mercredi 21 mars 2018

Sur mes pas en danse: "Le cri des méduses" fort complexe selon Alan Lake

De Alan Lake, j'avais vu "Ravages", mais de cette oeuvre, peu de souvenirs bons ou moins bons, sinon l'utilisation de la matière pour soutenir le propos chorégraphique. Mais, à cette soirée de première, je m'y suis rendu plein de curiosité et d'intérêt pour découvrir "Le cri des méduses" qui selon son créateur "prend de nouvelles résonances à la fois avec l’actualité des naufrages des migrants en Méditerranée, mais également quant au futur de l’humanité soumise aux changements climatiques" (Le Devoir 17 mars 2018). Dans le hall de la Cinquième Salle de la Place des Arts, quelques minutes avant l'entrée en salle, la foule est nombreuse et hétéroclite, à l'image de cette humanité. En effet, jeunes et moins jeunes, gens du milieu de la danse et "simples" spectateurs attendent de prendre leur place. 


                                          Photo de l'oeuvre tirée du site de Danse Danse

Le moment arrive et nous entrons dans la salle pour y découvrir, sur scène, une structure de bois et de métal, en apparence banale, mais fort énigmatique à mes yeux. Une fois les lumières éteintes et les avertissements d'usage envolés dans l'espace, nous pouvons découvrir des hommes et des femmes venus de l'ombre qui prennent l'assaut de la structure, telles des méduses prenant place dans un radeau. Nous sommes rapidement entraînés dans une suite de mouvements alliant puissance et élégance. Impossible de rester indifférent durant les tableaux qui nous montrent ces corps qui évoluent avec des mouvements ondulatoires que l'on imagine dans le fond de l'eau. Tout cela enrobé par la musique fort efficace et en direct d'Antoine Berthiaume. Il m'est arrivé de ressentir que j'y étais avec eux et lorsque sur cette façade au fond, un rayon lumineux y perce, de l'oxygène dans mes poumons s'est engouffré. Il y aura bien ce moment trop vite présenté durant lequel, hommes et femmes sont rapidement aspergés par un jet de liquide noir, suivi d'un rapide passage de linges sur eux et sur scène, comme s'il fallait passer rapidement à autre chose et effacer nos erreurs.

Aussi, j'ai été fortement impressionné par ces différents tableaux de "poses de superposés" durant lesquels les corps s'agglutinaient et d'autres en émergeaient, pour nous présenter des formes fort marquantes. Il y aura aussi ces mouvements en duo qui se répètent comme la vague sur le sable et dont je ne me lassais pas de la répétition. Enfin, ce radeau, polymorphique et constamment modifié et déplacé, devient le support d'élans chorégraphiques marquants. Malheureusement, ces élans sont souvent trop courts et comme les vagues sur la plage, effacent toute trace des impressions en nous, des mouvements précédents.

Au final, une oeuvre riche (trop peut-être !), abondante, brillamment et athlétiquement interprétée par Josiane Bernier, Kimberly De Jong, Jean-Benoit Labrecque, Louis-Elyan Martin, Fabien Piché, Odile-Amélie Peters, David Rancourt, Geneviève Robitaille et Esther Rousseau-Morin). Des tableaux qui nous proposent une plongée dans les eaux souvent troubles d'une humanité à la dérive. Une expédition forte en courants et en vortex, mais parfois trop rapide pour que les sensations persistent en nous. Il en reste que la finale, elle, avec les interprètes tout enrobés, nous laisse avec une forte et bonne impression qui sera durable.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire