lundi 9 juillet 2018

Sur mes pas en danse: Une belle et agréable soirée "Mue Érable"

Cette sortie danse n'était pas planifiée à mon agenda, mais pourquoi pas !  Dans cette saison de danse estivale en extérieur, j'ai été attiré, bien curieux, de découvrir en salle cette oeuvre auto-produite de Charles-Alexis Desgagnés, "Mue-Érable". Je ne connaissais pas ce chorégraphe-interprète et cela me semblait bien audacieux de proposer hors-saison une oeuvre avec 28 interprètes dans une salle (Édifice Wilder) sans être supporté par un diffuseur officiel. C'est cette audace qui m'a convaincu de suivre mes pas de spectateur et de m'y rendre et j'ai bien apprécié sa soirée. Soirée qui a duré plus de deux heures et qui s'est déclinée en quatre temps sous les couleurs des relations inter-personnelles avec en filigrane la vulnérabilité, dixit le feuillet de la soirée, et au final, je suis d'accord.



Mais commençons par le début. À mon arrivée dans le café-bar qui sert de hall d'attente, peu de monde s'y trouve déjà. Il est vrai que le spectateur que je suis aime arriver tôt. Bien assis, en attente, je peux observer l'arrivée des spectateurs, puis ensuite "sans souliers" des interprètes. Cela commence par une chanteuse au banjo et d'une danseuse qui longe le mur de la place. Par la suite, de "partout", le lieu s'habite de "drôles" de personnages qui dispersent des bouts de tissus, qui prennent possession de façon acrobatique de certaines tables et aussi vont au devant des spectateurs, dont moi. Les gestes que l'on découvre, pour peu que l'on soit attentif, nous les reverrons dans un tout autre contexte plus tard en soirée. Et discrètement, la porte de la salle s'ouvre, mais l'action étant dans le café-bar, personne ne la franchit sauf certains interprètes. Moi, j'hésite un peu, mais je m'y dirige à la suite de deux spectateurs entraînés délicatement par des interprètes-guides fort persuasifs. La salle est presque vide avec quelques interprètes en action dans les estrades. "Mon" banc est libre et je m'y dirige. Sur la scène, on peut découvrir quelques bouts de tissus.

Le temps passe et peu à peu les sièges trouvent preneur et la scène riche de sa blancheur, tâchée de bouts de tissus se remplit de personnages. Et une fois toutes les lumières éteintes, débute la présentation des trois parties toutes différentes qui pour moi, sont colorées d'abord  "bleu ciel", ensuite, "brun terre"  terre et enfin vert aqua.

Dans le premier tableau d'une trentaine de minutes, nous découvrons seize interprètes qui évoluent dans de grands déplacements dans lequel je voyais des astéroïdes en mouvement sur fond de poussières d'étoiles. L'ombre ne cachait pas les mouvements et les bris de rythme ne me faisait pas décrocher. Des relations humaines présentées de façon fort poétique et agréables à voir. Ce que j'aurais fait plus longtemps encore. Des relations qui amènent au dévoilement partiel d'un des personnages sans que les autres en abusent.

Et puis arrive le deuxième tableau, fort bien amené par le fond de la salle avec les dix interprètes, une fois le rideau tiré. Et sur cette scène-terre, les bouts de tissus s'accumulent, orientent les relations humaines, les influencent aussi jusqu'à l'autre dévoilement. La trame musicale enrobe bien le propos chorégraphique et les changements de relief terrestre modulent le propos.

Et puis avec une entrée fort bien amenée, nous arrivent six interprètes pour le troisième et dernier tableau coloré vert aqua. Les bouts de tissus, toujours plus présents, comme des vagues affluent et refluent au gré des relations qui se nouent et se dénouent. Une certaine maturité des personnages émerge tout au long de ce tableau. Et encore une fois dans ce cercle fort habilement créé par ces bouts de tissus qui sont amenés par tous les interprètes, le dévoilement ultime se fait devant nous. Il est total et devant tous les interprètes, revenus sur scène. Et puis arrive la finale à deux, la scène devenue vide de ses apparats textiles pour protéger cette femme soumis aux regards de tous. Et lorsque les projecteurs s'éteignent et se rallument, elle a disparu de son abri textile loin de nos regards.

Et les applaudissements prennent place pour accueillir les interprètes et le chorégraphe qui démontrent une satisfaction fort visible, ce qui rend le moment fort sympathique. De mon siège en première rangée, cette soirée m'a permis d'apprécier comment artistes professionnels, semi-professionnels et amateurs peuvent s'unir et embarquer dans une aventure un peu folle, (avouons le !)  pour proposer une oeuvre sincère et engagée. Félicitations, Vanessa Brazeau, Maryline Cyr, Janelle Hacault, Kyra Jean Green, Jee Lam, Léa Lavoie-Gauthier, Annie Arcand, Melissa Arredondo Lopez, Marilise Aubry, Rose Beaulieu, Hélène Bélanger, Marika Demers, Jennyfer Desbiens, Célane Dodier-Côté, Corinne Fels, Sophie Fournier, Laurence Gauvreau Pecek, Maude Guérette, Sarah Labbé, Judith Lacharité, Coralie Lali Lala, Vincent Lavoie, Gabrielle Morneau El-Hajal, Lysiane Munger, Julien Ouellet, Thaïna Rosinvil, Denis Tremblay et Caroline Vitello.

Au final, une belle soirée qui m'a permis de voir des mouvements sincères, des tableaux avec des amalgames de corps en mouvement fort bien réussis et un chorégraphe qui a voulu aller au bout de ses rêves et suivre sa "petite voix intérieure". Et moi, ce type de détermination, j'en suis friand. Voilà donc pourquoi, mes pas de spectateur de retour à la maison furent léger et pour la petite histoire, ont rencontré une moufette juste là, à l'arrivée, sans trouble, ni peur. Parce que des rencontres imprévues, ne se terminent pas toujours mal.

Et au Festival Quartiers Danses du 5 au 15 septembre prochains, il sera possible de découvrir les créations de certaines d'entre elles dont Kyra Jean Green et Janelle Hacault. Moi, j'y ferai un tour !


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