vendredi 11 août 2017

Sur mes pas aux Festival AIR: des pas toutes directions

La plus grande qualité de Facebook, selon moi, est de me proposer des sorties culturelles que je n'auraient pas connaître autrement. Celles du Festival Air est l'une de celle là. Ce Festival, nouveau de cette année et qui n'aura pas de suite, propose des propositions de toutes sortes, les arts vivants, dont de la danse, mon principal intérêt et raison de ma présence. Sous la gouverne de Thomas Duret, la compagnie "Théâtre du Baobab" se donne comme mission d'utiliser, sans permission, les lieux publics, les "zones grises" peu ou pas utilisées par tous. Suite à un appel de projets qui a reçu de nombreuses réponses (plus de quarante), le choix s'est porté sur treize propositions présentées dans quatre lieux en autant de soir dont le premier arrêt, l'Île Ste-Hélène, où je me suis rendu.



Au programme, "Je fuis, j'oublie, je reste"  de Chloé Bourdages-Roy, "Merz" de Jacqueline van de Geer et "C'mon Montréal" de Denis Lafond et Spéranza Spir. Une oeuvre danse, donc, suivie par deux de performances. Au point de ralliement, métro Jean-Drapeau, une vingtaine de spectateurs attendent, tout en constatant, comme moi, comment ce beau lieu a été défiguré par toutes ces clôtures métalliques et édifices temporaires nécessaires à la présentation de ces grands évènements musicaux. La piscine extérieure se fait bien discrète et la verdure un peu pâlotte. Mais l'heure sonne pour le début et nous sommes invités à faire une petite marche jusqu'à un coin de verdure près d'un bassin. Se présentent à nous les six danseuses (Ariane Dessaules, Élise Landry, Cassandre Lescarbeau, Kim L. Rouchdy, Marie-Ève Tremblay et Tiffanie Boffa) pour nous présenter des relations entre femmes. Difficile de faire abstraction du lieu extérieur pour découvrir cette oeuvre qui en donne une perception différente que celle que j'avais eu dans un salle la première fois. Le "je fuis" se fait plus réel, le "j'oubli" plus volatil et le "je reste" plus évident avec une qui reste et toutes les autres que l'on voit partir là-bas au loin, vraiment loin. Si comme pour certains passages musicaux ou certaines paroles de musiques qui m'imprègnent, il y a dans cette trop courte oeuvre, un moment du même genre. Pendant que toutes sauf une se déplacent, il y aura une de celles qui partent qui reviendra la chercher, celle qui reste. En mot, cela fait assez ordinaire, mais en gestes, l'effet est fort puissant et, ce court moment, je le reverrais encore et encore pour toute la symbolique et l'émotion qu'il me produit.

Fin de la première oeuvre et déplacement vers un endroit proche de l'immense Biosphère où l'espace gazonné dispute l'endroit au gravier de tout calibre, présage de ce qui viendra. En haut de la petite côte nous attend Jacqueline van de Geer qui dans un prologue, qui de son propre aveu quelque raté, nous entraîne dans son interprétation très personnelle de la première guerre mondiale. Elle se pare de ses atours "pour s'imposer à nous", ensuite sortir les accessoires (rudimentaires) de sa démonstration sur la stupidité de la guerre. Mais avant, nous donner la signification du titre de sa proposition, qui provient de sa vision dadaiste et du mot allemand amputé "kommerz" (commerce), inspiré de ses soldats blessés revenus de la guerre et d'un pays en pleine décrépitude. Sa démonstration implique le public et, "naturellement" j'ai du aller au champ de bataille affronter un pur inconnu. Évidemment le sang (du ketchup) et du gaz moutarde (de la vraie moutarde) ont rempli le champs de bataille encombrés des nombreuses victimes (ustensiles de cuisine en plastique), en laissant des traces sur mes vêtements.  À la guerre comme à la guerre et avec des cicatrices nous en reviendront. 

Si le tout est présenté sur le ton dada, il est impossible de ne pas avoir une sympathie certaine pour cette femme venue des Pays-Bas jusqu'ici depuis peu, et qui dans ses "tripes" et ses gènes d'européenne, ressent encore l'absurdité des conflits passés et actuels. C'est dans un "hug" collectif que le tout se termine et que nous entreprenons notre longue marche jusqu'au troisième lieu de présentation.

C'est adjacent à un boisé que nous prenons place. Devant nous, un long tapis rouge avec à une extrémité un cercle fait d'une corde blanche. Possible de voir aussi, juste à côté, deux poupées dont une démembrée et aussi une femme de rouge vêtue et venant du fond du boisé, un homme tout en blanc avec sur lui, une lourde sculpture représentant, selon moi, un loup. "C'mon Montréal, sérieusement un rodéo ... ?" a été faite par ses créateurs en réponse à, "l'idée absurde et sérieusement non cool d'un rodéo à Montréal pour son 375e". Utilisant le butoh et le flamenco. la démonstration recèle ses zones d'ombre et des litanies exprimées peu compréhensibles. Il en reste que cet homme, nous ressentons bien le lourd fardeau qu'ilporte et qui représente bien l'expression latine "homo homini lupus" (l'homme est un loup pour l'homme), mais aussi pour les bêtes des rodéos.  Après que nous ayons été dans cet arène et ensuite chassés, le rideau s'est baissé sur cette oeuvre et sur la première soirée de ce Festival qui je le rappelle se veut quelque peu subversif et qui est commandité, surprise !, par le député Amir Khadir. Trois autres soirées sont au programme, mais moi, impossible de les mettre dans mon agenda, dommage !

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