Lorsque mes pas m'ont amené jusqu'au 840 rue Cherrier (adresse du département de danse de l'UQAM) pour ma dernière sortie culturelle de cette semaine fort chargée, cela faisait bien longtemps que j'y étais venu. C'était en avril dernier, pour la présentation de fin d'études des personnes finissantes du département. Et le lendemain, se produisait une "catastrophe", lire ici une inondation pas accidentelle qui a forcé la fermeture du département pour le remettre fonctionnel. À mon arrivée dans le hall, tout est pareil, mais cela ne sera pas le cas lorsque nous prendrons place dans le local de présentation, métamorphosé et qui a tout d'une boîte noire.
Mais commençons par le début, soit mon entrée dans le hall où déjà plein de personnes sont présentes et que d'autres viendront se rajouter. Au programme, cinq propositions pour ce festival d'automne dont certaines avec des noms que je reconnais et d'autres à découvrir !
Une fois les paroles d'accueil faites par Sandrine et Camille, du haut des marches et nos chaussures "laissées au vestiaire", nous pouvons prendre place sur un des sièges à une extrémité du lieu. Le moment venu, débute "L'héroïne, une épitaphe romantique" de Laurie-Anne Gosselin avec Juliette Beaudoin, Catrine Rouleau, Anaïs Bonneau, Lou-Anne Rousseau. Apparaissent donc les quatre interprètes tout de blanc vêtues avec leurs lunettes fumées qui nous présentent, d'abord, des mouvements tout en sursauts qui se transforment en mouvements ondulatoires, comme des vagues en différentes déclinaisons. Impossible pour moi de ne pas "plonger" dans cet univers et de ne pas être captivé. Et le tout se termine avec une finale surprenante et tout en contrastes ! Ainsi donc, le temps passe, les époques changent et comme je l'ai découvert fort bellement, "l'héroïne" peut vivre une épitaphe romantique et poétique aussi! La soirée débute fort bien !
Deuxième proposition au programme, "Plus loin que moi" de Charlotte Beaulieu débute de façon fort surprenante. En effet, du fond de l'espace, elle se donne la tâche de déplacer une baignoire qui semble et qui l'est, (selon mes informations obtenues), fort lourdes. Pour peu qu'elle me l'aurait demandé, je me serais levé pour aller l'aider ! Mais, cette tâche, elle l'accomplira seule, car là est son destin ! Et moi, sur mon siège, je réfléchie sur le sens de nos objectifs de vie et de nos efforts pour les atteindre avec les mouvements qui les accompagnent. Voilà une proposition fort philosophique que Charlotte Beaulieu porte avec une apparente légèreté, mais ne soyons pas dupes, parce que comme cette baignoire, le sujet est lourd de sens!
Dernière proposition avant la pause, "Rivage à nos Corps" de et avec Julia Fafard et Adélie Poulin-Coulombe avec au préalable, la distribution d'un feuillet sur lequel se trouve plusieurs poèmes que nous pouvons lire avant et que nous pourrons entendre ensuite pendant la prestation. Feuillet à la main, donc, je survole les différents poèmes, créations de l'une et l'autre. Et puis le moment venu, de la toile devant moi dans l'espace scénique nous arrivent les deux interprètes et "sur cette toile", les gestes émergent. Pendant que dans l'espace les mouvements se font fort présents, les paroles les accompagnent. Parmi ces paroles, je capte "Ma floraison opale invite un doux déploiement décalcable et aussi "Le ventre lourd. Les Pieds étanches. Je m'échappe." Et une fois le tout complété, me viennent en tête ces mots, peu importe notre parcours, on y revient, sur le "Rivage à nos Corps" !
S'en suit un entracte qui me permet de faire de la place dans ma tête afin d'être aussi réceptif pour la suite, composée de deux prochaines propositions.
Pour la suite, d'abord "THREE/SOME" de Lula Mengual avec Fannie Lahaye, Damien Picone et Alexandre Rival. Une proposition qui était annoncée comme "une proposition chorégraphique qui explore le plan à trois comme motif relationnel révolutionnaire." et qui l'a été ! Le tout débute par les habits que l'on revêt et qui nous définissent. Et dans ce qui suit, j'y découvre ce que peuvent vivre les membre de ce trio, dont le sentiment d'être de trop et de trouver les façons de l'être, ensemble de façon harmonieuse, "do you ever ..." ! Et comme un rayon de soleil, cette relation à trois semble se poursuivre "all night long" !
Et puis le tout se termine par le solo de Germain Ducros "Séismes". Cette proposition présentée comme "une performance chorégraphique et vocale, une expérience de cheminement dans le deuil long", je la ressens ! Il arrive devant nous et il nous sourit avant d'entreprendre sa plongée en apnée dans les méandres de ses sentiments démontrés. Et lorsqu'il complète son parcours, moi, je me dis (intérieurement), "ouf !". Comme pour ma première rencontre avec lui, il réussit sans artifices à nous proposer une oeuvre qui a tout du corps noir avec ces rayonnements invisibles aux yeux, mais très visibles à notre ressenti !
Ainsi se terminait cette soirée avec les applaudissements fort bien mérités pour toute cette gang. Une soirée avec cinq propositions qui peut constituer un défi pour les spectateurices présent.es pour garder en tête chacune d'elles. Mais pour peu que l'on se mette en mode écoute et réception, elles se feront un chemin en nous et une petite place ! En tout cas, pour moi, ce fût le cas ! Je reviens donc ravi et fort heureux (avec plein de noms dans ma besace de spectateur) de cette soirée fort prometteuse pour l'avenir.