mercredi 31 mai 2023

Sur mes pas, mes seuls (!!) au OFFTA pour découvrir une nouvelle version "un-nevering" de Thea Patterson !

 Lorsque mes pas se sont dirigés, en ce lundi après-midi, jusqu'au LAB Parbleux sur la rue Casgrain, ils étaient mes premiers de nombreux autres pas à venir, pour cette journée et pour cette semaine aussi, et cela sans compter mes pas de course. Une fois arrivé, je monte au deuxième étage dans le hall d'entrée en attente avec bien d'autres (la salle sera éventuellement remplie à capacité) pour assister à la nouvelle version de "un-nevering" de Thea Patterson accompagnée à l'interprétation par Rachel Harris et Elinor Fueter.

Les mots d'accueil transmis, nous sommes invité.es à entrer dans le lieu de présentation dans lequel se trouve une imposante colonne avec de part et d'autres un endroit pour prendre place. Une fois le temps, fort rapide, mais avisé, pour évaluer le lieu, je trouve ma place sur un coussin à terre du côté gauche (choix qui s'avérera très bien pour la suite !). Tout au fond, je découvre bon nombre d'accessoires, dont de grosses cordes avec des poulies au plafond, de nombreuses tuiles en bois dispersées dans l'arrière droit de l'espace scénique ainsi que les trois interprètes.

                        Crédit : Kimura Byol tirée du site de l'évènement du OFFTA.

Pause

J'avais pu assister à une première version de cette oeuvre lors de la troisième édition du "Signal Vibrant: Ceremony for the dead" en octobre dernier, présentée au CCOV ! J'avais écrit à l'époque, suite à sa présentation,  "Elle nous présente une proposition touchante à propos de l'être cher absent, empreinte de nostalgie. J'y vois le chemin vers la rencontre des souvenirs de celui qui est parti !". Hasard ou non, dans le même programme Rachel Harris présentait aussi un hommage à son père récemment décédé !

Fin de la pause

Le lieu bien rempli, le silence se fait et Thea Patterson nous présente l'origine de cette création, toujours en cours de développement, créé dans le terreau "fertile" du décès récent (août 2021) par homicide non résolu de son partenaire de vie et collaborateur, Jeremy Gordaneer. Je ressens les émotions dans sa voix avant d'entreprendre les moments à venir pour tenter de répondre à la question inscrite en début de présentation de l'oeuvre sur le site du OFFTA, soit "À travers l’écart (in)fini que crée la perte, comment peut-on être ensemble même lorsque nous ne le sommes pas?"

Et puis dans ce qui suivra, je découvre cette corde que l'on tire pour laisser échapper à tour de rôle trois boules noires asymétriques dont le parcours s'étirent avec des détours inattendues et dont une vient tout proche de moi. De ces tuiles aussi, qui comme les souvenirs plus ou moins épars qui en toute fin de présentation servira de liens entre les interprètes et de nombreux spectateurs qui acceptent de se joindre à elles. D'autres images fortes aussi, émergent pour moi de ces moments dont ceux durant lesquels, elle (Elinor Fueter) revêt "ses pensées noires" avec au bout, deux boulets (quel symbole fort !!!) qui, malgré tout, montrent qu'ils faut néanmoins continuer. Aussi, autre tableau fort, enchevêtrées dans ces cordes comme dans ces souvenirs, c'est ensemble reliées aux mêmes cordes que le processus de libération peut s'avérer guérisseur ou à tout le moins atténuer la douleur de la perte. 

Un sens émerge en moi tout au long de cette proposition, soit celui qui fait que une fois la conscience de la fragilité des choses de notre vie faite, la vie doit reprendre et c'est en reconstruisant ensemble, d'abord à petite échelle jusqu'à à la plus grande que le chemin peut se poursuivre pour ceux et celles qui restent.

Portée par ces trois femmes, cette proposition recèle de fort beaux et très riches symboles, fort bien utilisés, qui me permet de suivre Thea Patterson dans son parcours de survivante. De cette deuxième étape de travail, je me promets de découvrir le résultat final de son parcours créatif. 

C'est avec en tête ces moments partagés, que mes pas m'amènent au prochain rendez-vous de la soirée au FTA.


lundi 29 mai 2023

Sur mes pas à la rencontre des "Corps de Ballet" de l'École supérieure de ballet du Québec: Une autre belle soirée avec ces jeunes plein de talents !

 Cette année encore, l'invitation m'est parvenue et je l'ai acceptée avec grand plaisir. C'est donc en bonne compagnie que mes pas m'ont amené jusqu'aux portes de la Salle Pierre-Mercure du Centre Pierre-Péladeau dans le hall d'entrée fort achalandé pour assister au spectacle annuel des élèves de l'École supérieure de ballet du Québec. Une fois nos billets en main et montrés, nous trouvons nos places dans la salle pour découvrir une soirée composée de neuf œuvres avec les élèves des différents cycles (supérieur, avancé, intermédiaire et junior).

                        Affiche de la soirée par Sasha Onyshchenko tirée du site de l'École

Une fois les discours d'usage et l'appel fait aux dons (de façon fort sympathique !) par texto pour la Fondation qui a plein de beaux projets en vue, le rideau se lève sur la première œuvre de la soirée, soit "Le royaume des Ombres", extrait de "La Bayadère  de Marius Petipa qui sera interprétée par les élèves des cycles Avancé et Supérieur. Une proposition de ballet classique qui m'en met plein les yeux tout au long des différents tableaux. Même si le ballet classique n'est pas dans mes premières préférences chorégraphiques, il en reste que de voir la beauté des gestes et la qualité d'exécution ne me laisse pas indifférent, tout au contraire même. Il y a dans ce formalisme, un rayonnement évident. Un solide début de soirée qui annonce une suite prometteuse et qui le sera !

Une fois le rideau relevé, nous découvrirons "Ritmos Mexicanos" de Monik Vincent interprété par les cycles Junior (5-6), Intermédiaire I et un garçon du cycle Intermédiaire II. Tout au long, nous sommes transportés ailleurs, "sous le soleil" avec l'interprétation de danses traditionnelles de Jalisco (état du Mexique). Je suis d'accord et je partage donc ces quelques mots du programme de la soirée, soit "couleurs, fraîcheur et joie de vivre se dégagent de ces chorégraphies aux pas de danse complexes (bien rendus, je serais tenté d'ajouter)et aux rythmes endiablés."

Il s'en suit "La leçon de danse" de Muriel Valtat interprété par le cycle Intermédiaire II. Avec cette leçon, nous retournons à du ballet classique. Des moments qui nous ramènent en classe avec des pas fort bien réussis.

La première partie de la soirée se complète avec "Seascape (1er et 3ème mouvements) de Judith Marcuse, interprété par les filles des cycles Avancé V et Supérieur I ainsi que les garçons des cycles Avancé et Supérieur. Une proposition plus contemporaine dans laquelle je vois des ondulations aqueuses que les corps reproduisent fort justement. Une œuvre fort poétique qui m'a particulièrement plus et qui met fin de belle façon à la première partie de la soirée.

Au retour pour la deuxième partie, cinq propositions qui nous transportent dans différents univers chorégraphiques, soit "Tu pourras, en paix, dans mes bras dormir" d'Edgar Zendelas (en collaboration avec les interprètes Stéphanie Dalphond et Andrea Boardman) interprété par le cycle Supérieur II et III, suivi par "Paquita" de Joseph Mazilier et Marius Petipa, interprété par le cycle Avancé IV et "Dialogue" de Gaby Baars, interprété par le cycle Intermédiaire III et un garçon du cycle Supérieur II ainsi que "polémique masculine" d'Adrian William Sinclair Batt avec les garçons des cycles Avancé IV, V et Supérieur. Le tout se termine avec "CODA" de Anne Dryburgh et Sophie-Estel Fernandez, interprété les cycles Intermédiaire, Avancé et Supérieur ! 

Si dans ma mémoire, cette suite de propositions se confondent quelque peu, il en reste que d'un univers chorégraphique à l'autre, je reste captivé par les mouvements présentés avec une belle maîtrise et une grande application par ces différents jeunes. Même les salutations étaient fort belles à voir. Et lorsqu'à la toute fin, la scène se remplit de tous ces jeunes et que les applaudissements tout aussi généreux que mérités résonnent dans le lieu, les gens de l'École supérieure de ballet du Québec peuvent dire mission accomplie !

dimanche 28 mai 2023

Sur mes autres pas en danse à "SPEAK UP" !

"J’ai le grand bonheur d’avoir reçu la bénédiction d'Eliane Viens-Synnott pour l’organisation de la prochaine soirée de performances À PART (feu Pop up Pow Pow), que j'appelle affectueusement : SPEAK UP". Voilà les mots de Rozenn Lecomte qui ont fait que mes pas m'ont porté jusqu'à la porte du bar POW POW, sur une rue Saint-Denis sans circulation automobile et en ayant marché préalablement sur le boulevard Mont-Royal, tout aussi piétonnier ! Ça sent vraiment l'été !

À mon arrivée, déjà bon nombre de personnes sont à la porte en attente de son ouverture. Le moment venu, c'est avec le sourire des personnes à l'entrée et en ayant reçu le zine, version papier (ça, j'aime ça !!!) concocté par Rozenn Lecomte que je me dirige à l'intérieur pour trouver "ma" place qui sera la mienne pour toute la soirée. Le temps passe, la salle se fait de plus en plus comble et, je divulgache ici, deviendra comblée, désolé !!!, comme moi, par les six propositions au programme ! Mais débutons par le début avec moi sur mon siège dans mon coin en attente du début de la présentation qui sera faite une fois la reconnaissance territoriale faite.

Le tout débute avec "Si nos corps se faillent; Si nos failles se corps" de Camil Bellefleur, Julianne Decerf et Olivier Landry-Gagnon avec en performance Camil Bellefleur et Julianne Decerf.

Pause

Il arrive qu'une occasion ratée puisse se représenter et ce fût le cas pour cette proposition que j'aurais aimé voir en sortie de résidence à Circuit-Est l'automne dernier, mais que je n'ai pas pu !

Fin de la pause

Je me permets de reproduire ici une partie du descriptif qu'elles m'avaient fait parvenir à l'époque et que je trouve fort approprié pour décrire ce que je découvre devant moi, une fois entamé ce face à face "Nous questionnons les états de corps que les failles suscitent, tout en révélant le potentiel d’empouvoirement qu'elles contiennent. Et inversement, dans des postures de force et de domination, nous observons ce qui dans les fondations s’apprête à s'effondrer."

Je vois et je ressens, tout au long, une rencontre, un échec douloureux et une rupture fort éloquente et clairement présentée !

Une fois la pause terminée, une bande lumineuse prend place, tout comme Ariane Levasseur et Em-P L'Abbée pour débuter "Faux-Cri" ! Le tout débute avec des allers-retours, modulés par des "levels" en mode "Tinder matching", avec projetés en arrière scène des candidats de rencontre. Les allers-retours, comme des courses à relais, sont nombreux et de plus en plus rapides comme si, même essoufflée, la course vers l'avant est la seule alternative ! Le tout se terminera fort bien avec une période de pause et de rafraichissement bien mérité, après le constat fait que rien ne sert de se presser, l'important est de ne pas répondre au "Faux-Cri" pour se concentrer sur l'essentiel et le vrai !

Une fois cette autre pause et mon verre bien rempli de nouveau, le tout se poursuit avec la projection de "Baume" de Paméla Aubé avec Chatelaine Côté-Rioux et Maude Archambault-Wakil. Une proposition toute philosophique qui nous entraîne dans des moments captés tout en "tions", soit captation, sensation, perception, réception, motion et aussi émotion et comme exception, émission. Des moments fort riches pour prendre conscience de soi et de l'autre. Et de la lecture du "zine", je retiens surtout une phrase, "La mémoire est une reconstruction qui s'altère avec le temps." et je la fais mienne ! Cette proposition est définitivement la plus philosophique de la soirée dont je retiens surtout le message principal, "Prendre conscience de soi et de l'autre". Message que je tente être toujours le mien, mais que je me fais un devoir de me rappeler !

Et puis le tout se poursuit avec "La fin de l'amour" de Morgane Guillou avec Léonie Bélanger, Mélia Boivin, Claire Pearl et Clara Prieur. À ce titre s'ajoutent différentes déclinaisons de ces corps qui évoluent devant moi ! Ces corps qui évoluent, des corps qui souffrent, des corps qui se libèrent, des corps qui explosent et aussi des corps qui se reposent. Mais tout au long, ces corps nous présentent des moments avec des tournures inattendues et multiples ! Avons nous atteint la fin de l'amour ? Je me permets d'exprimer mon côté optimiste en disant que non, parce que dans une fin, peut surgir un nouvel élan vers mieux !

Après une avant-dernière pause, s'en suit "FANM" de Mara Dupas avec Aurélie Ann Figaro. Avec ces cheveux tressés tout en blond, elle prend place . Dans ce qui suit, cette femme ressent et exprime sans jamais dire un mot. Ses yeux et son sourire semblent s'adresser au ciel et avec puissance, je le ressens ! Et puis, dévoilant sa vraie nature (?), ses rires se font de plus forts et présents jusqu'à la fin de la rencontre. 

Le tout se termine avec la proposition de celle qui a concocté cette soirée, soit Rozenn Lecomte avec "La fin des tendres" avec Margot Carpentier, Châtelaine Côté-Rioux et Jacynthe Desjardins. Une oeuvre qui interpelle comme l'annonçait les premiers mots de son descriptif, "Nous sommes jeunes et rebelles. Nous nous conformerons et nous contesterons l'ordre établi." Dans tout ce qui suit, les gestes, les propos et les regards sont déterminés et démontrent une affirmation ! Cette dernière proposition qui à l'image de ce qui a précédé, indique bien que ces "jeunes" veulent prendre leur place quitte à bousculer (respectueusement) l'ordre établi. Ce qui pour moi, est nécessaire pour aller de l'avant dans la bonne direction, avec cette phrase que je conserve précieusement en moi, "je n'aurai plus peur de la mort", parce que "nous ne sommes pas obsolètes, Nous sommes, et nous resterons libres." !

Une fois le tout terminé, mes pas me ramènent à la maison et tout au long, je me fais le bilan de ce que je viens de voir. Dans ce monde fort encombré des arts vivants, les récent.es gradué.es doivent batailler pour trouver leur place au soleil. Et si les scènes sont difficiles d'accès, ils et elles peuvent trouver les façons d'aller à notre rencontre pour nous proposer leur oeuvre avec une vision singulière. Et à moi, le "vieux" spectateur, tout au long de cette soirée,  ils ou elles me permettent de garder fort présent cette impression que l'avenir est encore porteur d'espoir. Et pour cela, merci à vous !


vendredi 26 mai 2023

Sur mes pas en danse: Une très belle soirée gracieuseté des finissant.es de l'EDCM et qui promet un bel avenir sur nos scènes !

En débutant ce retour sur mes pas au Wilder pour découvrir les derniers pas sur scène des finissant.es à l'EDCM, "Les danses de mai, opus 2023", je me permets une analogie botanique. Et je m'excuse à l'avance pour ceux et celles qui pourraient ne pas apprécier !

Ainsi donc lorsque vous mettez dans un terreau fertile de "jeunes pousses fort prometteuses" et que pendant trois années, vous leur donniez tous les soins (ici les enseignements ) nécessaires, le résultat a toutes les chances de devenir des plantes chorégraphique de haute qualité. Et en cette soirée de présentation de fin d'études, je peux en témoigner, le résultat l'a effectivement été, de très haute qualité. Ainsi donc, Méanne Belisle, Gabrielle Boudreau, Laura Brisson, Alec Charbonneau, Sphynx Church, Meggie Cloutier-Hamel, Émile de Vasconcelos-Taillefer, Coralie Fortier, Camille Huang, Mya Métellus, Auvesa Raymond, Tommy Lee Salvas, Jérôme Zerges, pour leur dernière fois comme élève nous présentaient deux oeuvres qui nous illustraient tout leur talent épanoui !

C'est de "mon" siège en première rangée que j'attends le début de la présentation et tout autour de moi les sièges trouvent preneurs et preneuses. Le moment venu, de l'ombre, côté jardin, nous arrive un des interprètes pour nous annoncer que cette représentation est dédiée à madame Linda Rabin (une des personnes qui a fondé cette école, connue d'abord comme LADMMI) avant de repartir dans l'ombre. 

Et puis débute "20 412 pas pour la paix" de Jacques Poulin-Denis, avec l'arrivée des interprètes avec leurs pas qui résonnent fortement. Dans ce qui suit, les mains aussi se feront entendre ! Il y aura aussi un épisode durant lequel tout se dérègle. Tout au long, dans cette marche pour la paix, il y aura des moments où il semble que tout se dérègle, mais soyez rassuré.es, le tout se replace dans cette "marche" résolument pour la paix. Nous aurons droit aussi à la démonstration de leurs talents de comédien.es et aussi à des moments de "stop photo" durant cette marche. Et une fois les "20 412" pas faits et très bien faits d'ailleurs, les revendicateurs de la paix terminent leur périple ! Une oeuvre captivante, parfaitement bien interprétée qui augurait une deuxième partie fort belle et qui l'a été !

                                                                   Crédit: Maxime Côté

                                                               Crédit: Maxime Côté

Ainsi donc après une pause, "Le Cri du monde" de Marie Chouinard débute avec les gestes et les postures toutes caractéristiques de cette chorégraphe. Se frotter à une proposition de cette chorégraphe était, à mes yeux, un défi, mais ce défi a été relevé haut la main. Pour y arriver, ielles ont eut droit à un accompagnement de qualité, soit celui d'Isabelle Poirier qui a elle même dansé dans la compagnie de Marie Chouinard. Moi, qui a eu le bonheur de voir et revoir bon nombre d'oeuvres de la chorégraphe, j'y ai trouvé tous les éléments fort bien interprétés qui m'ont replongé dans son univers. Avec leurs bras fort expressifs et leurs déplacements caractéristiques, je suis entraîné dans leur univers, tel qu'annoncé dans le descriptif soit "une œuvre bouleversante qui part de l’architecture corporelle pour parler des forces et des tensions qui nous habitent".

Une soirée fort belle qui ajoutera une carte de visite, à leur jeu, pour ces finissants talentueux et bien formés que je vais revoir sur scène prochainement, j'en suis certain !

lundi 22 mai 2023

Mes pas en danse: Entraîné dans "Les mondes parallèles" et fascinant de Catherine Gaudet !

 Pendant que la plupart des lieux de diffusion ont complété leur saison, celle de l'Agora de la Danse est encore bien active. Pour cette avant dernière proposition de cette année culturelle, mes pas me portent jusqu'à l'Espace bleu, espace qui pour moi réserve des rencontres de proximité toute riche de leur intimité. Et cette fois encore, ce fût le cas. Au programme donc, "Les mondes parallèles" de Catherine Gaudet, interprété par Louise Bédard et Sarah Williams. 

                                 Crédit Julie Artacho. tirée du site de l'Agora de la Danse

Une soirée tout en contraste avec celle de la veille dans le même édifice où j'avais assisté aux "Danses en deux temps" des élèves de l'EDCM ! Après avoir rencontré cette jeunesse en pleine formation, cette soirée me proposait une rencontre avec deux interprètes "d'expérience" sur lesquelles, les années ne semblent pas avoir de prise. Pendant que la salle se fait comble autour et derrière moi, j'observe l'espace scénique qui s'avère complètement vide ! Et puis le moment arrivé, de la noirceur et dans la fumée émergent ces deux femmes qui entreprennent leurs explorations dans "Les mondes parallèles" portées par la sublime et efficace trame musicale d'Antoine Berthiaume, comme pour les récentes propositions de cette même chorégraphe !

Donc, ces deux femmes arpentent tout en cercle ce territoire, le tout dans la pénombre. Je les suis captivé par leurs mouvements. Et puis arrive un éclairage nouveau sur leurs pérégrinations territoriales qui me font découvrir leurs visages. Pendant leurs déplacements, leurs bras fort actifs me "parlent" et aussi leurs regards, il me semble, sont dirigés vers nous et vers moi aussi ! S'il en est des cercles qu'elles font comme des années qui passent, chacune d'elles semblent défier le temps ! De cette poésie chorégraphique, difficilement descriptible, mais aisément "ressentable"  qui, à mes yeux, porte sur les relations toutes aussi troubles que parallèles entre ces deux femmes, je suis touché !

Et arrive le moment où la circularité cède le pas à la linéarité du propos, une linéarité déterminée qui semble annoncer des jours meilleurs, éclairée par une boule de lumière. 

Au final, une très belle rencontre avec une proposition à la scénographie assez simple (comme je peux les aimer !), qui permet de porter toute notre attention sur le propos de l'oeuvre fort bien incarné, appuyé par une trame musicale fort riche ! 

dimanche 21 mai 2023

Sur mes pas dans "Le jardin des consolations" pour être y être guidé par tout un beau groupe !

Il arrive que les astres et Mère Nature se mettent d'accord pour me permettre d'aller faire de belles rencontres. Une de ces fois s'est produit en ce samedi après-midi, avec des épisodes de pluie reportés à plus tard et une éclaircie à mon agenda de retraité (toujours trop rempli !!!!). Par conséquent, mes pas m'amènent quelques minutes avant 14h00 derrière le centre Jean-Claude Malépart à l'extrémité sud du Parc Médéric-Martin. Déjà présent.es, virevoltant sur cet espace devant la murale, Châtelaine Coté-Rioux, Claire Pearl, Christine Lamothe, Julie Aubin, Gloria Nathan, Marie Jacques, Conrad Chamberlain, Léa Noblet di Ziranaldi (aussi assistanat), Céline Cossette, Mélia Boivin, Julia Philipot, Morgane Guillou, Natacha Loiselle, Luce Fortier, Pierre Bastien, Richard Trottier, Manon Alarie, Marie-Claude Roy, Juliette Diallo-Pazat, Myriam Foisy, Guadalupe Torres, Adèle Roux-Copin, Salomé Fontolliet, Alessandra Coté-Bioli, Marie-Christine Trahan, Pierrette Tremblay, Maryse Carrier, Pierre Lavigueur, Charo Tai Wei Foo, Denyse Hayoun, Hélène Messier, Annabelle Chouinard, Clémence Modoux, Gabriela Taillefer, Gabrielle Bertrand-Lehouillier, Camille Courchesne-Couturier avec pas trop loin Alexandra Templier (à l'accompagnement musical et vocal), ainsi que Matéo Chauchat (assistanat) et Sarah Dell'Ava (instigatrice et créatrice de ce projet). 

                                                               Crédit: Vanessa Fortin

Pause

Je reconnais bon nombre de celles et ceux qui nous présenteront les différents tableaux à venir, parce que voyez-vous, je n'en suis pas à une première rencontre avec cette créatrice "hors-norme" que j'apprécie beaucoup ! La plus récente, ma plongée en apnée dans "O" chez Tangente en octobre dernier     ( https://surlespasduspectateur.blogspot.com/2022/10/sur-mes-pas-en-danse-retour-sur-ma.html). 

Fin de la pause

Arrive le moment de débuter officiellement le début de la prestation avec la reconnaissance territoriale d'Alexandra Templier. Avec une centaine de spectateurs et spectatrices présent.es, le tout débute officiellement. Pas question ici de décrire en détails ce qui suit dans ce qui sera un aller-retour fort riche en gestes et en paroles dans ce parc linéaire de plus d'un demi kilomètre de long, mais allons-y pour quelques moments !

Donc, revenu.es devant la murale, les "corps" des interprètes sont immobiles dans différentes positions produisant des sons tandis qu'une "voix" se déplace devant eux. Et après le chant, l'éveil et à travers nous, spectateurs, elles et ils prennent place sur l'espace gazonné pas trop loin, terreau fertile pour leurs "envolées" chorégraphiques. 

Prochaine étape, le départ vers le nord du parc, sur un sentier asphalté sur lequel nous rencontrons des duo d'interprètes qui nous transmettent de part et d'autre des paroles fort belles à entendre et à méditer, telles que "joie et beauté, je marche sur le béton" ou "joie et beauté, malgré la tristesse, je marche". Tout au long, je tends l'oreille et je prends bien note de ces messages porteurs d'espoir ! Arrivé un peu plus loin dans le parc, nous avons droit à des confidences à l'oreille. Pour ma part, j'ai droit à trois d'entre elles que je conserve précieusement en moi, mais je vous en partage une, "Rien n'est plus beau qu'un escargot qui glisse", représentatif  d'une prise de conscience des choses toutes simples de la vie et qui méritent que l'on y porte attention. Et puis, c'est sur l'esplanade tout au nord du parc, avec la rue Hochelaga au bout, que les gestes se font maîtres par le groupe et que les corps exultent. Tout cela pendant que le soleil prend sa place dans le ciel entre les nuages ! 

                                                              Crédit: Vanessa Fortin

Et puis le retour au point de départ, s'entreprend avec nous sur l'allée côté opposé à celui de notre première marche avec des paroles "essaimées"  de "ce qui est bien" et "ce qui met en marche" par ceux et celles que nous rencontrons en petits groupes. Et revenu au point de départ, le groupe peu à peu s'assemble et dans un dernier tableau, mon préféré (!), au son de cette voix toujours aussi belle, ils et elles avancent avec leur corps qui s'ouvrent comme pour prendre leur envol. De ce groupe qui va partir au loin, graduellement, se détachent certain.es pour s'exprimer corporellement, jusqu'au départ définitif de la dernière !

Et sur les applaudissements de tous et toutes, les interprètes reviennent en toute simplicité, permettant de les rencontrer et d'échanger. Ce que je fais avec grand bonheur ! Et puis, mes pas me ramènent à la maison avec en tête et dans mon coeur, ces moments de beauté et de bonheur partagés en toute simplicité dans "Le jardin des consolations" !

Sur mes pas en danse : "Les danses à deux temps" fort différentes, mais toutes aussi riches avec les étudiant.es de l'EDCM !

 C'est jeudi soir et mes pas me portent à ma première des trois sorties "danse" de la semaine. Et pour cette première, je me dirige jusqu'au Wilder, aux portes de l'Espace Orange en attente pour découvrir "Les danses à deux temps" des étudiant.es de première et deuxième année de l'École de danse contemporaine de Montréal. 

Au programme, d'abord "Alonia" de Manuel Roque, interprétée par les étudiant.es de première année (Clara Biernacki, Iban Bourgoin, Olivier Dion, Ludovic Germain-Thivierge, Ezra Guerrier, Clara Keefer, Alice Larrière, Michelle Lucero Moris, Kate Manns, Jane Millette, Olivier Péloquin, Apolline Saulnier, Hortense Sierka, Clara Truong). Et puis après une courte pause, Rosalie Boivin, Gabrielle Bouchard, Léa Boudreault, Julianna Bryson, Ambre Dupuis, Jean-François Gilède, Tom Godefroid, Clodie Lambert, Rosalie Lamoureux, Sarah Manipou, Charlotte Mégardon, Manon Scialfa, Jules Talavera, Alex Turcotte, Anna Vauquier, étudiant.es de deuxième année, nous présenteront "Nous marcherons sur leurs têtes" de Charles Brecard. 

Deux propositions qui ont un point commun, mais pas le seul, soit celui d'utiliser des mots inventés. Le titre pour ce qui concerne la première oeuvre et les dialogues pour la deuxième qui sont par ailleurs fort différentes, mais tout aussi intéressantes. Mais commençons par le début, avec moi bien assis sur mon siège en première rangée dans l'Espace Orange, avec tout autour, des effluves de retrouvailles ! 

Une fois le moment venu, les lumières s'éteignent et débute la présentation. Et comme une petite flamme toute seule, une interprète prend possession de la place et graduellement, elle est rejointe par une deuxième, une troisième et éventuellement par tout le groupe qui, pour moi a tout d'un feu avec ses différentes flammes qui s'agitent dans l'espace sans se confronter, seulement trouvant leurs places tout en harmonie. La cohésion du groupe me fascine ! Et puis tout à coup, changement de rythme, sur lumière crue et fond blanc pour modifier le cours des choses jusqu'à elles reprennent leurs places devant moi pour enfin, petit à petit, disparaître. 

Un élément me frappe tout au long est la grande cohésion de ce groupe qui avec des gestes en apparence aléatoires réussissent à communier dans une grande harmonie. Tout au long de cette proposition, tout comme le titre, j'ai été captivé par leurs mouvements tellement riches de leur abstraction, ouf !!!!

Crédit: Maxime Côté

Après la courte pause, fort bienvenue, question de faire un "reset" pour la deuxième partie de cette soirée, débute  "Nous marcherons sur leurs têtes" avec l'arrivée du côté cour de la scène de cette femme qui semble nous annoncer le début d'une histoire. Le verbe semble dans la phrase précédente est ici fort  important, parce que, je l'apprendrai plus tard (dans la discussion d'après représentation), cette présentation est faite dans un langage inventé, tout comme le sera le reste des textes énoncés par la suite. !

                                                              Crédit: Maxime Côté

Il en reste que ce qui suit, chacun y trouvera son histoire et moi, je ne fais pas exception ! C'est donc une allégorie de l'évolution de la nature humaine sur terre, dans ses différentes déclinaisons que je découvre devant moi. De cette humanité qui "tombe" et qui apprend à se relever. De ces corps inspirés de l'intérieur qui osent et surtout réussissent à se libérer. Je ressens particulièrement bien les quatre premières lignes de la description de cette oeuvre, "Parce que nos piliers furent arrachés, Nous nous dresserons contre leur inconséquence. Parce que nos racines furent pillées, Nous nous érigerons face à leur décadence." 

Voilà une proposition complexe et fascinante que chacune et chacun a su porter fort justement avec gestes, mouvements et propos, parfois colorés de violence, pour m'amener dans ce monde duquel on voit un horizon d'espoir ! Merci à vous de me l'avoir si bien présenté !

Au final, une soirée fort riche, contrastée, mais surtout portée par des jeunes qui promettent beaucoup pour l'avenir ! Et question de me permettre de les revoir, je me procurerai la rediffusion en ligne de cette soirée. Opportunité plus rare en ces jours post pandémiques mais fort appréciée afin de découvrir les différents niveaux de lecture d'une proposition ou y trouver une autre histoire !

mardi 16 mai 2023

Sur mes pas en danse: Ma soirée au Festival Vue sur la relève avec trois rencontres réussies!

 "Vue sur la relève", voilà un festival vers lequel mes pas m'ont souvent porté, mais c'était il y a plusieurs années. Depuis, sur mon radar, il est disparu, faute de disponibilité de ma part, mais non pas d'intérêt ! Il en reste qu'après un rendez-vous manqué le samedi précédent, j'ai réussi à me libérer pour le dernier samedi de cette édition 2023. La raison de ma présence, le "last-call" de Mara Dupas qui est apparu sur mon fil FB ! Par conséquent, mes pas m'ont porté jusqu'à la Maison de la Culture Claude Léveillé pour assister à un programme triple fort prometteur qui, je brise le "punch" (!) a tenu ses promesses.

Ainsi donc, pour cette avant dernière soirée de festival, je prends place sur "mon" siège en première rangée en attente du début de la présentation du programme triple qui débutera une fois les présentations de notre hôte de la soirée. Une fois les lumières éteintes et les accessoires (le tabouret, le veston, le chapeau et les souliers) mis sur scène, débute "Dépi temps" de Mara Dupas, interprété par Ernesto Quesada Perez. Sur la voix off de celui qui semble s'adresser à lui, cet homme arrive. Rapidement, je reconnecte avec cette "rencontre" !

Pause

Effectivement, ma mémoire ne me trahissait pas ! En octobre dernier, lors des "Danses Buissonnières", j'avais vu cette proposition !

Fin de la pause

Et c'est avec autant de plaisir que je suis les pas et les mouvements de cet homme. Et comme je l'avais écrit à l'époque, "Avec des gestes fort expressifs et des expressions faciales, il nous entraîne à sa suite tout au long de son chemin. Ce personnage intrigue parce qu'il semble se parler tout en s'adressant à nous. Et moi, j'y découvre, talentueusement interprété, ses pas, son parcours, ses métamorphoses et en toute fin son affirmation !" 

Et la question que vous pourriez vous poser, "Robert tu as aimé la revoir ?" Et ma réponse est définitivement oui. Parce que même les rencontres répétées peuvent produire leur effet, effet enrichi même, et cette dernière méritait que je la fasse. Et mériterait aussi qu'elle soit plus longue !

Il s'en suit," «Mi» «Ma», une mer(mère) intérieure" de Mélissa Juillet que j'avais déjà vu aussi, mais aux "Danses Buissonnières" d'avril 2022. Et cela, je l'ai réalisé dès son arrivée sur scène, toute nue, avec les mains "bien placées" ! Il en reste que ce que je remarque le plus est son visage qui semble très surprise de nous découvrir là ! Et comme la fois précédente, avec une maladresse fort bien maitrisée, elle trouve son abri pour nous entraîner dans ses déplacements au son des onomatopées de sa voix. Et comme la fois précédente avec un public fort différent, les rires fusent dans la salle. Et avec sa maladresse toujours fort bien maîtrisée, elle nous quitte après avoir délaissé son abri et montré son audace et son talent ! 

Le tout se termine avec une oeuvre inédite pour moi, soit celle d'Isabel Cruz qui "vient de commencer à travailler avec Margie Gillis dans le cadre du Legacy Project". Ce qui vous l'avouerez est une belle carte de visite ! Et cette rencontre est fort belle et riche. Elle nous arrive tout en douceur et sur des paroles, elle danse. Dans ce qui suit, j'y vois d'abord un tourment intérieur fort perceptible avec les gestes qui sont fort éloquents. Le tout est suivi par un certain apaisement, pour se terminer avec des mouvements d'envol libérateurs appuyés par un sourire fort rayonnant !

L'objectif annoncé dans le programme de la soirée est bien atteint, soit, "d’atteindre une connaissance approfondie du langage époustouflant de la danse afin de transmettre ses sentiments, ses idées et ses émotions par le biais de la pratique, et atteindre un niveau de communion avec elle-même et, par conséquent, avec le public." Encore une proposition qui mériterait d'être développée et cette diplômée de l’École Supérieure de Ballet du Québec a tout ce qu'il faut pour arpenter les territoires de la danse contemporaine aussi et nous plaire !

Au final, une très belle soirée avec trois propositions qui permet à trois jeunes créatrices de poursuivre leurs rencontres avec le public et ça, c'est tellement nécessaire en ces temps difficiles pour la danse contemporaine sur nos scènes !


vendredi 12 mai 2023

Sur mes pas en danse: "Les limites infinies de la peau", jusqu'à nous !

 Lorsque mes pas se sont dirigés jusqu'à l'Espace orange du Wilder pour découvrir la plus récente création de Caroline Laurin-Beaucage, je n'en étais pas à une première rencontre avec cette chorégraphe. Au contraire même, je dirais même qu'elle est l'une des chorégraphes dont j'ai pu apprécier le plus souvent les propositions. À titre d'exemple, j'ai assisté quatre fois à "Ground", dont trois fois à l'extérieur, qui nous proposait les gestes et les rebondissements de cinq interprètes "confinés" sur leur trempoline ! Il y a eu aussi les deux fois où j'ai pu la voir "confinée dans son cube avec "Habiter sa mémoire". Pendant que elle évoluait, moi j'étais captivé. Elle en a proposé une version "élargie" pour plusieurs interprètes sur l'Esplanade de la Place des Arts dont j'ai pu apprécier une partie de cette longue présentation. J'ai aussi pu découvrir, à plusieurs occasions, ses créations avec les étudiantes de département de danse de l'UQAM. 

C'est donc encore une fois, fort intéressé que j'étais sur "mon" siège en première rangée dans la salle de présentation, qui avait, pour l'occasion des estrades de part et d'autre de ces deux vivariums (bassins transparents déposés sur scène) qui seront le lieu de performances de deux interprètes (Léonie Bélanger et Simon Renaud) qui sont déjà présents à notre arrivée en salle. 

Pause

La discussion d'après représentation, dirigée par Fabienne Cabado, avec les artisans de cette oeuvre dont le concepteur de ces vivariums, Samuel Thériault est fort riche en informations. J'y apprendrai, entre autre, les enjeux techniques de concevoir une proposition avec des contenants d'eau et pourquoi ils ne sont pas à la même hauteur !

Fin de la pause

Tout le temps que la salle se remplissent de spectateurs ou "d'observateurs", leur regard est vide et leur présence est flottante, sans qu'aucune trace d'eau ne soit présente, pour l'instant ! 

                                   Crédit: Frédéric Veilleux tirée du site de l'Agora de la danse

Sans avertissement formel, sinon la fermeture des portes, le tout débute tout en douceur avec l'éclairage tout aussi discret qu'efficace qui capte mon attention. Et débute ainsi leur relation qui, je le ressens, est "à distance", au sens physique et cérébral du terme. Peu à peu, l'eau, par le bas, s'introduit qui de ma perspective, semble amener une vie différente à ces deux êtres qui, dans ce qui suivra, produira différentes relations interactives, malgré leur immersion aqueuse graduelle dans leurs solitudes. J'en ressens parfois un désespoir "éclaboussant" et aussi des actions avec l'espace dont nous disposons. Situé presqu'entre les deux, mon regard fait l'aller-retour dans leur relation "à distance" pendant que l'eau remplit peu à peu leurs espaces, constatant que les gestes peuvent se faire en phase malgré la distance qui les sépare. Il y a dans ce que je voie et les états de corps proposés tout l'espace pour y faire mon interprétation de leur relation, comme pour un poème. Et mon interprétation évolue tout au long jusqu'aux moments de leurs immersions intermittentes et la fin de la proposition.

Il me semble que les espaces restreints sont pour cette chorégraphe un milieu fertile pour concentrer son inspiration et riche pour nous, spectateurs. Et comme il m'arrive de plus en plus souvent, je souhaite la revoir parce leurs histoires pourront se décliner différemment, selon mon état du moment.

mercredi 10 mai 2023

Sur mes pas en danse à la soirée "KICKSTART" avec quatre propositions qui m'ont fait voyager dans des univers fort personnels !

J'en étais à ma première fois "en personne" à une soirée "KICKSTART. La fois précédente, c'était il y a deux ans et le tout était présenté en ligne, avec moi derrière mon écran. Bien que "loin", j'avais bien apprécié ! Comme je le répète régulièrement, si moi, je ne voyage pas et que je reste dans "ma" ville, je profite pleinement des occasions durant lesquelles le monde vient à moi. Et ce type de soirée en est un très bel exemple.

Pause

Pour ceux et celles qui voudraient savoir pourquoi cette soirée est un si bel exemple, je vous indique d'abord les instigateurs, le Réseau CanDanse, la  CanAsian Dance, le Festival Accès Asie et Tangente. Il y aussi celles et celui qui performeront sur scène tout au long de cette soirée de quatre prestations dont les origines et/ou la provenance sont asiatiques. 

Fin de la pause

Donc, en attente de prendre place, j'apprend que ce sera salle comble, en ce lundi soir que sera présentée les quatre propositions qui au final, seront présentées dans un ordre fort juste. Pendant que tout autour et derrière moi, les sièges se remplissent, de "mon" siège en première rangée, je découvre un espace scénique vide, sinon une bande de tapis rouge qui part de l'arrière pour se rendre presqu'à nous !

Une fois les mots d'accueil faits, nous indiquant entre autres, qu'il n'y aura pas d'entracte entre les quatre propositions de la soirée, juste de courts moments pour désinstaller et installer (ça j'aime ça !)  tout devient noir.  

Et puis nous arrive tout doucement cette femme (Katherine Ng) avec sa robe rouge toute cérémoniale, qui entame "calm and dormant with strenght and power, sinuous and flowing". Après avoir fait connaissance des lieux, marchant tout autour de ce tapis, elle se dirige vers l'arrière et revêt un uniforme pour faire des exercices. Et dans ce qui suit autour et sur ce tapis rouge, j'y vois les trois parties d'un propos (parties annoncées tout haut à nous par elle), soit le devenir, l'être et enfin l'avenir coloré d'acceptation. Cette femme nous raconte son histoire et les gestes qu'elle nous propose sont aussi simples qu'éloquents. Une vingtaine de minutes qui résume fort bien un parcours qui est le sien, tel qu'indiqué dans la description de l'oeuvre !

                                                          Crédit: Pierre Tran           

Il s'en suit "homeland" de Yui Ugai et Ashvini Sundaram qui nous arrivent séparées, représentant bien en entrée de jeu leurs origines et leurs cultures différentes (l'une est d'origine japonaise et l'autre tamoule), même si leurs vêtements sont assez semblables. Je ressens bien la distance entre elles dans les premiers moments de la présentation et je reste attentif à leurs mouvements doux et solennels. Peu à peu arrive le rapprochement durant lequel une phrase du descriptif de la proposition me semble fort appropriée pour décrire ce que je vois, soit,  "Ensemble, elles partent à la recherche d’une humanité au féminin empreinte de mutualité et de connexion, s’arrimant à un nouveau chez-soi partagé." Et moi ce type de message, je ne m'en lasse jamais ! Merci à vous !!!

                                                         Crédit: David Wong

Il 'en suit "Omote (面), une œuvre créée par la danseuse Shion Skye Carter et l’artiste visuelle Miya Turnbull", mon coup de coeur de la soirée ! De la noirceur nous apparaissent deux femmes, mais aussi et surtout une multitude de masques (créations de Miya Turnbull comme je l'apprendrai lors de la discussion d'après représentation et qui performe sur scène pour une première fois !). De ces personnages "aux milles visages" ou "aux milles personnalités" ou "aux milles expressions" tout de noir vêtus qui évoluent d'abord séparés, ensuite ensemble pour finir séparés. Je découvre une illustration de ce que nous avons été, de ce que nous sommes, de ce que nous voulons montrer de nous, de ce que nous espérons être et de ce que nous espérons devenir tout au long de notre vie. Ce propos est porté par ces masques qu'elles mettent empilés ou tout éparpillés autour de leur tête. Il y a aussi ce moment durant lequel, s'approche là juste devant moi, l'une d'elle avec cette pile de demi masques qu'elle ouvre ou referme, comme pour nous révélé brièvement ses pensées intérieures. Courts moments durant lesquels, je me réjouis de ma place et je me retiens de dire tout haut "wow" !!!! 

                                                           Crédit David Wong

Dans le descriptif de l'oeuvre, je retiens plus particulièrement la dernière phrase, "Les deux artistes se questionnent sur l’influence des attentes culturelles et de l’histoire ancestrale sur ce qu’on montre aux autres et ce qu’on dissimule." Et bien soyez en informées, votre message, j'en prends bien note !

Le tout se termine avec "Walang Hiya", une proposition haute en couleurs de et avec Marbella Carlos, alias Joy Rider accompagnée sur scène par Lia Jasmine et Komodo. Pour cette oeuvre burlesque, on nous avait demandé de quitter notre attitude habituelle "toute sage" pour nous exprimer pendant. Demande que je n'ai "évidemment" pas suivi, mais soyez rassurés, tout autour, les gens ont embarqué !

                                                        Crédit David Wong

Voilà donc qui arrive cette femme richement habillée avec un sourire qui me semble forcé et une attitude contrainte. Elle prend toute la place pendant que les deux personnages légèrement habillés et cagoulés se joignent à elle. Dans ce qui suit, il y a d'abord, les étapes à franchir dont ces deux barres en bois manipulés par ces deux personnages et qui semblent avoir comme objectif d'entraver le parcours "de vie" de cette femme. Et puis, peu à peu, libérée de ceux qui la retenaient (et qui quittent l'espace scénique), elle se révèle, enlevant ses attributs vestimentaires jusqu'à être dépouillée de la plupart de ces vêtements et avec et surtout son plus beau sourire. Bien décrite par la phrase suivante, " Cette œuvre nous éloigne de la féminité pudique, soumise et chaste prônée par le patriarcat et nous amène vers une féminité subversive axée sur le plaisir.", j'ai senti que tout autour de moi, nous l'avons suivi !

Une fois les applaudissements nourris et bien mérités, la période de questions réponses qui s'en suit s'est avérée fort utile pour, entre autres, mettre en évidence certains aspects des propositions. Un des aspects qui m'avait échappé est celui, pour toutes les propositions, est l'utilisation des bras et des mains dont dans la première oeuvre (de Katherine Ng) qui, avec un peu de recul était riche en symboles. 

Au final, une soirée fort riche avec quatre oeuvres qui nous ont entraînés dans quatre univers différents, mais tout aussi intéressants colorés par des prestations personnelles. Quatre propositions de vingt minutes qui pourront devenir des propositions plus longues, mais toutes aussi denses et riches.

vendredi 5 mai 2023

Sur mes pas en des territoires surprenants guidé par Be Heintzman Hope !

 Après une longue pause, de ma perspective (!), Danse-Cité nous invite à sa dernière proposition de cette année culturelle, "Switch (meditations on crying) + Poetics to Activate the Technology of the Body + Nurse Tree" de Be Heintzman Hope et cette invitation m'intrigue. Avec la description incluant la phrase suivante " La chorégraphie compose avec la notion du sexy et le concept bouddhiste du fantôme affamé" de ce programme triple d'une artiste que je ne connais pas et qui allient corps et vidéo, j'ai l'impression que je sortirai de mes sentiers battus.

                                    Crédit:  Baco Lepage-Acosta tiré du site du MAI

En ce début de soirée, où Mère Nature risque de nous "asperger de ses pleurs", mes pas se dirigent jusqu'aux portes du MAI (Montréal, arts interculturels) et puis dans le café-bar où déjà bon nombre de personnes sont déjà présents, dont plusieurs gens de Danse-Cité fort accueillantes et ça j'aime ça ! En attente de l'ouverture des portes, je suis bien placé pour constater la présence de plein de monde du milieu pour cette première qui sera présentée à guichet fermé !

Une fois les portes ouvertes, je me dirige, comme de tradition, vers un siège en première rangée. Pendant que les sièges trouvent preneurs ou preneuses, moi je scrute l'espace scénique sans y découvrir le moindre objets. Et le moment venu, c'est de la noirceur que je découvre les apparitions de cette femme. Elle y émerge avec sa voix avec différentes déclinaisons et différentes postures de son corps. Ses mouvements couvrent un large spectre d'images et pour ma part, je la suis avec attention et intérêt tout au long de ses déplacements tout autant métaphoriques et métamorphiques. 

Mon moment fort de la première partie de cette soirée, est définitivement celui où apparaissent deux néons verticaux (absents en début de présentation) qui changent le ton de la proposition pour porter le propos chorégraphique autrement et créer un amalgame surprenant. Une évidence s'impose à moi, cette artiste à une présence singulière et particulière et elle explore des territoires troubles de la nature humaine ! Et puis sa prestation là devant nous, tout en douceur, se termine et sans invitation formelle, nous comprenons que nous devons quitter notre siège et nous diriger dans la salle d'exposition pour poursuivre la rencontre. 

Dans ce lieu, il me faut d'abord trouver mes repères pour ensuite y évoluer avec tous les gens autour. Je découvre d'abord une projection fort intrigante qui me présente l'artiste faire des pas en extérieur et entrer dans une autre dimension par une porte imaginaire. Une fois cette découverte faite, je poursuis mon parcours pour découvrir des travailleur·euses du corps en plein action, sauf une qui, je le découvrirai plus tard, accueillera la performeuse. Au milieu, deux récipients avec des boissons (non alcoolisées) ou des tisanes et des petits verres en carton pour en prendre. Quelques autres "stations" de projections vidéo que je découvre l'une après l'autre qui me présentent des perspectives qui me semblent très personnelles et fort belles. Assez d'accord avec la description de la soirée qui annonçait, "Les clips sont un hymne aux moments où l’on reprend notre souffle et l’on calme le système nerveux.". Et moi de les voir et de les revoir !

Une fois un tour et un autre de fait, je quitte le lieu avec une impression positive et différente après cette excursion dans des sentiers différents avec une guide particulière !