lundi 26 avril 2021

Sur mes pas (virtuels) en danse: "Rien de nouveau" et " Rien à sauver", "DANS CE BORDEL", j'ai bien compris !

 Et celles qui me l'ont expliqué, ce sont les finissantes (création et interprétation) du baccalauréat de danse de l'UQAM. Bon OK, je le concède, j'ai un peu changé l'ordre du programme de cette soirée. Je serai juste et le titre de cette soirée était "DANS CE BORDEL" et y était présentée deux oeuvres. La première "RIEN À SAUVER" par Claire Pearl, interprétée par Léonie Bélanger, Fanny Bélanger-Poulin, Béatrice Cardinal, Camille Courchesne-Couturier, Jacynthe Desjardins et Émilie Perrault. La deuxième, "RIEN DE NOUVEAU" par Mélusine Bonillo, interprétée par Margaux Guinot, Léa-Kenza Laurent, Johanna Simon, Lola Thirard et Estelle Weckering. 

                                   Affiche tirée du site du département de danse de l'UQAM

Mais avant de découvrir ces deux propositions en parfait harmonie avec l'époque actuelle, nous avons droit à une prise de parole des deux chorégraphes. Un "statement" calme, mais affirmé, fait au nom de toutes sur ce qu'elles ont dû vivre pour arriver à compléter leurs études. Et fort lucide face à ce qui les attend. Prendre place dans ce monde artistique déjà difficile à intégrer et mis à mal avec la pandémie, elles font le pari d'y plonger et cette expression forte, "nos corps, moyens de résistance ". Je n'ai qu'une réflexion qui me vient en tête, quel bel exemple, elles nous montrent. Merci à vous !

Donc "DANS CE BORDEL", "RIEN À SAUVER" dans lequel, je retrouve le corps manipulé, le corps exhibé, le corps assemblé, le corps protégé, le corps transformé, le corps hybride, le corps asservi, le corps déformé et le corps contrôlé. En résumé, le corps dans différents états, contraint, obligé de subir des tensions internes et externes. La lutte pour résister, pour survivre même, serais-je tenté de dire. Elles nous montrent des états de corps fort intenses face aux tensions externes qui se rendent à moi, malgré l'écran qui nous distancie ! Une fois la tension dissipée, le calme s'installe parmi elles et tout doucement, en chant et en teinture, elles se préparent pour la suite. Une fin, toute belle pour moi qui montre qu'une calme détermination sera leur arme principale à l'orée de nouveaux jours, malgré la nuit qui tombe !

Il s'en suit, "RIEN DE NOUVEAU" qui débute par la description d'une expérience amoureuse de l'une et de la transmission de ce qu'elle ressent dans le corps des autres tout autour sur fond bleu ! Et puis tout bascule dans le rouge, comme si la plaie se vidait peu à peu et que la guérison prenait place, avec le calme et les chants fort présents. Je sens dans ces corps captés par la caméra toute proche, la métamorphose interne ! Certaine d'entre elles, à tour de rôle, nous fait ressentir le dedans d'elle. Et une fois leurs révélations faites, elles semblent en paix. Et puis s'en suit une finale toute festive qui est si belle à voir parce que porteuse d'espoir !

En terminant, deux petits commentaires, le premier, un bémol. Dans chacune de ces propositions, il y a eu du texte qui a été dit en langue anglaise, vraiment nécessaire ? Le deuxième plus positif, concerne l'utilisation de la caméra qui a su capter de tout proche certaines interprètes et dont le résultat était plus fort. 

Merci à vous finissantes et tous ceux et celles qui les ont accompagnées. Vous avez fait le pari d'aller au bout de vos études, je vous souhaite maintenant d'aller au bout de vos aspirations. 

dimanche 25 avril 2021

Sur mes pas (réels) en chanson: Une fort belle rencontre toute intime avec Cindy Charlemagne

 Cette rencontre que j'ai acceptée, je ne l'avais pas prévue et en plus, elle n'était pas dans mes territoires culturels habituels ! J'étais donc invité (oui, c'était sur invitation !) à aller découvrir la chanteuse, autrice et compositrice québéco-haïtienne Cindy Charlemagne que je ne connaissais pas, au MAI (Montréal, arts interculturels) en ce samedi après-midi de ce printemps au caractère incertain.

                                Photo de Cindy Charlemagne par Adreil Gere sur le site du MAI

Dans le hall d'entrée peu achalandé, nous serons huit personnes au final, j'attends de prendre place dans la salle. Le moment venu, j'entre et je trouve ma place tout au fond de la salle avec les sept autres spectatrices et les deux autres personnes à la régie. Ai-je besoin de vous dire que c'est un concert tout intime à lequel j'assisterai ! Le moment venu, les lumières se font discrètes et arrivent sur scène Cindy Charlemagne et trois musicien.nes (contrebasse, piano et batterie). Elle se présente à nous, en toute simplicité, en nous demandant de ne pas applaudir et surtout d'être prêt.es à recevoir. Ce que nous ferons tout au long de l'heure qui a suivi. Malgré la distance des deux mètres, c'est à une rencontre tout intime que j'ai assistée. Une rencontre qui m'a fait découvrir une chanteuse qui plonge dans le soul et le jazz pour nous éclabousser de ses effets. Je suis sous le charme et lorsque arrive le moment à lequel elle nous propose des chansons en créole, pays de ses ancêtres, je succombe, que c'est beau !

Une heure de douceurs qui se termine tout en finesse avec la chanson et le titre de cette représentation, "Soul Whisper". Une rencontre qui m'en rappelle une autre qui encore résonne en moi, celle de Senaya qui pour me faire du bien, je me remets à écouter régulièrement !

Je m'en voudrais de ne souligner ce que les lieux de diffusion comme le MAI font pour les artistes. Avec moins de dix personnes dans la salle, comment ne pas avoir une grande reconnaissance pour permettre ce type de rencontres et qui pour moi, s'est avéré un coup de coeur!  


vendredi 23 avril 2021

Sur mes pas (virtuels) en danse: Une autre rencontre marquante avec une proposition touchante de Sonia Bustos

 L'invitation m'était venue de la Maison de la Culture Notre-Dame-de-Grâce. Celle de découvrir des extraits de la prochaine création de Sonia Bustos, "Je ne vais pas inonder la mer". Un rapide retour dans mes souvenirs m'a permis de revenir il y a trois ans presque jour pour jour dans la Galerie du MAI. On me proposait d'abord une exposition fort touchante et intense sur des évènements dramatiques à propos de femmes mexicaines. Elle prenait appui sur ces évènements pour nous proposer "Intérieur brut" qui m'avait interpellé. Sa chorégraphie avec les photographies de ses femmes-victimes mexicaines tout autour, son pays d'origine m'avait touché. Pour les intéressé.es, voici le lien sur mon retour (https://surlespasduspectateur.blogspot.com/2018/04/sur-mes-pas-en-danse-fortement-touche.html)

Cette fois, elle met les racines de cette création dans le deuil, son deuil. Celui qu'elle a vécu après les décès de sa grand-mère et de sa mère. Une fois les explications complétées, nous sommes invités à découvrir des extraits de sa création. En entrée de jeu, nous avons droit à des échanges entre les musiciens et la chorégraphe-interprète sur la création d'un tableau plus "festif !. Il s'en suit un autre, plus "sombre", mais à mes yeux, tellement lumineux sur ce qu'elle a vécu et ressenti tout au long de son cheminement. J'y ai vu les souvenirs (avec les voix), de "ce ensemble à toute seule". Le passage durant lequel, elle laisse tomber ce vêtement, tel des souvenirs chers à elle! Et en finale, pendant que nous voyons une chaise vide et une table avec un pot avec trois fleurs (quel beau symbole !), il s'en suit que cette femme semble regarder droit devant !

                        Photo de la chorégraphe-interprète par David Wong, tirée du site du MAI

Des extraits, fort de ses états de corps, qui m'invitent à aller à découvrir l'oeuvre toute entière et vous devriez, selon moi, en faire tout autant. Malheureusement, les deux représentations prévues au MAI seront présentées sur invitation, conséquence des consignes sanitaires qui limitent le nombre de spectateurs à une toute petite douzaine. Je retiens cependant les paroles de la responsable de la Maison de la Culture qui est confiante que nous pourrons la découvrir dans des Maisons de la Culture prochainement ! Pour ma part, je me tiens en alerte !



jeudi 22 avril 2021

Sur mes pas (bien réels) en danse: Une rencontre marquante que celle avec "Punch Line" de Jacques Poulin-Denis

 Je revenais de ma première sortie à l'Agora de la danse et je resassais dans ma tête la rencontre à laquelle j'avais assistée. Une rencontre "Punch Line" qui m'a déstabilisé d'abord, mais avant d'aller plus loin, commençons par le début, soit le avant !

                  Photo de Jacques Poulin-Denis par Dominique Skoltz tirée du site de l'Agora de la danse

Je me souviens encore très bien de la fébrilité devant mon écran, mes doigts "en garde" sur le clavier juste avant la mise en vente des billets avec place assignée des propositions de l'Agora. Et lorsque j'ai pu dire, "yeah, j'ai tous mes billets !", jamais je n'aurais imaginé que je serais l'heureux "locataire" du siège VIP pour ma première visite. Bon OK, vous vous direz que j'ai le terme facile, mais je vous l'assure, il n'est pas de moi, mais des personnes fort gentilles et accueillantes qui m'ont accueilli en salle en m'informant de ma place. Je vous sent titillé.e, mais sachez que ce n'était pas "mon" siège première rangée, mais dans cette salle toute intime, sur ce siège, je peux vous dire que j'avais une vue imprenable sur ce que je découvrirai plus tard.

Une fois les mots d'usage dissipés dans le lieu tout attentif, nous sommes invités à applaudir l'arrivée de la vedette de la soirée, ce que les trop peu nombreux spectateurs (because les mesures sanitaires !) ont fait avec enthousiasme. 

Pause

L'image qui me reste le plus en tête lorsqu'il est question de Jacques Poulin-Denis est celle sur l'affiche de "Junkyard/Paradis" (de Mélanie Demers), derrière un micro, le bras brandi en haut, tel une rock star, représentative de sa forte présence en scène.

Fin de la pause

C'est donc tel un performeur qu'il se présente à nous, sous nos applaudissements pour se diriger vers un micro sur pied et un tabouret. Premier jab tout gentil au spectateur que je suis parce que ce n'est pas la manière de débuter un spectacle de danse ! En rétrospective, ce n'est pas un simple spectacle de danse que je découvrirai dans ce qui suivra. Ça sera exactement ce que le programme de la soirée annonçait si bien, "Marchant sur la ligne ténue qui sépare la réalité de la fiction, il matérialise les discours intérieurs dans une expérience sensorielle, à la fois subtile et intense. Il est passeur de mots, de pensées et de gestes." 

Tout au long de cette rencontre loin des oeuvres classiques en danse, j'ai droit, entre autres, à des moments "plein de rebondissements", des retours dans le passé et des confidences. Je serais tenté de les décrire avec des termes de coups de poing en boxe, tels que "direct sous la ceinture", lors de sa rencontre avec un véhicule immobile, le "contre" face à l'adversité de la vie. J'étais aux aguets aussi lorsque mon prénom est sorti de sa bouche en cours de représentation, attentif à ce qui suivrait. J'étais flatté aussi de ses propos sur les gens à lunettes, moi le grand myope !

Jacques Poulin-Denis est aussi efficace lors des moments parlés (même avec ses gags dignes de ceux d'une autre époque, celle des cabarets !) que ceux dansés qui sont ceux que j'ai préférés et plus particulièrement le tableau final. Celui qui seulement avec ses mouvements fort éloquents, nous raconte comment il est possible de réaliser ses aspirations malgré un évènement tragique. 

Je m'en voudrais de ne pas mentionner les aspects techniques relatifs aux effets sonores et vocaux qui appuient la prestation de Jacques Poulin-Denis qui a sur scène une présence rayonnante, que cette scène soit éclairée ou toute sombre.

Au final, c'est une rencontre avec un homme qui s'est ouvert à nous et qui laissera des traces avec les pas du spectateur que je suis.



mardi 20 avril 2021

Sur mes pas en danse que j'aurais tant voulu faire ! Ceux vers la 2e édition du festival FURIES à Marsoui !

 Et voici pourquoi !

Je me souviens de ma première rencontre artistique avec le duo Priscilla Guy et Sébastien Provencher, membres de la direction artistique du Festival FURIES: Festival de danse contemporaine. C'était au La Chapelle dans une première ébauche de leur spectacle "Deux squelettes". Une rencontre fort marquante pour moi qui a été suivie par beaucoup d'autres avec l'un.e et/ou l'autre pour mon plus grand plaisir. Le propos a toujours été très présent à chacune de ces rencontres. Les voilà réunis pour présenter de la danse contemporaine, mais pas seulement, tout là-bas (de ma perspective) à Marsoui en Gaspésie avec leur festival du 29 juillet au 1er août. Mais moi, voici enfin le pourquoi, je ne m'y rendrai pas, parce que je ne peux vraiment pas m'y rendre, mais vous ?

En cette journée du 20 avril quelque peu froide ici à Montréal, nous était dévoilé le programme fort alléchant qui y sera présenté. Pour reprendre leurs mots, "Les publics découvriront la danse comme forme d’art aux possibilités infinies et pourront élargir leur connaissance de différents styles et techniques." Un bon nombre des oeuvres présentées, je les ai vu à Montréal et quel plaisir, j'aurais eu à les revoir. À titre d'exemples, "Mula" d'Ivanie Aubin-Malo, Caroline Laurin-Beaucage avec son fascinant "Habiter sa mémoire", le "décoiffant" " Fame Prayer / EATING" co-créé avec François Lalumière et Katarzyna Szugajew. Aussi, Sovann Rochon-Prom Tep avec "Un temps pour tout" pour découvrir l’univers hip-hop. Juste ces propositions couvrent une bonne partie du spectre de l'univers de la danse. 

Il y aurait eu aussi pour moi, l'occasion, entre autres, de découvrir le travail de Dorian Nuskind-Oder qui présentera "Memory Palace" que j'avais raté ! Une autre proposition m'aurait particulièrement intéressée, celle de Maryse Goudreau qui offrira son oeuvre-installation "Dans le ventre de la baleine" ! Et question de faire vrai, c'est sur le bord de la mer que j'aurais été.

Pause

Je croise les doigts fort fort pour que cette proposition vienne ici à Montréal !

Fin de la pause

Sans oublier de la Cinédanse sous les étoiles et plein d'autres activités pour découvrir aussi des artistes de ce beau coin de pays, tout cela en quatre jours. Du concentré qui rend un séjour là-bas fort intéressant ! Mais moi, je ne peux pas, mais vous ?


                                                        Affiche : Étienne Despres

lundi 19 avril 2021

Sur mes pas (virtuels) en danse: Une rencontre marquante avec "WE ARE GHOSTS OR ARE WE ?

Voilà une tradition que je ne voudrais pas briser, celle de découvrir les propositions des étudiant.es de l'UQAM, celles de fin de session, de fin d'année et aussi de Passerelle 840. Par conséquent, à cette proposition en webdiffusion de fin d'année des étudiantes de deuxième année, "WE ARE GHOSTS OR WE ARE ?", j'étais bien évidemment présent. 

                                                            Affiche tirée du site Facebook 

Mélia Boivin, Margot Carpentier, Oksanna Caufriez, Morgane Guillou, Rozenn Lecomte, Ariane Levasseur, Cyrielle Rongier et Eliane Clemence Viens-Synnott, sous la direction de Andrea Peña m'ont amené dans un univers fort actuel, tout pandémique. Comment être et réagir dans cette nouvelle réalité pour l'affronter. En entrée de jeu, seule cette femme avec son masque, exprime avec force son enfermement, comme chacun.e de nous en confinement. Tellement fort, pour que je le ressente moi aussi devant mon écran. Le lieu est petit et limite l'expression des gestes qui résonnent fortement lorsqu'ils rencontrent les limites. 

Et puis cette contrainte se transpose à toutes, même si l'espace est plus grand et se fait différent. Seule ou ensemble le défi reste entier, je le ressent fort bien. En ces temps difficiles, aller de l'avant et tomber, tourner en rond. Où aller ?, que faire ?, où se réfugier? Voilà des questions exprimées en mouvements et en gestes devant moi. Dans ce monde post-apocalyptique (lire ici pandémique), que faire pour l'affronter sinon trouver une issue ? La fuite en avant est-elle une possibilité ?

Chacune d'entre elles, masquées, mais pas muselées, portées par la musique du violon, réagissent, passent à l'attaque, le repli ne semble pas une alternative. Peu importe notre individualité , la collectivité prime pour aller de l'avant face à l'imminence du danger et leurs gestes résonnent fort en moi, m'inspirent ! Ne devenons pas des ombres, ni des fantômes face aux défis ! Transformons le "je" en "nous" ! Merci à vous pour ce message si bien exprimé !

Sur mes pas (virtuels et réels) en danse : Question de perceptions (doubles) grâce à Tangente et ses deux propositions !

 La proposition de Hélène Messier, "Soie", Tangente nous proposait de la découvrir en présence, mais aussi en webdiffusion. J'ai donc profité de cette opportunité pour la découvrir des deux façons. Et lors de cette visite dans ces lieux si familiers, dans le Wilder, pour moi en des temps pré pandémiques, je pouvais aussi découvrir la proposition d'Hugo Dalphond. 

Mais reprenons par le début ! Habitué à arriver assez tôt et prendre place à la porte de la salle, Hélène Messier a été un bon nombre de fois là en service. Et moi le bavard-curieux, dans la limite du raisonnable, je vous rassure, j'ai pu en apprendre sur cette oeuvre en création en lien avec son mémoire de maîtrise en préparation aussi. J'étais donc très curieux de découvrir le résultat de son travail. Et je l'ai fait en trois temps, d'abord via le web, ensuite en présence et une troisième fois en web encore, question de vérifier un petit détail qui me turlupinait durant la prestation en direct !

                            Photo d'Hélène Messier prise par David Wong fournie par Tangente

Je débuterai ce retour avec ma visite dans l'Espace Orange. Accueilli.es dans la salle un.e à la fois, nous sommes dirigé.es vers un des sièges disponibles tout autour d'un espace central. C'est donc sur le périmètre de ce cercle que la vingtaine de spectateurs, spectatrices découvriront ce "modèle vivant" comme il peut être possible lors d'un atelier de peinture. Le lieu est sombre, respire le calme et prédispose parfaitement à l'arrivée de l'artiste. Comme l'indique le programme de la soirée, elle nous propose une illustration de "Comment habiter une pose? Invoquant le butō et le modèle vivant, Hélène cherche à entrer dans un mode méditatif qu’elle partage avec le public." 

Et de ma perspective, elle réussit bien. Mon laisser-aller, déstabilisé par la proposition précédente d'Hugo Dalphond (sur ce point, je reviendrai). reprend tous ses droits. Elle débute sa prestation immobile, sur son petit carré illuminé, dos à moi et peu à peu tournant sur elle même, elle se présente de face à moi. Tout aussi calmement, elle évolue. Elle laisse le temps aux gestes de se déployer et de notre attention de la rejoindre ! Mon moment fort est le passage à terre où elle entreprend des rotations de façon tellement naturelle que je cherche ce plancher tournant qui évidemment n'existe pas. J'y ressent la rotation du corps apprivoisée, tout en douceur et maîtrisée. La rotation de ce corps qui veut calmer, me calme aussi. Je suis aussi attentif aux détails, comme cette main qui semble sortir du cadre ou du sens de la rotation qui il me semble passe du sens horaire au sens anti-horaire en fin de prestation. Et comme une fleur que j'ai vu éclore, chercher le soleil et le regard des autres, elle se refait discrète une fois la nuit arrivée tout en laissant une trace dans nos pupilles. Je m'en voudrais de ne pas mentionner la contribution de Vincent Gagnon à la musique qui enrobe le tout de façon fort douce et pertinente. Au final, des moments qui permettent de se détacher du moment présent et de se rendre dans un espace temps tout en douceur et en calme. 

Et pour ceux et celles qui sont curieux de connaître la raison de mon visionnement web après, la raison est bien simple. Bien attentif à la proposition, il m'avait semblé que le sens de la rotation avait changé vers la fin. Et c'est en le revisionnant que j'ai pu constater que je ne m'étais pas trompé, confirmant que j'étais bien attentif. (La web diffusion a certains avantages !)

Un aspect qui, selon moi, amenait une plus-value fort intéressante à la captation présentée en web-diffusion est définitivement la perspective "tout en haut". Perspective que jamais il ne serait possible de découvrir en "live" !

En début de séance, comme je l'indiquais précédemment, m'était présenté, "Étude sur la pénombre" d'Hugo Dalphond que je connaissais par ses nombreuses contributions aux éclairages de propositions chorégraphiques dont celle d'Hélène Messier que j'ai vue juste après. Malgré le titre, nous étions informés, c'est dans un "contexte d'obscurité" que l'interprète François Richard évoluerait ! Il en reste que j'étais muni de mon attention de chat, à défaut de ses yeux pour découvrir cette proposition. Et, une fois la musique fort envoutante (de Mathieu Seulement) tout en contrôle de ce lieu, mes yeux et mon cerveau ont échappé à mon contrôle. Dans cette pénombre, j'ai vu ou imaginé, je ne saurais dire ce corps apparaître, pour disparaître tout aussi rapidement. Pendant toute la représentation, il y a eu en moi, un combat constant, rien de reposant ! Comme si les projecteurs de ce créateur s'étaient déplacés de la scène jusque dans ma tête ! Une proposition qui déstabilise, ce qui en soit mérite le déplacement !

Soyez rassuré.es, durant mon retour à la maison, la paix s'est faite en moi ! Juste impatient de retourner en salle. La prochaine fois, c'est une proposition de l'Agora de la danse qui sera ma destination. À suivre !!!!

mardi 13 avril 2021

Sur mes pas (virtuels) en danse: La collection automne fort riche des "Solos, prêts-à-porter" de Danse K par K.

Lorsque j'ai vu passer cette proposition, je n'ai pas pu la refuser. Cette collection de "Solos, prêts-à-porter" de Karine Ledoyen que je pouvais découvrir sur mon écran, je me la suis procuré sans hésitation. À ces cinq propositions d'abord présentées aux creux des mains des spectateurs dans différents publics extérieurs, moi, je n'y avais pas été ! 

Ces cinq oeuvres sont le prolongement différent de ces solos qui avaient été présentés dehors devant un ou deux spectateurs,trices l'été dernier. Moi qui avait pu en découvrir deux l'été dernier dans "mon" Montréal, je pourrai cette fois découvrir des artistes qui performent surtout à Québec. Parmi les cinq chorégraphes-interprètes, un seul m'était connu, soit Fabien Piché que je connaissais par l'intermédiaire des oeuvres du chorégraphe Alan Lake. C'est donc avec un grand plaisir et une curiosité toujours présente que j'ai fait une première rencontre avec Julie-Maude Cloutier, Léa Ratycz-Légaré, Nelly Paquentin et Odile-Amélie Peters. 

                                                    Affiche tirée du site de Danse K par K

Au menu donc, cinq propositions qui se déclinent en deux temps. Chaque proposition débute avec la présentation chorégraphique d'environ cinq minutes dans lesquelles la thématique des mains est pour moi une constante bien exploitée malgré qu'elle soit discrète. Elle est suivie par un échange avec l'instigatrice de ce projet, Karine Ledoyen. Dans cet échange, il sera question d'abord du lien avec la création fait en "live", un échange sur la perspective que l'instigatrice voulait apporter et le tout se termine avec la "question" à cette instigatrice par l'artiste performeur.se. Ces échanges ont fait en sorte que j'ai revu les différentes oeuvres pour en apprécier une perspective nouvelle, un avant et un après complémentaires pour ma réception des propositions.

Pause

Je dois avouer que si découvrir une proposition en personne sera toujours pour moi, ce que je préfèrerai. Il en reste que de pouvoir voir et revoir des oeuvres sur mon écran comporte certains avantages.

Fin de la pause

Me voilà donc devant mon écran pour découvrir d'abord, Fabien Piché évoluer sur du ciment comme s'il voulait y prendre racine pendant que tout autour la vie, je sens vie quotidienne fort présente. Dans ces mouvements, j'y vois les efforts d'un "travailleur" en uniforme qui tente de construire un lien entre le ciel et la terre. 

Ensuite, Julia-Maude Cloutier qui nous amène dans sa proposition dans laquelle, elle fait corps avec la nature de Limoilou méconnu de moi. Elle évolue dans ces lieux pour monter dans un arbre et aussi prendre s'enraciner dans le sol. 

Ensuite, Léa Ratycz Légaré m'amène dans une proposition forte en symboles que je perçois très bien. De par cette fenêtre, il y le présent devant et le passé derrière. Cette femme semble fragile et être en proie à du désarroi. Elle évolue, se met en mouvement pour se transformer, je dirais plutôt se métamorphoser, laissant derrière elle une partie de soi. Et sur cette fenêtre, elle laisse sa trace tout comme dans mon esprit. Ma proposition préférée !

Il s'en suit, la proposition de Nelly Paquentin qui dès les premières images me fait penser à des créations d'Alan Lake (chorégraphe de la ville de Québec). La matière (terre et matière végétale) est fort présente tout au long. Cette tête, je la vois comme une fleur sort de terre ou de son nid  pour s'épanouir et qui suivra son destin. Une proposition audacieuse et différente. Et la question qui me reste en tête est la suivante : A-t-elle vraiment la terre dans sa bouche ? Je serais bien curieux de connaître la réponse.

Le tout se termine avec Odile-Amélie Peters qui joue à mes yeux sur la dualité intérieur-extérieur. S'évader du lieu confiné tout doré soit-il semble sa mission. Une fois qu'elle prend place sur son tapis doré marqué par les traces du passé et y évolue avec de forts beaux gestes, partira-t-elle ? Question dont je garde la réponse pour moi.

Cinq "trop courtes" propositions qui m'illustrent encore une fois comment Karine Ledoyen peut me  proposer des oeuvres dans territoires chorégraphiques hors des sentiers, comme pour la première fois avec moi, il y a quelques années dans l'ouest de Montréal, soit ma rencontre avec son projet "Osez !" sur le site du collège Gérald-Godin en 2005. Cinq propositions qui m'ont permis aussi de découvrir de "nouveaux visages" fort intéressants.

samedi 10 avril 2021

Sur mes pas (réels) dans un univers fascinant : "Echo Chamber" de Martin Messier

Juste un peu avant que le couvre feu ne retrouve sa place dès 20h00, mes pas ont pu se déplacer en début de soirée jusqu'à un studio-atelier rue De Gaspé pour découvrir en toute intimité (soit 5 spectateurs), "ECHO CHAMBER" de Martin Messier. Concours de circonstance, j'avais, il y a peu de temps. assisté, via Zoom, à une rencontre avec lui qui présentait une rétrospective de quelques-unes de ses créations, gracieuseté de la Maison de la Culture Notre-Dame de-Grâce. 

                                               Photo de INNERVISION tirée du site Herby.TV

Impossible de ne pas être impressionné par "SEWING MACHINE ORCHESTRA", même sur mon petit écran, l'oeuvre fait effet ! Je découvre un bel exemple d'un magistral détournement d'objets. J'ai revu aussi des extraits de "INNERVISION" Cela me rappelait ma présence à  la Place des Festivals pour découvrir ce projet avec soixante, oui, oui, soixante interprètes lors du FTA 2019. De cette rencontre Zoom, j'ai appris lors qu'il avait pris "appui sur des pierres", matières brutes, pour construire cette oeuvre impressionnante !

Voilà donc pourquoi, le spectateur que je suis, "pisté" par Caroline Laurin-Beaucage, via les réseaux sociaux, a sauté sur l'occasion de découvrir en toute intimité (avec quatre autres spectateurs), "ECHO CHAMBER". C'est donc en ce vendredi soir "tout estival" que je me dirige dans le Mile-End et attend au bas de l'immeuble, en bonne compagnie, le moment de me rendre dans le "lieu" de présentation. 

Ce moment arrivé, nous montons les escaliers et nous sommes accueillis par notre hôte à la porte de son atelier. Il nous invite à entrer pour d'abord découvrir, juste à l'entrée, une installation en cours de création qui fait jaillir d'un mur des filaments tout blanc "qui volent au vent" ! Il m'en a fallu de si peu pour que je m'approche et que je tende la main pour toucher. N'ayez crainte, mes mains sont restées bien sages. Cet élan de curiosité réprimé, je prend place sur l'un des cinq sièges, prêt à découvrir, dans ce lieu la pièce de résistance de la soirée. 

Devant moi, tout proche, différents objets, dont, il me semble un lutrin ! Une fois le moment de débuter arrivé, les lumières s'éteignent et notre "chef d'orchestre" s'activera pour faire jaillir la lumière de l'ombre et la musique du silence en toute harmonie. Mon attention porte d'abord sur lui et ses gestes. Peu à peu, je l'oublie presque et mon attention porte surtout sur ces différentes déclinaisons photoniques, jusqu'à en oublier les aspects techniques. Il se déplace dans l'espace, déplace et modifie les objets complices dans ce qu'il me semble être une chorégraphie préparée avec une grande précision. 

Le temps passe mais pas pour moi, je suis fasciné, mon attention est captive par ce qui se passe devant moi. Cette impression sera partagée par certains spectateurs lors de la discussion après la présentation. Et puis, tout s'arrête et c'est dans le noir redevenu maître de la place, que la réalité reprend ses droits. Une fois les lumières réouvertes, je découvre certains objets responsables de la danse de la lumière à l'état de repos.

Cette création qui a manifestement demandé de longues heures de travail a été très peu présentée, because la pandémie, et aurait dû l'être dans des espaces plus vaste. Elle l'a été quelque fois dans la Cinquième Salle de la Place des arts avec une perspective, pour les spectateurs, plus grandiose, mais malgré tout, il y a avait pour moi, un plaisir à me sentir proche et le voir interagir avec ses objets. Je me promets d'aller découvrir une de ces oeuvres dans une salle plus grande et comparer mes impressions. Pour les curieux,, voici un lien pour se diriger vers son site (.https://martinmessier.art/echochamber.html)

Il en reste que durant cette soirée, je l'ai vu tel un orfèvre qui construit et manipule les objets précieux pour forger la lumière dans un écrin de musique. Durant la discussion fort intéressante d'après représentation, j'en apprends plus sur lui, sur cette oeuvre et aussi sur ces "2 ou 3" projets en élaboration, dont celui que nous avons vu à notre entrée dans les lieux. 

 

mercredi 7 avril 2021

Sur mes pas (bien réels) en danse: "Face-à-face" surprenant et captivant au La Chapelle !

 En cette même journée (mardi 6 avril) durant laquelle nous apprenions que les salles de spectacle ne seraient pas refermées (pour l'instant !), je me dirigeais, le pas heureux, jusqu'au La Chapelle à mon deuxième rendez-vous culturel en chair et en os de ce printemps ! Même ce billet que j'avais acheté, il y a une "éternité" et que j'avais conservé précieusement semblait, lui aussi, tout heureux de notre sortie !

Une fois rendu sur place, c'est dehors que nous attendons avant de nous laver les mains, de recevoir "notre" masque et d'entrer faire la file "à distance" de deux mètres dans la ligne "solo". Le temps d'entrer un à un dans la salle dans une chorégraphie bien rodée (même en cette soirée de première), j'apprends d'Olivier Bertrand qu'il devra refaire "ses devoirs". En effet, les mesures annoncées en catimini durant la journée indiquaient que les distances entre les sièges devraient passer de 1,5 à 2 mètres. Par conséquent, ils devront refaire leurs devoirs et reconfigurer les gradins et (peine!!!) de diminuer encore le nombre de spectateurs qu'ils peuvent accueillir !

Pause

Moi qui me suis déjà procuré mes billets pour plusieurs spectacles dans les prochaines semaines, j'ai comme une ombre qui est passée sur ma bonne humeur du moment ! Et surtout, j'espère ne pas recevoir un courriel avec des mauvaises nouvelles !

Fin de la pause

C'est, donc, un par un que nous sommes guidés et amenés jusqu'à notre siège et moi, je peux prendre place à "mon" siège première rangée. Il faudra environ quinzaine de minutes pour faire salle comble (en temps de restriction !) et aussi une salle comblée d'y être !  Nous découvrirons (ce que nous apprendrons en cours de prestation) une proposition créée par la rencontre de Jérémie Niel et de Catherine Gaudet qui s'inspire de la rencontre de Robert Gravel et Jean-Pierre Ronfard dans l'oeuvre "Tête à tête" présentée en 1994 par le Nouveau Théâtre Expérimental. 

                                                       Tiré du site du La Chapelle            


Déjà, dès l'entrée du premier spectateur, les deux interprètes, Louise Bédard et Félix-Antoine Boutin sont là sur scène à discuter à voix basse l'un avec l'autre, saluant au passage certains d'entre nous qui entrent en salle. Une fois les indications sanitaires d'usage données, les deux interprètes débutent, il me semble, leur face à face. En effet, sans vouloir rien divulgâcher, leurs premiers échanges entre elle venant du monde de la danse et lui, du monde du théâtre, me désarçonnent. Je suis donc coincé dans une position ambiguë, compte-tenu que c'est la première. Le plaisir de ne pas trouver mes repères me fait lâcher prise et remiser ma boussole ! 

Ce qui suivra, me semble une traversée océanique dont j'ai vécu la sortie du port en première partie.

En début de traversée, leurs échanges souvent verbaux, mais aussi physiques nous permettent dans un premier temps de découvrir leurs perspectives fort différentes sur la création artistique avec comme par exemple un échange amusant sur la verticalité versus l'horizontalité décliné en parallèle. 

Et puis arrive le moment où l'oeuvre "sombre dans le sombre" durant lequel nous découvrons la relation de ce couple avec un fjord. Dans cette nuit, leur intimité dans ce sombre irradie pendant que je ressent (et que j'entend) les vagues sur la coque d'un bateau. J'y ressent aussi une distance regrettée entre les deux. Il y a aura la rencontre avec un banc de brume dans lequel, ils se "perdent de vue" ! Revenant en des temps plus cléments, je découvre un tableau sur la transmission, mon préféré, durant lequel elle lui montre comment en trois ou quatre simples étapes, il est possible de voir éclore le geste jusqu'à sa floraison d'une chanteuse fort bien connue. Pour savoir qui, faudra vous y rendre !

Nous naviguons à travers les "eaux" dans des états de corps et des états d'âme parfois en harmonie d'autres en parfaite asymétrie. Un tableau sans paroles crie de désespoir ! Il y aura aussi le passage plus lumineux "Over the Rainbow". Et dans une suite de fausses fins qui désorientent, arrive la "vraie" fin de notre voyage. Un voyage durant lequel, lui a dû danser et elle a dû parler sur scène en partageant leur expérience et leur vécu. Des moments, comme  l'écrit si bien Catherine Lalonde dans Le Devoir (7 avril), "Le réel et la fiction rentrent ici aussi là-dedans ; c’est vraiment par rapport à l’autre qu’on réussit la traversée » qu’est ce Face-à-face." Et c'est cette confusion dans cette rencontre improbable qui m'a particulièrement plu ! 

Revenant les deux pieds sur terre, je quitte avec les gens de ma rangée d'abord et le théâtre ensuite pour revenir sur la terre ferme de ma quotidienneté évoluant à distance des passants que je croise jusqu'à mon propre port !