jeudi 23 juin 2022

Sur mes pas de spectateur à la rencontre de "Camille: The Story". Une absence que l'on "ressent" fort et bien !

 À la présentation de cette histoire, celle de Camille, mes pas m'y avaient déjà amené en 2019 et j'en avais gardé et partagé de belles traces.

 ( https://surlespasduspectateur.blogspot.com/2019/09/sur-mes-pas-de-spectateur-les-yeux.html).

Depuis, l'équipe de création a poursuivi son travail ("joyeux" défi en ces temps de pandémie !) et elle a préparé une version en langue anglaise qui est présentée au Centre Segal en ce début d'été. Voilà donc pourquoi, mes pas m'amènent pour découvrir cette plus récente mouture concoctée par Audrey-Anne Bouchard et son équipe d'interprètes, Peter Farbridge, Alexandra Laferrière, Laurie-Anne Langis, (aussi chorégraphe de cette proposition) Marc-André Lapointe, Sarah Leblanc-Gosselin and Joan Wiecha. 

Permettez moi de préciser, en entrée de jeu, que cette proposition théâtrale est bien particulière, parce que nous sommes dépouillés d'un de nos sens, habituellement fort sollicité, celui de la vue. En effet, avant d'entrer dans le lieu de "rencontre" (ou de non-rencontre) avec Camille, je devrai enlever mes lunettes et mettre un bandeau qui me rendra visuellement imperméable à ce qui se passera autour de moi, mais et ce "mais" est important, rendra en contrepartie, mes autres sens fort perméables.

Il en reste que s'il y a un sens dont je suis fort dépendant, c'est bien celui de la vision et malgré mon apparente désinvolture à m'en départir, il y a en moi, une angoisse fort bien présente, juste avant de faire cette rencontre, que je dissimule du mieux possible.


                                        Crédit: Diana Uribe et Carlos Alberto Rativa Gonzalez

Une fois rendu dans l'antichambre, je suis accueilli de façon fort bienveillante par une des interprètes (Laurie-Anne Langis). J'enlève ce que doit, soit mes chaussures, mon manteau, mes lunettes et mon carnet de note pour ensuite mettre le bandeau de façon bien étanche et confortable devant mes yeux. On nous présente avant d'entrer dans le lieu de présentation, les avertissements d'usage et les crédits. Ce moment me permet d' apprivoiser mon nouvel état de non voyant et de me mettre dans une position pour mieux ressentir ce qui suivra. Le moment venu, à mon bras, arrive la main pour me guider derrière le rideau jusqu'à mon siège avec, près de moi, je le suppose, les cinq autres spectateurs !

Pendant les premiers moments, fébrile, mon ouïe est en alerte guettant le moindre signe d'activité sonore qui s'avère être, en premier, le signal du déclenchement d'un répondeur. Non, ce n'est pas mon imagination ou celui d'un cellulaire d'un spectateur, parce qu'il revient à mes oreilles ! Et puis, le tout débute et tout au long de ce qui suivra, je découvrirai le résultat du grand vide créé par le départ de Camille par celui qui le ressent fortement, sinon douloureusement, son ami Pierre. Tout au long, nous "irons" en différents lieux, dont dans ce café. et son odeur fort caractéristique. "Mes pas" m'amèneront même à l'extérieur sous la pluie (!), sous un parapluie. De ces lieux, de ces rencontres et de ce que ressentent les personnages, je le perçoit fort bien grâce à mes autres sens. Cette écharpe, oubliée, récupérée et conservée, élément central de cette histoire, j'ai même le droit de m'en recouvrir pendant quelques instants et elle me fait grand bien. 

Pendant toute cette heure, je me suis senti, encore une fois, immergé par le vide créé par le départ de cette femme. Cette histoire présentée en langue anglaise, même pour un francophone que je suis, est très accessible. Et de la vivre sans sa vision y donne une "coloration" fort différente, intéressante, rehaussée même.

Si je devais rester assis tout au long de la représentation, plutôt que de me déplacer comme la première fois, durant laquelle j'avais même dansé (!), mon plaisir est resté tout entier tout au long. Je dirais même que cette perspective immobile de spectateur, mais totalement à l'affût, je l'ai préférée !

mardi 21 juin 2022

Sur mes premiers pas extérieurs estivaux en danse: "Vers l'autre" !

Profitant d'une petite éclaircie dans mon agenda, en ce début d'après-midi dominical, mes pas me portent jusqu'au Parc Laurier pour découvrir, "Vers l'autre", la nouvelle proposition déambulatoire extérieure de Lucie Grégoire en collaboration avec Corpuscule Danse. De cette chorégraphe, je n'en suis pas à mes premiers pas. Il y a d'abord eu ceux que j'avais découvert au Jardin Botanique de Montréal. "La route des envolées" en 2014. Depuis quelques autres rencontres avec ses créations, dont le très mémorable "Ciel et Cendres", toujours en 2014 à l'Agora de la danse, duquel j'en étais ressorti fortement ému.

Pause

Que le spectateur que je suis est heureux d'apprendre que l'Agora de la Danse présentera l'automne prochain son nouveau solo, "Dérives".

Fin de la pause

Mais pour l'heure, revenons dans ce parc. À mon arrivée sur la bordure sud du parc Laurier, toute l'équipe, dont Marie-Hélène Bellavance, Isabelle Poirier, Georges-Nicolas Tremblay, accompagné.es par Pierre Tanguay à l'accompagnement musical (avec entre autre, un hang que j'apprécie particulièrement !) se préparent à entreprendre leur périple qui est décrit fort justement comme "À travers une gestuelle ramenée à l’essentiel, des mouvements lents et des images fluctuantes, cette œuvre chorégraphique créée in situ pour trois interprètes et un musicien évoque la trajectoire d’êtres unis dans la quête commune d’un ailleurs inconnu. Leurs déplacements dans l’espace suggèrent l’idée d’une migration humaine."

Le moment du départ venu, c'est à un arbre, point d'attache, que ces trois humains entendent l'appel au départ pour s'en détacher. Leur cheminement, ils le font d'abord ensemble, mais comme la vie "le fait si bien", il leur réserve des moments troubles. Moments durant lesquels, l'une est portée, l'une tombe pour rester derrière, suivie par l'autre aussi, mais ce qui ne signifie pas la fin du parcours. Parce que suite aux chutes, les corps se relèvent et poursuivent, même à la course, leur parcours, nous entraînant à leur suite. Ils longeront cette clôture, symbole qui pour me parle fort dans notre société pas toujours très ouverte, tout en laissant des traces sonores de leur passage. Il y aura aussi ce moment en communion individuellement avec un arbre, comme une pause à l'abri. Durant leur périple, se dresse une butte, qu'ils gravissent. Moi qui la prenait pour leur destination finale, je comprends vite qu'ils sont encore en marche vers leur destination. Et une fois la destination finale en vue, leurs derniers pas se font avec une allure légère et festive qui s'accompagnera de nos applaudissements !

                                                             Crédit: David Wong

En ce début d'après-midi, dans ce parc riche en activités humaines de toute sorte, leur parcours a attiré l'attention des plus et des moins jeunes dont certain.es les ont suivis jusqu'au bout. Et à la demande de la médiatrice, nous sommes invités à laisser un mot sur un bout de tissus qui sera attaché à la clôture. Avec plaisir, je me mets à la tâche et, juste pour vous, je vous indique ma réflexion du moment, "aller jusqu'au bout, coûte que coûte, ensemble !"

 Voilà une de mes activités préférées de spectateur que celle de suivre ces déambulatoires publics, tout en observant la réaction du public autour ! Et pour ma première fois, cette saison, la chorégraphe a su très bien intégrer le lieu à son propos chorégraphique, fort accessible à un public de tout âge ! Ma saison extérieure commence du bon pied !


lundi 20 juin 2022

Sur mes pas au Fringe: "Le chant de l'infirmière" qui a tout d'un chant du cygne !

 Si cette proposition du Fringe a attiré mon attention, c'est parce que l'une des interprètes, je la connais et que je l'apprécie aussi. C'est donc pour découvrir Vanessa Seiler dans "Le chant de l'infirmière" que mes pas m'ont amené jusqu'au Studio Hydro-Québec du Monument-National en ce début de soirée post déluge. Je ne serai pas seul à y assister, parce que le hall est déjà fort achalandé à mon arrivée. Une fois les portes ouvertes, nous nous dirigeons tout en bas des escaliers dans le Studio Hydro-Québec que j'ai régulièrement fréquenté à une autre époque. Une fois assis, devant nous, je découvre un lit et une forme humaine dessus, recouverte par des couvertures. 

                                               Photo du livre de la pièce tirée du site Les libraires

Le moment venu, vient devant nous, une infirmière qui sera celle qui nous parlera d'elle et qui nous entraînera dans les différentes épisodes de cette femme dans ce lit et dont elle prend soin, pour ces derniers jours. Par la suite, cette femme, Antonia, (incarné avec justesse et intensité par Vanessa Seiler) ancienne actrice, sera devant nous, vivante pour revivre différents épisodes parfois tumultueux et ou complexes de sa vie. Viendront aussi devant nous aussi, ceux et celles qui ont fait parti de son histoire. Pour peu que l'on soit attentif à ce qui nous est présenté, la "vérité" peut s'avérer multiple et très relative, parce que "brouillant la ligne entre illusion et vérités", peut-on lire dans le descriptif de l'oeuvre. Difficile de décider de tout démêler, mais de cette femme, je fais le choix de prendre position dans son camp. Grâce aux témoignages et aux rencontres de ceux et celles qui ont partagé des épisodes de sa vie, les pièces du puzzle se mettent en place et leurs perspectives s'avèrent fort riches pour mieux me faire comprendre le "parcours" complexe de cette femme. 

Portée par le texte fort riche d'Emmanuelle Caron, cette pièce de théâtre, incarnée par Vanessa Seiler, Anthony Dubé, Naomi Jouan, France Larochelle, Martin Lair, Iris Merlet-Caron, Fred Lalancette, Jamel Ben Gharbias et Anne-Marie St-Louis a tout ce qu'il faut pour être présenté devant un grand public dans l'avenir. Et, j'en suis ressorti en me disant que j'aime donc ce festival (Fringe) qui me permet de découvrir des propositions de haute qualité avec des artisans qui le font par amour des arts ! Et moi, question de revenir sur son parcours, celui d'Antonia, je me promets de me procurer le texte de cette pièce pour revivre les différents épisodes de la vie de cette femme. 

dimanche 19 juin 2022

Sur mes pas au Fringe: Une rencontre "coup de foudre" avec Nisha Coleman et "Cornichon; un parcours perplexe vers la francophonie" !

 Cette rencontre était le pur fruit de mon instinct de spectateur. Avec des billets pour découvrir une proposition théâtrale dans ce même lieu, le Monument National, en début de soirée, la prolongation de ma présence dans ces lieux pour en découvrir une autre, à La Balustrade, d'une artiste qui avait déjà gagné un prix de ce Festival (Fringe), se voulait être gagnant. Et cela l'a été, comme un gros lot !

                                               Tirée du site de Nisha Coleman

C'est de  "mon siège" en première rangée que j'assiste à l'arrivée de cette femme qui réussit à me faire chanter, moi le spectateur fort passif ! Elle m'entraînera à sa suite tout au long de son périple, parsemé d'obstacles de toute nature, déterminée à devenir une francophone. Son point de départ est quelque part dans la province voisine toute ontarienne. Le tout débute dans son école avec une rencontre qui la marquera pour la vie, celle de Marie-Hélène. Elle réalise vite que pour apprendre le français, elle devra voyager et c'est ce que je découvrirai avec, entre autre, son séjour en France, lieu qui lui fait découvrir que la langue française peut se colorer de façon surprenante. 

Impossible de ne pas être totalement captivé par ce qu'elle nous raconte. J'aurai droit aussi à ses découvertes de certains aspects fort "curieux" de notre belle langue, qu'elle veut tellement faire sienne. 

En cette soirée, Nisha Coleman a été, pour moi, un réel coup de foudre, comme le festival Fringe m'en a proposé quelque fois dans le passé. Cette femme, avec sa présence et son propos ne peut laisser que des traces fort belles et profondes à ceux et celles qui la rencontre. Merci Nisha ! J'espère seulement que de ce passage au Fringe, ne soit pour toi et ta pièce que les premiers pas vers de nouvelles rencontres que je souhaite nombreuses !

samedi 18 juin 2022

Sur mes autres pas au Fringe: "Mon coeur s'allonge comme une éponge", une belle rencontre !

 C'est entre deux orages que mes pas m'amènent du métro Laurier jusqu'aux portes du Conservatoire de musique et d'art dramatique du Québec en franchissant les torrents d'eau fort présents aux différentes intersections. 

Ce ciel fort actif n'a rien pour inciter les amateurs du Fringe à prendre place dans les différentes salles de présentation en cette fin d'après-midi. C'est donc avec peu de gens autour, trop peu selon moi, que je prend place en première rangée dans le Studio multimédia du Conservatoire pour assister à "Mon coeur s'allonge comme une éponge" de Johanne Gour, interprété par Alexandra MacLean, dont j'appréciais une prestation pour une première fois !.

                               Crédit Justin Thomas, tiré du site de la chorégraphe

La scène est vide sauf, si on observe bien, deux souliers de pointe, loin l'un de l'autre. Si à l'extérieur de l'immeuble, mère nature nous propose son visage tourmenté, ici, nous sommes entourés d'un calme apaisant qui prépare à ce qui suivra. Et une fois les paroles d'usage énoncées, cette femme vient vers nous et arpente ce terrain, comme "à la recherche" de repères ! Les gestes sont secs et affirmés. Peu à peu, en moi, je ressens, plus que je ne vois, son histoire ! Cette histoire, avec différents épisodes de son parcours de vie, est parsemée d'hésitations, de circonvolutions, d'affirmation, mais aussi de recul et de prises d'appui. Avec ses gestes et ses déplacements, mais aussi avec son regard présent, parfois fort affirmatif, mais aussi parfois quelque peu absent, cette femme me fait ressentir un parcours qui a toutes les allures d'une carrière de danseuse avec des épisodes fort riches, rehaussés par des extraits musicaux et/ou chantés. Lorsqu'elle met ses pointes au pieds, elle semble aller, avec rigueur droit vers son destin. Une chaise aussi sera utilisée, symbole, à mes yeux, d'une pause avant de poursuivre vers l'avant.

Je confirme ce que le feuillet de cette oeuvre indiquait, "Parce que le corps est devant nous avec un sens particulier qui s'exprime et qui nous exprime, aussi comme lui seul peut le faire." Et en ce début de soirée, entre elle et moi, "le courant a passé" et cette rencontre a été réussie.

vendredi 17 juin 2022

Sur mes pas à des "Danses Kaléidoscopiques" chez "Vox": Le spectateur est fasciné et satisfait !

 Je dois l'avouer, cette invitation que j'ai acceptée avait surtout capté mon attention par la présence d'une des interprètes Alexia Martel et du chorégraphe Pierre-Marc Ouellette. Et en plus, elle me permettrait de découvrir un nouveau lieu culturel, et ce pour une deuxième fois, depuis peu, cette fois c'est, "Vox, centre de l'image contemporaine" ! C'est par un début de soirée fort diluvien que mes pas m'amènent donc dans le Quartier des Spectacles pour me rendre au quatrième étage de l'édifice coin Ste-Catherine et St-Laurent. 

                                                           Tirée du site de Vox

À mon arrivée, c'est tranquille dans le hall d'entrée, mais rapidement l'ascenseur ouvre régulièrement ses portes pour apporter de nouveaux spectateurs. Et une fois la porte de la salle de présentation, je trouve ma place en première rangée, pendant que les deux créateurs Manon De Pauw et Pierre-Marc Ouellette sont là, acceuillant.es dans le lieu de présentation, me semblant quelque peu fébrile, ce qui me semble compréhensible, compte-tenu que c'est soirée de première. Sans oublier que la présentation de ce projet a été plus d'une fois reportée à cause de la pandémie, information donnée par la personne qui m'a accueilli !

Donc devant moi, l'espace de présentation est relativement vide, sauf un mobile tournant qui projette un petit faisceau de lumière. Il y a aussi tout au fond des formes géométriques et des miroirs et enfin, de part et d'autres de l'espace de présentation (principal) deux postes de "travail".

Je crois utile ici de présenter le descriptif disponible sur le site internet pour mieux saisir le large spectre artistique de ce que je découvrirai bientôt. "Ce projet d’installation-performance met de l’avant une forme artistique hybride liant la danse contemporaine, la performance et les arts visuels et médiatiques. Il s’inspire d’une recherche historique sur le Ballet triadique (1922) d’Oskar Schlemmer, artiste phare du Bauhaus, à partir duquel l’artiste multidisciplinaire Manon De Pauw et le chorégraphe et danseur Pierre-Marc Ouellette interrogent le rapport entre le corps, l’image et la technologie."

Et le moment venu, chacun.e prend place et nous arrivent les trois interprètes en danse, Misheel Ganbold, Alexia Martel et Nikita Peruzzini qui, cela me frappe en entrée de jeu sont vêtues très différemment. 

Difficile de bien décrire la suite, malgré tous mes sens en alerte. L'espace devant moi a plusieurs personnalités et est modifié par celles qui l'habitent, sans que cela ne me distrait. Des tableaux me frappent plus particulièrement. Parmi ceux-ci, ceux durant lesquels, je voir des corps, leurs ombres, leurs projections et même leurs réflexions. Celui durant lequel l'écran derrière porteur de formes variables de couleurs qui se modifient pour accompagner celles qui dansent devant. Ce travail d'accompagnement est fait par Manon De Pauw dont je surveille avec intérêt par intermittence le déplacement des doigts sur sa table "blanche". Ce qui me permet aussi de redécouvrir le principe des couleurs complémentaires, parce que sous ses doigts la forme bleu devient projetée tout au fond, jaune. Ses doigts qui seront aussi présents sur l'écran de projection enrichissant le "propos" visuel.

Je suis fasciné par ces assemblages par des tableaux vivants avec des corps en mouvements et des couleurs projetées fort bien enrobé par la trame musicale (de Nicolas Bernier). J'en aurais pris encore longtemps ! Il y a aussi ce tableau durant lequel, les trois danseuses deviennent porteuses d'une tête de forme géométrique durant un tableau riche en couleurs. Chacune aussi aura son moment solo et même l'une d'elle pourra presque s'échapper du lieu à la suite des projections lumineuses. 

Tout au long, de mon siège fort bien choisi, sans le savoir, mon attention est restée captive et ma fascination maintenue constante, malgré de courtes transitions entre les tableaux. Il y a, selon moi, dans ce travail présenté, un fort beau cristallite pour produire dans une proposition plus longue un cristal aux mille facettes qui fera encore plus rayonner les différentes formes d'art qui la constitue. 


mercredi 15 juin 2022

Sur mes pas de spectateur en danse au Fringe: "Seven" qui ouvre aux perspectives de vivre avec les autres !

 Pour ma deuxième sortie à une présentation du Fringe, je vais assister à "Seven" de Naomi Gwynn, accompagnée sur scène par Sylvia Berman, Brittney Canda, Lauren Buchardt, Ariane Levasseur, Aicha Benchaaboune, and Benjamin Alexandor. Pour cela,  j'ai fait de la place dans mon agenda. Parce que voyez vous, parmi les interprètes, il y avait Ariane Levasseur que j'ai pu découvrir  et apprécier plusieurs fois depuis quelques années, que ce soit dans les présentations du Département de danse de l'UQAM ou dans celles des différentes Passerelle 840. Il en reste que c'est de la danse et que je suis bien curieux. C'est donc bien assis dans la première rangée du La Chapelle que j'attends le début devant une scène vide sauf dans le coin gauche. tout au fond, un divan.

                                                                Tirée du site du Fringe

Le moment arrivé et entouré de plusieurs autres personnes tout autour, se présente à nous des femmes dans une introduction intrigante pour rapidement mettre la table à l'arrivée de ce groupe (sept interprètes) et de ce fauteuil qui tente de nous présenter une image de groupe heureux ou presque derrière ces sourires d'apparat !

C'est par la suite, que le propos se présente et qui pour moi me rappelle, à certains égards, les relations de ces jeunes dans "L'auberge espagnole" de Cédric Klapisch (sorti en 2002) et dont je conserve de belles traces !

Pause

Le hasard fait bien les choses, parce que voyez vous, de ce réalisateur sera présenté prochainement sur nos écrans de cinéma , "En corps" dont le sujet porte sur la danse contemporaine. J'irai !

Fin de la pause

Tout au long de ces trop courtes vingt-cinq minutes, nous verrons différentes déclinaisons chorégraphiques de leurs relations avec les corps qui portent fort bien les différents états, dont ceux de solitude ou d'être avec un ou une autre ou d'être plusieurs. Dans la vie de groupe, il y a celle qui pleure, celle qui rit, celle aussi qui tente de sauver les apparences. Mais que cachent ses visages souriants lors de la photo de groupe, voilà un moment qui me marque. 

Les gestes expriment fort habilement ces relations, ces va et vient dans un groupe. Une oeuvre qui porte son histoire tout en nous permettant d'y trouver la nôtre ! 

lundi 13 juin 2022

Sur mes pas de spectateur, oups !! non de participant, fort heureux tout au long du Parcours doux proposé par Lorganisme !

 Lorsque sur mon fil FB est apparue cette invitation de la belle gang de Lorganisme, elle a attiré mon attention. Une fois ma lecture faite, je ne pensais pas qu'elle s'adressait à moi, puisque je lisais "Ouvert à toute personne ayant une pratique en arts vivants, y compris les étudiant·es." Et j'ai passé à autre chose. Mais le destin peut se faire insistant et pourquoi ne pas l'écouter. Voilà donc pourquoi lorsque quelques jours avant le moment prévu, j'ai vu qu'il restait quelques places, je me suis dit "et si je m'y rendais comme spectateur ! Ah je vous sens surpris.e ! Je tâte le pouls auprès d'une des membres de la gang. Rapidement et sagement je suis orienté vers un rôle de participant. Quelle recommandation avisée, chère Caroline !

Il en reste que la veille et la nuit précédente, le "spectateur" était quelque peu nerveux et craignait sa posture possible d'imposteur. Parce que voyez vous, dans le monde de la danse, je suis un spectateur et non pas un artisan. C'est avec, au fond de moi, un petit quelque chose craintif que mes pas me portent jusqu'à l'entrée du Parc Frédéric Back (et d'un de mes endroits de prédilection pour mes sorties de course !) pour rencontrer les artisans de cette rencontre, Caroline Laurin Beaucage, Sébastien Provencher et Sovann Rochon-Prom Tep et leur complice Mélanie Carpentier.

                                                  Tiré du site FB de Lorganisme

À mon arrivée, la majorité de la quinzaine de participant.es sont déjà là et je suis bien accueilli. La pression baisse Robert et Robert est fort heureux et soulagé aussi. J'ai beau bien les connaître, être rassuré, ça fait du bien !

Une fois tout.es les participant.es arrivé.es, nous sommes informé.es d'abord que l'initiatrice de ce projet est Anne Thériault, membre du collectif en réaction à la situation pandémique. L'an dernier, il y a eu d'autres randonnées dans des "Parcours doux", dans d'autres grands parcs. Pour cette fois, c'est dans ce grand parc toujours en évolution que nous évoluerons pour prendre conscience de nos perceptions sensorielles. Les grandes lignes des trois heures et demie nous sont présentées et là mes craintes tombent et je me sens d'attaque ! Je ne reviendrai pas sur chacune des étapes de ce périple, mais permettez moi d'en décrire quelques-unes et aussi de partager mes impressions durant et après.

Dans la "grande descente", on nous propose de prendre conscience de ce que nos pas font et que notre tête ressent. Il en reste que pour le coureur que je suis, cela demande une période d'acclimatation. Il en reste qu'avec les pas faits, la découverte des lieux se fait aussi avec la découverte fort riche de cet arbre qui émerge de la paroi rocheuse. Mon regard y restera attaché le plus longtemps possible et ma fascination pour cette "anomalie" est un signe de ma présence parmi elles et eux ! Et cet arbre semble bien heureux de sa posture, quoi de plus à ajouter !

Un peu plus loin, nous sommes invité.es à poursuivre notre périple en binôme. L'un.e des deux marchant les yeux fermés sur le sentier pendant que l'autre veillera à ce que tout se passe bien. Je serai celui des deux qui fermera les yeux en premier pour entreprendre cette "tâche" ! Rien de surprenant, mes premiers pas sont "à la dérive" et ma compagne du moment travaille fort et bien à me permettre de rester "dans le droit chemin" ! Il en reste que peu à peu, les yeux fermés, chemin faisant, ce parcours se fait "doux" et droit et j'entends des sons ambiants tout autour de façon plus clairs. Il y aura bien ces avions qui passent au dessus de moi et les travaux fort audibles pas trop loin, il en reste que le chant des oiseaux tout autour se fraient un chemin tout en moi. Devenant "l'ange gardien" de ma binôme, j'arrive à trouver la façon de la guider sans lui parler. Indice de mon truc, la façon que mes pas touchent le sol de gravier. Et elle comprend vite !

Un peu plus tard, autre "exercice" fort riche et particulièrement réussi. Celui proposé par Sébastien qui nous demande de former un autre binôme pour faire en duo, des mouvements. Avec ma voisine, je forme ce binôme et durant les prochaines minutes, le moment fort de ce "Parcours doux" et pourtant ! Durant un certain temps, nous devrons suivre les mouvements de l'autre, les "convoquer". Être attentif à l'autre, mais pas seulement, inviter l'autre aussi, Autrement dit, s'appuyer sur les gestes de l'autre, s'appuyer sans appui et y puiser une source pour les prochains à venir. Cette source intarissable pour autant que l'on soit attentif. Il y a eu dans ces moments, même pour moi, tout vieux que je suis, une source fort riche d'enseignements ".

S'en suivent les moments que nous pourrons utiliser pour produire avec des dessins, ce que je ne ferai pas, évidemment (!), mais durant lesquels je remplirai, pour moi des pages de mon cahier, fidèle complice de mes sorties pour les partager au groupe par la suite. Il y aura aussi cette discussion, toujours en binôme pour échanger sur chacun.e de nous et de nos projets à venir ! Encore là, pour moi des moments riches.

Et parce que, voyez vous, toute bonne chose à une fin, nous sommes invité.es au rassemblement final qui a tout du bilan. Pour ma part, je l'exprime, comme spectateur en danse, ma priorité est la rencontre et tout au long des moments passés, j'en ai vécu de belles de toute nature. Mon seul regret est que le temps a manqué pour en faire d'autres. Heureux problème dirait le sage.

Je repars de ce grand parc fort heureux, mais aussi surtout reconnaissant envers les organisateurs de cette initiative qui m'ont permis des échanges et des rencontres de toute sorte. Et aussi du commentaire de l'une des participante qui, pour me rassurer, m'a dit, "mais Robert, tu fais parti du "monde" de la danse !"

Les trois kilomètres du retour à pied jusqu'à chez moi ont été faits avec bonheur et légèreté ! Et qui sait en espérant des prochains !

dimanche 12 juin 2022

Sur mes premiers pas en danse au Fringe: "Corps commun", une poésie chorégraphique florale dévoilée là, tout juste devant moi !

 Même si pour cette édition du Fringe, mes pas ne seront pas aussi nombreux que je le souhaiterais, il en reste qu'il en aura et les premiers ont été vers le La Chapelle pour assister à "Corps Commun" de la compagnie Le Black Hole - art chorégraphique de et avec Virginie Desroches, Marie-Ève Dion et Claire Jeannot.

                                                                Tirée du site du Fringe

Bien installé dans mon siège en première rangée devant une scène toute vide, j'attends que les sièges trouvent preneurs et preneuses autour et derrière moi et parmi eux, il y aura de jeunes enfants. Ce qui me permettra de déterminer la réception d'un large public de ce que nous découvrirons. Et une fois le moment de débuter arrivé, les lumières se ferment et mes yeux se mettent aux aguets ! Avec la lumière du projecteur qui se met en action, je découvre cette femme, là juste devant moi. Mais de elle, je passe aux elles parce que derrière, je soupçonne d'abord et je découvre ensuite qu'il y en a deux autres. La superposition suivie d'un léger décalage est bien réussie. Peu à peu, les gestes se déploient, pour me présenter l'image d'une fleur qui éclot. Voilà une début qui promet !  La suite sera tout aussi poétique, intimiste et mystérieuse aussi ! Cette fleur qui éclot, le pollen est fort fertile sur cette scène ! Pour ma part, j'en retiens surtout les ondulations des bras et aussi les mots énoncés de l'une, dont "pivot", "cercle" qui dictent les mouvements des deux autres. 

Voilà une trentaine de minutes qui permet au spectateur que je suis de rester river aux gestes fort bien présentés et d'y trouver sa signification. Une proposition tout en sobriété, qui selon moi, mériterait d'être allongée et représentée dans un proche avenir. Et à l'écoute de commentaires entendus en sortant de la salle, je n'étais pas le seul à le penser ! Et les jeunes enfants auront été bien sages tout au long, ce qui est un signe de la qualité de ce qui a été présenté ! Donc, bravo et merci mesdames !

 

vendredi 10 juin 2022

Sur mes derniers pas au FTA, édition 2022: "M'appelle Mohamed Ali", une proposition qui a du punch !

En cette dernière journée du FTA, mes pas m'amènent jusqu'aux portes du Quat'sous sur l'avenue des Pins. S'y rendre a tout du parcours du combattant à cause des travaux tout aussi "interminables" qu'importants sur cette avenue et surtout devant ce théâtre. Il en reste que nous serons nombreux à franchir les obstacles et c'est une salle comble (qui sera comblée !) que "M'appelle Mohamed Ali" et sa distribution (Lyndz Dantiste, Fayolle Jean Jr., Anglesh Major, Maxime Mompérousse, Widemir Normil, Martin-David Peters, Rodley Pitt,  Franck Sylvestre, Tatiana Zinga Botao) investie la scène !

En entrée de jeu, nous découvrons un homme seul qui revêt le personnage de Mohamed Ali alias Cassius Marcellus Clay Jr, boxeur iconique. Ses paroles, en introduction, sont intenses malgré le ton calme qu'il adopte. Et puis nous arrive différentes incarnations de ce personnage. Il en résulte par la suite, d'une proposition qui a du punch, comme je l'entends sur scène "frapper si fort dans l'oeil du spectateur". Toujours ensemble sur scène, les différents interprètes se relaient la parole pour nous présenter différents aspects de la vie de cet homme. Des perspectives sur la boxe et de différents adversaires qu'il a eu, dont George Foreman, mais aussi, et moi cela m'a particulièrement touché, sur les raisons de son refus d'aller à la guerre au Vietnam. Sur cet aspect, la pièce, selon moi, insiste fort bien et, les "jabs" sur ce sujet portent !

Pendant plus d'une heure trente, je ressent ce que Tatiana Zinga Botao (metteure en scène avec Philippe Racine), indiquait dans une entrevue sur le site du FTA,  "Nous souhaitons aussi partager un autre constat, c’est que nos combats, ces combats que l’on vit au quotidien et dont il est question dans le texte, se transmettent malheureusement de génération en génération. On peut encore très bien s’identifier à Ali et à ses revendications, et faire nôtres celles d’Étienne, comédien africain.". 

Ce partage est fort, il me touche et il m'ébranle comme spectateur. Lorsqu'ils entament la longue litanie d'expressions qui débutent avec le mot qui commence en "n", je suis tenté de dire "I quit !" Mais abandonner, n'étant pas une possibilité, je suis resté là à encaisser les mots !

Voilà en fin de festival, une proposition, à l'image de sa programmation, qui "décoiffe" et qui ébranle. Action nécessaire pour nous garder ouvert aux réalités différentes aux nôtres (lire ici québécoise). Ouvert, mais aussi surtout réceptif, je serais tenté d'ajouter !

mercredi 8 juin 2022

Sur mes pas au FTA: Du théâtre documentaire qui porte fort avec "Laboratoire poison" et que j'ai "adoré" !

 Je dois l'avouer, ce billet (siège A1), je me le suis procuré très rapidement (lire ici sans lire le descriptif) ! Bon OK, ce n'était pas de la danse, mais il n'y a pas que cela dans la vie, hein Robert ! Les jours précédents la présentation et de m'y rendre, j'ai lu que j'aurais droit à du théâtre documentaire sur des enjeux fort complexes de notre monde. Quelque peu familier, mais surtout très intéressé avec cette forme théâtrale, j'étais fort heureux de ce reflexe (d'achat). Sans vouloir trahir quelques surprises de ce que j'ai pu découvrir pendant les presque trois heures de prestations, je peux affirmer que sous une apparente simplicité, Adeline Rosenstein et toute son équipe (Aminata Abdoulaye Hama, Marie Alié, Habib Ben Tanfous, Marie Devroux, Salim Djaferi, Thomas Durcudoy, Rémi Faure, El Bekkari, Titouan Quittot, Adeline Rosenstein, Talu, Audilia Batista, Jérémie Zagba), tout au long des trois tableaux, d'un épilogue et de quelques surprises ou digressions fort bien réussies m'ont captivé et ravi. 


Mais pas seulement captivé et ravi, instruit aussi ! Sur ces évènements historiques, plus ou moins récents dont certains se sont produits lorsque j'étais un projet d'avenir pour mes parents ! Comment jouer sur les mots et sur les images et aussi, comment utiliser la dualité du sens des mots. Adeline Rosenstein, (la metteuse en scène, comédienne et dramaturge suisse, établie à Bruxelles) indiquait dans une entrevue publiée dans Le Devoir, que son spectacle est très accessible. Sur cette affirmation, je serai partiellement d'accord avec elle. D'accord avec elle sur le fait que le tout reste fort accessible et surtout très instructif, dont les exemples du "canard-lapin" et du "coup de la bâche". Il en reste que la quantité d'informations et leurs complexités sur trois segments historiques (les partisans belges durant l’Occupation allemande, à la guerre d’Algérie et à la décolonisation du Congo belge) restent fort importants et demande une attention constante. Mais, soyez rassuré.e, si vous décrochez, vous ne resterez pas longtemps sur la touche, parce que rapidement, procédé théâtral fort habile à votre secours, vous serez récupéré pour la suite.

Pour ma part, j'en suis ressorti tout aussi satisfait qu'heureux ! "Laboratoire poison" est un autre bel exemple de ce que le FTA peut nous présenter pour nous ouvrir les yeux autant sur des réalités que sur des perspectives !


mardi 7 juin 2022

Sur mes pas en danse: Une rencontre pour aller de l'avant avec Esther Gaudette avec "DRIVE" !

 Guidé par la chorégraphe et interprète, Esther Gaudette, je me dirige en fin de soirée (lire ici pour 21h30) vers le nord de la ville ( La Cenne, boulevard St-Laurent) pour découvrir sa proposition, "DRIVE". Cette artiste, j'avais déjà vu plusieurs pas sur scène dans des créations de Daniel Léveillée et aussi sa présence tout intense dans "When the ice melts, will we drink the water ?" de Daina Ashbee. Cette fois, ce sont ses propres "pas" qu'elle me présentera et je suis bien curieux de les découvrir. Dire que cette femme a une forte présence sur scène, serait un euphémisme.

                                                            Affiche de la soirée

Arrivé "un peu" à l'avance, je suis fort bien accueilli. Peu à peu les gens arrivent et nous sommes invité.es à entrer dans le lieu de présentation dans lequel on retrouve des rangées de sièges sur trois côtés, sièges qui proviennent de la vieille version du théâtre de Quat'Sous, m'informe-t-on, mais qui sont encore très confortables. Le spectateur expérimenté que je suis se dirige vers le milieu de la première rangée face au fond de l'espace scénique. Décision dont je me féliciterai jusqu'à la fin de la présentation.

Le moment venu, nous apparait, tout au fond un personnage tout camouflé sous des vêtements et aussi et surtout sous un masque (comme celui des athlètes en escrime). Les premiers sont forts et brusques, annonciateurs d'une révolution intérieure à venir. Révolution libératrice, je suis tenté de penser en les découvrant. Et je ne me tromperai pas, cette femme évolue là juste devant et vers moi, se libérant d'un passé contraignant. Je crois même découvrir sa souffrance derrière ce masque lorsqu'elle avance en ma direction. Elle me donne toute la matière, fort bellement par ailleurs, pour y créer mon histoire, celle de la chenille et du papillon, plaisir fort apprécié du spectateur que je suis. 

Et puis ce que je découvre en deuxième partie de cette proposition, après une courte transition, c'est une femme métamorphosée, "richement habillée" qui s'exprime et de ces gestes j'en aurais pris encore et encore. Mais le tout se termine et moi, je remets mes pas en marche pour revenir à la maison, dans l'espoir de revoir cette oeuvre enrichie ou non, dans un proche futur, parce que "Drive" a du chemin à faire sur nos scènes. 

Sur mes pas au FTA: À la suite de ceux, toujours aussi troublants, de Lara Kramer avec "Them Voices" !

Lorsque j'ai consulté la programmation de l'édition actuelle du FTA, j'y ai trouvé une proposition qui résonnait de façon spéciale en moi, celle de Lara Kramer, "Them Voices" ! Dans sa présentation était écrit, "Née d’un spectacle présenté dans le jardin du Musée d’art contemporain de Montréal l’an dernier, la nouvelle version "intérieure" (les guillemets sont de moi !) de ce solo explore la relation entre le corps de l’artiste et sa mémoire, par le biais de la performance, la critique sociale et la notion de résistance culturelle." Et à cette "naissance", j'y étais et curieux d'en découvrir les pas suivants ! Voilà donc pourquoi, je me suis procuré mon billet pour me rendre à l'Espace Libre, lieu de ma première rencontre avec une de ces oeuvres "Native Girl Syndrome", il y a plus de six ans (ah, que le temps passe vite !).


Pour cette rencontre, nous entrons dans le lieu par la grande porte extérieure rue Fullum qui restera ouverte tout au long de ce qui suivra. Ce qui permettra de laisser entrer les effluves "extérieures" de tout autour en lien avec la présentation précédente. Et, ironie !, il y aura ce passant qui interviendra durant la prestation, question de pimenter la proposition d'une touche urbaine fort réaliste.

Pause

Mère Nature a de la suite dans les idées, parce que voyez-vous, l'an dernier dans le jardin, c'était frisquet. Cette fois, assis sur mon siège, une légère brise était bien présente et bien ressentie, moi qui avait une chemise à manche courte !

Fin de la pause

Me voilà donc bien assis au milieu de cette longue banquette de première rangée. Les gens trouvent place pendant que Lara Kramer effectue certaines tâches dans le coin gauche de l'espace scénique. Ce qu'elle fait, impossible de savoir puisque cachée derrière un sofa. Devant nous, une longue toile blanche qui semble recouvrir des objets, il y aussi dans cet espace tout en largeur, différents autres objets dont une margelle. 

Et puis arrive le moment de débuter, une fois dits les mots d'usage des deux co-directrices. Et ce que nous découvrirons par la suite ne peut laisser indifférent. Que ce soit par ces longs moments de silence durant lesquels, elle reste immobile ou par ses déplacements ou par ses actions ou par ses métamorphoses vestimentaires. 

Cette première fois où elle reste immobile, impossible, selon moi, de ne pas ressentir un certain malaise pendant que nous l'observons, à l'affût de ses moindres gestes, si petits soient-ils. Peut-on s'habituer à ces moments sans être interpeler ? Ma réponse est simple et c'est non. 

Ce qui me frappe aussi, tout au long, c'est que son visage est presque toujours caché par ses cheveux. Cet anonymat ne sera brisé qu'après un bon bout de temps, pour un court moment durant lequel, elle nous regarde dans les yeux avec une expression faciale frondeuse et interpellante. 

Il y a eu aussi ce tableau que je me souvenais fort bien, celui durant lequel, elle extirpe de sous la toile, ce sac de terre qu'elle éventre. Encore, cette fois, le moment me frappe fort et résonne en moi. Symbole, pour moi, de l'enfermement des sien.es, cette terre est libérée dans cet espace cimentée et métallique avec des lumières crues qui ont tout d'une symbolique urbaine.

Je pourrais continuer à décrire malhabilement tout ce que j'ai vu tout au long, mais, la seule façon de bien  comprendre, c'est d'y être. Le tout se termine de façon fort symbolique lorsqu'elle réussit à se faire un chez soi, sans un toit !

Encore une fois, pour moi, la "magie Lara Kramer" a agi et le passage du temps n'a pas eu de prise depuis la première fois avec ces "Them Voices". Cette femme a une présence irradiante, telle celle d'un corps noir, dont les radiations "mystérieuses" pénètrent en nous pour porter son message et, dans mon cas, me toucher tout au fond de moi !

vendredi 3 juin 2022

Sur mes pas au FTA: Retour sur une première semaine fort éclatée et éclatante.

En cette semaine presqu'estivale, j'avais quatre oeuvres à l'agenda pour mon FTA. Quatre propositions qui m'ont amené dans des univers singuliers, pas toujours faciles à suivre, mais qui ne m'ont jamais fait perdre mon intérêt.


Ça commencé au La Chapelle, avec "High Bed Lower Castle"  de et avec Ellen Furey et Malik Nashad Sharpe. J'étais averti, une phrase du programme résumait le tout, "Évacuez vos attentes, visez les projections". Dès le départ, deux êtres tout sombres, apparaissent dans le fond de la salle. De leur déplacements, j'y vois des traces que l'on fait, des traces que l'on ne fait pas, mais pour les uns ou les autres, que l'on suit. Le tout prend une tournure d'abord cérémonial et ensuite initiatique et lumineux lorsque ce coffre est ouvert. Les deux personnages évoluent, se métamorphosent en différentes incarnations que je suis attentivement. Ayant suivi scrupuleusement le conseil donné, les projections se sont faits en moi tout au long de ce conte moderne! Ce qui m'a permis d'avoir une autre belle soirée au FTA !

Ma deuxième soirée avec un programme double a débuté à l'Usine C pour assister à "Lavagem" de la chorégraphe brésilienne Alice Ripoll. Lorsque nous sommes invités à prendre place dans la salle, nous pourrons découvrir des sièges des quatre côtés de l'espace scénique. Il y a des chaudières rouges avec de l'eau. Serons nous à l'abri des éclaboussures si proches ? Cette réponse, je la garde pour moi, mais ce que je peux dire, c'est eau pas eau, les ondes de toutes natures se sont propagés allègrement dans ce qui allait suivre. 

Le moment arrive et les lumières s'éteignent pour laisser place à un grondement humain intense pour ensuite se traduire par l'apparition d'une toile bleue tout en boule qui contient les six interprètes qui nous apparaissent. La suite se présentent dans différents tableaux durant lesquels l'eau et les corps, tout comme la mousse produite font bon ménage. Le tout est présenté de façon fort ordonnée et méthodique, même si cela ne le parait pas tout le temps. Un tableau fort, selon moi, est celui durant lequel ces corps s'assemblent pour créer des structures humaines à travers lesquelles, s'insèrent et s'expulsent, sans friction un corps ou deux corps. Je suis fasciné de les voir dans une apparente improvisation, mais pour peu que l'on soit observateur, demande une rigueur d'exécution évidente. Une proposition audacieuse et surprenante qui m'a fait sortir de mes sentiers habituels comme le FTA peut le faire.

Dès la fin des applaudissements, mes pas me portent rapidement plusieurs rues plus loin, jusqu'au Wilder à la Salle Rouge pour découvrir la plus récente création de Catherine Gaudet, "Les jolies choses". En toute efficacité de déplacement, je me retrouve dans les premiers dans la file, merci chers pas ! Cette proposition, je l'anticipais, devrait être un de mes moments forts de cette édition du FTA et elle le fût ! Pourquoi , vous me demanderez, peut-être ? D'abord, cette chorégraphe que je suis depuis un bon bout de temps, j'en apprécie chaque proposition et aussi à cause des commentaires entendus qui  étaient fort positifs. En cette soirée de dernière, le début a tardé, le temps que ceux et celles qui étaient sur la liste d'attente, prennent place sur les sièges encore disponibles.

Et une fois le moment arrivé, émergent du noir, cinq êtres (Francis Ducharme, Caroline Gravel, James Phillips, Scott McCabe et Lauren Semeschuk) immobiles ! Et puis, nous apparait le mouvement subtil de l'une qui se propage aux autres. La suite a tout de moments métaphysiques, de la mécanique quantique qui sans sens apparent, intriguent et captivent. Pendant toute la durée de ce "périple", les corps me semblent comme déshumanisés. Il en reste que de leurs efforts incessants, nous serions presque convaincus qu'ils ne sont pas humains si ce n'était de la sueur qui apparait peu à peu sur leur maillot, bien visible de "mon" siège en première rangée.

De ces déplacements en apparence fort simples, il s'en dégage une énergie irradiante qui me captive. Le tout passe si vite que lorsque le tout se termine, il me faudra revenir "sur terre", pour laisser place à mes  applaudissements enthousiastes et bien mérités. Je me fais une promesse, cette oeuvre, je la reverrai !

Et comme dernière sortie de cette semaine, mes pas m'amènent dans un lieu peu familier pour y découvrir de la danse, soit la Salle polyvalente de l'UQAM, sur Sherbrooke, pour découvrir "Make Banana Cry" d'Andrew Tay et Stephen Thompson, accompagnés sur "scène" par Francesca Chudnoff, Hanako Hoshimi-Caines, Cynthia Koppe, Sehyoung Lee. Fidèle à mes habitudes, je serai un des premiers à entrer dans la salle, une fois que mes chaussures soient recouverts de "couvre-chaussures" tout aussi mauves que couvrants ! À mon entrée, je suis invité à visiter le lieu et les exhibits exposés, tout autour du "cat walk". C'est ce que je ferai, une fois "ma" place choisie. Une fois les sièges occupés et les mots d'accueil dits, les lumières s'éteignent. Et de cette obscurité, nous arrivent ces corps tout camouflés qui arriveront et partiront. Avec une intrigante évolution, ces corps anonymes se dévoilent peu à peu et nous révèlent une vaste gamme de diversité fort riche et irradiante. Comme il est possible de le lire sur le site du FTA Stephen Thompson indiquait que "Nous jouons consciemment sur l’idée que le public vient voir quelque chose d’exotique en renversant les attentes et les codes habituels." Et à voir ces personnages défiler et parfois même s'arrêter devant moi, je suis fasciné ! Et lorsqu'arrive le dernier tableau, riche de son presque immobilisme, après tant de mouvements, je suis quelque peu déstabilisé. Malgré tout, mes sens sont en éveil guettant les moindres déplacements de chacun.e sauf une, il me semble absente du tableau final et des applaudissements qui ont suivi. 

Lorsque mes pas me ramènent à la maison, je me fais le bilan de cette première semaine de FTA pour en arriver au constat que cela fait bien longtemps que je n'ai pas en si peu de temps passé dans autant d'univers si différents. Et le spectateur en est fort heureux et surtout, satisfait !

Sur mes pas en danse: Impressionné par "Les danses de mai Opus 22" des finissant.es de l'École de danse contemporaine de Montréal !

Il y avait pour moi, un plaisir incomparable lorsque j'étais enseignant, celui de voir mes étudiant.es qui finissaient leurs études pour aller de l'avant . Voilà donc pourquoi, la soirée avec les finissant.es de l'École de danse contemporaine de Montréal est un incontournable à chaque année. Après trois années de travail, années pas faciles en ces temps pandémiques, j'étais bien curieux de découvrir les prestations de la plus récente cohorte finissante. 

Je voudrais donc d'abord les féliciter individuellement du chemin parcouru dans ces conditions difficiles et de leur arrivée atteinte et réussie. Bravo donc à André Abat-Roy, Meihan Carrier-Brisson, Aliénor Chamoux, Chanel Cheiban, Maéva Cochin, Clémence Dignard, Nolwenn Duhaut, Mara Dupas, Anna Duverne, Aurélie Ann Figaro, Benjamin Harvey, Rony Joaquin Figueroa, Nûr Khatir, Marianne Lataillade, Alexandre Leblanc, Nils Levazeux, Carlos-Alexis Mendoza, Marianne Murphy, Isabelle Sue Pilette, Valentine Rousseau Jérôme Tremblay-Lanthier, Zoé Uliana et Jérôme Zerges. Merci aussi de ceux et celles qui les ont guidés tout au long.

Au programme de cette soirée, trois oeuvres fort différentes qui m'ont permis de découvrir le talent et la polyvalence de ces finissant.es.

Le tout débute avec "Éloge de la minute" de Louise Bédard. Une dizaine d'interprètes, habillé.es tout chic et de façon différente, se présentent à nous. En entrée de jeu, c'est leur individualité que me frappe d'abord et qui évolue vers une collectivité "ensemble", avec ces liens qui se font, qui se défont et qui se refont. Peu à peu, les souvenirs individuels tout symboliques en papier dorés ou argentés apparaissent graduellement sur le mur derrière. Je ressens les différents sentiments qu'ont pu avoir et vivre ces étudiant.es et puis arrive le moment de regarder en arrière pour aller de l'avant. Avec sa touche si reconnaissable, la chorégraphe nous propose une incursion dans ce passage à cette École de ces finissant.es juste avant d'aller vers leur avenir ! 

                                                

                                                 Crédit: Maxime Côté fournie par l'EDCM

Il s'en suit "Ce monde n'est pas fait pour nous" d'Alan Lake par l'autre "moitié" de la cohorte finissante. Je dois avouer que j'étais bien curieux de découvrir comment allait se décliner cette oeuvre compte-tenu que le chorégraphe utilise beaucoup la matière dans ses créations. Et dès les premiers moments du tableau d'ouverture, cette matière est utilisée. Moi j'y vois des images et des mouvements de métamorphose et de transformation, signature du chorégraphe. Et pour porter son propos, les interprètes le font de belle façon. Il s'en suit un deuxième tableau plus dansée, ouvrant vers une perspective plus positive. Et le tout se termine avec un troisième tableau, portant la signature d'Alan Lake, avec ses nombreux corps portés, ses corps agglutinés, dont ce tableau qui "frappe" dans lequel, ils ou elles semblent implorer la pitié. Et tout cela est fort bien exécuté. 

                                               Crédit: Maxime Côté fournie par l'EDCM

Et puis arrive l'entracte, le temps de prendre pour eux et pour nous une pause.

Et le tout reprend et se termine avec toute la cohorte finissante qui nous propose "Yellow Lemon" de Xian Martinez en collaboration avec les interprètes et l'accompagnement fort efficace, "on me l'a dit" d'Isabelle Poirier. Le tout se présente de façon fort festive avec toute cette gang habillée pour le bord de la plage. Nous avons droit au discours de l'un d'eux qui passe du côté lumineux de notre mode de vie à celui plus sombre. La vie est belle, avec une "feel good dance". Mais cette lune de miel, en mouvements lumineux, se transforme en l'imminence d'une catastrophe. Le propos chorégraphique est portée efficacement par la trame musicale. Et lorsque la fin (de l'oeuvre) approche, il y a celui qui déroule la ligne (du temps et des souvenirs personnels) devant nous et qui une fois dévoilé conclue cette proposition de façon nostalgique, sans être triste. Une proposition de groupe dans laquelle chacun.e a pu apporter sa touche personnelle, sur la "toile", jaune citron !

                                                    Crédit: Maxime Côté fournie par l'EDCM

Profitant de cette possibilité, le spectateur de première rangée que je suis  a pu, par la suite avec la webdiffusion proposée, profiter d'une perspective plus globale tout aussi intéressante et complémentaire de cette soirée J'en profite pour souligner cette initiative des responsables de l'École de danse contemporaine de Montréal qui permet d'ouvrir au plus grand nombre la présentation des pas sur la scène de ses fimissant.es.

Au final, une très belle soirée, qui augure un bel avenir sur nos scènes !