Voici donc venu le moment de faire mes prochains pas (virtuels) sur la Passerelle 840 qui pour cette fois se déclineront en 5 soirées composées de 3 propositions chacune.
Pause
Pour ceux et celles qui ne connaissent cet espace de diffusion, permettez que je vous en fasse une courte présentation. À vrai dire, je reprendrai plutôt la présentation qui nous est faite sur leur site. "Passerelle 840 est un laboratoire-galerie créé en 1998 par le Département de danse de l'UQAM pour encourager et soutenir chez les étudiant.e.s un intérêt pour la recherche et l'expérimentation chorégraphique ainsi que pour favoriser l'acquisition de compétences liée à la conception, la gestion et la production d'un projet artistique."
Et moi "ces premiers pas", je les apprécie toujours pour leur diversité, leur audace et aussi pour leur fraicheur. Comment ne pas apprécier des jeunes qui ont des choses "différentes" à nous dire et à nous montrer ?
Fin de la pause
Donc au programme de ce premier week-end, les propositions des collectifs 841 et 842 et moi, j'y étais.
D'abord pour "ouvrir le bal", "Manifesti" fait de théâtre et de mouvements, de Claire Pearl avec Gloria Tousignant et Estelle Weckering se présente à nous de façon frontale et déterminée. De cet accueil en "duo-stéréo", j'en retiens surtout les paroles "can you hear me" et "I have a question !" tout en fait en phase avec ce que nous vivons maintenant, surtout si nous sommes des jeunes !
Il s'en suit une oeuvre qui amalgame les mouvements de Mélia Boivin et les effets visuels de Christopher Noël dans "COrps FONDRE", titre que j'aime beaucoup et qui dit tout! Tout comme le texte qui nous apparait en début et qui nous revient modifié fort habilement. Et comment me demanderez-vous ? Voici le début du texte dans ses deux versions. "duplicata maladroit - l'embrouille du souci de personne" devient "du plis que t'as, malade roi - l'an brouille du sous, si de personne"
Et tout au long de ce qui se passera devant moi, j'y vois un monde réel perturbé, riche de toutes ses couleurs "hautes en couleurs" qui intègre un corps que l'on voit parfois ou que l'on devine surtout. J'y perds mes repères malgré toute l'attention que j'y porte et cela me plait !
Cette première soirée se termine avec "Ici or somewhere else" de et avec Béatrice Cardinal. La description annonçait la suite, "Chaque corps habite un espace, un lieu. Nous décidons d’être ici maintenant ou non. Et si ces lieux que nous habitons se transformaient sous nos yeux en de nouveaux espaces à explorer? Est-ce que je prends la décision de rester ici, ou d’aller somewhere else ?"
La question est fortement philosophique et très actuelle et la réponse débute dans un cocon tout blanc où se retrouve cette femme qui me fait ressentir sa fébrilité, comme celui du papillon juste avant de sortir de son abri. Et une fois sorti, il y aura les fibres de la toile du destin qu'elle tente de manipuler ou de maîtriser, je ne saurais dire. Et comme dans le cycle de la vie, après les différentes intentions qui l'habitent ou l'habillent, illustrées ici par les différents costumes, nous découvrons sa réponse ! J'ai beaucoup apprécié la trame musicale qui était de la chorégraphe-interprète elle-même, comme je l'apprendrai lors de la discussion qui a suivi.
Une première belle soirée qui en prépare une autre le lendemain.
Et c'est donc trois autres propositions qui nous sont proposées. Le tout commence avec "Mirage" de Cyrielle Rongier qui nous présente différentes gammes d'émotion confinée dans un lieu extérieur (dans le parc Maisonneuve que j'ai reconnu !) Entouré par la neige, dans ce petit espace je vois celle qui affronte un adversaire invisible. Elle combat jusqu'au dernier moment, celui durant lequel le temps se fige dans son sablier hivernal !
Question de rester les deux pieds dans la neige, "(RE)PRENDRE TERRE" de Camille Gendron à la chorégraphie et Laurie Pouliot à l'habillage visuel. Cette femme prends possession de ce lieu extérieur boisé tout recouvert de neige pour faire corps avec lui. On la sent investie d'une mission tranquille mais déterminée à aller quelque part pour se métamorphoser. Tout ce chemin qu'elle fait, nous le découvrirons à la fin est pour reprendre terre en tout repos ! Un cycle de vie sur fond blanc. Je m'en voudrais de ne pas mentionner qu'il est impossible de ne pas ressentir pour elle le froid de la neige en contact tout au long avec sa peau nue (habillée d'un simple maillot) !
Le tout se termine avec "Carte blanche" de et par Johanna Simon et Léa Kenza Laurent, une oeuvre en trois temps. C'est d'abord dans une brume de plastique que nous découvrons ces deux femmes qui évoluent dans des mondes extérieurs "éthérés" parfois parallèles, parfois séparés. Elles semblent portées par un courant fort bien audible pour nous. Par la suite, elles prennent place en dedans dans une lente et déterminée démarche de libération. Et une fois leur corps libéré, elles "habillent" leur corps de matière blanche pour ? À moi, spectateur, de décider de la suite.
Ainsi donc trois propositions qui utilisent de façon intéressante la "matière blanche, sous différentes formes. Trois propositions qui complètent ce premier week-end sur la Passerelle 840.
L'heure n'est pas encore au bilan, mais malgré les difficultés et les contraintes rencontrées, l'imagination de ces jeunes a de quoi rassurer le spectateur que je suis pour les prochaines années, pandémie ou pas !