Mes pas sont de nouveau bien actifs et fort heureux de l'être depuis quelques semaines avec de belles rencontres culturelles, mais la proposition de Danse Danse avait un petit quelque chose de particulier et de différent. Parce que en ce mardi soir, je me rend découvrir une proposition chorégraphique avec vingt interprètes sur scène. Oui, devant moi, tout proche, je découvrirai pour une première fois une œuvre en présence (et non via le web) avec plein de gens qui l'incarneront.
Affiche de l'oeuvre. Crédit:LePetitRusse
Grâce à une synchronisation quasi parfaite des trois rames de métro, j'arrive "un peu" à l'avance (lire ici presque une heure !) et je prend place au début de la file à l'entrée du Studio-Théâtre du Wilder en position idéale pour une représentation de "Rhapsodie" de Sylvain Émard en admission générale. Dix minutes avant le début officiel de la représentation, les portes s'ouvrent et nous sommes invités à prendre place tout autour de la scène incluant les estrades. À mon entrée, les vingt interprètes sont déjà présents sur l'espace scénique et moi, après une brève hésitation, je me dirige première rangée côté cour. Peu à peu les gens entrent et moi je me mets à douter. Cette proximité de la scène qui ne me permettra pas d'obtenir une vue plus large de l'espace scénique et des déplacements qui s'y feront, est-ce une bonne idée ? Bon malgré tout, je maintiens ma décision, je garde ma place (décision que je serai fort heureux d'avoir prise, une fois la présentation terminée !) Une fois bien assis, je porte mon attention vers les interprètes et je reconnais bon nombre d'entre eux. Avant le début officiel, à tour de rôle, les interprètes se lèvent et semblent prendre leur envol ! Il y a quelque chose de fort dans cette partie de l'œuvre qui a tout de l'annonce d'un retour "à la normal" graduel, quel beau symbole !
Pause
Et de tellement libérateur, je suis tenté de penser pour le chorégraphe Sylvain Émard, en cette soirée de première, dont la création et la présentation a été fortement perturbée et longuement retardée par la pandémie. L'article de Léa Villalba dans le Devoir de samedi dernier est fort intéressant, entre autre, sur ce sujet.
Fin de la pause
Le temps du début officiel de la présentation de l'oeuvre approche et je ressens les gestes plus affirmés jusqu'à ce que les lumières autour de l'espace scénique s'éteignent, me faisant porter toute mon attention sur eux et elles qui, comme des plantes aquatiques se meuvent au rythme d'un courant sous-marin. Porté.es par une trame musicale fort riche (de Martin Tétreault & Poirier), Lou Ansellem, Sophie Breton, Charles Cardin-Bourbeau, Matéo Chauchat, Félix Cossette, Marilyn Cyr, Marie-Michelle Darveau, Janelle Hacault, Mathieu Hérard, Kyra Jean Green, Christopher Laplante, Alexandre Morin, Erin O'Loughlin, Mateo Picone, Raphaëlle Renucci, François Richard, Cara Roy, Marie-Philippe Santerre, Lila-Mae Talbot, et Camille Trudel-Vigeant se mettent "officiellement" en action.
Il s'en suit différents tableaux dans lesquels, le groupe fait, entre autre, corps ensemble pour évoluer et vibrer dans l'espace. Ce corps global se fragmente aussi de différentes façons pour produire des entités "vivantes" qui modulent leurs mouvements soit de façon identique ou de façon différente. Il arrive que l'individu se détache, mais je ressens qu'un lien "presque tangible" le relie aux autres et le ramènent éventuellement dans le groupe. Mon imagination est portée par ce que je vois !
Au final, "Rhapsodie", signée Sylvain Émard est une illustration chorégraphique fort poétique et condensée dans laquelle j'ai découvert le comportement "organique" d'une communauté tissée serrée.
Tout au long de mon retour à la maison et encore maintenant, je la conserve en mémoire.