jeudi 23 juillet 2020

Retour sur mes pas "immobiles devant mon écran"; "Midland" de Kim-Sanh Châu, allégorie des corps émetteurs, récepteurs.

La pandémie, je ne vous l'apprend pas (!), perturbe le cours des événements et la 2e édition de FURIES – festival de danse contemporaine à Marsoui n'y échappe pas. Les responsables de ce festival, tout au loin de chez moi, Priscilla Guy et Sébastien Provencher, plutôt que de tout simplement "fermer boutique" pour cette année, nous invite à une rencontre via une plate-forme virtuelle. Pour l'occasion, une rencontre avec celle qui aurait dû présenter sa plus récente création de Kim-Sanh Châu, le court-métrage "Midland" (Les ondes dormantes). Il a été en partie tourné dans la région de Marsoui et devait être présenté en ouverture du Festival. Très égoïstement, c'est un bien pour un mal pour moi, puisque, Marsoui, c'est assez loin de chez moi qui ne va jamais très loin de Montréal, soit 743 kilomètres ! 


Au programme, échange entre Priscilla Guy et la réalisatrice, suivi d'une période de questions/commentaires des participants. Comme il était possible de visionner le court-métrage avant cette rencontre, je l'ai fait quelques fois, question de mieux me préparer ! Et ce fût une très bonne idée. Parce que, tout riche en symboles, le sens quelques éléments de ce court métrage échappaient à ma compréhension. Il y a, tout au long de l'oeuvre, quelques aspects qui m'avaient frappé, d'abord l'encrage des coupoles et de ces femmes ( la réalisatrice et Louise Michel Jackson) dans la nature, symboles de réception et d'émission. Aussi, malgré la petitesse de mon écran d'ordinateur, cette sensation "d'être dans le paysage", en symbiose avec l'intention de la créatrice qui voulait entrer dans le paysage. (Note à moi-même: surveiller une prochaine projection sur grand écran pour mieux le ressentir).

La visionnement réserve quelques surprises que je ne révélerai pas ici, mais qui une fois expliquées s'intègrent bien dans le cheminement proposé. Il en reste que les différents tableaux et le sombre qui les enrobe s'avèrent captivants, parce que le sens parfois demande un certain temps à éclore. Dans ces moments de début de jour et de fin aussi, notre imagination peut jouer un rôle supplémentaire dans la réception de cette proposition qui nous invite à imaginer une histoire avant et après les images proposées. 

De cet échange aussi, j'en retiens que je devrai explorer le "Réalisme Spéculatif" et la perspective du philosophe Timothy Morton (et de la notion des "hyperobjets") qui a inspiré la réalisatrice. De ma courte exploration de ce sujet, j'en retiens qu'il faut que l'être humain lâche prise sur sa compréhension de ce qui l'entoure, difficile lâcher-prise pour le scientifique que je suis. C'est exactement, ce que j'ai ressenti quelques fois durant le visionnement. Comme le moment où cette femme à peine éclairée évolue tout lentement, sans point de repère dans un lieu tout sombre!

Une oeuvre exploratoire qui ouvre notre intelligence et nos sens à de nouveaux territoires. Une proposition en partie créée dans une résidence de recherche à Marsoui, dans des conditions pas toujours faciles, volontairement (soit très tôt à l'aube pour profiter d'un éclairage naturel voulu) ou involontairement (les moustiques et le froid gaspésien de début octobre), l'intention émerge et d'autant plus une fois des "clés" présentés. 

mardi 21 juillet 2020

Sur mes pas au cinéma: Qui "Perdrix", ne risque pas de perdre et pleurer !

Nous en étions à une troisième sortie à "notre" Cinéma Beaubien. C'est mardi soir et dehors, l'été se fait doux et accueillant. À preuve, il y a plein d'activités, "sages et distantes", pandémie oblige, dans le parc Molson. Mais nous, nous ne faisons que passer pour nous rendre aller à la rencontre de "Perdrix" du réalisateur Erwan Le Duc. Nos places déjà réservées, situées au fond de la petite salle 4 au deuxième étage. En ce mardi soir, le hall d'entrée est désert, excepté le personnel fort accueillant.

                                         Image fournie par Fun Film, tirée du site de La Presse

(Pause éditorial: la faible affluence, fort compréhensible cependant, me fait craindre pour l'avenir de ce lieu fort important et essentiel pour nous. Mais, je viens voir une comédie, donc mettons de côté ces idées négatives !)

Une dizaine de minutes avant le début de la présentation, nous montons au deuxième étage et nous trouvons nos places réservées dans cette salle dont nous sommes les premiers à prendre place.
Une fois les consignes transmises par l'employée, deux autres cinéphiles se joindront à nous pour la suite. Anecdotique, mais certaines bandes annonces précédant notre film, indiquent des dates de sorties pour les mois de mars et d'avril ! Des oeuvres qui comme nous ont subi le confinement !

Et puis, débute avec la voix feutrée de Fanny Ardant qui anime une émission de radio et dont les propos portent sur l'amour, non, sur le grand amour! Nous découvrirons ensuite ce qui arrive à une jeune femme (sublime Maud Wyler !) qui en toute insouciance, laisse sur le bord du chemin son automobile, la porte ouverte et les clés dans le démarreur. La suite est prévisible, mais celle par qui cela arrive étant totalement nue, donne le ton surprenant à cette comédie "amoureuse", terme plus approprié que romantique selon moi. Comédie avec des aspects tout aussi absurdes que déjantés.

On pourra ou pas accepter ce que l'on nous propose qui est bien décrit par l'extrait d'une critique de la revue Voilà, "Une fantaisie romantique et déroutante, au charme fou, entre tendresse et burlesque.". Pour moi, en ce mardi de juillet dans un monde plus tout à fait ordinaire, aux réalités déroutantes, j'ai été captivé, amusé et aussi j'ai ri ! Et cela pour moi, ça n'a pas de prix ! Maud Wyler et Swann Arlaud, investissent très bien leurs rôles de jeunes amoureux en devenir, avec tout autour d'eux, différents personnages tout aussi désarçonnant ! 

De mes trois premières sorties cinéma, deux des oeuvres, celle-ci et "C'est ça le paradis ?" étaient fortement colorés d'éléments absurdes, comme si le destin avait prévu leurs moments de présentation !

dimanche 19 juillet 2020

Sur mes pas en danse: Au Festival des Arts de Saint-Sauveur pour une troisième fois !

Pour moi, l'amateur de danse contemporaine, jamais je me suis aventuré loin de Montréal. Donc, Saint-Sauveur, "niet", jamais été. Pandémie "oblige", le Festival se fait virtuel et moi casanier. Deux conditions involontaires qui ont favorisé notre rencontre. En ce dimanche 19 juillet, cela été notre troisième rencontre avec Eva Kolarova (chorégraphe et interprète) et Maggie Ayotte (compositrice) et Louis-Philippe Marsolais (interprète de cor), rencontre appréciée et surtout fort marquante pour moi. Et voici pourquoi !



De ces solitudes partagées, il y a un aspect qui me touche particulièrement dans cette oeuvre, c'est celui de la chaise. La chaise ici, comme symbole de notre confinement, mais aussi, comme cristallite pour s'exprimer ! Et, de ce principe créateur de la chorégraphe, je l'ai retrouvé fort bien exploité durant la prestation. Cette femme est assise et s'en éloigne peu. Pourtant ses gestes, fort éloquents, démontrent une certaine affirmation, sinon une affirmation certaine! Ils captivent aussi, au son du cour,tout à côté. Arrive le moment que la chaise se libère et que le musicien y prenne place ! Mais comme il arrive dans la vie, la situation change et "l'envol" se produit ! Quelle belle prise d'images pour cette finale !

Une oeuvre fort bien imaginée, très bien interprétée qui propose au spectateur que je suis, une trame narrative qui le rejoint dans son vécu de confiné avec ma chaise, comme pivot d'existence !

lundi 13 juillet 2020

Sur mes pas en danse: Retour sur ma deuxième fois à "Une solitude partagée"

Comme c'est devenu pour moi, une tradition, j'attends la prochaine oeuvre de l'édition "confinée" (et à distance), "Une solitude partagée" du Festival des arts de Saint-Sauveur. Et je la regarde une première fois et quelques autres fois par la suite. Cette semaine, j'ai eu droit à une collaboration de la chorégraphe et interprète, Anne Plamondon, de la compositrice Cléo Palacio-Quintin et du musicien Patrice Richer (au trombone). Après une introduction fort utile pour mieux comprendre l'oeuvre à venir, nous sommes amenés sur une scène verte en pleine forêt, où se retrouve seule la danseuse. La suite nous montre une relation à distance dictée par la musique sur les gestes de l'interprète.



Il y a d'abord l'éveil par des mouvements du haut du corps et ensuite les déplacements se modulent au rythme de ce trombone tout au loin. Et puis, suite à des mouvements dont j'étais bien curieux de découvrir où il m'amènerait, j'ai eu droit à une fin tout à fait réussi. Pas question d'en dire plus sur la conclusion de l'oeuvre.

Cependant je veux en dire plus sur les aspects qui m'ont particulièrement plus, suite à quelques visionnements. Même si j'apprécie beaucoup plus les prestations "live", la possibilité de voir de proche les mouvements d'Anne Plamondon, m'a permis de mieux les apprécier. Un autre aspect qui m'a particulièrement plus est le contraste du "vert" environnant (nous sommes dans une forêt, je vous rappelle !) et du costume "rouge" de l'interprète, surtout lorsque la prise de vue ne prenait que le haut du corps (sans la scène) avec en arrière plan les arbres. De la même façon, les mouvements colorés "urbains", rappelant les origines artistiques de l'interprète en pleine nature ajoutaient au contraste et rehaussaient l'oeuvre. Si au premier visionnement, l'oeuvre me semblait très abstraite, peu à peu, grâce surtout à la synchronisation parfaite de la musique (exigeante comme annoncée par la compositrice et bien rendue par le musicien), je me suis mis à me faire une "histoire", celle de l'appel de la nature. Et quand cette histoire me vient, j'en suis fort heureux !

Je me promets de revoir quelques fois cette oeuvre pour tenter d'en redécouvrir d'autres couches narratives, peu importe qu'elles soient prévues par les créateurs ou non. Voilà un des grands plaisirs de la danse contemporaine. Je vous propose fortement d'aller la découvrir aussi. Voilà l'adresse du site: https://festivaldesarts.ca/

vendredi 10 juillet 2020

Sur mes pas au cinéma: "It must be heaven" pour retourner en salle !

Pour moi qui apprécie bien les oeuvres cinématographiques, les dernières semaines ont été assez calmes. Il y a bien eu quelques propositions en "VSD" qui m'ont plu, mais c'est tellement mieux sur grand écran. D'autant plus que les propositions de films étrangers qui attiraient mon attention et mon intérêt étaient peu nombreuses.

C'est avec grand plaisir que j'ai appris que mon retour en salle était venu. Et il est arrivé en ce jeudi soir caniculaire. Une fois examiné attentivement les propositions de "mon" Cinéma Beaubien, le choix s'est porté sur "It must be heaven" du réalisateur et acteur palestinien Elia Suleiman. C'est dans une salle à guichet fermé "en temps de pandémie", soit presque vide, que nous avons pris place. Nous étions donc les seuls à prendre place dans la rangée E de la salle 3.

                                                             Tiré du site de Cinoche

Déjà le titre"It must be heaven" ou "C'est ça le paradis" dans sa traduction française, annonçait une perspective personnelle du réalisateur, confirmé par entrevue, " Le récit se tisse par un montage subliminal, des scènes s’articulant autour de mouvements chorégraphiques ; un burlesque tiré de l’univers de l’absurde ; des images ouvrant à la poésie du silence qui est au coeur du langage cinématographique".

Et ce récit est celui d'un homme qui part de sa Palestine pour aller d'abord à Paris, ensuite à New York et enfin à Montréal, avant de revenir chez lui, constatant que les scènes de vie quotidienne avec leurs aspects absurdes n'avaient pas de frontières. Mais ce qui frappe tout au long des différentes scènes est l'apparence stoïque du personnage face des épisodes de vie particulières et parfois surprenantes montrées à grands traits. La scène des utilisateurs de chaises autour d'un lac urbain révèlent beaucoup sur notre nature collective.

Le rythme est rapide grâce aux différents épisodes qui ont souvent du punch, toujours un côté fantaisiste et qui transpirent toujours de la vérité. Et enfin, c'est surprenant et très plaisant de découvrir les traits caractéristiques de notre ville.

Avec ce film, ne cherchez pas de l'action, mais plutôt une perspective très personnelle d'un  réalisateur qui saura rester stoïque face à ces observations. Et moi, ce film m'a fait rire souvent.

mardi 7 juillet 2020

Sur mes pas en danse: Marie Chouinard en deux parties sur mon écran

La première vague de la pandémie est passée, le ressac est à craindre, mais devant mon écran d'ordinateur, je reprends un peu plus mon souffle de spectateur. Depuis "ma" dernière fois en salle, la danse est "venue" à moi, par l'intermédiaire de mon écran. La présence en direct me manque, mais certaines propositions réussissent à me "rejoindre". Parmi celles là, les deux plus récentes oeuvres de Marie Chouinard. "JARDIN DE SCULPTURES ÉPHÉMÈRES- ACTE 1", présenté par et sur le site du Musée d'art contemporain de Montréal et "Sur la lame" dans le cadre du Festival "Une solitude partagée" organisé par le Festival des arts de Saint-Sauveur (FASS). Deux propositions fort différentes qui portent fort clairement la signature de la chorégraphe.

"JARDIN DE SCULPTURES ÉPHÉMÈRES- ACTE 1" nous est proposé dans un espace tout blanc dans lequel évolue deux femmes (Motrya Kozbur et Clémentine Schindler). Elles "feront corps" avec ce bloc de bois déjà présent ou un des quatre autres qu'elles apportent dans l'espace de prestation. Sur la musique de Louis Dufort, nous voyons évoluer les deux femmes qui se déplacent lentement, prenant ces blocs de bois, comme socle pour créer des "sculptures éphémères"! Et de l'ombre d'où elles sont venues, elles retournent une vingtaine de minutes plus tard. L'esthétique est réussie et me captive. Je dois l'avouer, la "communion" avec l'oeuvre aurait été encore plus réussie, si j'avais été là devant elles. 



Quelques jours plus tard, nous avions droit à la première proposition de "Une solitude partagée" (quelle belle proposition de titre !) du FASS. D'un espace intérieur tout pâle, nous sommes amenés sur les pas d'une femme (Valeria Galluccio) dans un boisé de saint-Sauveur (Camp YMCA Kanawana), portée par le son des percussions d'Alexandre Lavoie de l'Orchestre Métropolitain qui interprète la musique de Louis Dufort. 



Après la rencontre des artisans dans une sorte de "making off", nous découvrons cette femme qui marche sur une route d'asphalte avec des pointes. Et puis arrive la musique, cet appel à sortir des sentiers battus ou à répondre à cet appel de la nature. Nous en découvrirons différentes étapes. D'abord, l'exploration, le contact avec la matière ligneuse, qu'est le bois, durant lequel je ressens bien, moi aussi le contact. Il en résulte une transformation qui se développe en affirmation du lieu. Le chemin se poursuit avec un tableau tellement "Marie Chouinard" dans lequel cette femme, long bâton de pellerin à la main et pointe au pieds, semble prendre son envol et trouver sa base, qui ici est un tronc d'arbre. Et elle poursuit sa route pour découvrir la source de son appel et nous montrer un sentiment de joie fort communicatif.

Une oeuvre d'environ cinq minutes, toute intense, avec une trame narrative pour moi fort claire et qui m'a particulièrement plu. Et pour cette proposition, je dois en convenir, grâce la caméra de Jean-Sébastien Giroux et la prise de son de Simon Bellefeuille et Paskal Perreault. je m'y suis senti tout près.

Une première proposition qui en appellera d'autres, promis ! Comment hésiter avec des noms comme Virginie Brunelle, Daina Ashbee et Margie Gillis. Le Festival en présentera dix oeuvres au total.