jeudi 15 septembre 2016

Sur mes pas danse au Festival Quartier danse "dehors": un inspirant "Children of Chemistry"

C'était annoncé, le tout débuterait avec un peu en retard et moi qui là jouait serré, cette sortie danse. Par conséquent, à défaut de voir de deux oeuvres, cela a été qu'une, ce qui est quand même mieux que zéro, vous admettrez ! Et celle-là, je ne voulais pas la rater, parce que malgré les quelques possibilités que le festival m'offrait, c'était ce soir ou jamais, un "last-call" !

                                         Photo tirée du site FB du Festival

Et quelle était cette oeuvre, me demanderz vous et pourquoi surtout ? Il s'agissait de "Children of Chemistry" de Sébastien Provencher. Comment le professeur de chimie que je suis, pouvais la rater une deuxième fois, parce qu'elle a déjà été présentée en salle, il y a quelques temps et moi, je n'avais pas pû m'y rendre. En entrée de jeu, je dois indiquer qu'il y a longtemps que pour moi, le sens d'une oeuvre (mon interprétation, devrais-je prudemment ajouter !) ne s'est pas autant imposée si fortement. Il semble que le chorégraphe, dont je sais qu'il a eu la chance de suivre des cours de chimie, n'a pas mis une dose homéopatique de cette matière dans sa création et je ne parle pas du titre ici. Rarement, donc le sens d'un oeuvre s'est imposé instantanément en moi et que mon crayon, qui m'accompagnait avec bonheur pour l'occasion, a été très actif. Pour tenter de mettre en mots ce que j'y ai vu, j'utiliserai un vocabulaire chimique, mais rassurez-vous, vous devriez pouvoir me suivre.

De façon globale, l'oeuvre est faite en deux parties telle une réaction chimique. Le tout débute avec un état initial qui passera par un état de transition pour permettre de passer de l'autre côté de la flèche (de l'équation chimique) pour produire un état tout à fait différent qui reviendra à un état initial plus calme à la toute fin.

Ainsi donc de cinq danseurs (Alexandre Morin, Gabriel Painchaud, Abe Simon Mijnheer, Jossua Collin, Jean-Benoit Labrecque) habillés de noir, de beige et de blanc, espadrilles aux pieds, sont immobiles au départ, face à une partie du public, dos à une autre partie (dont moi), mais sans conséquence sur le plaisir d'y être. Le tout débute par des mouvements de bras et de la tête, néanmoins perceptibles de derrière, les mouvements deviennent plus importants, la réaction chimique s'enclenche. Les jambes se mettent à bouger et s'en suit des déplacements, d'abord assez lents pour ensuite s'activer de façon synchronisée. Mais comme tout bon système, les danseurs, telle de la matière, d'abord subtilement, mais par la suite plus clairement, perdent de leur cohésion pour se particulariser.

Le processus est en marche et arrive le moment  le tout passe par un état de transition, habilement imaginé par le chorégraphe, permettant de passer de l'autre côté de la flèche. De beige/noir/blanc, la transition est évidente avec les vêtements qui sont maintenant un bas de maillot rouge avec un casque de football de même couleur. Le tout est en pleine ébullition de mouvements, la réaction s'emballe pour dévoiler la nature des personnages, "parce qu'un gars, c't'un gars" serait-on tenter de penser. Mais leur nature amphiphile (terme utilisé pour définir une molécule qui a double personnalité, tels les savons), reprend ses droits. Le tout se termine avec une accalmie qui s'illustre par l'amalgamation des corps, une fois toute cette énergie cinétique dégagée, à coup de contacts, de charges brutales, presqu'animales.

                                          Photo: Jean Riendeau

Comment conclure sur une illustration aussi évidente de la chimie mise au service d'une oeuvre chorégraphique sur le thème de l'identité, déclinée au pluriel. Thématique que le chorégraphe utilise habilement pour concevoir ses oeuvres. Pour ma part, j'en suis encore bouche bée et heureusement que mes doigts, comme mes pas, ne sont pas dans le même effet. Il en reste que c'était une oeuvre audacieuse qui sur une place publique (Place Émilie-Gamelin) a su satisfaire le nombreux public présent qui n'était pas seulement des férus de chimie.




Aucun commentaire:

Publier un commentaire