Il y a eu des semaines fort chargées pour le spectateur que je suis durant lesquelles mes pas ont travaillé fort. Mais la semaine qui vient de se terminer en a été une très, très chargée, mais surtout fort diversifiée et au final fort enrichissante et agréable. Une semaine avec cinq rencontres culturelles assez différentes que je vous résume "brièvement" dans les prochaines lignes.
Mardi soir, je me rends à la Cinquième salle de la Place des Arts pour découvrir "Efer" de la compagnie Parts+Labour_Danse (Emilie Gualtieri et David Albert-Toth) pour une oeuvre dont la description annonçait "Avec sa danse physique saisissante, Parts+Labour_Danse aborde les thèmes de la perte, de la solitude, du rassemblement et du pouvoir transformateur du deuil. Une ode à l’inconnu, porteuse d’espoir.". La coïncidence est troublante, parce que tout près de chez moi (à un coin de rue, plus précisément), l'avant-veille, un jeune a été abattu sans raison apparente pour l'instant et pendant que j'attends le bus, deux jeunes filles, gerbe de fleurs à la main, se dirigent vers le lieu du drame. (Au moment, où j'écris ces mots, le lieu est devenu un lieu de recueillement avec des bougies allumées en permanence).
Affiche tirée du site de Danse Danse
C'est donc avec l'image de ce drame terrible et inexplicable ainsi que de ces deux jeunes filles en tête que je me rends découvrir "Efer". C'est soir de première et plein de gens connus, mais moi c'est tout en silence que je prends place et que j'attends le début de la représentation. Le tout débute de façon très verbale, sinon théâtrale qui me fait réaliser qu'il est parfois difficile de se fier à nos sens pour bien percevoir. La suite avec les différents tableaux me plongent dans un monde sombre dans lequel la lumière toute parcimonieuse et son ombre, tout juste à côté cohabitent (bravo Paul Chambers !) pour enrober ou dissimuler ces êtres humains (Charles Brecard, Léna Demnati, Maïka Giasson, Brianna Lombardo, Milan Panet-Gigon, Nicolas Patry et Fabien Piché) et porter le propos.
En cette soirée de novembre, de retour chez moi, j'ai ressenti une lueur d'espoir alimentée par cette rencontre.
Le lendemain, j'ai rendez-vous avec Martine Delvaux (via Zoom) pour un rendez-vous littéraire organisé par ma bibliothèque (St-Michel). À l'heure dite, nous (une douzaine de personnes) sommes acceuilli.es par la responsable de la bibliothèque et l'autrice. De façon très simple et surtout très conviviale, Martine Delvaux se présentera en parlant de sa vie et de ses oeuvres dont la plus récente "Pompières et pyromanes". Par la suite, elle a répondu fort longuement à nos questions. De cette femme dont j'ai lu à peu près tous les livres, mon petit côté "groupie" a été bien satisfait.
Le lendemain, direction Théâtre de Quat'Sous, pour découvrir "Rita au désert" de Isabelle Leblanc (gracieuseté de mon ami Michel !). Très heureux et soulagé de franchir le seuil, une fois avoir traversé le parcours du combattant du métro Sherbrooke jusqu'au théâtre parce que marcher dans le chantier urbain sur l'avenue des Pins en soirée est assez "rock and roll" !!!
C'est donc de la première rangée que Roger La Rue (quel belle performance !) nous amène sur les traces de cette Rita Houle qui à 53 ans se découvre une nouvelle vocation et aller dans le désert de Gobi. Nous sommes avec ce journaliste sportif dans le local d'impression d'un journal de région. L'homme rêve de devenir reconnu et nous entraîne avec lui dans ses tribulations pour y arriver. Tout au long, nous sommes amenés à tenter à démêler le vrai de l'imaginé (ça j'aime ça !!!!). Et lorsque apparaîtra l'héroïne qui effectue même des mouvements que je reconnais (gracieuseté de Frédérick Gravel), rien ne se clarifie dans ma tête ! Mais soyez rassurés, mon plaisir est encore bien présent, parce que j'aime bien cette latitude laissée au spectateur !
Prochaine destination le lendemain, rue Cherrier, au département de danse de l'UQAM pour assister à "Écosomatiques", organisé par Tribune 840 et le GRIAV (Groupe de recherche interdisciplinaire en arts vivants). C'est une thématique qui ne m'est pas très familière, voilà donc pourquoi, je me retrouve tout en haut de cet édifice entouré, entre autres, de plein de jeunes, lire ici des étudiant.es de deuxième année de Bac. Je suis accueilli par les responsables de la rencontre, Johanna Biennaise et Katya Montaignac et trouve une place pour écouter la présentation des créations en cours, "dans trois espaces, trois projets, chacun mené par une artiste en danse et étudiante à la Maîtrise en danse". Au programme donc, 𝘗𝘭𝘢𝘺𝘪𝘯𝘨 𝘞𝘰𝘳𝘭𝘥𝘴 d’Audrey Rochette, 𝘗𝘭𝘶𝘳𝘪𝘦𝘭𝘴 de Mathilde Loslier-Pellerin et 𝘋𝘢𝘯𝘴𝘦𝘳 𝘥𝘢𝘯𝘴 𝘭𝘦𝘴 𝘤𝘰𝘭𝘭𝘪𝘯𝘦𝘴 de Geneviève Dubois. Je me ferai présenter aussi une définition de l'écosomatisme. Je pourrai par la suite me déplacer dans trois locaux pour découvrir durant une vingtaine de minutes chacune, ces oeuvres en cours de création.
Comme mon vécu de prof me l'a montré, une définition appuyée par des exemples, il n'y a rien de mieux. Ainsi donc avec "Playing words", j'y ai découvert une illustration que notre monde est complexe, sans liens apparents peut-être, mais que ça interagit. De "Pluriels", j'en reviens avec une conviction que la beauté de ce qu'on regarde, toute évidente soit-elle, nous demande que l'on y porte toute notre attention. À preuve, cet assemblage de bois et de tiges de métal qui a attiré longuement mon attention. Enfin avec "Danser dans les collines", une question fondamentale, apportée par les artisanes de ce projet, si riche le mouvement exprimé dans la nature, doit-il être amené dans une institution et si oui, en garde-t-il son essence ? J'en reviens avec plein de réflexions en tête, même si des éléments semblent m'échapper, mais il en reste que l'essence de ces rencontres, elles, m'ont laissé des traces.
Je reviens à la maison pour pouvoir me rendre avec ma blonde et mes petits-fils à la TOHU pour assister à "Animal" du cirque Alfonse. Me rendre seul à une proposition culturelle, c'est pour moi devenu une routine, mais en gang, c'est spécial et enthousiasmant, malgré ma crainte de leurs appréciations. Soyez rassurés, comme je l'ai été en fin de présentation, ils ont aimé ! Il faut dire que les soixante quinze minutes de présentation alternaient des numéros de cirque avec de la musique et de l'humour. Même lorsque un mouvement était raté, ils tournaient "la crêpe" pour nous rendre la suite plus amusante. Quand l'œuf est cassé, il y en a un autre pour prendre la relève. Certains numéros sont fort impressionnants et d'autres tout à fait amusants. Le retour à la maison a été riche en commentaires et prometteur à une prochaine visite.
Ainsi donc se terminait ma semaine culturelle !