur, trois personnages (Marika Karlsson, Louis-Elyan Martin, & Sophie-Thérèse Stone-Richards) avec leur lampe frontale. Ils semblent être des "mineur.es" à la recherche d'un objet sous terre. Elles et il sont muet.tes mais leurs gestes sont fort éloquents, la quête semble importante. Et une fois l'objet trouvé, cette pomme de terre, leurs agissements deviennent fort intrigants pour moi, mais je tente d'en trouver le sens !

                                                   Image tirée du site de Boulouki Theatre

Et puis la parole émerge tout comme l'éruption de pommes de terre. Et puis, peu à peu, la scène devant moi est dépouillée de ses tables et de ses chaises, assemblées dans un désordre apparent. Mais juste avant le dépouillement total de la scène de ses chaises et de ses tables avec un effort de sauver les pommes de terre, nous aurons droit à une discussion entre un intervieweur et une femme (qui je pense est Hannah Arendt ?) sur le sens du collectif et de l'autre, il me semble !

Une fois cet extrait complété et le maximum de pommes de terre sauvées, les trois personnages nous quittent, jusqu'au retour de lui qui nous demande de le suivre dans le hall d'entrée. Et là, la soirée prend une tournure surprenante et inhabituelle. Les tables sont bien dressées et les chaises sont tout autour à leur place habituelle, soit devant une assiette. Nous n'aurons qu'à trouver notre place (indiquée par notre prénom ). Et ainsi donc, tous les convives (lire ici les spectatrices et les spectateurs) pourront être sustenté.es par nos hôtes avec leurs propos et les différentes façons de servir de la pomme de terre. Le tableau tout devant nous indique ce que nous pouvons faire, de "join us" à "manger (ou pas) en passant par "feel weird". Nous aurons droit à un survol des différentes facettes de l'histoire de la patate, de l'origine de son nom jusqu'au premier jouet, le fameux monsieur Patate ! 

Juste pour vous, un exemple d'info que j'ai apprise. De quel pays origine la pomme de terre ? Et juste pour vous encore, la réponse, le Pérou. Ce qui nous fait réaliser que malgré son apparence ordinaire, ce tubercule comestible en a fait du chemin en étant utilisé dans le monde entier. 

De ce cinq services, incluant la pomme dauphine (présentée fort richement par Louis-Élyan Martin) sans compter le "pour emporter", j'en ressors repu, physiquement et intellectuellement et très satisfait, avec, en plus, une photo de moi de dos à l'appui ! Encore une fois dans ce lieu, j'ai exploré des territoires culturels fort différents, mais surtout surprenants.