Cette proposition singulière, je l'avais vu passer et je l'avais bien pris en note ! La chorégraphe Catherine Lavoie-Marcus nous invitait dans quatre différents grands espaces publics pour "porter la parole" avec le geste. Elle affirme, "C’est aussi le sensible que le capital menace. En soutien aux luttes pour la réhabilitation populaire et écologique des lieux urbains en transition, nous dansons et humons le temps long. Pour ressentir ces lieux avec les muscles qui fatiguent, les yeux qui plissent. Et voyez comme la noirceur est un théâtre."
Ce n'était pas la première fois que je découvrais la capacité de cette femme à incarner ses pensées et son discours par les gestes d'un groupe. La fois précédente, je m'en rappelle encore, c'était au Musée d'Art Contemporain de Montréal. Dans le cadre de l'exposition consacrée à Françoise Sullivan, nous avions eu droit à l'oeuvre "Canopée" qui m'avait impressionné. Pour les intéressé.es, voici le lien du texte que j'avais lu lors d'une chronique à la radio. (https://surlespasduspectateur.blogspot.com/2019/01/sur-mes-premiers-pas-en-danse-en-2019.html ).
Pour ma part, j'ai accepté avec grand intérêt son invitation pour découvrir l'une d'elles. Par conséquent, en début de soirée, je me dirige "un peu" avant le début de l'heure annoncée de la prestation au Parc Frédéric-Back qui s'avère être aussi mon lieu de prédilection pour mes sorties de course. Cette fois, j'ai le pressentiment que je découvrirai sous un jour différent ce parc que je parcours si souvent en courant dans son pourtour. Et pas question de vous faire languir, j'ai effectivement découvert ce parc sous un jour nouveau et non pas seulement parce que le jour laissait place à la nuit !
Parcours du "fil" tiré du site Je suis Julio
À mon arrivée donc, je réussis à trouver le groupe en pleine préparation-réchauffement sur le sentier de contour du côté est de ce grand parc en mutation. Je fais un survol visuel du groupe et je reconnais bon nombre des interprètes présents. Il en reste que pour l'une d'entre elles, le visage me dit quelque chose, mais de nom, rien ne vient ! Patience Robert, ça te viendra bien, que je me dis ! Peu à peu, d'autres spectateurs, arrivent pendant que les promeneur.ses, joggeur.ses et cyclistes, passent leur chemin, néanmoins attiré.es par cette activité inhabituelle en ce lieu.Les derniers préparatifs complétés, le groupe se déplace et nous à sa suite pour le début. Et puis, un par un, les interprètes vont de l'avant comme une mécanique bien rodée. Chaque spectateur doit se décider, soit de partir ou de rester à l'arrière pour entamer sa marche avec la dernière du groupe. C'est ce que je ferai en suivant les pas et les mouvements d'Élise Bergeron. Et puis, mes pas à moi se font plus vite et je rejoins et je dépasse plusieurs interprètes qui s'expriment en mouvements tout en coeur. Du point de départ, mes pas s'étaient d'abord dirigés vers le nord du parc pour ensuite tourner à gauche plus à l'intérieur. Et puis, arrêtant à quelques occasions pour apprécier en solitaire ou en tout petit groupe la performance de l'un ou de l'une. Difficile choix pour le spectateur que de choisir ! Et puis je recroise cette femme que je reconnais vraiment, mais dont le nom m'échappe encore, mosus de mosus ! Je poursuis ma marche jusqu'au haut de la colline au milieu de ce parc où se trouvent de nombreuses personnes. Elles ont une perspective globale sur les différents interprètes dispersés tout autour dans le lieu, qui dansent ou qui se déplacent selon des indications rythmiques que seul.es elles ou eux connaissaient. Les spectateurs informés ou de passage sont de plus en plus nombreux. Il est évident que plusieurs de ces derniers sont intrigués. À preuve cette femme qui me demande lorsque je me déplace ce qui se passe. Et moi de proposer une réponse qui semble la satisfaire.
La nuit commence à prendre possession de toute la place et puis apparait dans la main de chacun.e des interprètes une petite lumière qui nous permet de mieux apprécier leur dispersion dans cet espace. J'y vois des lucioles qui éclairent de façon permanente ! De cette colline, moi, je prends la descente et je trouve un siège en bas devant lequel, viendront à tour de rôle performer certain.es. Arrive ce moment intrigant durant lequel, il y a celle qui laisse ou abandonne (?) sa lampe derrière elle, toute seule ???? Mais arrive tout tranquillement celle qui prendra le relais. Et puis survient le moment du regroupement tout en haut d'abord que nous sommes nombreux à suivre et de la descente jusqu'en bas, tout ensemble jusqu'aux applaudissements finaux. La prise de possession du lieu est terminée et la créatrice, Catherine Lavoie-Marcus nous explique la raison de la présence de son oeuvre dans ces lieux. Si la transformation de cet ancien dépotoir (et encore avant, celui d'une carrière, celle de Francon) en un lieu fort beau, il en reste qu'il cause la gentrification du quartier St-Michel tout autour. Et moi, habitant de ce même quartier, elle m'en fait prendre conscience, merci Catherine !
Je quitte ce parc, la nuit bien en place, pour me diriger jusqu'à chez moi, salué en passant par deux personnes buvant bien tranquillement en cette nuit toute douce. Tout en tentant de trouver le nom de cette femme !!! Rendu à la maison, avec mon moteur de recherche, je réussis enfin à trouver. Parmi ces interprètes, il y a Nadia Esadiqi, alias La Bronze ! Et moi depuis un certain temps, j'écoute et je visionne en boucle ses vidéos (dont "Vertige" dans lequel elle danse avec Dave St-Pierre). Voilà pourquoi, ce visage m'était familier, yeah !
Pour ceux et celles qui voudraient mieux comprendre cette proposition, je vous joins le lien pour pouvoir lire la description sur le site de la compagnie Je suis Julio dont est membre la chorégraphe (https://www.jesuisjulio.com/fr/le-fil-des-jours?fbclid=IwAR0BnKQHtnx9-COsQuWLULqIuyrb3ObDBfiprGrb4_K4HnbJ5XpoXTYdgpU ).
Merci à vous tout.es pour ces pas aussi fascinants, intrigants qu'intéressants dans ce lieu !
Idéation et chorégraphie: Catherine Lavoie-Marcus
Soutien artistique et coordination: Corinne Crane
Direction de production: Dorian Nuskind-Oder
Conseils urbanistiques: Charlotte Horny
Composition musicale: Frédérique Roy
Performance musicale: Frédérique Roy, Simon Labbé, Eugénie Jobin
Conception d’éclairages et installations lumineuses: Audrée Juteau Lewka
Scénographie et costumes: Pénélope et Chloë
Documentation: Gabrielle Larocque (zine) et François Lemieux (archive vidéo)
Danse: Ivanie Aubin-Malo, Élise Bergeron, Vincent Brault, Kim-Sanh Châu, Corinne Crane, Nadia Essadiqi, Diego Gill, Sara Hanley, Charlotte Horny, Ilya Krouglikov, Camille Lacelle-Wilsey, Catherine Lavoie-Marcus, Liliane Moussa, Andrea Niño, Émile Pineault, Melina Stinson, Alanna Thain, Marie Tissot.