"Un programme double, qu’est-ce que t’en dis / Une vue d’amour, une vue d’bandits / Un programme double, y a rien comme ça / Pour oublier tout c’qui va pas", chantait Sylvain Lelièvre ("Programme double"). C'est ce que j'ai fait en ce lundi soir de FTA avec une "vue d'amour" ! sur grand écran avec "Union of the north" à la Cinémathèque Québécoise, mais pas une vue de bandits pour la suite au théâtre La Chapelle avec "Bleu" qui n'a rien volé à sa réussite et qui a capturé mon imagination.
La soirée a donc débuté avec la célébration d'un mariage et de ses préparatifs, celui de la chorégraphe Erna Òmarsdòttir et de "l'Homme orchestre" Valdimar Johannsson préparé par Matthew Barney. À mon arrivée à la Cinémathèque, je prends le feuillet de présentation, essentiel pour les "crédits" de l'oeuvre, parce que comme me l'indique la personne à l'accueil, ce que je verrai est la la deuxième partie d'un triptyque, dont l'avant et l'après étaient constituées de prestations "live" et rien ne m'indiquera les créateurs et les interprètes de cette oeuvre.
Installé bien à l'avance sur mon siège, confortablement assis, j'ai pu prendre connaissance du "programme de la soirée" et cela m'a guidé dans la suite pour m'y retrouver "quelque peu" ! Parce que cette célébration n'a rien de convenu ni d'habituel et qu'elle nous amènera dans un centre d'achat avec les préparatifs de l'un dans une épicerie et de l'autre dans un magasin d'articles de sport. Les préparatifs ont tout à voir sauf à ce que nous pourrions vivre ici et même en Islande, pays d'origine des futurs mariés. Complètement éclatés et enrobés, sinon hallucinants les différentes étapes des préparatifs jusqu'au pied de l'hôtel, un comptoir d'un Dunkin Donuts ("Coffee and much more") derrière lequel est installée une "divinité" (Sofia Jernberg) à la voix d'or.
De ces préparatifs, il est parfois difficile de bien les suivre parce que l'écran est souvent séparé en deux, montrant lui d'un côté et elle de l'autre avec de son côté à lui, un "préparateur" au propos diluvien (islandais traduit en anglais), propos rayonnant de connaissance, mais complètement hors propos. Propos qui sont néanmoins passionnants par leur teneur érudite. Le tout se termine dans l'apothéose de la bulle "cérémoniale" et du départ vers une nouvelle vie ! Nous laissant nous derrière, "sur le cul", oups !, plutôt sous le choc !!!
Après une légère hésitation à revenir à la maison, mes pas m'amènent après une vingtaine de minutes de marche, fort essenteilles, qui recharge mes batteries et qui me permettent de faire le vide, jusqu'au théâtre La Chapelle. Dans un hall "surchauffé", une foule nombreuse déjà s'y entasse. J'attends, en "mijotant" pour y découvrir "Bleu" de Jean-Sébastien Lourdais avec Sophie Corriveau. Déjà quelques minutes avant de prendre place dans les lieux, la salle vrombit d'un son enveloppant et assourdissant.
Photo: Jean-François Boisvenue tirée du site du théâtre La Chapelle
À notre entrée, l'interprète est déjà là, en plein "travail" sur une scène envahie d'une matière qui je le découvrirai assez vite s'avère être des nouilles, des "tonnes" de nouilles éparpillées ou en tas. Elle accumule cette matière, telle des potentialités pour en faire des amas de concrétudes, tangibles et observables. En habit de travail et avec les objets de circonstance, elle "procède" sans tenir compte de nous ou si peu. Je partage le point de vue du chorégraphe qui indique dans le feuillet de présentation que "La matière utilisée n'est plus prise pour ce qu'elle est, mais pour tout ce qu'elle peut évoquer et éveiller d'un point de vue sensoriel. L'environnement participe donc à l'évolution dramaturgique en offrant quantité de lectures au spectateur". Comme s'il disait, donnez un carré de la sable à un enfant et il en deviendra le roi ! Et dans cet espace, je m'y suis retrouvé, guidé par cette femme avec mes projets de vie, remplis de travail, d'observation, de bilans, de regrets, de reculs et de regrets. Le tout présenté simplement, me permettant d'y prendre place et comme je l'aurais fait avec une fin toute en douceur et en générosité, puisque c'est elle-même qui nous ouvre la porte de la salle pour poursuivre notre réflexion, hors des lieux.
Avec d'autres pas bienvenus, je reviens à la maison avec une grande satisfaction et une toute petite nouille dans la poche, comme souvenir tangible de cette rencontre marquante.
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