Pour la première sortie officielle en danse de la saison automne, mes pas m'ont porté dans un lieu inhabituel, soit le 3700 rue Berri qui est habituellement inoccupé, sauf par des gardiens de sécurité qui en assure la préservation pour ... allez donc savoir ! Pour quelques soirées, les lieux seront occupés par les femmes qu'Aurélie Pedron a réuni pour nous offrir "La Loba". Avant d'entreprendre le compte-rendu de mes différentes rencontres, je m'en voudrais de ne pas rappeller que cette chorégraphe m'a, dans le passé, amené dans son antre dans "Entre" qui était une rencontre les yeux fermés avec les mouvements de l'autre qui sont devenus les miens. Il y eu aussi "INDEEP" que j'ai eu la chance de découvrir et qui m'a permis de voir évoluer une dizaine de jeunes, les yeux fermés, dans un environnement qui confondait le tout et je me souviens encore des mots que m'avait inspiré mon incursion. "Là dedans, bien profondément en dedans. Là où l'intimité se fond avec l'autre, le moi devient le toi, sinon l'inverse. Pour cela merci beaucoup". Inspirant n'est-ce pas ?
C'est donc sans hésitation que mon billet fût rapidement réservé et que le moment de rencontre avec "La Loba" attendu avec fébrilité. Parce que les rencontres qu'elle me propose me laissent des traces. Et comme l'annonce fort justement le feuillet remis par Danse-Cité à l'entrée, "Bienvenue à une expérience unique en son genre ! Le spectateur compose librement son parcours (ce qui rend l'expérience d'autant plus unique). Belle aventure."
Me voilà donc, à l'entrée, dûment inscrit, dans ce lieu attendant les instructions. Nous sommes quelque uns et attentifs, ces instructions s'avèrent claires. Il y a une carte des lieux dans le feuillet qui nous permet d'arpenter les lieux et de nous diriger vers les portes ou les entrées pour les rencontres. Avec son enthousiasme communicatif, Maud Mazo-Rothenbühler, nous présente les quelques règles du jeu pour les 3 prochaines heures, avant de nous inviter à aller de l'avant vers les propositions chorégraphiques d'Aurélie Pedron, reine des micro-performances. Je serais tenté de la corriger en ajoutant le terme incontestée, pour en faire une description plus complète, soit une reine incontestée de la micro-performances. Le débat est ouvert !
Pas le temps de le compléter ce débat, parce que le monde "La Loba" s'ouvre à nous, tout en asymétrie et surtout sans toutes les règles définies. Certaines "rencontres" seront pour une seule personne à la fois, d'autres pour un nombre très limitées, d'autres aussi seront le fait de rencontre et enfin d'autres pour un public, un peu plus nombreux. Je ne pourrais pas parler pour les autres, mais moi, il m'a fallu un certain temps pour établir mes repères et pour commencer à avoir des pas moins frénétiques. Tel un fantôme longtemps enfermé dans son placard, j'ai parcouru les corridors cherchant les rencontres. Et les rencontres furent riches, intrigantes et surtout tellement différentes. Des rencontres qui s'ancraient surtout dans la matière, telle que la terre, l'eau, la glace, l'air et tellement plus.
Des rencontres avec des femmes qu'il me fallait découvrir avec mes sens et la patience de prendre mes repères. Pour mieux vous faire comprendre, rien de mieux qu'un exemple. L'heure arrivée, je rentre seul dans la pièce et je m'installe sur le matelas, attendant. De l'autre pièce, par la porte, un "spot" lumineux me révèle l'arrivée d'une femme qui viendra jusqu'à moi, dans une rencontre qui amène mes émotions là, dans ma gorge. Il y aura aussi les quelques rencontres qui me demanderont de prendre le temps pour saisir ou pour tenter de saisir, qui est-elle ? D'autres fois, si le personnage est là, bien là, il me faudra du temps pour tenter. par ses gestes, de tenter d'en cerner les contours, souvent en vain, je le concède. Mon plaisir se révèlera dans la recherche et non dans la finalité de la découverte.
Arrive le moment. Mes pas arpentent les corridors, enfin plus calmes, acceptant les limites de la perception de l'autre et prenant le temps et acceptant mes limites. Mes réponses à qui est-elle restent incertaines, mais n'en est-il pas de même dans notre vie ? Il en reste que cette fenêtre temporelle de trois heures, je l'ai trouvé bien courte. Parce que dans ce lieu, j'y serais resté toute la nuit, mais 22h00 sonnant, vers la sortie, je me suis dirigé. Et encore troublé, mais satisfait par ces rencontres, mes pas m'ont ramené à la maison.
Merci Daniel (Soulières), Aurélie (Pédron), Ariane (Boulet), Marie-Claire Forté, Rachel (Harris), Audrée (Juteau), Catherine (Tardif), Alexane (Tremblay), Karina (Champoux), Annie (Gagnon) qui m'a réconforté au bon moment, Karina (Iraola), Linda (Rabin), Anne (Thérault) et Lucie (Vigneault), sans oublier tous les autres artisans de l'ombre, pour ces moments de rencontre qui me laisseront des traces.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire