mercredi 26 août 2020

Sur mes pas en danse: Retour sur mes rencontres chorégraphiques intimes sur une place publique !

Je me permets de le répéter, il est frustrant de ne pas connaître le moment de présentation extérieure des oeuvres chorégraphiques présentées à Montréal. Cette fois, grâce à un bon samaritain qui se reconnaîtra s'il me lit, de cette proposition, j'en connaissais le moment et le lieu et à l'avance en plus ! Ainsi donc contournant les nombreux chantiers routiers et réussissant à trouver un endroit pour garer mon véhicule, je peux marcher un coin de rue dans le Plateau jusqu'au lieu de prestation. C'est au Square de la place Roy que j'avais rendez-vous avec la proposition de Anne-Flore de Rochambeau. 

Tout juste à l'avance, la chorégraphe et les trois interprètes (Marine Rixhon, Marijoe Foucher et Laurie-Anne Langis) sont là, ces dernières se préparant à ce qui suivra en s'échauffant ! Un court échange avec elles m'apprend que c'est une oeuvre déjà existante et que j'ai vue il y a quelques temps. Le lieu est assez désert, sinon un homme là assis et des gens passant, vaquant à leurs affaires. Ce qui me laisse perplexe sur le nombre de spectateurs à venir. Et puis le moment venu, les trois interprètes prennent dans leurs mains un petit tableau. Et arrive vers moi, l'une d'elle, (Marijoe Foucher) qui demande ma collaboration. Et là, la mémoire me revient, c'était il y a presque trois ans au Festival Quartiers-Danses, dans l'Espace culturel Georges-Émile-Lapalme. La proposition avait et a encore, je suppose, pour titre "Lore". Ce qu'elle m'a demandé est tout "simple" et je l'ai accepté avec grand plaisir. J'ai donc complété quatre lignes, Une maison de...- Proche de (ou dans)...-Illuminée par ...-Habitée par.... Tout comme la fois d'avant. Tout cela pendant que près de moi un haut-parleur récitait ces phrases complétées par d'autres auparavant. 

                                          Photo par David Wong tirée du site de la chorégraphe

Juste pour vous, voici ce qui m'est venu en tête, un mercredi après-midi venteux sur une chaise dans une place publique de Montréal. "Une maison de rêves/Proche de nos souvenirs/Illuminée par ta présence/Habitée par nous deux". Laurie-Anne en prend connaissance et assez rapidement, me propose des mouvements inspirés par ces mots. Il y a moi là assis et elle qui danse "juste pour moi", dans une bulle spatiale et temporelle. Cette relation intime des mots et des gestes me rappellent encore une fois comment la présence "en vrai" est importante, sinon essentielle pour mieux ressentir l'essence d'une oeuvre chorégraphique. Une fois ces moments passés, un court échange s'en suit entre nous deux durant lequel j'apprends que je pourrai laisser une trace vocale de ces lignes en appelant au numéro de téléphone indiqué sur le tableau. Le cœur léger et très heureux, je me place en retrait pour découvrir en observateur d'autres rencontres artiste spectateur. Cette place sur laquelle les gens passaient rapidement au tout début, grâce aux approches fort respectueuses et très habiles de la chorégraphe, plusieurs personnes dont des jeunes femmes, un vieil homme, un couple, un enfant avec sa mère s'arrêtent et acceptent l'invitation à cette rencontre toute spéciale. Et de ce qu'en vois, tous apprécient. Et moi, dans un petit creux d'affluence, je replonge avec, cette fois, Mariejoe Foucher à qui je propose d'autres mots dont les derniers sont "nos désirs". Et à son tour, elle me propose, "juste à moi" une oeuvre fait de "bois", lisse comme un "lac", reflétant le "soleil" avec une intensité fort palpables et tellement bien exprimée de "nos désirs" ! Et moi encore une fois, je suis heureux. 

Voilà une oeuvre fait pour des spectateurs de passage qui j'en suis certain, qui peut les rejoindre, et de laquelle ils repartent avec une sensation intérieure toute autre. Comme il est si bien écrit sur le site de la chorégraphe, "Guidés par la résonance des mots, les corps s’animent et révèlent une danse dont il émane une trace intuitive et spontanée de chacune des rencontres." Ces rencontres seront encore possibles dans d'autres lieux de Montréal dans les prochains jours. Malheureusement pas publicisées, ce sont les résidents de certains endroits de Montréal qui pourront en profiter.

Et moi, je repars sur des pas différents et satisfaits de ces rencontres chorégraphiques intimes sur une place publique !

samedi 22 août 2020

Sur mes pas en danse: Deux rencontres "à l'aveugle" tout à fait réussies avec des personnages féminins !

 Pendant que nous supputons sur la grande question du moment, "Y aura-t-il, oui ou  non une deuxième vague", les possibilités de découvrir des propositions chorégraphiques "live" sont de plus en plus fréquentes. Cependant, il n'est pas toujours facile d'en être informé, question de prévention en temps de pandémie. En étant attentif et surtout, de recevoir les infos confidentiellement, comme au temps de l'Inquisition (!), il est possible de se retrouver là au bon moment pour apprécier le mouvement fait chair, si l'agenda le permet.


Il en reste que pour ma sortie "danse" en ce mardi soir, tout est "legit", puisque je m'étais procuré mes billets et que je serais le seul spectateur. Oui, oui !!! Karine Ledoyen (Danse K par K) et l'Agora de la danse nous proposait en cette fin d'été, particulièrement aride en propositions danse des solos de dix minutes à l'aveugle avec "Osez ! en solo. Et vite, j'ai pris mes deux premiers rendez-vous, les plus proches de chez moi, en cette première soirée de prestations. Le lieu m'était indiqué vingt-quatre heures à l'avance et je devais le garder juste pour moi et c'est évidemment ce que j'ai fait. Tel que convenu, vingt-quatre heures avant, on m'indique où me rendre et comme je suis prudent, le délai entre les deux est confortable, malgré les défis que représentent les multiples chantiers routiers de Montréal ! 

Ainsi donc en ce début de soirée de mardi, je me rend à mon premier rendez-vous, quelque peu à l'avance et surtout fébrile. Nous serons dans un lieu extérieur, mais la rencontre sera néanmoins intime. Je ne dirai rien sur le lieu, ni sur l'interprète, mais sur les moments passés, voici un court compte-rendu.

Je prend place sur un banc surélevé relativement à la rue juste là à côté. On me donne un lecteur mp3 que j'apprend à utiliser. Une fois le "cue" donné, se présente devant moi, le personnage d'une jeune femme qui sort de son panier ce qu'il faut pour nourrir mon imagination. Durant les prochains moments, elle se transformera à l'aide d'accessoires fort habilement utilisés en cette femme mature. Impossible de rester impassible lorsqu'elle me regarde droit dans les yeux, comme si j'étais son destin. Impossible pour moi de ressentir ce qu'elle a ressenti, mais moi je suis touché par cette rencontre intime dans ce lieu public, je le rappelle !

Un titre me vient en tête lorsqu'elle me quitte et c'est "Métamorphose". Parce que voyez-vous devant moi, c'est la métamorphose d'une jeune femme en une plus âgée que j'ai vue. Et cela m'a touché ! Ce n'était pas pour moi une première fois que j'étais le seul spectateur d'une prestation chorégraphique, mais je dois avouer que cette fois encore, je me suis senti privilégié. Merci à toi, interprète et chorégraphe, de ce moment d'intimité. Une fois, l'échange fort instructif entre elle et moi juste après, je me dois de quitter.

Après avoir réussi à me rendre au lieu du deuxième rendez-vous, malgré le parcours du combattant (comprendre ici les multiples chantiers routiers de Montréal), je me retrouve dans un parc de Montréal.

C'est sur un banc public d'un parc, écouteurs aux oreilles, que je me prépare à ma deuxième rencontre qui sera elle aussi avec une femme. Nous ne serons pas les seuls dans ce parc, mais à ma surprise, cette femme dont les gestes m'intriguent, me déboussolent aussi, il me semble que je suis le seul que cela intéresse. Un œil sur elle avec parfois un deuxième tout autour, ses déplacements ne semblent capter que mon attention. Il y aura bien ses yeux furtifs des autres qui parfois se dirigent vers elle, mais si moi, j'étais là, par hasard, cette femme m'intriguerait pas mal plus. Mais bon, je ne suis pas l'autre et je reviens à ma posture de spectateur attentif à la prestation. Pourquoi, ce foulard laissé, pourquoi cette roche enlevé du soulier, ces allers et retours à la recherche, voilà quelques unes des questions qui me viennent en tête lors de ces trop courtes dix minutes de prestations qui en mériteraient plus. Heureusement lors des quelques minutes de rencontre après, j'en obtiens certaines. Mais au final, n'est-il pas plus satisfaisant de repartir avec son lot de mystère et de se faire sa propre histoire ? 

Retournant de par chez nous, je me promet de prendre rendez-vous pour les trois autres propositions montréalaises, mais le temps que je me décide et que je trouve de la place dans mon agenda, tout est complet ! Grande déception pour le spectateur que je suis, mais tellement heureux pour les artisans qui ont su viser juste. 

mercredi 19 août 2020

Sur mes pas en danse: "Ground" en version extérieure pour une deuxième fois ....

 J'ai vu la version en salle de "Ground" en salle et j'ai aussi vu sa version extérieure. Lorsque j'ai appris où "Ground" de Caroline Laurin-Beaucage était reprise et le lieu de présentation, très différent du premier, il me semblait fort important que j'y retourne. Intuition de spectateur, dirait certains ! Du Parc des Faubourgs, au pied du Pont Jacques-Cartier, cette fois, mes pas m'ont amené jusqu'à l'arrière d'un complexe pour personnes âgés dans le Mile-End. Après avoir traversé la rue St-Denis et ses travaux et avoir trouvé un endroit pour stationner, dans ce Montréal en pleine effervescence de travaux routiers et d'espaces de stationnement réservés, je peux me diriger vers le lieu de présentation. Il est moins cinq, mais je trouve le bon siège pour prendre place afin d'assister à la représentation. La première fois, il y avait plein de jeunes de camps de jour. Cette fois, c'est devant un public composé principalement de résident.es âgé.es de la résidence à côté que la représentation se fera. Et tout ce chemin parcouru sera récompensé par ce que j'ai vu devant, mais aussi ce que j'ai entendu derrière moi. Je me souviens encore avec grand plaisir de ces œuvres extérieures présentées devant un public non habitué et qui suscitait de belles réactions à observer. Cette fois, il me semble que c'était encore plus intéressant, enrichi par les activités tout autour. 

Je suis assis devant avec derrière moi, deux femmes plus âgées. Normalement, j'apprécie le silence durant une représentation, mais là cette fois, ces deux femmes, "make my day" ! Parce que voyez-vous, durant l'enchaînement des différents tableaux, elles échangeaient sur le sens de ce qu'elles découvraient. Cela a débuté par le tableau de "l'envol" pour ensuite se corriger et passer à celui de la quête de l'espace. Par la suite, je me suis mis en mode écoute complète, par conséquent, peut-être ont-elles continué, mais moi, je découvrais de mon côté des éléments nouveaux de cette création. Par exemple, que malgré des pantalons oranges, c'est le visage des quatre interprètes qui captait mon attention. Aussi, et cela, juste cela m'aurait satisfait et pourtant ! Des éléments externes et hors contrôle de la chorégraphe et de son équipe ont rehaussé le sens de l'oeuvre. D'abord, il y avait un ajout externe à la bande sonore qui enrichissait l'urgence du propos chorégraphique, soit ce "bip bip" fort audible et assez fréquent des véhicules de construction derrière. Aussi, celui du passage dans le ciel de deux avions à des moments cruciaux de l'oeuvre. Des coïncidences qui remettent en question la notion du hasard. 

Une oeuvre extérieure se situe dans un contexte particulier et durant cette présentation ce contexte ajoutait une couche narrative fort riche et signifiante. Mais le meilleur, je l'ai vécu après la représentation ! C'est en échangeant avec mes deux voisines de derrière. Elles étaient heureuses de partager leur interprétation de ce qu'elles avaient vu. Et, juste pour vous, je le partage ! Elles ont finalement vu une oeuvre sur nos réactions collectives face aux changements climatiques. Et moi, de leur exprimer mon admiration toute sincère sur leur perspective face à l'oeuvre et cela leur a fait plaisir.

À une représentation de danse contemporaine au propos abstrait, on retrouve les spectateurs habituels qui y trouvent leur plaisir, mais en cet après-midi d'août, j'ai encore une fois découvert que devant un public non-initié, l'oeuvre pouvait rejoindre aussi des néophytes. Comme, il m'arrive de le dire régulièrement, je prend de bonnes décisions avant pour en découvrir la raison après. Et cette sortie pour revoir cette oeuvre en est un bel exemple. Je n'ai qu'un souhait, c'est que le plus d’œuvres soient présentées à la vue du plus grand nombre pour qu'elles résonnent et éveillent les esprits. 


lundi 17 août 2020

Sur mes pas de spectateur-danseur avec la gang de "Ballet de ruelles" !

 L'amateur de danse que je suis reprend peu à peu ses expéditions vers de nouvelles propositions non virtuelles. Je retourne avec grand bonheur, avec toutes les mesures d'hygiène nécessaires à la rencontre de propositions chorégraphiques dont il réussit à prendre connaissance du moment et du lieu de présentation. Néanmoins, il est toujours un peu frustré lorsqu'il apprend, par après (évidemment !) qu'il a raté telle prestation, soit qu'elle n'était pas annoncée ou qu'elle l'était à la toute "dernière minute", lire ici dans les dernières vingt-quatre heures !

Voilà donc pourquoi à l'atelier de danse avec la compagnie Ballet de ruelles, dont la proposition-déambulatoire "Dôme" m'avait beaucoup plu (deux fois plutôt qu'une !), présenté par l'arrondissement de Rosemont-La-Petite-Patrie sous le kiosque du Parc-Molson, tout près de "mon" Cinéma Beaubien, j'ai dit présent sans hésiter, lorsque annoncée. Même si, d'habitude, je préfère et de beaucoup ma posture de spectateur observateur, en retrait !

En ce lundi matin de rencontre lorsque je quitte la maison, le ciel menace de déverser son lot de H2O liquide. Et c'est ce qu'il fera, chemin faisant ! Mais le kiosque a un toit et nous serons "juste pas trop nombreux" avec notre masque, soit huit, pour pouvoir accompagner les quatre membres de cette compagnie (Sarah-Ève Grant, Nicolas Labelle, Lola O'Breham-Rondeau et Gabrielle Surprenant-Lacasse) dans une exploration du mouvement fort riche en enseignement. C'est donc avec un couvre visage que je participerai à cet atelier fort agréable pour les cinquante ans et plus !

Atelier sous le toit du kiosque, pendant que le parc autour reçoit une bonne ration d'eau que la verdure, elle, apprécie beaucoup ! Après les présentation d'usage des membres de la compagnie et des participants, le tout débute avec un réchauffement qui me permet de prendre conscience de mon corps. Ce même corps qui me permet de courir sur des parcours de plusieurs kilomètres sans que je n'en prenne conscience ! Il s'en suit une autre prise de conscience, celle de l'espace que j'occupe, de celui que je partage avec d'autres. Un peu plus tard, je devrai, sans le dire, "suivre" un autre personne et ensuite, "éviter" une autre. Tout en apparence simple, je réalise que dans cet espace, ce que l'on me demande n'est pas évident, compte-tenu que je dois rester à distance de toutes et tous, "because" la pandémie ! Je suis, mais jamais seul dans un espace public, à moi d'en prendre conscience ! Et pour cela, la gang de Ballet de ruelles, le message est bien reçu ! 

Il s'en suit le principal moment de cette rencontre. Celui qui nous permet, à tour de rôle, de proposer un mouvement. Je devrai être honnête ici, je me suis senti un peu, sinon pas mal nerveux de proposer un mouvement pour tous. Mais, le spectateur plonge et propose un mouvement proche de ceux qu'il fait lorsqu'il court. Et peu à peu les mouvements se présentent et je les apprivoise tout autant maladroitement qu'avec plaisir ! Le tout se construit et évolue sans le regard critique d'un chorégraphe, ouf, jusqu'au moment du déployé complet ! Déployé qui nous permet de prendre nos distances et d'y apporter notre touche personnelle. Et au final, nous pourrons prendre le mouvement qui a nous le plus touché et l'effectuer dans l'espace en tenant compte des autres tout autour. 

Au final, j'y ai retrouvé une belle démonstration du comme vivre en société, en s'exprimant en tenant compte des autres, à "écouter" les autres, et à pouvoir utiliser ce qu'ils me proposent et, pourquoi, prendre leur proposition pour qu'il devienne mienne ! En moins d'une heure, la compagnie Ballet de ruelles nous propose une douce et enrichissante leçon de vie !  Et cela, même à mon âge presque vénérable est toujours utile. D'autres appelleraient cela de la formation continue |

Sur mes pas en danse au Festival des Arts de Saint-Sauveur: "Promenade" pour apprivoiser une nouvelle réalité !

Mon plus récent et toujours attendu rendez-vous dominical virtuel avec le Festival des Arts de Saint-Sauveur m'a permis de découvrir encore une fois une oeuvre fort inspirée et tout aussi inspirante. Celle d'un homme (Crazy Smooth, interprète et chorégraphe en danse urbaine) qui doit apprivoiser une nouvelle réalité et moi, je vois ici, celle de la vie en temps de pandémie. 

Mais commençons par le début, à l'invitation de Guillaume Côté, le compositeur Marc Hyland et le chorégraphe Crazy Smooth élaborent une oeuvre, dont un des moteurs de création, selon le chorégraphe est de répondre à la question, "Comment tu réagis à la musique", métaphore à notre réaction possible aux événements. C'est donc avec les pas et les mouvements du chorégraphe et Simon Aldrich à la clarinette, mais aussi accompagnés de façon omniprésente par le son de cette eau qui s'écoule, tel le temps qui n'arrête jamais son court ! Il en est du cours du temps comme du cours de l'eau !

Ainsi donc, il y a cet homme qui court, d'une course effrénée sur le chemin conçu pour tous, tellement typique de notre rythme de vie et qui s'arrête brusquement. Il semble désemparé, là sur la grand route. Et puis, il prend la chance de sortir de cette routine effrénée pour sortir des sentiers battus. Et là débute, au son de la clarinette, qui illustre musicalement, le "sur place" loin de la "main street" ou "mainstream" routinière. Peu à peu, il apprivoise de nouveaux territoires sur cette bordure rocheuse tout à côté du cours d'eau fort volubile et actif. Je le vois réapprendre, pas à pas, une nouvelle façon de vivre sur un nouveau rythme. Pour ce faire, il fait et refait des pas sur ce nouveau territoire en parfaite synchronisation (élément fort remarquable de cette oeuvre !) avec la musique fort éloquente. Je le sens reprendre le contrôle de sa vie, en cela convaincu par son visage transfiguré à la finale.

De la danse urbaine en pleine forêt sur le bord d'un ruisseau au son de la clarinette, jamais, je n'aurais pensé que ces ingrédients mis ensemble auraient permis une oeuvre aussi porteuse de sens et qui me rejoigne autant et pourtant ! Voilà une "Promenade" qui mérite que l'on fasse et que l'on refasse, parole de spectateur !

jeudi 13 août 2020

Sur mes pas au cinéma: "A white, white day" (ou "Brumes d'Islande") qui nous amène loin, mais surtout différemment !

Mon besoin de me dépayser est grand et sortir de mon quartier, en temps de pandémie, ne suffit pas. Voilà donc pourquoi, cette proposition cinématographique était dans mon viseur. 

Me voilà donc en route jusqu'au Cinéma du Parc pour assister à l'unique projection quotidienne de "Brumes d'Islande" (ou " Hvitur, hvitur daqur" en islandais), sous-titrée en français du réalisateur Hlynur Palmason. Premier signe positif, le commis au comptoir, nous dit "bon choix" ! 

                                                         Tiré du site du Cinéma du Parc

Une fois bien assis dans la salle numéro 3 et les bandes-annonces prometteuses présentées, nous avons droit à un début d'histoire fort intrigant. Par la suite, question de nous faire lâcher prise, une suite sur différents tons ou éclairages. Rien pour annoncer ce qui suivra, mais nous sommes ailleurs, c'est clair !

Par la suite, nous découvrirons cet homme (Ingvar Sigurdsson fort intense et convaincant), veuf, père et grand-père, mais surtout policier dans un petit "bled" d'Islande en congé de maladie suite à la mort de sa femme. La côté est longue à remonter pour reprendre une vie presque normale. Et cela, malgré la présence fort importante de sa petite fille (Ida Mekkin Hlynsdottir, magnifique !) dont il doit souvent s'occuper et qui sera présente à des moments clés des événements.

"Un film revêche, mais impressionnant" que j'avais lu dans une des critiques et au final, je suis tout à fait d'accord. Cette histoire est magnifiquement présentée d'une façon particulière dans un environnement particulier, mais surtout très différent du mien. Mes repères ont été enlevés et cela m'a fait grand bien.

Comme nos amis français l'on traduit, "Un jour si blanc" s'avère une oeuvre qui recèle des aspects surprenants, flous, mais surtout intéressants.


dimanche 9 août 2020

Sur mes pas en danse au Festival des Arts de Saint-Sauveur: "Défier l'absence" droit vers le ciel !

 Les habitudes se prennent rapidement, voilà donc pourquoi, dès que j'ai pu, j'ai ouvert mon courriel en ce début de journée dominicale pour découvrir la plus récente proposition du Festival des Arts de Saint-Sauveur. Au programme, une de mes chorégraphes préférées, Virginie Brunelle. Pour l'occasion, elle fait équipe avec le compositeur et violoniste iranien, Roozbeh Tabandeh pour nous proposer un solo chorégraphique, une première pour elle ? 


Ainsi donc Sophie Breton aux mouvements et Marcelle Mallette au violon se "rencontrent" dans une plantation de pins (ou une pinède), environnement forestier organisé en milieu naturel. Ce qui frappe dès les premières images (magnifiques prises de vue), c'est de voir ces longs troncs séparés (symbole de la distanciation physique de cette époque de pandémie) qui tout en haut (dans un avenir tout proche, peut-on espérer) ont des branches qui tendent les unes vers les autres. Cette entrée en la matière en contre plongée au son du violon met la table à ce qui suivra ! Il y a elle qui se détourne pour aller vivre sa vie toute seule. Elle ira de tronc d'arbre en tronc d'arbre, toute seule entre ces solitudes forestières. Nous pourrons ressentir la gamme d'émotions qui l'habite et qu'elle exprime par sa gestuelle, appuyée par le son du violon. Le moment fort de cette oeuvre est, pour moi, cette course qui sera selon notre perspective, colorée d'espoir ou de désespoir entre ces arbres bien alignés. Mais, comment rester insensible à la finale qui ouvre des horizons d'espoir, fort important en ces temps incertains. 

Si je suis un de ceux qui préfèrent nettement les performances chorégraphique "live/", les propositions du Festival des Arts de Saint-Sauveur, dont celle-ci, amènent une perspective toute proche et différente de l'oeuvre. Le cheminement de cette femme pourrait être aussi bien le mien que le vôtre, voilà donc pourquoi, vous aussi devriez aller la découvrir !  

samedi 8 août 2020

Sur mes pas en danse: De retour en vrai avec "Ground" et que c'est plaisant !

 Il y a eu la longue traversée du désert pour l'amateur de danse contemporaine que je suis et qui veut voir cela en personne. Depuis quelques temps, découvrir une proposition chorégraphique "live" est devenue possible, mais les oeuvres ne sont pas pas annoncées et il faut être au bon endroit et au bon moment, aussi bien dire mission impossible pour moi ! Mais le "ciel" est devenu plus clément et c'est une journée à l'avance que j'ai pris connaissance d'une proposition fort intéressante et mon agenda le permettait ! 

J'étais donc invité, vingt-quatre heures à l'avance, à aller redécouvrir "Ground" de Caroline Laurin-Beaucage au Parc des Faubourgs, tout à côté du pont Jacques-Cartier. J'avais découvert et bien apprécié le sens et l'interprétation de cette oeuvre pour cinq interprètes et cinq trampolines, il y a presque deux ans à l'Agora de la Danse. Cette fois, elle serait présentée à l'extérieur par un temps estival sous l'éclairage fort présent du soleil avec quatre interprètes.

                             Photo de la chorégraphe tirée du site de l'Agora de la Danse 

 Arrivé, un peu à l'avance, je cherche le lieu de prestation dans ce parc tout en longueur, mais vite je découvre au loin les quatre trampolines bleus qui deviennent l'objectif de ma marche. Déjà présents, les interprètes et la chorégraphe que je suis tellement heureux de revoir et saluer. Je sens rapidement à mon arrivée, malgré leur concentration d'avant prestation, que les artisans sont libérés et sont surtout heureux de pouvoir s'exprimer. Arrivé un peu à l'avance, j'assiste aux préparatifs et le spectateur que je suis est tellement heureux. Chacun son tour, les quatre interprètes (Kimberley De Jong, Brianna Lombardo, Louis-Elyan Martin et David Rancourt) endossent leur costume (pantalon orange et chandail gris). Se joindront à moi, un public, composé du milieu de la danse, des passants et aussi des jeunes de camp de jour, un public fort hétéroclite, quoi ! Et une fois les avertissements d'hygiène une xième fois répétés, la représentation commence. 

Je dois l'avouer, mon attention, de ma place un plus éloignée que souhaitée mais à l'ombre, sera un peu interférée par ce qui se passe tout autour. Mais le plaisir de revoir en personne une performance chorégraphique est très grand. Donc devant moi, se retrouve les quatre interprètes sur leur trampoline qui pendant un peu plus de trente minutes me présentent une oeuvre qui prend pour moi, un tout autre sens, compte-tenu de cette époque de pandémie et de confinement.

Ces quatre personnes sur leur trampoline reprennent vie et se mettent à flotter sur un magma métaphorique d'espoir et de frustration, pendant que tout autour, la vie continue ( les véhicules vont vers ou viennent du Pont Jacques-Cartier et que les véhicules d'urgence se font fort expressifs ). Une métaphore fort éloquente qui illustre de façon fort éloquente que la danse peut et doit exister, malgré ce qui peut se passer dans nos vies. Et moi, mes yeux et mon attention passent de ces quatre interprètes aux événements tout autour ! Les humeurs humaines, je les voient devant moi, interprétés différemment. L'urgence d'agir, les frustrations, les pulsions de réagir en ce temps de pandémie sont là devant moi, tandis que la vie continue tout autour. Il arrive que je m'y retrouve dans ces gestes que je redécouvre sous un jour nouveau. Même si assis par terre, assez loin (selon mes critères), le sens de l'oeuvre de Caroline Laurin-Beaucage me touche et me fait grand bien. 

C'était il a cinq mois, autant dire une éternité, que j'avais assisté à une oeuvre chorégraphique en direct et j'ai redécouvert en ce jeudi après-midi le plaisir d'assister en personne à une représentation de danse. Merci à l'arrondissement Ville-Marie de cette opportunité. Et, de grâce, diffuseurs, informez moi de vos propositions. Je souhaite que ma traversée du désert s'achève !

mardi 4 août 2020

Sur mes pas au cinéma: "Un divan à Tunis", une comédie réussie sur des sujets sérieux

Allez savoir, mais il y avait dans l'affiche de "Un divan à Tunis" (de Manele Labidi), un je ne sais trop quoi qui m'attirait. Voilà donc pourquoi, je me suis mis en route, par autobus et métro (métro que je prenais pour une première fois depuis le début de la pandémie !), en ce mardi après-midi jusqu'au Cinéma du Musée pour découvrir les raisons de mon intérêt, très intuitif, je dois l'avouer ! 

                                      IMAGE DE EYESTEELFILMS tirée du site de La presse

Bien installé dans mon siège réservé, l'histoire débute. Ça sera celle d'une jeune femme tunisienne (interprétée de façon fort convaincante par Golshifteh Farahani) qui revient dans son pays. Alors que bon nombre de ces concitoyens et concitoyennes espèrent quitter vers d'autres cieux, elle, fait le chemin inverse en quittant la France, avec son diplôme de psychanalyste, pour revenir pratiquer parmi les siens. Elle a de beaux projets nobles, mais évidemment rien n'est simple, là comme ici, serais-je tenté d'ajouter. Les besoins sont grands, mais les embûches le sont tout autant ! 

Les travers de la société tunisienne, dont certains sont fort universels, contrarient ses aspirations à aider les autres, mais elle maintient le cap, pendant que nous, la suivons avec plaisir. Peut-être pas une grande oeuvre, mais une comédie bien réussie sur des sujets sérieux par cette réalisatrice franco-tunisienne qui nous propose son premier long métrage.

Il y avait aussi un sentiment de nostalgie face à cette oeuvre. Et après une petite recherche, j'ai trouvé ! Cette actrice, je l'avais déjà vu dans certains films dont dans, "My Sweet Pepper Land" de Hiner Saleem (en 2014) que j'avais vu dans une salle du cinéma Ex-Centris. Durant ce film, j'avais fait la "rencontre" d'un instrument de musique pour lequel j'avais eu un coup de foudre, soit le hang ou le hand pan. Instrument de musique que le personnage principal, incarné par Golshifteh Farahani jouait et qui m'avait subjugué. Depuis, j'ai pu satisfaire ma soif par des CDs et des concerts live !

 

lundi 3 août 2020

Sur mes pas au Festival des Arts de Saint-Sauveur: Un programme double air-eau contrasté

Question de circonstances, c'est à la suite que j'ai visionné les deux plus récentes propositions du Festival des Arts de Saint-Sauveur. Et je l'ai fait deux fois plutôt qu'une compte-tenu de la complémentarité des univers proposés ! D'abord, "Solitude" de la chorégraphe interprète Margie Gillis, de la compositrice Marie-Pierre Brasset et Elvira Misbakhova au violon alto qui mise sur l'eau comme pivot créateur. Ensuite, "Le vol de l'épervier" de la chorégraphe interprète Vanesa G.R. Montoya, du compositeur François-Hugues Leclair et Mélanie Harel au cor anglais.



Toujours intéressant, même avec un petit écran de découvrir et apprécier une performance de cette grande dame qu'est Margie Gillis. Et si à ces deux interprètes, nous ajoutons le facteur aqueux, soit ce petit lac ou ce ruisseau, il y a là tous les ingrédients pour nous faire ressentir les émotions de ce qui peut unir ou séparer. Cette femme est à la recherche, mais malgré ses gestes la rencontre n'arrivera pas. Et son visage tout expressif, comme pour ses gestes, nous le fait bien ressentir. Pour moi, même au troisième visionnement, les émotions étaient encore présentes. J'ai suivi, pas à pas, cette histoire de rapprochement d'étang en ruisseau avec la musicienne pour ensuite se transformer en éloignement jusqu'à la finale fort interpellante. Impossible pour moi de ne pas mentionner l'engagement de cette grande dame de la danse contemporaine qui a "plongé" au propre comme au figuré dans cette oeuvre !

Après l'utilisation de l'eau comme thème d'unification de la création, "Le vol de l'épervier" prenait appui sur l'air pour nous présenter un autre aspect de la solitude, celle que l'on veut, comme Icare fuir par la voie des airs. Chacune sur leur plate-forme, à distance, la musicienne et la danseuse établissent leur relation. Cette jeune femme qui veut fuir sa solitude portée par les ondes musicales, tel un épervier, avec des moments de silence et de "vol plané", nous en suivons chacun des mouvements. Et à l'inverse de la première oeuvre de ce texte, on sent de l'optimiste dans la finale !

Décidément, le Camp YMCA Kanawana de Saint-Sauveur recèle plein d'endroits différents qui permettent une diversité de propositions fort riches en symboles. Et si vous m'avez lu jusqu'ici, vous devriez vous y plonger ou vous envoler dans ces propositions courtes mais si riches.