vendredi 23 mars 2018

Sur mes pas en danse: "Pluton-Acte 3" qui s'inscrit fort bien dans la série "Trace-Hors-Sentiers" de Danse-Cité.

Jamais deux sans trois, dit le dicton et que reprend à son compte la directrice artistique de "La 2e porte à gauche", Katya Montaignac, pour nous proposer "Pluton-Acte 3". Ce projet un peu fou, avouons-le, mais d'une belle folie, est décrit par sa conceptrice, comme celui d'un voyage qui aura duré sept ans et quatre escales qui a duré sept ans. Un voyage qui nous permet de découvrir, comme spectateurs, des territoires uniques et digne de souvenirs. Je me rappelle encore ma rencontre, en première rangée, avec Louise Bédard. Pour cette autre occasion, la proposition est à la hauteur des créateurs-interprètes réunis, soit deux duo, Benoît Lachambre - Dana Michel et Peter James - Katie Ward. Pour peu que l'on connaisse la scène de la danse contemporaine ici, il est évident que nous irons hors des sentiers battus et ce fût exactement le cas.

                                             Photo des deux interprètes par Claudia Chan Tak

Dans ce lieu de "toutes les audaces", le théâtre la Chapelle, j'arrive un peu à l'avance. Et ce que je découvrirai par la suite, pourrait être résumé en un mot avec toute sa signification, le mot "présence" et des différentes perspectives pour la découvrir.

À mon arrivée, "un peu" à l'avance, la salle est déjà accessible au public. Nous sommes informés que nous pourrons changer de place tout au long de la présentation. Peu de gens y sont déjà et je peux y découvrir la scène séparée en deux par un rideau noir qui nous forcera à choisir un côté ou l'autre, occupés par les deux interprètes, Benoît Lachambre et Peter James qui semblent en latence, mais déjà très présents. Il y a les bancs habituels dans les estrades, mais aussi d'autres sur la scène. Sur les côtés, mais aussi au fond de la scène, dont un permet de voir simultanément les deux côtés. C'est sur ce siège que je qualifierais de "la place à prendre" que je prendrai. Et ce siège, je le garderai égoïstement tout le long de la présentation, je m'en confesse. Il me permettra d'abord de découvrir en "avant show", d'un côté, Peter James immobile et de l'autre, Benoit Lachambre sur un "plateau mobile" qui se déplace dans des mouvements "aller-retour". Déjà, leurs présences sont palpables et captent notre attention.

La salle se remplit peu à peu de spectateurs qui supputent sur la place à prendre et qui échangent entre eux aussi. De ma position, j'observe ce macrocosme en perpétuel évolution. Arrive le moment officiel du début de la prestation que l'on devine par l'abaissement de l'intensité lumineuse. Et moi, de ma position privilégiée, j'en apprécie la présence forte des deux interprètes qui nous proposent des gestes banals, parfois incongrus, mais toujours captivants. Il y a des gens exceptionnels qui nous liraient le bottin téléphonique tout en nous captivant et d'autres, tels que les deux interprètes sur la scène, qui utilisent une bouilloire ou un rouleau vert pour provoquer un choc pour l'autre. La banalité des gestes n'a d'égale que l'effet que nous en ressentons. Difficile de décrire les détails vus, mais surtout perçus, mais facile d'affirmer l'effet "fort" perçu.

Durant toute l'heure que dure les déplacements et les mouvements des deux interprètes, les spectateurs se déplaceront curieux, selon ce qu'ils percevront de leur côté ou de l'autre. Et moi, toujours un peu plus "coupable" de ma position privilégiée (m'est l'est-elle vraiment ?), malgré qu'elle me permet d'enrichir ma perspective de spectateur. Il en reste qu'au final, mon regard délocalisé entre les deux endroits, sera-t-il comme les électrons qui sont délocalisés dans le cycle benzénique, stabilisé dans son état final ? À cette question, ma réponse, je la garderai pour moi, mais je peux concéder qu'elle m'a satisfaite.

Je dois concéder que si l'oeuvre est particulièrement fascinante pour l'habitué en danse, je serais bien curieux de connaître l'accueil qu'un public moins habitué lui réservera. Mais, pas question pour moi, de lui suggérer de passer son chemin.  Parce qu'voir la chance de découvrir "la présence" deux "bêtes de scène" en simultané est une occasion unique qu'il ne faudrait pas manquer. Et comme je l'ai entendu à cette soirée de première, " j'ai été amené ailleurs", juste pour cette raison, mais pas seulement, "Pluton-Acte 3, mérite que l'on y aille.


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