Comme amateur de danse, les propositions de courts-métrages en cinédanse font partie, et de plus en plus, de mon agenda de sorties culturelles. Et lorsque la plus récente sélection (2018) des "Regards Hybrides en tournée" "a déroulé ses bobines" dans ma maison de la Culture (Villeray - St-Michel - Parc-Extension), mes pas m'y ont amené sans hésitation. Dans ce grand amphithéâtre, trop peu rempli pour l'occasion (de mon opinion !), le moment arrive et les lumières se font discrètes. Au programme, sept courts-métrages, sélectionnés et présentés par la commissaire Priscilla Guy qui nous feront voyager autant dans le temps que sur la planète. Et pour moi, le grand casanier devant l'éternel, ce voyage je l'ai bien apprécié. Pour l'occasion, elle était accompagnée par Kim-Sanh Châu, co-réalisatrice et interprète de "Ore" qui répondra à nos questions après la projection.
La cinédanse a ceci de particulier et par conséquent, d'intéressant, qu'elle introduit un intermédiaire entre le spectateur et les interprètes. Elle le fait par le point de vue qu'elle propose d'abord, mais aussi par la présentation des gestes, ce qui a été encore le cas pour cette soirée.
Le premier court s'avère une pièce d'anthologie, "Dance of the Seasons", Winter Snow Dance d'Alice Guy Blache, qui en noir et blanc, nous ramène au début du siècle dernier (en 1900, plus précisément), pendant une trop courte minute. Curieux ou curieuse, voici le lien pour découvrir cette oeuvre d'une tout autre époque avec de la neige particulière (https://www.youtube.com/watch?v=hOJ3v-pQgrM).
Il s'en suit "Specto" de Quentin Pellier, qui nous présente un danseur à une intersection de rues qui se mettra en mouvement avec autour de lui, la vie quotidienne qui s'ébat. Un cinq minutes qui résume ce que nous pourrions découvrir si nous osions.
Nous arrive ensuite "de proche", "Inapprochable" de Catherine Lavoie-Marcus et Priscilla Guy qui nous les présente toutes les deux, dans une interaction du geste et de la caméra, tout de blanc vêtue et toute déformée et en tourbillons, provenant de leurs "Singeries" !
Il s'en suit "Landscape" de et avec Terrance Houle qui nous amène en territoires autochtones avec lui et ses mouvements comme guide. Une oeuvre simple et sans artifice qui s'avère fort sincère dans le propos.
"Well Contested Sites" d'Amie Dowling et Austin Forbord nous entraîne dans l'ancienne prison américaine d'Alcatraz avec d'anciens prisonniers, qui reprennent possession des lieux. Impossible de rester impassible devant cette oeuvre, forte. Je peux en témoigner.
Il s'en suit, sur tout autre registre, "Supermambo" de Benito Gonzales. Une oeuvre ludique qui nous présente lui et elle, par touches discontinues, sur un carrelage rouge en arrière fond. Les mouvements peuvent se faire par sauts et receler des surprises, voilà ce que j'en retiens.
Le tout se termine par l'oeuvre maîtresse de la soirée, "Ore" de Kim-Sanh Chaû et Ray Lavenders qui poursuivent leur exploration du Vietnam d'aujourd'hui, entreprise avec "Inner Smoke" (que j'avais vu lors d'une séance de projection lors de la plus récente édition du Festival Quartier Danse). Cette oeuvre d'une vingtaine de minutes, nous présente d'abord, des danseurs de là-bas et ensuite Kim-Sanh Châu, tout en danse, investissant le quartier de ses origines familiales (comme elle nous le dira après la présentation). Dans ces lieux, les mouvements sont interdits par les autorités, nous l'apprendrons par la suite. Par conséquent, cet acte d'appropriation des lieux résonne différemment en nous et demanderait qu'on le revoit. La tristesse exprimée pourrait remplacer la nostalgie que j'y avais vue.
Au final, une soirée cinédanse qui introduit, encore une fois, de façon fort habile, un partenaire du mouvement dans sa présentation et l'amateur de danse que je suis a été comblé.
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