Cette année, mes pas au FTA se font principalement sur le mode programme double. Pour cette soirée, ce fût d'abord "Quatuor tristesse" de Daniel Léveillé (Daniel Léveillé Danse) dans la grande Salle Rouge du Wilder et ensuite, pas trop loin dans "Le Balcon" de l'Église unie Saint-James, "Récital" d'Anne Thériault (Lorganisme).
Si pour Daniel Léveillé, j'ai pu découvrir les œuvres précédentes, présentées au FTA, ce ne fût pas le cas pour Anne Thériault. Donc, avec cette "mise en pas" je fais la file pour la première partie la soirée. Et la file, plus de trente minutes avant le début de la présentation, était déjà fort longue. Malgré tout, j'ai pu trouver ma place de choix pour découvrir la suite de la "trilogie" ou la troisième partie de Daniel Léveillé, entreprise avec "Solitudes solo" et suivie par "Solitudes duo". L'univers de ce chorégraphe, pour l'amateur de danse contemporaine, est très cartésien et assez "froid". Mais, pour peu que l'on s'y plonge et qu'on l'apprivoise, il apporte de grandes satisfactions.
De ce "Solitudes solo", j'avais vu une évolution avec la suite "Solitudes duo". Mais pour la suite, avec "Quatuor tristesse", je m'attendais à une évolution du propos, empreinte de tristesse, compte-tenu de son titre. Mais de cette tristesse annoncée, peu de trace montrée. Selon les attentes des spectateurs, ce troisième opus sera satisfaisant ou non. Pour ma part, contrairement aux commentaires entendus après la représentation, "Quatuor Tristesse" m'a laissé sur ma faim, malgré la grande qualité d'interprétation des six interprètes, Mathieu Campeau, Esther Gaudette, Justin Gionet, Simon Renaud, Ellen Furey et Dany Desjardins (nommés par ordre d'apparition).
(Note à moi-même: Me requestionner sur ma posture de spectateur et de mes attentes. Revoir mes critères d'appréciation face aux choix des créateurs et que ceux que j'aurais fait !)
Dès les premiers moments, le premier quatuor (trois hommes et une femme, ) prennent possession, d'un pas ferme du carré blanc scénique. Ils nous proposent, nus, des gestes exécutés fort habilement avec une précision, qui me rappelaient, à s'y confondre, aux deux oeuvres précédentes. Ce qui me frappe encore dans leur exécution en alternance est l'écoute "visuelle" des autres, mais d'expression, aucune trace, je constate. La suite, le plus souvent à quatre, sinon en solo ou en duo, mais jamais plus, sur cette scène blanche dont ils ne sortiront jamais ou presque.
Mais il y aura ce moment durant lequel, prend toute la place, la "tristesse rayonnante", tel un corps noir, d'Ellen Furey, portée par son regard et sa physionomie, qui me rejoint droit dedans moi. Elle s’avérera mon seul "rayon" de tristesse dans ces moments durant lesquels les gestes et leurs ondes auront dominé par leur solitude. Je dois avouer que cette nudité exposée (contrairement aux deux oeuvres précédentes) par les six interprètes n'a rien ajouté, selon moi, à la portée du propos du chorégraphe. S'il poursuit à un octuor, j'espère qu'il se permette une suite à la hauteur de son talent déjà exprimé et aux attentes du spectateur que je suis.
Sortie de la salle pour me diriger un peu plus à l'ouest sur Ste-Catherine, pour trouver, tout en arrière, l'entrée du lieu saint, l'Église unie Saint-James, pour prendre place dans "Le Balcon" pour assister à "Récital" d'Anne Thériault, accompagnée sur "scène" par Rosie Constant et Virginie Reid.
Photo des trois interprètes de "Récital" par Dominique Bouchard tirée du site Le Devoir
À notre arrivée devant de l'église, nous sommes dirigés vers l'arrière du bâtiment pour ensuite monter l'escalier pour au final prendre place dans une grande salle tout en longueur. Au fond, une estrade de quelques rangées avec sur quelques sièges une cassette audio. J'en glisse une dans ma poche (faudra juste que je retrouve mon vieil appareil pour en profiter !). Sur le devant "rien et entre les deux, une long tapis fort "moutonneux" avec "plein de bidules dessus" provenant d'une autre époque, comme l'était la cassette audio. Avant la représentation, dans ce lieu saint, nous pouvons commander une boisson alcoolisée, mais pas nécessairement du vin de messe. La salle se remplit et, discrètement, les interprètes arrivent, rejoignant donc leurs partenaires musicaux, dont un orgue ou un piano (???) ainsi que le thérémine qui deviendront des "participants sonores" fort importants dans ce qui suivra.
Pause-définition: Le thérémine est un instrument de musique électronique, inventé en début du siècle dernier, qui émet des sons sans qu'on le touche, juste en rapprochant ses mains de ses antennes et qui réagit à l'environnement. Anne Thériault indique dans le feuillet de présentation qu'il est très "caractériel" qui a sa propre volonté. "Ça j'aime cela !"
Ainsi donc, dans une ambiance feutrée de ce lieu différent, d'une autre époque, colorée de brun et de beige apaisants, nous découvrons leurs déplacements, tels que ceux de poupées mécaniques venues d'une autre époque, suivant des chemins préétablis, modulés par les éclairages et le son de la thérémine, mais aussi modulant, elles aussi, les sons et la musicalité du lieu. tout en douceur. De ces femmes, j'en suivrai les déplacements avec grand plaisir, comme si, moi aussi, j'étais dans un autre monde, leur monde. Et cela je le ferai jusqu'à ce qu'elles se rejoignent au pied du clavier dans un moment où les corps et la musique sont en parfaite symbiose. À ce "The end" auquel je me serais attendu, la pièce s'est poursuivie, entachée par ma déception de cette magie quelque peu dissoute. Mais le spectateur est "discipliné" et reste bien attentif, "réembarque" pour poursuivre jusqu'à la fin "finale" qui m'a reconquis. Deux finales pour le prix d'une, puis-je se plaindre ?
Au final, une oeuvre qui émerge d'un autre temps et qui nous y entraîne dans un lieu fort approprié pour cela. Et moi, au moment présent, je reviens, mes pas me ramenant à la maison suite à une belle soirée tout en opposition, signée FTA.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire