"120 battements par minute" de Robin Campillo, voilà une oeuvre qui arrive chez nous avec une belle réputation, auréolée par le Grand Prix du Festival de Cannes (2017), des phrases chocs sur son affiche, de nombreuses étoiles des critiques d'ailleurs et d'ici et pourtant ! Après une première semaine à l'affiche au cinéma Beaubien, le film se retrouve relégué dans la plus petite salle. Est-ce le signe d'un certain désintérêt des cinéphiles d'ici pour cette oeuvre qui nous ramène au début des années 1990 durant lesquelles le SIDA faisait son lot de victimes dans la presque indifférence des autorités ? Je ne pourrai pas répondre adéquatement à cette question, mais je pourrais affirmer que c'est une oeuvre essentielle à voir, autant pour son sujet que pour la façon que le réalisateur nous la présente.
C'était, il y a "un siècle " dans l'imaginaire collectif, un mal inconnu faisait de nombreuses victimes parmi les "mal-vus" de la société (homosexuel(le)s, prostitué(e)s, prisonnier(re)s), donc personne pour activer les ressorts politiques d'une société bien pensante et surtout prompte à détourner le regard.
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Faisant suite au film fort percutant "Les témoins" (2007) d'André Téchiné qui nous présentait les petites histoires dans la grande histoire du SIDA, perçue "comme une peste moderne et honteuse". Une fois l'adversaire connu, il a fallu passer aux modes de défense et à la réplique sur un fond d'indifférence. Et c'est là que nous nous retrouvons dans "120 battements par minute".
Sans trop de préambules, nous découvrons "Act up Paris" et ses "combattants" qui se donnent la mission d'éveiller la conscience populaire. Ses "combattants" de tout horizon et aux motivations fort variables se donnent des règles pour agir. Leurs rencontres hebdomadaires, les R.H., sont fort habilement présentées et nous montrent comment les tensions s'expriment. Mais, le tout s'appuie sur les aspects humains et pour cela les différents interprètes nous le présentent de façon fort crédible. Difficile de ne pas être impressionné par la performance de Nahuel Pérez Biscayart, dans le rôle de Sean, qui est criant de vérité et de crédibilité dans sa lutte pour la cause comme pour sa vie. Et ce n'est pas le seul qui nous permettra d'y croire, à cette fureur de vivre !
Les enjeux et les actions qui nous sont présentés, le sont de façon fort percutantes et nous rappelle encore et toujours que c'est dans l'engagement, malgré nos différences, que les causes peuvent aller de l'avant.
Et pour ceux qui comme moi, pourraient se demander pourquoi ce titre ? Le réalisateur, membre de ce groupe (Act up Paris), nous l'indique. La "house music" fort populaire à cette époque, et présente de façon fort pertinente dans ce film, avait un rythme de 124 battements à la minute.
Le devoir premier de tout citoyen est. selon moi, de prendre soin de tous malgré leur différence, mais surtout des plus faibles, voilà pourquoi, il faut se rendre à une des projections pour se le rappeler.
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