Lorsque de la grande visite vient en ville, les amateurs de danse ne se font pas prier. Voilà donc pourquoi, toutes les représentations régulières de "Viriditas" oeuvre de Margie Gillis, ont affiché complet et qu'une supplémentaire a été ajoutée par les responsables de l'Agora de la Danse. Moi mon billet je l'avais, depuis un certain temps et j'avais bien hâte ! Pour cette rencontre, mes pas m'ont donc amener à la petite salle "Bleue" du Wilder. Si cette salle est trop petite pour l'intérêt qu'elle suscite, elle s'est avérée parfaite pour créer l'intimité de la rencontre entre les interprètes et le public. Et cette rencontre a été à la hauteur de mes attentes et du public présent, si je me fie aux commentaires émis à la rencontre avec les interprètes après la représentation.
Tirée du site de l'Agora de la Danse
Margie Gillis est une danseuse et chorégraphe hors-norme et une grande dame dont la simplicité des propos n'a d'égal que le force des gestes. Je garde encore en tête depuis mon adolescence, les mouvements de cette danseuse et de sa longue chevelure.
Pour "Viriditas", elle part en mission face au sort que les humains réservent à la nature et s'inspire d'un personnage historique, Hildegarde de Bingen pour conscientiser. Pour mieux comprendre, la lecture de l'article et le compte-rendu de Catherine Lalonde avec l'artiste (Le Devoir 10 février 2018) s'avère un choix judicieux. Dans cet article, on peut y apprendre aussi que "Viriditas" ou viridité en français, signifie la qualité de ce qui est vert et que pour cette abbesse du XII siècle, le verdissement de l'âme implique que la spiritualité et la nature sont entrelacés. Je peux témoigner que ces propos ont été fort utiles pour mieux comprendre l'oeuvre qui m'a été présentée. D'autant que la couleur verte provient du mélange du bleu (l'eau) et du jaune (le soleil).
Une oeuvre en trois tableaux avec trois interprètes (Troy Ogilvie, Paola Styron et Margie Gillis) qui concilie l'ancrage au sol du sujet traité avec la teneur aérienne du propos, nous amenant dans une troisième zone intermédiaire fort agréable à découvrir. Il semble que le chiffre trois soit transcendant puisque même Mélanie Carpentier dans sa critique (Le Devoir 15 février) débute son texte avec trois qualificatifs, "spontanéité, plaisir et poésie exaltée", termes et critique que j'endosse totalement.
Dans le premier tableau, Troy Ogilvie dans sa robe noire, avec des paysages aériens en fond d'écran, aussi projetés sur le sol, nous propose d'abord un envol jusqu'à se poser sur terre. Une fois sur terre, elle semble prendre conscience de sa nature humaine et de notre présence, moment fort de ce tableau. Le choc semble grand, mais elle en ressort révélée et nous comblés.
Dans le deuxième tableau, Paola Styron débute, avec ses vêtements rouge bien "groundée" sur une chaise métallique bien ancrée au sol. Le contraste avec la première partie frappe, mais rapidement nous nous retrouvons dans dans cette "troisième zone intermédiaire", cette zone verte de l'espoir. Les mouvements captivent et plaisent.
Arrive une courte pause, durant laquelle nous restons sur place et que nous voyons le plancher blanc, passer au noir et revenir au blanc avec une toile blanche. Et aussi nous découvrirons, projetés sur l'écran arrière, des projections vidéo de danse dans la nature avec les interprètes (qui sont des étapes de création, comme nous l'apprendrons dans la discussion après).
Et une fois les lumières refermées, nous découvrons tout à notre gauche, Margie Gillis dans sa robe blanche. Il s'en suit un tableau de mouvements dans lequel, elle semble investie d'une mission. Ce drap blanc sur terre servira son propos chorégraphique et corps et âme, nous la suivons. Les gestes sont amples, déterminés et se projettent jusqu'à nous sans interférence. Lorsqu'elle empoigne le drap blanc et le "met à sa main", impossible de rester impassible. Nous sentons l'urgence du propos. Ce qu'elle confirmera par la suite, mais sans jamais s'emporter, juste espérer dans la jeunesse.
La réaction des spectateurs ne mentait pas, nous avons eu droit à une grande rencontre et les propos de quelques spectatrices le confirmaient. Le diction dit, "Si jeunesse savait et si vieillesse pouvait", mais en cette soirée la chorégraphe en fait fi avec une énergie surprenante, compte-tenu d'une grippe. Il faut pouvoir représenter "Viriditas" au plus grand nombre possible, nous en avons bien besoin.
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