mercredi 25 juillet 2018

Sur mes pas au cinéma colorés de danse: "Pendular" ou l'art d'être, en équilibre.

Allez savoir pourquoi, et surtout comment ! Parce que ces derniers temps, les œuvres qui se trouvent dans les salles de cinéma n'attirent pas mon attention. Il y a bien eu "Les Incroyables 2", mais le grand-père était en devoir. Mais tout en dedans de moi, abrité dans ma mémoire une bande-annonce a produit son effet et j'ai regardé attentivement les propositions de "mon" cinéma Beaubien en ce mardi de semaine. Et j'y ai trouvé un film sud-américain" Le Pendule" ou "Pendular" de Julia Murat qui avait de la danse contemporaine au menu.

                                                      Tirée du site Allociné

J'ai donc fait les pas qu'il fallait pour me rendre à la dernière représentation (un mardi !). Bien installé avec une salle partiellement remplie, j'ai pu d'abord découvrir l'arrivée dans un grand loft de lui, sculpteur (en transition) avec elle, interprète qui devient chorégraphe aussi. Peu est dit explicitement, mais pour peu que l'on soit imaginatif, leurs relations, artistique et amoureuse, se dévoilent à nous, dans ce grand espace situé dans un quartier industriel d'une grande ville. Nous y verrons leurs moments avec des amis et des fêtes, mais aussi des moments fort intimes. Malgré tout, des zones d'ombre existent entre les deux et peu à peu des projets d'avenir non partagés, que nous, spectateurs, découvrons. Pour l'amateur de danse que je suis, a su trouver de belles scènes qui montraient fortement ce qu'elle pouvait ressentir.

Une oeuvre avec des pans flous, mais qui a mérité mon attention jusqu'à la dernière scène, fort éloquente. Un film avec une interprète, Raquel Karro, transcendante et un partenaire, Rodrigo Bolzan, qui lui donne bien la réplique. Une oeuvre qui montre en gestes et en regards les sentiments ressentis. La vie d'un couple d'artistes qui partagent tout pour le meilleur et pour le pire. Un moment de cinéma qui me permet de découvrir de nouveaux horizons.

Et pendant que moi, mes pas quittaient le Beaubien, les festivités, tapis rouge inclus, débutaient pour l'avant-première de "1991" de Ricardo Trogi avec une foule tout aussi nombreuse qu'enthousiaste.

jeudi 19 juillet 2018

Sur mes pas en danse: première sortie réussie au ZH Festival avec deux courtes oeuvres

Sans vouloir partir une polémique, je ne partage vraiment pas une affirmation que j'ai pu voir sur un autre blogue et qui se lisait comme suit, "Il n’y a rien au menu de la semaine en ce qui concerne la danse en cette cinquième semaine de relâche à Montréal." Et pourtant, en plus des nombreuses propositions extérieures, le ZH Festival revient cette année avec des propositions danse prometteuses qui méritent notre attention. En cette troisième soirée de festival, mes pas m'ont amené aux deux premières propositions danse et voici quelques impressions. 


                   Photos de Ömer Kardeş Yükseker et de Guzzo Desforges tirées du site internet du ZH Festival

Le tout débute avec un peu de retard dans l'obscurité et le silence avec "WithIn and WithOut" de et avec Bailey Eng. La dernière phrase de la présentation annonce bien ce que l'on verra, soit, "En interaction avec notre environnement, que communiquons-nous à l’intérieur (WithIn) et à l’extérieur (WithOut)? " Et le tout se fait graduellement avec, d'abord, des mouvements au sol comme le ferait un être venant de l'intérieur avec les grincements de l'arrivée en terrain inconnu. J'y vois dans cette arrivée, une réaction à un environnement oppressant, avec des contractions et des déformations du corps captivantes à observer. Et ensuite,débute la musique qui propulse l'oeuvre et celle qui l'incarne dans une série de déplacements pour prendre possession du lieu. Le tout avec des contorsions qui nous présentent un corps qui se déforme face à des forces que l'on peut imaginer agressives. Et puis arrive le moment durant lequel elle se met debout, pleinement affirmée, regard déterminé et avance vers nous dans un corridor tout illuminé, jusqu'à sa libération tout de bleu colorée. 

Une oeuvre courte (une quinzaine de minutes) qui a tout de la courte pointe par la finesse du propos chorégraphique et qui fascine sans jamais lasser. Un solo qui m'a permis d'apprécier totalement, sans distraction, une performance athlétiquement poétique. Une première partie tout à fait réussie et que je reverrai volontiers.

Pause qui m'a permis d'échanger sur le long travail préparation nécessaire pour permettre à un corps de produire des contorsions athlétiques de ce niveau de qualité.

Une fois de retour dans la salle, les lumières s'éteignent de nouveau et se rallument sur le début de "Halves" de David Albert-Toth avec Stefania Skoryna, Salina Léna Demnati, Audray Julien et Julie Robert. Du propos annoncé, soit "La pièce Halves est une réflexion sur les ombres.", moi dans la suite j'y ai vu plutôt une illustration des différentes relations entre quatre femmes. Ce qui n'a pas du tout porté "ombrage" à mon plaisir, juste une "lecture" différente.

Donc, cette femme seule, en entrée de jeu, qui semble chercher ou se chercher, sera rejointe par trois autres. En résulte une série de tableaux dans lesquels, je peux voir des liens qui se créent, des abandons, des regards détournés, des mouvements de solitude ou des regroupements synchronisé. Le tout fort bien appuyé part les éclairages  appuyant le propos. Une oeuvre courte (une vingtaine de minutes) mais qui a su faire le tour de la question des "Halves" que je traduirais par les "dédoublements" du moi par les autres avec ses beaux et ses moins beaux aspects. Une oeuvre qui pourrait, et je le souhaite, s'enrichir et prendre plus de temps. 

Au final, une soirée de danse belle et intéressante, sans accessoires, ni décors, avec les corps et leurs mouvements fort bien mis en valeur. Cela, en été !, pour les amateurs qui étaient nombreux en cette soirée de juillet.

vendredi 13 juillet 2018

Sur mes nombreux pas en danse; Un programme triple qui laisse de belles traces; Deuxième partie !

Du Square Cabot, ma première destination danse de la journée, c'est par métro, autobus et quelques pas, que nous arrivons un peu trop tôt pour assister à "Friction" de Philippe Meunier et Ian Yaworski, coin St-Dominique et Prince-Arthur. Question de passer le temps, nous faisons une petite marche pour prendre un bon café dans ce petit kiosque à l'extrémité ouest du Carré-St-Louis. La personne qui nous accueille est super sympathique, et viendra nous porter notre café à une table extérieure avec grande courtoisie. Et c'est au son d'un accordéon que ce café a été siroté dans cet espace vert, plaisir d'été en ville ! Mais le temps passe et le moment de la présentation arrive.

J'avais vu et bien apprécié "Couper-Coller" dans un monte-charge du Wilder par ces deux chorégraphes, présenté par Tangente (https://surlespasduspectateur.blogspot.com/search?q=couper-coller) et cette fois c'est dans un endroit public très différent (rue Prince-Arthur) qu'ils danseront avec Jonathan C. Rousseau, Sébastien Chalumeau et Antoine Turmine. Nous aurons droit à un déambulatoire qui débute tout proche du boulevard St-Laurent. Pendant que je trouve ma place, les interprètes se réchauffent et le sol bitumineux sous leurs pieds en prend bien note. Et le moment venu, se fait entendre la musique tout en percussion et "Friction" commence.

Tirée d'un site internet de la Ville de Montréal

Dans ce premier lieu de prestation, les mouvements des interprètes sont accompagnés par les déplacements des passants qui "surprise !" passent, tout en laissant traîner leurs regards, sans créer de friction ! Et arrive le premier déplacement de la pièce durant lequel nous sommes guidés et informés des consignes de sécurité répétées qui se terminent par un amalgame d'instructions fort savoureux "Les jambes à la largeur des sorties d'urgence". L'humour n'en restera pas verbal, puisque pour les jeunes et les moins jeunes, les gestes aussi en seront imprégnés. Le tableau suivant est composé de mouvements colorés d'affrontement sans qu'ils soient menaçants, soyez rassuré.e.s ! Et dans ce déplacement, les spectateurs suivent et d'autres s'ajoutent et ils sont de tout âge. Et c'est dans des mouvements de vague sur bitume qu'un peu plus loin, les interprètes en solo, en duo ou en groupe, vont au devant des spectateurs, yeux dans les yeux, impassibles ou avec un clignement des yeux complices et aussi qui leur font claquer les doigts dont les miens. Nous évoluons plein est jusqu'à la rue Coloniale jusqu'à leurs derniers mouvements de cette vague corporelle, sur laquelle nous avons surfé et qui a fait le plein de spectateurs dont certains bien assis dans un resto. Cette phrase qui décrit ce que nous pouvons découvrir, je la partage en espérant que vous pourrez vous y rendre à votre tour, "Une gigue contemporaine déconstruite, mais surtout émouvante grâce aux relations qu’elle présente, d’abord entre les interprètes, puis entre les interprètes et les spectateurs."

Dans cet espace urbain, coin St-Dominique et Prince-Arthur, la danse a produit son effet et a rejoint son public. Comme elle devrait le faire tout au long de l'été (les mercredi soir à 18h00), parce que la programmation (de la responsable de la Maison de la Culture du Plateau Mont-Royal) est fort intéressante dans ce coin de ville. Pour les détails, consultez le site Calendrier Accès-Culture de la Ville de Montréal.

Sur mes nombreux pas en danse; Un programme triple qui laisse de belles traces; Première partie !

Suffisait de consulter le calendrier culturel de la Ville de Montréal pour pouvoir garnir un ordre du jour danse en ce mercredi de juillet. Au programme donc, deux propositions en fin d'après-midi au Square Cabot avec "3D Diversité" de Corpuscule Danse et "Écoute pour voir" de Maï(g)wenn et les Orteils et Danse Carpe Diem / Emmanuel Jouthe et une troisième en début de soirée, plus à l'est, angle St-Dominique et Prince-Arthur, avec "Frictions" de Philippe Meunier et Ian Yaworski. Pour ma part, trois belles rencontres dont je me permettrai de vous rapporter quelques observations et mes impressions.

Premier arrêt pour découvrir "3D Diversité" qui, dans un Square Cabot trop désert, présentera douze interprètes avec et sans handicap dont trois en chaises roulantes, incluant France Geoffroy (de Corpuscule Danse), pendant que moi, je prends place à l'ombre de la statut, au centre du square, en mode spectateur. Les moments de danse que je découvrirai par la suite, intègrent admirablement bien ses femmes et ses hommes dans des mouvements dans lesquels les différences disparaissent dans l'ensemble. Tout ce que je découvre dégage en affirmation (avec des mots tels qu'espoir et évolution) et en détermination en gestes de rencontre entre les interprètes. Ces derniers en chandail noir, orange, blanc et gris, les couleurs différentes s’entremêlent dans un amalgame de pixels dansants fort lumineux. Pour le temps de cette présentation, cette place publique devient un oasis d'espoir et de paix dans lequel la danse unit et me fait un grand bien. Contraste avec, juste là pas trop loin, ces deux hommes qui s'engueulent fort et qui en viennent presque aux coups !

Le tout se termine devant trop peu de spectateurs qui applaudissent chaleureusement devant ces hommes et ces femmes fort fier.e.s, avec raison, parole de spectateur. Pour la suite, pas besoin d'aller bien loin, puisque la proposition danse vient à nous. "Écoute pour voir" s'avère être une proposition de danse qui s'apprécie une personne à la fois et s'y vous ne faites pas les quelques pas pour vous y rendre, les pas viendront à votre rencontre. Ils seront ceux de Gabrielle Marion-Rivard ("la" Gabrielle du film du même nom), Roxane Charest-Landry et Jean-François Hupé qui viennent à votre rencontre pour vous inviter, avec pas trop loin Maïgwenn Desbois.




Invitation que j'accepterai trois fois plutôt qu'une. La rencontre se fait par le biais de deux paires d'écouteur relié à un iPod qui nous fait entendre la musique, juste à moi et à eux durant ce moment de rencontre chorégraphique. D'abord, celle de Jean-François (et Nicolas Labelle) fort active et tournoyante, ensuite celle de Roxane et ses magnifiques yeux bleus qui me touchent tout en dedans de moi et enfin celle avec Gabrielle toujours rafraîchissante de son sourire et qui se termine avec un beau câlin. Honnêtement, je ne retiens presque rien de la musique entendue, mais des gestes, je garde tout le souvenir en moi et des sensations produites. Trois rencontres qui brisent, si cela s'avère nécessaire, les barrières avec ces personnes en situation d'handicap et qui mériteraient d'être présentées beaucoup plus souvent. Parce qu'une fois la rencontre terminée, les sourires pourraient faire fondre beaucoup de préjugés.

Chaque fois que je le peux, j'assiste aux propositions de Maïgwenn et les Orteils et, chaque fois, elles me touchent et m'émeuvent. Les moments chorégraphiques de "Écoute pour voir" (quel beau titre !) ont été créés par les interprètes en suivant des consignes qui s'avèrent bien respectées. Et pour la postérité, la présence du spectateur que je suis a été captée par un photographe (de la revue l'Itinéraire) et suite à mon acceptation, peut-être pourrez vous voir prochainement le spectateur que je suis en "pleine action" !

Des rencontres chorégraphiques qui devraient être répétées et répétées encore pour le grand bien de tous !

Avant de quitter, je prends le temps d'observer d'autres spectateurs dans ces rencontres et de découvrir l'effet de ces rencontres. Le bien que j'ai ressenti semble l'avoir été aussi par eux et elles. Et voilà, le temps arrivé pour aller à ma troisième rencontre de la soirée, angle Prince-Arthur et St-Dominique.

À suivre !


lundi 9 juillet 2018

Sur mes pas en danse: Une belle et agréable soirée "Mue Érable"

Cette sortie danse n'était pas planifiée à mon agenda, mais pourquoi pas !  Dans cette saison de danse estivale en extérieur, j'ai été attiré, bien curieux, de découvrir en salle cette oeuvre auto-produite de Charles-Alexis Desgagnés, "Mue-Érable". Je ne connaissais pas ce chorégraphe-interprète et cela me semblait bien audacieux de proposer hors-saison une oeuvre avec 28 interprètes dans une salle (Édifice Wilder) sans être supporté par un diffuseur officiel. C'est cette audace qui m'a convaincu de suivre mes pas de spectateur et de m'y rendre et j'ai bien apprécié sa soirée. Soirée qui a duré plus de deux heures et qui s'est déclinée en quatre temps sous les couleurs des relations inter-personnelles avec en filigrane la vulnérabilité, dixit le feuillet de la soirée, et au final, je suis d'accord.



Mais commençons par le début. À mon arrivée dans le café-bar qui sert de hall d'attente, peu de monde s'y trouve déjà. Il est vrai que le spectateur que je suis aime arriver tôt. Bien assis, en attente, je peux observer l'arrivée des spectateurs, puis ensuite "sans souliers" des interprètes. Cela commence par une chanteuse au banjo et d'une danseuse qui longe le mur de la place. Par la suite, de "partout", le lieu s'habite de "drôles" de personnages qui dispersent des bouts de tissus, qui prennent possession de façon acrobatique de certaines tables et aussi vont au devant des spectateurs, dont moi. Les gestes que l'on découvre, pour peu que l'on soit attentif, nous les reverrons dans un tout autre contexte plus tard en soirée. Et discrètement, la porte de la salle s'ouvre, mais l'action étant dans le café-bar, personne ne la franchit sauf certains interprètes. Moi, j'hésite un peu, mais je m'y dirige à la suite de deux spectateurs entraînés délicatement par des interprètes-guides fort persuasifs. La salle est presque vide avec quelques interprètes en action dans les estrades. "Mon" banc est libre et je m'y dirige. Sur la scène, on peut découvrir quelques bouts de tissus.

Le temps passe et peu à peu les sièges trouvent preneur et la scène riche de sa blancheur, tâchée de bouts de tissus se remplit de personnages. Et une fois toutes les lumières éteintes, débute la présentation des trois parties toutes différentes qui pour moi, sont colorées d'abord  "bleu ciel", ensuite, "brun terre"  terre et enfin vert aqua.

Dans le premier tableau d'une trentaine de minutes, nous découvrons seize interprètes qui évoluent dans de grands déplacements dans lequel je voyais des astéroïdes en mouvement sur fond de poussières d'étoiles. L'ombre ne cachait pas les mouvements et les bris de rythme ne me faisait pas décrocher. Des relations humaines présentées de façon fort poétique et agréables à voir. Ce que j'aurais fait plus longtemps encore. Des relations qui amènent au dévoilement partiel d'un des personnages sans que les autres en abusent.

Et puis arrive le deuxième tableau, fort bien amené par le fond de la salle avec les dix interprètes, une fois le rideau tiré. Et sur cette scène-terre, les bouts de tissus s'accumulent, orientent les relations humaines, les influencent aussi jusqu'à l'autre dévoilement. La trame musicale enrobe bien le propos chorégraphique et les changements de relief terrestre modulent le propos.

Et puis avec une entrée fort bien amenée, nous arrivent six interprètes pour le troisième et dernier tableau coloré vert aqua. Les bouts de tissus, toujours plus présents, comme des vagues affluent et refluent au gré des relations qui se nouent et se dénouent. Une certaine maturité des personnages émerge tout au long de ce tableau. Et encore une fois dans ce cercle fort habilement créé par ces bouts de tissus qui sont amenés par tous les interprètes, le dévoilement ultime se fait devant nous. Il est total et devant tous les interprètes, revenus sur scène. Et puis arrive la finale à deux, la scène devenue vide de ses apparats textiles pour protéger cette femme soumis aux regards de tous. Et lorsque les projecteurs s'éteignent et se rallument, elle a disparu de son abri textile loin de nos regards.

Et les applaudissements prennent place pour accueillir les interprètes et le chorégraphe qui démontrent une satisfaction fort visible, ce qui rend le moment fort sympathique. De mon siège en première rangée, cette soirée m'a permis d'apprécier comment artistes professionnels, semi-professionnels et amateurs peuvent s'unir et embarquer dans une aventure un peu folle, (avouons le !)  pour proposer une oeuvre sincère et engagée. Félicitations, Vanessa Brazeau, Maryline Cyr, Janelle Hacault, Kyra Jean Green, Jee Lam, Léa Lavoie-Gauthier, Annie Arcand, Melissa Arredondo Lopez, Marilise Aubry, Rose Beaulieu, Hélène Bélanger, Marika Demers, Jennyfer Desbiens, Célane Dodier-Côté, Corinne Fels, Sophie Fournier, Laurence Gauvreau Pecek, Maude Guérette, Sarah Labbé, Judith Lacharité, Coralie Lali Lala, Vincent Lavoie, Gabrielle Morneau El-Hajal, Lysiane Munger, Julien Ouellet, Thaïna Rosinvil, Denis Tremblay et Caroline Vitello.

Au final, une belle soirée qui m'a permis de voir des mouvements sincères, des tableaux avec des amalgames de corps en mouvement fort bien réussis et un chorégraphe qui a voulu aller au bout de ses rêves et suivre sa "petite voix intérieure". Et moi, ce type de détermination, j'en suis friand. Voilà donc pourquoi, mes pas de spectateur de retour à la maison furent léger et pour la petite histoire, ont rencontré une moufette juste là, à l'arrivée, sans trouble, ni peur. Parce que des rencontres imprévues, ne se terminent pas toujours mal.

Et au Festival Quartiers Danses du 5 au 15 septembre prochains, il sera possible de découvrir les créations de certaines d'entre elles dont Kyra Jean Green et Janelle Hacault. Moi, j'y ferai un tour !


vendredi 6 juillet 2018

Sur mes pas en danse: Ma deuxième fois aux "Danses au Crépuscule" en bonne compagnie !

L'an dernier, c'était ma première fois et j'avais écrit à propos de ma sortie hors de ma ville à Repentigny, "Une sortie danse extérieure réussie pour laquelle il est important de mentionner que la technique (logistique, visuelle et sonore) était impeccable avec une organisation fort bien accueillante avec ses bénévoles dans un lieu fort approprié à cet événement. Et soyez rassurés, je n'en rajoute pas, l'amateur de danse que je suis est tout à fait honnête."

Voilà pourquoi, cette année, je me suis rendu accompagné dans le fort charmant Vieux-Terrebonne pour découvrir la nouvelle mouture des "Danses au crépuscule" organisées par Dusk Dances (Sylvie Bouchard directrice et fondatrice) qui peut dire encore cette année, mission accomplie. Il nous est encore proposé un parcours dans les lieux pour découvrir cinq œuvres toutes différentes pour tout public. Mais tout se mérite pour l'automobiliste que je suis parce qu'il y a du monde et "ben" des automobiles dans les petites rues qui entourent le Théâtre du Vieux-Terrebonne, lieu de départ de la soirée. Mais, comble de bonheur, un piéton pour me remercier de ma courtoisie me guide jusqu'au lieu de stationnement de son véhicule, pas trop loin, qu'il me laisse gentiment!

                                                 Affiche tirée du site internet de Dusk Dance

Le temps de faire quelques pas, nous nous retrouvons sur le bord de la rivière des Milles-Îles aux abords de la piste cyclable, profitant de la brise et de l'ombre d'un arbre pour attendre le début de la présentation.

Le tout commence à l'heure par une séance collective de danse dirigée par Joseph Audain. Séance que j'ai, évidemment, observée sur le côté en faisant deux constats, d'abord, ma place est vraiment avec celles des spectateurs et ensuite qu'il est possible pour d'autres, bien dirigés, d'apprendre rapidement à faire de fort beaux mouvements. Une fois les trente minutes de formation faites, quelques "élèves"-volontaires nous ont permis d'en découvrir le résultat, fort bien réussi.

Une fois les dernières notes de la musique envolées, nous arrive, comme l'an dernier "Madame Rose" (Nina Gilmour), toujours aussi pétillante Elle nous explique les règles de base de la soirée, dont celle de se taire lorsqu'elle actionne son klaxon manuel et elle nous accompagnera fort habilement tout au long de la soirée. Les spectateurs de tout âge présents embarquent dans le jeu et nous nous dirigeons vers le premier lieu de présentation, sur une pelouse derrière le théâtre. Derrière un cordon jaune, nous devons prendre place et d'un petit banc pliable nous pourrons disposer, sans cacher personne derrière, nous le rappelle madame Rose.

Sur la pelouse, il y a une petite tente pour "Tenterhooks de William Yong avec Zachary Cardwell, Alison Keery et Brendan Wyatt. Et tout à coup, nous apparaissent, tête en premier, les trois protagonistes de cette journée de camping fort bien occupée. Utilisant de très nombreux accessoires qui comme d'un chapeau de magicien surgissent de cette petite tente, nous aurons droit au rituel matinal, aux activités de plein air du bord de l'eau (pêche, canoë, nage), mêlant la danse et le théâtre. Le tableau de la pêche s'avère fort bien réussi. Mais de ce trio de deux hommes et une femme, nous verrons aussi les tiraillements et les efforts de séduction de deux gars envers la "belle". Comme pour une journée de plein air, le tout se termine fort bien, accompagné par nos applaudissements

Coups de klaxon de madame Rose qui nous invite à une marche pour se rendre jusqu'à une petite scène juste à côté d'une terrasse fort achalandée. Dos à nous, attendent les deux interprètes, Carmen Romero et Stephanie Pedraza pour nous présenter "UNO DOS Y TRES" de Carmen Romero. Présentée comme "une métaphore visuelle des conflits intérieurs avec lesquels nous met aux prises", le sérieux de l'oeuvre de flamenco surprend. Elle souffre aussi de l'activité de la terrasse juste à côté. Il en reste que pour peu, nous nous concentrions, les pas et les propos en espagnol percutent, résonnent et peuvent captiver avec en arrière scène la rivière et un immense arbre.

Applaudissements et coups de klaxon précèdent notre déplacement jusqu'à l'extrémité du parc, croisant au passage une bande de canards, vers un espace gazonné tout vide sauf quelques arbres qui prodiguent leurs ombres. Une fois tout le monde bien installé et l'animation de madame Rose complété, une courte phrase répétée nous est projetée par les hauts-parleurs, "Time wound't exist" arrive discrètement du côté droit un homme (Christoph von Riedemann) pour entreprendre la présentation de "Alpha Compass" de Karissa Barry. Comme l'indique fort justement le feuillet de la soirée, "ce solo explore la physicalité motivée par la signification potentielle de notre existence.." Cet homme s'exprime à "corps déployé" par ses déformations et ses vibrations physiques. Il prend possession de tout l'espace et s'appuyant parfois aux arbres tout en arrière ou en s'approchant de nous. Il le fait jusqu'au moment pour partir au loin d'un pas calme et déterminé, vers son destin et nous, vers la prochaine oeuvre, après avoir applaudi. Pour ma part, c'est un de mes deux coups de coeur de la soirée, avec sa dualité cérébrale et physique fort bien interprété.

Nous attend pas trop loin, toute la gang de "Vuela Vuela, la danse" de "Dans son salon" avec Ariane Famelart, Mariejoe Foucher, Emmalie Ruest, Liane Thériault et des élèves du Collège Saint-Sacrement (Kate Nerly Cadet, Éliane Côté, Marie-Maude Côté, Pénélope Duval, Ève-Gabrielle Fortier, Keyla Gagné, Athena Kalaganis, Sofia Karamitsos, Kayla Kouri, Gabrielle Laflèche, Michaëlle Jade Lanoue, Mia Larivière, Émily Marchand-Thibault, Sophia Mazza, Océanne Moreau, Saskia Nord, Léa Robillard, Raphaëlle Turcotte et Maria Uribe Matias) dirigées par leur prof de danse, Karine Duchesneau.

J'avais déjà vu une version précédente de cette oeuvre. C'était l'an dernier avec quatre interprètes et une fois le soleil bien couché, éclairée par des projecteurs. Cette nouvelle version était toujours, sinon encore plus estivale et entraînante avec l'énergie déployée toute enrobée par la trame musicale (Benjamin Prescott La Rue et Guillermo Vergara alias Black Fly) utilisant abondamment la chanson "Voyage, Voyage". La présence de ces élèves avec ces interprètes professionnelles est fort bien utilisé pour créer une sensation de fête dont les effluves se déversent parmi les spectateurs. Pour le beau travail de préparation de ces jeunes filles (incluant des répétitions en pleine canicule) et pour le rendu fort bien réussi, il est mon deuxième coup de coeur de la soirée. Voilà une belle façon, pour ces jeunes filles d'adhérer au slogan de cet évènement, soit "Plongez-y!" dans la danse contemporaine !

À peine les applaudissements envolés, nous sommes attirés par les coups de klaxon pour nous rendre un peu plus loin dans le parc de l'Île-des-Moulins. Nous attendent deux "champions en titre de nage synchronisée pour petites piscines" devant, devinez !, deux petites piscines. Débute "Inner City Sirens, Part 2" de Julia Aplin avec Alison Keery et Brandan Wyatt (qui reviennent après leur prestation en levée de rideau), accompagnés par les musiciens Harrison Argatoff et Harry Vetro. Dans ce qui suivra, ils auront l'eau des piscines pour eux et les éclaboussures bienvenues pour nous. En duo, la trame chorégraphique divertit par la complicité-compétitive apparente des deux interprètes. Mais dans cette mécanique athlétique, des grains s'insinuent dans l'engrenage et le dérapage produit une fin inattendue fort comique.

Au final, une soirée tout en danse fort bien agréable. Loin des sujets chorégraphiques sérieux, voilà des oeuvres qui permettent à un grand public de découvrir comment par la danse, il est possible de passer un bon moment. Utilisant de façon fort habile les lieux extérieurs de la ville de Terrebonne, les organisateurs des Danses au Crépuscule ont, encore cette année, réussi un sans faute en cette soirée de première.