dimanche 27 juin 2021

Sur mes pas en danse: "Le fil des jours" ou quand un groupe investit un lieu public pour faire prendre conscience !

Cette proposition singulière, je l'avais vu passer et je l'avais bien pris en note ! La chorégraphe Catherine Lavoie-Marcus nous invitait dans quatre différents grands espaces publics pour "porter la parole" avec le geste. Elle affirme, "C’est aussi le sensible que le capital menace. En soutien aux luttes pour la réhabilitation populaire et écologique des lieux urbains en transition, nous dansons et humons le temps long. Pour ressentir ces lieux avec les muscles qui fatiguent, les yeux qui plissent. Et voyez comme la noirceur est un théâtre."

Ce n'était pas la première fois que je découvrais la capacité de cette femme à incarner ses pensées et son discours par les gestes d'un groupe. La fois précédente, je m'en rappelle encore, c'était au Musée d'Art Contemporain de Montréal. Dans le cadre de l'exposition consacrée à Françoise Sullivan, nous avions eu droit à l'oeuvre "Canopée" qui m'avait impressionné. Pour les intéressé.es, voici le lien du texte que j'avais lu lors d'une chronique à la radio. (https://surlespasduspectateur.blogspot.com/2019/01/sur-mes-premiers-pas-en-danse-en-2019.html ).

Pour ma part, j'ai accepté avec grand intérêt son invitation pour découvrir l'une d'elles. Par conséquent, en début de soirée, je me dirige "un peu" avant le début de l'heure annoncée de la prestation au Parc Frédéric-Back qui s'avère être aussi mon lieu de prédilection pour mes sorties de course. Cette fois, j'ai le pressentiment que je découvrirai sous un jour différent ce parc que je parcours si souvent en courant dans son pourtour. Et pas question de vous faire languir, j'ai effectivement découvert ce parc sous un jour nouveau et non pas seulement parce que le jour laissait place à la nuit !

Parcours du "fil" tiré du site Je suis Julio

À mon arrivée donc, je réussis à trouver le groupe en pleine préparation-réchauffement sur le sentier de contour du côté est de ce grand parc en mutation. Je fais un survol visuel du groupe et je reconnais bon nombre des interprètes présents. Il en reste que pour l'une d'entre elles, le visage me dit quelque chose, mais de nom, rien ne vient ! Patience Robert, ça te viendra bien, que je me dis ! Peu à peu, d'autres spectateurs, arrivent pendant que les promeneur.ses, joggeur.ses et cyclistes, passent leur chemin, néanmoins attiré.es par cette activité inhabituelle en ce lieu.

Les derniers préparatifs complétés, le groupe se déplace et nous à sa suite pour le début. Et puis, un par un, les interprètes vont de l'avant comme une mécanique bien rodée. Chaque spectateur doit se décider, soit de partir ou de rester à l'arrière pour entamer sa marche avec la dernière du groupe. C'est ce que je ferai en suivant les pas et les mouvements d'Élise Bergeron. Et puis, mes pas à moi se font plus vite et je rejoins et je dépasse plusieurs interprètes qui s'expriment en mouvements tout en coeur. Du point de départ, mes pas s'étaient d'abord dirigés vers le nord du parc pour ensuite tourner à gauche plus à l'intérieur. Et puis, arrêtant à quelques occasions pour apprécier en solitaire ou en tout petit groupe la performance de l'un ou de l'une. Difficile choix pour le spectateur que de choisir ! Et puis je recroise cette femme que je reconnais vraiment, mais dont le nom m'échappe encore, mosus de mosus ! Je poursuis ma marche jusqu'au haut de la colline au milieu de ce parc où se trouvent de nombreuses personnes. Elles ont une perspective globale sur les différents interprètes dispersés tout autour dans le lieu, qui dansent ou qui se déplacent selon des indications rythmiques que seul.es elles ou eux connaissaient. Les spectateurs informés ou de passage sont de plus en plus nombreux. Il est évident que plusieurs de ces derniers sont intrigués. À preuve cette femme qui me demande lorsque je me déplace ce qui se passe. Et moi de proposer une réponse qui semble la satisfaire.

La nuit commence à prendre possession de toute la place et puis apparait dans la main de chacun.e des interprètes une petite lumière qui nous permet de mieux apprécier leur dispersion dans cet espace. J'y vois des lucioles qui éclairent de façon permanente ! De cette colline, moi, je prends la descente et je trouve un siège en bas devant lequel, viendront à tour de rôle performer certain.es. Arrive ce moment intrigant durant lequel, il y a celle qui laisse ou abandonne (?) sa lampe derrière elle, toute seule ???? Mais arrive tout tranquillement celle qui prendra le relais. Et puis survient le moment du regroupement tout en haut d'abord que nous sommes nombreux à suivre et de la descente jusqu'en bas, tout ensemble jusqu'aux applaudissements finaux. La prise de possession du lieu est terminée et la créatrice, Catherine Lavoie-Marcus nous explique la raison de la présence de son oeuvre dans ces lieux. Si la transformation de cet ancien dépotoir (et encore avant, celui d'une carrière, celle de Francon) en un lieu fort beau, il en reste qu'il cause la gentrification du quartier St-Michel tout autour. Et moi, habitant de ce même quartier, elle m'en fait prendre conscience, merci Catherine !

Je quitte ce parc, la nuit bien en place, pour me diriger jusqu'à chez moi, salué en passant par deux personnes buvant bien tranquillement en cette nuit toute douce. Tout en tentant de trouver le nom de cette femme !!! Rendu à la maison, avec mon moteur de recherche, je réussis enfin à trouver. Parmi ces interprètes, il y a Nadia Esadiqi, alias La Bronze ! Et moi depuis un certain temps, j'écoute et je visionne en boucle ses vidéos (dont "Vertige" dans lequel elle danse avec Dave St-Pierre). Voilà pourquoi, ce visage m'était familier, yeah !

Pour ceux et celles qui voudraient mieux comprendre cette proposition, je vous joins le lien pour pouvoir lire la description sur le site de la compagnie Je suis Julio dont est membre la chorégraphe (https://www.jesuisjulio.com/fr/le-fil-des-jours?fbclid=IwAR0BnKQHtnx9-COsQuWLULqIuyrb3ObDBfiprGrb4_K4HnbJ5XpoXTYdgpU ).

Merci à vous tout.es pour ces pas aussi fascinants, intrigants qu'intéressants dans ce lieu !

Idéation et chorégraphie: Catherine Lavoie-Marcus

Soutien artistique et coordination: Corinne Crane

Direction de production: Dorian Nuskind-Oder

Conseils urbanistiques: Charlotte Horny

Composition musicale: Frédérique Roy

Performance musicale: Frédérique Roy, Simon Labbé, Eugénie Jobin

Conception d’éclairages et installations lumineuses: Audrée Juteau Lewka

Scénographie et costumes: Pénélope et Chloë

Documentation: Gabrielle Larocque (zine) et François Lemieux (archive vidéo)

Danse: Ivanie Aubin-Malo, Élise Bergeron, Vincent Brault, Kim-Sanh Châu, Corinne Crane, Nadia Essadiqi, Diego Gill, Sara Hanley, Charlotte Horny, Ilya Krouglikov, Camille Lacelle-Wilsey, Catherine Lavoie-Marcus, Liliane Moussa, Andrea Niño, Émile Pineault, Melina Stinson, Alanna Thain, Marie Tissot.

samedi 26 juin 2021

Retour sur mes derniers pas (réels et virtuels) au FTA: Découvrir et redécouvrir avec grand plaisir.

 Le Festival FTA avait terminé depuis un certain temps la présentation de ses oeuvres en salle, mais sur le web, je pouvais poursuivre "mon" festival ! Et, j'ai bien profité de cette possibilité, fort intéressante !

Mais avant de me rendre à la partie webdiffusion de mon retour, revenons en quelques mots sur la proposition "La jamais sombre" de Michel F. Côté (son et musique), Marc Parent (éclairage) et Catherine Tardif (danse). C'était ma dernière sortie au FTA et mes pas m'ont amené jusqu'au Wilder, d'abord à la porte de l'Espace Orange et ensuite à mon siège dans une salle fort clairsemée pour des raison pandémiques. Et puis rapidement à peine la lumière de la salle devenue discrète, le son, la lumière et le corps prennent possession de mon attention dans une suite de tableaux. Je "navigue" tout agréablement dans les différents univers oniriques. Pas de propos, pas de logique, de ma perspective, mais une suite d'états multi sensoriels fort intrigants, captivants, mais surtout bienfaisants qui m'ont amené ailleurs. 

C'est avec cette proposition que se terminait mes pas "en vrai" à cette édition fort riche du FTA. Bravo à vous monsieur Martin Faucher et toute votre équipe.

J'avais en réserve, comme le savez déjà, quelques propositions en webdiffusion ! Je ferai court et je m'en tiendrai qu'à celles en danse.

D'abord, un autre de mes gros coup de coeur de cette édition est sans aucun doute, "The door opened west" de Sarah Chase et Marc Boivin. Cette proposition a été pour moi toute une rencontre. Je sais que j'utilise souvent cette expression, mais cette fois, impossible d'en envisager une autre. Ce n'était pas la première fois que je pouvais apprécier le talent et la présence sur scène de Marc Boivin, mais dans cette "rencontre" autobiographique, il a su me captiver et à m'émouvoir par ses gestes et ses confidences. J'ai fais la connaissance de cet homme depuis son enfance jusqu'à aujourd'hui. Lorsque ces mains ondulent dans l'espace ou qu'elles dirigent la lumière (James Proudfoot aux éclairages est précis comme un chirurgien), ils complètent le propos de façon toute poétique. Question de mieux apprécier, je l'ai vu et revu avec le même plaisir ainsi que d'en garder un souvenir plus persistant !

Autre proposition de danse quelque peu différente celle-là, "Un temps pour tout" de Sovann Rochon-Prom Tep avec sur scène, les danseurs (ses) urbain.es Jean-Édouard Pierre Toussaint (alias Sangwn), Frédérique Dumas (alias Pax) et Ja James Britton Johnson (alias Jigsaw) et les deux musiciens Thomas Sauvé-Lafrance et Vithou Thurber-Prom Tep. J'avais déjà assisté à cette proposition en "vrai" (au La Chapelle) et voilà comment j'avais conclu mon texte, "De cette soirée fort intense, essentiellement "expérientielle", j'en ai très bien ressenti les "vibes" qui m'ont enveloppé dans un univers par des artistes "habités" qui m'ont permis cette fois, d'y découvrir une âme fort vibrante!" 

Si la proximité des performeurs et du public est fort importante pour ce type de proposition, comment le passage à la webdiffusion allait se passer ? D'abord curieux d'en connaître la réponse, mon attention s'est assez vite déplacée sur le rituel de départ, la présence des différents artistes, mais surtout sur ce qu'ils me proposent. Et le tout a vite passé, trop vite même. La "chimie" entre les cinq tout au long des différents tableaux était évidente, irradiante et même explosive, cela malgré l'absence de public autour d'eux pour pousser cris et encouragements. Voilà du travail de pros !

C'est donc sur ces mots, souvenirs de ce FTA, que je mets à l'affût de ce que la saison estivale me proposera en oeuvres extérieures. Le défi sera grand parce que comme l'indiquait le site de la Ville de Montréal, les propositions culturelles ne seront pas annoncées pour ne pas créer d'attroupements !!! Alors comment faire en sorte que les artistes puissent se faire voir et être appréciés ???

 


mardi 22 juin 2021

Sur mes derniers pas(réels) au Fringe 2021: De la danse toute différente !

 C'est avec mes pas au repos que je mets à mes derniers mots sur mes découvertes de cette édition du Fringe. Je veux revenir sur deux propositions en danse toutes différentes qui illustrent bien ce qu'est le Fringe, soit pour quiconque, de proposer une oeuvre et d'obtenir sa présentation par tirage au sort. En ce début de soirée fort tranquille de juin, je me mets en attente devant le La Chapelle pour assister à "Ocean Currents" de Sally Robb. Nous ne serons que quelques uns à découvrir cette femme (inconnue de moi) à nous proposer sa danse toute simple, mais toute investie accompagnée par différents styles de musique. Sans artifices particuliers, elle réussie néanmoins, avec son engagement dans le moment présent, à capter mon attention. Je sens que tout au long, il y a eu deux gagnants, elle et moi. 

Quelques jours plus tard, c'est vers le Studio Hydro Québec du Monument National que mes pas me portent pour découvrir "Temps Avenir"  (quel beau titre avec son sens double, "tant à venir" comme dans une relation de couple !) de Pauline Gervais (Pauline Berndsen Danse) en duo avec Danny Morissette et aussi avec la musique live de Charles Bicari. J'arrive tôt et je peux donc à l'ouverture des portes me diriger tout en bas, dans cette salle que j'ai beaucoup fréquenté à une autre époque (celle de Tangente en attente de leur domicile fixe). Sur la scène, déjà présents, les deux interprètes qui s'échauffent et moi d'abord tout seul, je prends "mon" siège première rangée. Tout cela semble un "rituel fort bien préparé "! Et dans les minutes qui suivent, les gens prennent place autour de moi et les deux interprètes quittent la scène. 

Arrive le début, celui auquel ils nous reviennent revêtus d'une veste de plastique transparente. Et dans les minutes qui suivront, les gestes de ce "couple", symboles de leurs interactions, nous les voyons et nous les entendons aussi. (Après quelques minutes, je prends conscience que des capteurs sont intégrés à cette veste !). C'est comme si leurs mouvements étaient entourés par une aura sonore qui définit la nature variable de leur relation qui se répercutent dans l'espace. Les mouvements sont amples, gracieux et précis, donc en résumé très beaux. Ils en viendront à se défaire de cette veste pour ,de ma perspective, tenter d'établir une relation plus simple sans tous les "ondes sonores" qui interfèrent et déforment les intentions. Et enfin, comme si la vie était implacable, les vestes reprennent place et à nous de découvrir la suite. Voilà une oeuvre forte toute courte, dépourvue de superflus, fort bien accompagnée musicalement, autant dans le propos que dans le mouvement incarnée par deux très bons interprètes. Pour vous en faire votre propre opinion, je joins le lien pour en découvrir un extrait (https://vimeo.com/300881234). 

Pendant que mes pas me ramènent à la maison et que je revois intérieurement la prestation, même si tout autour, les terrasses autour sont fort achalandées, bruyantes devant les prouesses des porteurs de la Sainte Flanelle !


lundi 21 juin 2021

Sur mes pas (réels) en danse, en "fanfare" et en poésie: Une rencontre haute en couleur avec la fanfare Pourpour et la gang des Soeurs Schmutt !

 Il y a de ces rencontres qu'il m'est difficile de manquer et celle avec la fanfare Pourpour et des Soeurs Schmutt en fait partie. Mon agenda était fort occupé en ces temps de festivals, mais j'y suis arrivé à trouver la place pour me rendre à cette proposition. Mes pas précédents pour aller à leur rencontre, m'avaient amené dans de grands parcs de Montréal, (Parc des Faubourgs et le Parc Lafontaine). Dans ces grands espaces, ce que j'avais vu autant par les gestes que par la musique "explosait", tels des feux d'artifice, sons et lumière, tant pour mon grand plaisir que pour ceux et celles tout autour de moi ! 

                           Photo du groupe par Denis Martin tirée du site du Journal de Montréal

La plus récente invitation, qui m'était parvenue par deux sources plutôt qu'une, était pour les découvrir dans un lieu culturel fermé, soit celui du Lion d'Or ! Comment contenir dans un espace fermé autant d'énergie, voilà une question qui m'intriguait en me rendant vers ce lieu en ce début de belle soirée de mercredi. La formule était simple et "sanitaire". Nous étions invités par groupe de dix, maximum, à rentrer à l'heure prévue, une fois notre nom donné sur le seuil extérieur, à rester à distance et nous déplacer selon les indications dans le lieu. Pour mon groupe, nous étions que 5, soit un couple avec sa petite fille, ainsi que deux personnes "plus âgées" ! On nous avait promis un "parcours immersif au coeur du Lion d'Or" et c'est que j'ai eu droit durant les 45 minutes qui ont suivi. 

Premier arrêt, dans le hall d'entrée dans lequel nous prenons un siège. La salle est tout au bout, mais d'ici on entend bien la musique et une femme devant moi, tout de rouge vêtue porte un masque à gaz semble aux aguets. Plus tard, elle sera rejointe par d'autres, tout autant en rouge qui au rythme de la musique danseront autour de nous. Il y aura aussi ces écrans qui nous présentent la fanfare en pleine action extérieure (d'une époque passée ! ) Il y aura aussi ce poème récité tout au loin que j'écoute avec attention. Cette intimité produit son effet et je me sens immerger dans un autre univers. 

Après cette "mise en bouche", nous sommes invités à nous diriger vers la salle principale de ce lieu et à choisir un des sièges disponibles. Tout autour, se retrouve, la fanfare Pourpour avec ses dizaines de membres, donc chaque chaise est un bon choix et pour apprécier le tout, suffit juste de se retourner. Et puis tout recommence, porté par les cuivres qui résonnent fort, tout comme les autres instruments. Trop à voir, et à entendre, mais pas question de gâcher son plaisir, juste à se laisser porter. Et puis, il y aura ces danseuses que je reconnais malgré leur masque qui viennent danser autour de moi, mais aussi juste pour moi (et des autres spectateurs aussi !). Le spectateur que je suis est comblé ! 

Et puis arrive le deuxième déplacement vers les sièges sur la scène (préalablement désinfectés par l'équipe "sanitaire"). Je pourrai dire que j'ai été sur la scène du Lion d'Or ! Et puis repart "la musique et la danse" pour une dernière fois, le tout entrecoupé d'un autre poème. Je glisse mon regard sur la petite fille qui pas loin de moi semble tout autant apprécier que moi ce qu'on lui présente. Et puis, comme toute bonne chose, il y a une fin et nous sommes invités à quitter par la porte arrière (qui est en fait la porte de côté de la scène) et revenir à la réalité. Une fois devant le lieu de présentation, je découvre plusieurs personnes en attente pour entrer.

Je prend le temps de revenir "sur terre" avant que mes pas me ramènent à la maison, avec encore tout en tête, cette musique, ces mots et ces gestes qui ont saturés mes sens. Une soirée qui permet de me rappeler que la vie se doit d'être célébrée ! Et pour cela les Soeurs Schmutt et la Fanfare Pourpour, savent s'y prendre, autant à l'extérieur qu'à l'intérieur !

mardi 15 juin 2021

Sur mes premiers pas réels et virtuels au Fringe 2021: Un très bon départ !

 Le festival Fringe est en cours depuis quelques jours, mais moi, c'est en ce dimanche soir que je prends "le train en marche". Après avoir consulté la liste des propositions et l'avoir comparer avec ma disponibilité, certains choix s'imposent. Ainsi donc, "mon" Fringe débutera au La Chapelle pour découvrir "La Gauloise bleue" de et avec Marie Lévêque et Salomé Janan. Dès mon arrivée en salle, il y a cette femme qui me fait dos en chantant avec des gestes doux et incertains. Elle le fera tout au long que tous les spectateurs prennent place. À l'arrière de la scène, une corde à linges sur laquelle on peut voir quelques épingles et puis devant, un tapis et une chaudière. Elle se fera plus discrète, le temps des présentations officielles. Et puis en arrive une autre qui apporte du linge à étendre sur cette corde! Les mouvements sont doux et l'ensemble est poétique. Un passage me plait particulièrement, celui durant lequel l'une et l'autre se déplacent alternativement derrière une pièce de vêtement accroché, comme si elles voulaient être une autre. Celui aussi durant lequel elles nous interprètent la chanson "Les Gauloises Bleues" (de Yves Simon) qui appuie bien la nonchalance des moments  que je découvre jusqu'à maintenant. Mais la réalité revient, accompagnée par un drame qui répercute et qui se répand sur le plancher. Une d'elle a beau vouloir remettre le tout en ordre, c'est impossible et c'est en faisant bien attention que la suite des déplacements devront être effectués jusqu'à la fin. Une oeuvre courte mais toute belle et sympathique qui en fait un beau départ à ce Festival.


Le lendemain, pendant que la pluie se fait fort présente sur la ville, je me dirige au théâtre MainLine pour découvrir "La Réception" de Virginie Desroches (Le Black Hole-art chorégraphique) avec Clara Prieur. Avant que le tout débute officiellement, cette femme est là sur l'espace scénique. Elle fait des mouvements d'échauffement tout en se parlant tout bas ! Je ressens le parcours intérieur que se fait, en attente de ce qui viendra. Ce qui suivra est l'histoire d'une réception, des préparatifs, des moments de la réception et de ceux qui suivent. L'histoire que nous présente cette femme comme si c'était celle d'une autre nous amène tout au long des différents tableaux, alternant les parties théâtrales et celles de danse brillamment interprétés. Je ressens encore les moments où elle me regarde droit dans les yeux, comme elle le fera avec les autres spectateurs et aussi de la manipulation de ses cheveux qui ajoute à ce qu'elle nous transmet. (Je prends bien note du nom de cette interprète !). Sa présence est totale et me garde captif jusqu'à la fin. Un gros coup de coeur !

Enfin de retour chez moi, sur Fringe TV, je mets au visionnement de "Bloom-un documentaire sur le processus créatif" de la compagnie Tuque et Capuche (dirigée par Delphine Véronneau). Dès les premiers instants nous sommes amenés avec elle en Irlande, dans des lieux fort beaux) pour une résidence de création accompagnée par Liane Thériault (chorégraphie), Cassandre Émanuel (poésie), Nicolas Des Alliers (musique) et Philippe Meunier (captation). Il y a dans ce type de propositions un élément qui m'intéresse beaucoup, qui est celui de découvrir comment une oeuvre se développe. Et c'est ce que j'ai l'opportunité de faire tout au long du visionnement. Intéressant de découvrir comment les gestes et la musique évoluent pour produire un résultat "assez" final. Fascinant aussi, de découvrir les images (papiers sablés, train, par exemple) qu'ils se donnent pour aller dans le mouvement, la musique et les paroles aussi, vers le résultat voulu. Vers la fin, un tableau proposé par Liane Thériault est d'une telle intensité qu'il traverse mon écran et me touche. Un jour, Bloom sera présenté sur une scène ici, j'en suis convaincu et je compte bien y être pour ressentir cet "air d'Irlande". 

lundi 14 juin 2021

Sur mes "quelques" pas (virtuels) au OFFTA: Des propositions qui ouvrent m'ont ouvert des horizons et qui m'ont amené dans des "lieux" inhabituels !

 La vie n'est pas toujours facile pour un spectateur qui tente de rester raisonnable ! À preuve, durant ces dernières semaines, il y a eu le FTA, le OFFTA et en chevauchement de calendrier, le Fringe. Mais, parce qu'il y a un mais, la pandémie a fait en sorte que les propositions du OFFTA étaient présentées en webdiffusion durant une certaine période de temps. Ce qui fait que devant mon écran, mes pas au repos, j'ai pu visionner quelques propositions, soit sept, plus que je n'aurais pu autrement, dont deux en danse ! Il en reste que j'ai découvert des performances surprenantes dont certaines m'ont fait sortir de ma zone de confort.


Je vous propose donc, une incursion dans les divers univers que j'ai pu découvrir. Débutons par "Luz: Terre" de Sonia Bustos. De cette dernière, j'avais vu récemment une oeuvre poignante, "Je ne vais pas inonder la mer" qui portait sur le deuil de sa mère et de sa grand-mère. Cette fois, elle nous propose une proposition dans laquelle "les mots guérisseurs de femmes mexicaines résonnent à travers les mains de six brodeuses afin de semer l’espoir." Après une courte présentation sur fond de chants, nous verrons ces femmes broder. Une oeuvre douce et lente qui m'a demandé un lâcher-prise qui s'est avéré apaisant !

Sur mon parcours, il s'en suit, "Élégante chair" de Soraïda Caron. Cette proposition se présente en trois tableaux, deux solos et un duo en finale avec Geneviève Duong et Valérie Pitre. Une oeuvre chorégraphique qui présente le corps différemment, le rendant "tout autre" et intrigant ! Devant nous, se retrouve la plus part du temps une ou deux femmes, penchées par en avant, utilisant le dos comme personnage. Le dos dont nous pouvons examiner avec curiosité les différentes modulations. Les cheveux tout devant comme des racines qui semblent alimenter les mouvements. Au final, pour moi, une proposition à l'esthétique mystérieuse qui m'a captivé jusqu'à la toute fin.

La prochaine, "Give Me a Fucking Break" m'amène dans un lieu sombre, sous un viaduc ou dans un entrepôt dans lequel je découvrirai des personnages mystérieux et intrigants (Guillaume B.B, Sarah Chouinard-Poirier, eli del, Alegria Gobeil et Melusine Bonillo). Les personnages évoluent dans ce lieu de façon comme si chacun exécutait un rituel qui lui est propre avec une poésie sombre. Il y aura bien cette femme qui nous propose une dissertation sur les vampires en mangeant de l'ail. Cette autre aussi qui telle une Jeanne d'Arc post moderne utilise son arme vers un ennemi invisible. Je dois l'avouer, j'ai été captivé par les gestes même si parfois minimalistes, malgré que je me suis senti dépaysé, plaisir du spectateur audacieux même si assis derrière son écran !

Dans le même type de proposition intrigante, "Ville Lumière, Noir" de J.J. Houle. Déjà la description m'avait intrigué, "Une soirée comme ça pour aller au bout de soi, se dépasser, transgresser ses limites et frapper un mur. Prendre son corps, le brûler par les deux bouts, chercher à renaître mais avant: trier la cendre. Choisir quel petit bout garder et lequel laisser s’échapper au vent.". Ce qui a suivi était effectivement intrigant, ce personnage se retrouve près d'une camionnette blanche dans un stationnement étagé extérieur. Tout de noir vêtu, j'observe ce personnage et ses évolutions et ses transformations. Il relèvera, entre autre, sa manche de son manteau noir dévoilant un objet surprenant. Difficile de ne pas être déstabilisé devant ce personnage aux objectifs mystérieux, mais le tout s'apprécie !

Sur un ton complètement différent, "Still Life" de Claude Breton-Potvin et Chantal Dupuis. En entrée de jeu, nous découvrons chacune de son côté (l'une à Berlin, l'autre à Montréal, "unies par deux écrans côte à côte") sur son sofa, tête dans une chaudière ! Cette proposition de danse théâtre est absurde et tout autant délicieuse à regarder. Amusant de découvrir l'exploration du fond de ce sofa, sous les coussins avec ces découvertes alimentaires enfouies depuis longtemps. Et quand l'une vient rencontrer l'autre, le spectateur est surpris, mais tout s'explique en examinant le générique ! Mon coup de coeur de cette édition du OFFTA !

Dans un tout autre registre plus intime et méditatif , Hanako Hoshimi-Caines, nous présente avec  "sent.d.iments"  avec la description suivante: "c’est performer la vie comme des objets en mouvement, c’est la notion d’être/de devenir une famille." Le tout est minimaliste et hésitant, autant dans le geste que dans le propos qui je dois l'avouer ne m'a pas captivé ! Je suis néanmoins resté devant mon écran jusqu'à la tombée de la nuit.

Ma dernière "rencontre" est toute autant théâtrale qu'amusante avec Amélie Dallaire et son "Comment j'ai guéri à l'aide de PowerPoint". Je dois l'avouer une présentation sur PowerPoint, ça je connais ça, mais une proposition sur PowerPoint, comme sujet, pour moi c'est une première et elle est toute réussie. De cette femme originaire de Chicoutimi dont elle nous donne l'itinéraire jusqu'à chez sa mère sur son bras, nous découvrons que ce logiciel a donné un sens à sa vie ! Sa présentation nous fait découvrir d'abord les différents "caractères" et ce qu'ils peuvent nous faire ressentir. Il s'en suit les différents fonds d'écran, les effets de transition et aussi les diagrammes. Pour illustrer son propos, elle nous présente comment utiliser PowerPoint avec un exemple "théorique" sur une "lettre" suite à un échec amoureux, jusqu'au point final vers le ailleurs prometteur en fin de présentation. Au final, une proposition qui mérite d'être reprise !

Voilà donc mon "court" compte-rendu de mes pas "virtuels" au OFFTA 2021 qui m'a permis de découvrir des territoires nouveaux et différents, enrichissant mon bagage culturel!

dimanche 13 juin 2021

Sur mes pas (réels) au FTA: Revoir avec toujours autant de plaisir Louise Lecavalier !

 Je me souviens encore très bien de la fébrilité qui m'habitait lorsque j'étais rendu centième dans la file d'attente avant de pouvoir acheter mes billets pour cette édition du FTA. Ma liste d'achat était longue avec quelques priorités. Si au final, une fois rendu à mon tour, je n'ai pas pu obtenir tous mes choix, je pouvais quand même dire mission accomplie pour quelques propositions "dans mon panier" dont "Stations" de Louise Lecavalier, qui était tout en haut de la liste. 

Me voilà donc de retour pour une première fois dans la Place des Arts depuis ma visite quelques heures avant la fermeture "pandémique". Dans le hall, nous sommes dirigés avec rigueur vers la porte d'entrée (pas même le temps de saluer correctement une connaissance en chemin !) Je rentre et je me dirige vers mon siège, tout au bout d'une rangée, loin de mes territoires habituels, mais je suis dans la place !

                             Photo par André Cornellier fournie par le FTA et tirée de La Presse

La salle, une rangée sur deux, trois entre le spectateur ou le couple de spectateurs, se remplit peu à peu. La Salle Maisonneuve est toute dégarnie et l'impression est bizarre. Mais arrive le moment du début de la prestation et une fois toutes les lumières de la salle fermées, le rideau s'ouvre et sur une scène sobrement garnie de quatre bornes toutes discrètes. La salle est en attente, la fébrilité se ressent ! Et pendant les soixante minutes qui suivent, la "grande dame" de la danse contemporaine prend possession de mon attention. Je vois devant moi, cette femme mettre le quotidien avec ses sentiments et ses pensées dans son broyeur créatif  pour nous en proposer une chorégraphie d'une station à une autre. Je dois avouer que j'ai été particulièrement impressionné par le tableau durant lequel elle effectue des déplacements latéraux en fond de scène sur une jambe. 

Tout au long, les gestes parlent un langage universel accessible à chaque être humain. Chacun.e pouvant y trouver son sens et son plaisir. Les différents tableaux, utilisant les bornes illuminées en alternance de différentes couleurs sont accompagnés par une trame musicale qui enrobent et enrichissent le propos chorégraphique. Difficile de mettre en mots ce que d'autres, qui comme moi, ont ressentis. Une oeuvre qui laisse sans mots, mais avec toutes plein d'émotions. Je m'en voudrais de ne reprendre pas le "merci" de cette femme qui à la toute fin de la période de questions réponses, habilement menée par Elsa Pépin, appuyé par les applaudissements de tou.es.

Autre privilège de la soirée, celui d'assister à la remise du titre de Grande Montréalaise à cette femme hors-norme par la mairesse de Montréal en présence de Martin Faucher. Une fois les "cérémonies" et les photos à distance sanitaire faites, les propos de Louise Lecavalier sont à la hauteur de cette femme, simples, mais tellement beaux et sincères. 

Tout en revenant à la maison, les gestes de cette grande dame m'ont accompagné intérieurement, ce qui m'a permis de revivre certains des moments de ce que je venais de voir !

mardi 8 juin 2021

Sur mes pas réels au FTA 2021: Deux rencontres marquantes, chacune à sa façon !

 Au cours des derniers jours, j'ai été à la rencontre de deux propositions toutes différentes, comme quoi la "diète" de la "bête" culturelle se doit d'être diversifiée et pour cela, le FTA sait confectionner le "menu" ! Débutons par la première, présentée au La Chapelle, "Anything Whatsoever" de Katie Ward, dont j'avais vu la précédente création dans le même lieu, "imaginationreality", une oeuvre qui explorait les concepts de réalité et de subjectivité. Voilà pourquoi, je m'y rendais fort curieux pour découvrir une proposition chorégraphique "cérébrale".

Pause

Dois-je rappeler que la philosophie a toujours été pour moi une discipline qui m'a toujours fasciné, par sa façon d'aborder la réalité différente et complémentaire du scientifique que je suis.

Fin de la pause

                                  Photo de Katie Ward par Mark Feuerstack tirée du site du FTA

Je suis donc devant la porte du lieu de diffusion, rue St-Dominique, arrivé un "peu" à l'avance, je suis donc le premier dans la file ! Une fois les portes ouvertes, je suis invité, après les mesures sanitaires d'usage, à entrer. Je serai accompagné par un des membres de l'équipe, jusqu'à mon siège, dans le coin du lieu de prestation. Tous les autres sièges tout autour le seront également. Nous serons une vingtaine de personnes à découvrir et à participer à ce qui suivra. Sur cette scène toute blanche, ses vêtements rouges contrastent et attire mon attention. Nous sommes invités, à tour de rôle, à nous présenter et pour partir le bal, elle le fait en premier, nous indiquant qu'elle habite juste là de biais avec ce lieu, comme si ce soir elle était dans sa cour arrière. Et puis du bout de sa perche, sa complice sur scène, Camille Gravel se déplace de spectatrices, spectateurs à l'autre pour recueillir les propos que tous peuvent entendre. Mon tour arrive et, puich !!! ma présentation est "ratée", plutôt que de dire, "aujourd'hui, j'ai couru et j'ai travaillé la terre et je suis heureux d'être parmi vous", j'aurais dû, pour mieux me présenter, dire " je suis né à Montréal, j'ai toujours vécu à Montréal et je suis de ceux qui trouve que l'asphalte sent bon". Mais bon, la vie est souvent composée d'occasion ratée ! Pendant que les propos se font, Katie Ward se déplace sur l'espace du milieu en s'exprimant par des mouvements qui me gardent captif ! Elle prend possession de la place et de mon attention au point que certains propos m'échappent !

Étant tous autour, elle vient face à nous. Rendue devant moi, elle me regarde droit dans les yeux, la connexion est "directe" et intense. Le tout évolue dans un deuxième "acte" pour lequel elle nous demande de dire ce que nous voyons devant nous, dans le réel et dans l'imaginaire aussi ! Le temps passe comme la perche, mais jamais elle ne se rendra jusqu'à moi pour permettre de me racheter de mes premiers mots ! Peu importe, les mots des autres sont fort riches et enrobés de ces gestes. Avec sa proposition Katie Ward a su allier le propos de tous à ses gestes pour en faire un moment fort riche.

Quelques jours plus tard, je me rends avec les transports en commun (une première en un an !) jusqu'au Vieux-Montréal pour découvrir la deuxième partie "BOW'T-TIO'TIA:KE", "PROTEST" de Rhodnie Désir. C'est la seule des trois parties que je pourrai voir, mais j'ai été "bien servi". Est-ce que la proposition de trente minutes qui me demande plus de deux heures mérite le déplacement. La réponse est sans équivoque, OUI ! C'est sous un soleil de plomb que j'attends devant la scène sur "mon" siège en première rangée. Je serai donc aux avants postes de son "Protest" qui s'avérera à la hauteur de la revendication. Dès ses premiers pas sur scène, déterminée et vêtue d'orange (couleur des enjeux autochtones de notre époque et de ces lieux) , elle libère les symboles orange de l'arrière de la scène. Avec ses deux complices de toujours à l'accompagnement musical (Engone Endong + Jahsun ), elle nous propose son chemin dans lequel je retrouve deux moments forts. Celui où elle utilise ses "boîtes" de bois comme "radio portative", symbole, pour moi, d'affirmation ! Et aussi, celui qui a fait que je me suis presque levé pour la suivre. Celui durant lequel où par ces gestes forts affirmés, elle nous invite à nous lever pour protester ! Pour moi, le moment est tellement fort que je suis à "deux doigts" de me lever ! 

                                  Photo de Rhodnie Désir par Kevin Calixte tirée du site du FTA

Pour cette femme pour qui la capacité d'absorber l'essence des lieux et des enjeux qu'elle explore n'a d'égale que le sourire et la détermination pour faire fondre les résistances, j'ai la plus grande admiration ! Merci Rhodnie pour tout ! J'espère seulement avoir le privilège de découvrir tes "prochains pas" !



dimanche 6 juin 2021

Sur mes pas (réels et virtuels) au FTA 2021: Une autre rencontre fort riche et touchante avec l'univers de Sarah Dell'Ava avec "O2" !

 Affirmer que la chorégraphe Sarah Dell'Ava est une de mes chorégraphes préférées relèverait d'un euphémisme ! Et pourquoi, me demanderez-vous ? Parce que, voyez-vous, elle explore des territoires humains d'une façon bien particulière et que cela me touche ! Voilà donc pourquoi, cette invitation du FTA à découvrir sa proposition "O2", gratuite en plus (!!!!) je l'ai acceptée avec grand plaisir. 

                       Photo de Vivien Gaumand tirée du site du FTA

Rapidement mon billet a été réservé et en ce dimanche de juin caniculaire, mes pas m'amènent sur le devant d'une église du centre ville de Montréal. Arrivé "un peu" à l'avance, j'apprécie le lieu de prestation avec les différents interprètes (ils seront plus d'une vingtaine) en mode préparation pour la suite, pendant que tout autour la vie suit son cours ! Intéressant de découvrir comment la cohabitation inconsciente de deux univers comme si "O2" était un titre prémonitoire de ses deux univers qui cohabitent liés par le lieu ! Parce que voyez-vous, le prof de chimie vous le dit, entre ces deux O ou atomes d'oxygène, vitaux à la vie, le double lien (de covalence) est fort tout en les maintenant à distance. Et devrais-je vous en convaincre qu'en cette époque de pandémie (bientôt révolue, je le souhaite ardemment !), la distance existe sans cependant affaiblir le lien !

Je suis donc là et j'attends assis en ce lieu sous le soleil avec un parasol, fourni par le FTA, en attente du début. Et puis, la vingtaine d'interprètes (dont plusieurs, que je reconnais avec grand plaisir) prend possession du lieu et de mon attention, malgré l'activité fort active derrière. Dans ce lieu public, j'y resterai une heure que j'aurais souhaité plus longue ! Le tout débute avec des hommes et des femmes qui s'expriment en gestes au milieu, d'autres immobiles tout autour et aussi cette femme vocalement tout derrière moi. 

Je serai honnête, dans ce milieu urbain bouillonnant d'activités, mon attention a eu quelques difficultés à fixer mon attention sur ce qui se passait devant moi. Et puis, peu à peu, les gestes et les mouvements ont pris sens et surtout ont pris le contrôle total de mon attention. Il y a eu aussi ces mots écrits sur ces bonnes vieilles dactylos (par un.e des interprètes) qui se retrouvait devant une spectatrice ou une spectatrice et d'une prestation toute personnelle. 

Moi, assis sur mon siège, j'aurai droit à deux rencontres personnalisées. D'abord celle d'une chorégraphe et interprète que je connais qui dépose des mots dactylographiés devant moi et qui me propose, "juste à moi", des moments dans lesquels je me reconnais. Et ces mots, que je lirai après, je vous les donne ici, ""des petits bonds de joie, le corps sautillant, de ses petits pas légers" ! Quels beaux moments ! Un peu plus tard, avec sa petite pierre qu'elle pose devant moi, apparait cette autre jeune chorégraphe et interprète qui me propose ces gestes qui me touchent ! Le spectateur déjà bien heureux est "aux anges" ! 

Avant, pendant et après ces rencontres, dans le lieu, il y aura les moments durant lesquels le violon d'une d'elle prend le contrôle des mouvements. Il y aura aussi plein d'autres moments fort différents durant lesquels, les corps forment deux groupes qui s'échangent de façon ludique. Impossible pour moi de tout garder les détails en mémoire (mon "inséparable" carnet est resté à la maison), mais je conserve néanmoins fort bien la complicité entre ces elles et eux devant moi. 

Mais je dois quitter ! Sur mes pas de retour, les souvenirs restent présents. Et de cette proposition "O2", je suis déjà en attente de la prochaine annoncée de Sarah Dell'Ava, "O", qui je l'espère n'annonce pas la fin de son cheminement!

jeudi 3 juin 2021

Sur mes pas (réels et virtuels) au FTA: Retour sur une rencontre marquante avec "Alep. Portrait d'une absence" !

Pour une des rares journées pluvieuses de ces dernières semaines, c'est vers le Wilder que mes pas me portent pour découvrir "Alep. Portrait d'une absence" ! Lors de l'examen attentif des propositions de cette édition du FTA, cette oeuvre, hors de mes territoires habituels de danse, m'avait interpellé. La teneur du propos et le type de rencontre tout intime en faisait pour moi un incontournable, au point de vouloir faire une heure aller et une autre heure retour de déplacement pour les trente minutes de rencontre. Et quelle bonne décision, j'ai prise ! Pour mieux me faire comprendre, voici une "brève" description de ces moments débutant de mon entrée en salle jusqu'à ma sortie. 

Dans le Wilder, les différentes activités de FTA sont nombreuses et moi, je me dirige au fond à l'accueil. Une fois que j'ai donné mon nom, que j'ai répondu aux questions sanitaires d'usage et que j'ai mis mon masque de procédure, je peux monter les escaliers vers l'Espace danse. Sur le mur devant moi, je découvre une carte que je suppose (et qui sera) celle d'Alep, ville syrienne détruite, victime innocente tout comme ses habitants, de la cruelle guerre civile. Nous serons dix spectateurs pour les rencontres avec autant de personnes. Nous sommes informés de ce qui suivra, soit que nous devrons prendre une partie de cette carte de la ville et prendre un micro enregistreur qui est associé au numéro derrière cette partie de carte que nous aurons choisi.

                                                                       Tiré du site du FTA

J'ai donc pris mon morceau de cette carte (sans savoir de quoi il serait question) et le micro enregistreur qui y était associé. Une fois rendu dans le lieu de rencontre, j'écoute les instructions qui sont d'abord de trouver la table sur laquelle mon morceau de casse-tête pourra s'insérer et ensuite d'écouter l'origine de ce projet, soit de tenter de conserver dans notre mémoire collective les souvenirs par les paroles de ceux et celles qui y ont vécu heureuses ou heureux dans cette ville.

Je trouve ma place, met ma pièce et j'attends la rencontre. Tout autour devient sombre et arrive après quelques instants, face à moi, de l'autre côté de la table derrière un plexiglas, mon interlocuteur. Je lui remet mon "bidule" et il le met en marche pour que je puisse entendre la voix de celui qu'il incarnera. Par la suite, comme si c'était juste de lui à moi, malgré que tout autour les voix s'expriment comme dans une ville bourdonnante d'activités, il me raconte une partie de sa vie. Celle qui commence par les moments heureux dans son arrivée dans la mosquée, ses rôles jusqu'à ceux qui briseront sa vie, coincé entre des forces destructrices qui le dépassent. Cet homme en face de moi, c'est lui (même si le vrai Bakri est au Danemark) et ses paroles me touchent et mes yeux s'embuent, ouf !

Le tout se termine, mais avant de partir, je suis invité, sans obligation, à laisser un message verbal au vrai Bakri pour lui parler d'un de mes lieux de mon passé. C'est donc tout simplement que je lui parle de ma chance de pouvoir revenir sur cette rue où j'ai vécu mon enfance et sur laquelle est toujours mon église d'enfance et était mon école primaire devenue une résidence de personnes âgées. Une fois pesé le bouton stop, je reviens dans le moment présent et je quitte la salle. Une fois rendu dehors, je porte un nouveau et reconnaissant  regard sur ma ville jusqu'à mon retour à la maison et de réaliser la chance que j'ai ! Merci Mohammad, Al Attar, Omar Abusaada et Bissane Al Charif  pour votre projet de conserver la mémoire de votre ville et merci aussi à toi Frédéric Lavallée d'avoir aussi bien incarné cet homme ne voulant que le bien et le beau !


mercredi 2 juin 2021

Mes pas (virtuels) en danse: Une soirée fort belle avec la promotion 2021 de l'École de danse contemporaine de Montréal

 C'est devant mon écran que je me suis installé pour découvrir les quatre propositions de fin d'étude des dix-sept finissant.es de l'EDCM, soient les Danses de mai-Opus 2021. Au programme, quatre créations pour permettre à chacun.es des finissant.es de performer dans deux univers artistiques différents comme le voulait madame Lucie Boissinot, directrice artistique et des études, tout en respectant les conditions sanitaires de notre époque pandémique.

Photo: Maxime Côté

Ainsi donc, nous aurons droit dans l'ordre à "La Nature des choses" de Sébastien Provencher, "Things We're Already Doing" d 'Andrew Turner, "La Grande Roue" de Heidi Strauss et "The Unfinished Act" d'Andrea Peña. Et pour incarner, avec brio et intensité, la première et la troisième propositions, Lou Amsellem, Justine Dagenais-de Montigny, Adèle de Boisgrollier, Sabrina Dupuis, Sophie Fekete, Rose Gagnol, Anny Gauthier, Mathieu Hérard et Aaricia Laperrière Roy, tandis que Pauline Ansquer, Elisa Barrat, Lauren Fisher, Klaudy Gardner, Gabrielle Kachan, Nikita Peruzzini, Ernesto Quesada Perez et Evelynn Yan en feront tout autant pour la deuxième et quatrième oeuvres !

Pendant plus de deux heures, deux fois plutôt qu'une (avantage des webdiffusions !), je me suis laissé entraîner dans des univers chorégraphiques qui ont su utiliser les différents talents de ces dix-sept finissant.es. 

"La Nature des choses", nous présente, en entrée de jeu, une déclaration (un statement !) à la fin de laquelle cette femme nous dit, "mon diaphragme attend l'orage !" Il s'en suit de l'éveil en grande pompe de tout.es avec "sa possession", différente des autres. Ensemble, mais à distance, dans leur univers, je les vois évoluer et je suis captivé, comme quoi, dès ces premiers moments, il est possible de créer des oeuvres cohérentes malgré les contraintes actuelles ! Et que beau est ce moment durant lequel, j'entend d'une voix démultipliée, "La terre à froid aux pieds depuis trop longtemps." Et lorsque en crescendo, le mouvement se fait apothéose, suivi du réveil et de la mise en commun. Une finale porteuse d'espoir, tout.es réuni.es autour de nos différences mises en commun pour refaire les choses autrement dans la joie et l'allégresse !

Après une courte pause, "Things We're Already Doing" débute par une mise en corps afin de bien ressentir chacune des parties de notre corps jusqu'à nos papilles gustatives, comme je le vois faire devant moi, pour goûter le mouvement et induire le mouvement. Il s'en suit des moments durant lesquels la parole s'extrapole en gestes tout doucement. Les tableaux qui suivent me font passer d'une perspective corporelle à une autre plus cérébrale pour se terminer par une dernière toute mystique. Le tout porté par les mouvements fort éloquents qui me font penser à des neurones en action qui me montrent de façon fort éloquente que les singuliers peuvent devenir pluriels, tout cela, porté par des voix célestes ! Je m'en voudrais de ne pas mentionner la "douceur" de la musique et des éclairages qui ont accompagnés l'oeuvre tout au long !

Petite pause et me voilà reparti dans "La Grande Roue". Le tout commence par la confidence de chacun.e des interprètes dont celle qui me rappelle pourquoi le ciel est bleu. 

Pause

Moi, ça m'a fait replonger pour quelques secondes dans un passé récent durant lequel j'avais développé la "théorie" du spectre d'émission de la lumière pour une oeuvre en danse avec sa partie visible de ce que l'on voit, sa partie infrarouge que l'on ressent et sa partie ultraviolette que l'on "comprend".

Fin de la pause

De ce qui suivra, j'y vois des éclats de vie individuels et collectifs aussi, parce que dans une grande roue, même si chacun,e est à son siège loin de l'autre, la roue tourne pour tout.es et chacun des mouvements est ressenti par les autres. Les questions et les confidences exprimées, dans son petit carré de lumière franchissent l'ombre qui l'entoure pour atteindre les autres autour et moi aussi ! Et reste dans ma tête "la question !", combien il y a de places dans la grande roue (de la vie) ?

Le tout se termine avec "The Unfinished Act" qui se présente à moi comme une incursion dans un monde circassien. Comme si la vie, question de perspectives, était une course sur ce cercle pour trouver une individualité "commune", malgré nos différences. Je découvre dans ces moments, la performance, la grâce, le questionnement et la révélation des gestes réels ou imaginés jusqu'à l'appel et le départ vers ce monde annoncé par la première oeuvre de la soirée "La nature des choses" ! Comme quoi comme dans "La Grande Roue", "Things We're Already doing" !

                                                                Photo : Maxime Côté

Pour moi, le prof de CEGEP que j'ai été, je suis toujours ému de voir ce que des années de formation peuvent faire et émerveillé de constater que ces années d'enseignement peuvent amener ces "jeunes" à l'aube d'une belle carrière. Pour moi, le spectateur de danse, je suis prêt à suivre leurs prochains pas sur les scènes qui, j'en suis certain, seront heureuses d'accueillir pour que je puisse les applaudir ! Merci à vous, madame Boissinot et toute votre équipe !