Merci Klara et bonjour à vous tous,
Avertissement à toutes et tous, cette chronique sera
fortement colorée de science par l’enseignant de chimie que j’ai été. Parce
qu’un des buts de la science est de tenter de modéliser et d’expliquer un phénomène
ou un ensemble de phénomènes. Cela m’a toujours allumé. Voilà donc pourquoi, je
vous propose de le faire pour la danse. Mais soyez sans crainte et ne changez
pas de poste, la danse gardera bien sa place. Le spectateur aguerri que je suis
devenu s’en assurera ! Allons-y !
Il était une fois une petite graine qui était enfouie dans
un coin sombre au fond de ma tête. Et puis arrive ce jour, quelques semaines
après la chronique de Bettina Szabo « Arts and Science, an unusual mix
? » présentée à cette émission et au lendemain d’une représentation, allez
savoir pourquoi cette fois-là! que la graine trouve ce qu’il faut pour germer. Et
cette petite graine d’idée se transforme en une plante à se mettre à son
activité préférée, la photosynthèse, soit de transformer la lumière en du
vivant.
Et pour la petite histoire, c’est sous la douche que
cela s’est fait !!! Comme quoi, de l’eau c’est toujours utile pour faire germer
une graine, idée soit-elle ! Et cette plante toute réflexive que je veux vous
présenter à partir d’aujourd’hui, est une plante qui vient de la greffe d’une
tige de spectateur de danse sur un porte greffe d’un prof de science.
À partir d’aujourd’hui, donc, et dans de prochaines
chroniques, voici une approche spectroscopique pour mieux comprendre autrement ce
qui se passe lorsque nous assistons à une représentation chorégraphique.
La spectroscopie, pour les moins familiers est selon
monsieur Larousse, l’ensemble
des méthodes et des techniques d'études générales des rayonnements émis,
absorbés ou diffusés par une substance. Ce qui présente de fortes analogies dans
les arts de la scène et donc en danse. Et voici pourquoi.
Habituellement, lorsque nous assistons à une
présentation, il y a l’œuvre incarnée par les interprètes sur la scène et il y
a nous, sur notre siège dans l’estrade. Transposée en science, nous pouvons
parler de la relation entre un émetteur de radiation ou de lumière, soit une
source, et un récepteur ou un détecteur qui la reçoit. Et tout spectroscopiste
pourrait vous dire que chacun possède ses caractéristiques propres, fort importantes
pour définir la nature, la qualité et le
succès de leur interactions.
Donc techniquement, la source produit des longueurs
d’onde de différentes natures. Par exemple, une lampe au sodium émet surtout
une lumière jaune qui lui est caractéristique. En général, une source lumineuse
émet un rayon polychromatique qui est composé de plusieurs longueurs d’onde, et
qui peut être une lumière blanche. Cette lumière blanche peut être séparée à
l’aide d’un prisme en ces différentes composantes.
Une belle illustration de ce phénomène est la pochette
de l’album fort connu du groupe Pink Floyd, « Dark Side of the
moon », qui montre la composante rouge tout en haut et violet tout en bas,
une fois ce rayon lumineux passé à travers le prisme. Mais ce que la pochette
ne montre pas, ce sont les parties invisibles de ce rayon qui en haut du rouge
est la partie infrarouge. Tandis que tout en bas, sous le violet du spectre, il
y a l’ultraviolet.
Lorsqu’une source émet, elle le fait, habituellement dans
les différentes régions du spectre avec des intensités variables (ce qui n’est
pas le cas pour un LASER qui lui, le fait à une seule longueur d’onde). De son
côté, le récepteur reçoit la radiation émise avec une sensibilité variable
selon les régions spectrales. Il se peut donc qu’une source soit fort intense
dans une région spectrale, mais que le récepteur y soit totalement insensible
et n’ait pas de réaction. Comme nous pouvons être sourd au son d’un sifflet à
ultrason tandis qu’un chien lui, le percevra de façon fort claire.
Et Robert, c’est quoi le lien de ce long préambule tout
coloré avec une représentation chorégraphique ?
Et bien, en danse, il y a une œuvre qui est la source de
radiations et il y a le spectateur qui est le détecteur et qui reçoit les différentes
ondes émises par l’œuvre. Dans cette œuvre, tel un rayonnement lumineux, il y
aura la partie visible (la chorégraphie, les costumes, la trame sonore et l’éclairage,
évidemment !) que tous pourront voir. Cette partie visible de l’œuvre peut être
différente, selon le type d’œuvre, comme peuvent l’être du buto ou de la danse
urbaine.
Et il y a aussi les parties invisibles de cette œuvre,
comme pour la lumière. D’abord les infra-rouges, qui sont pour moi, la partie « émotions »de
l’œuvre, celle qui touche nos trippes. Des émotions qui seront de différentes
natures. Voilà en gros, ce qui constitue la partie infrarouge de l’œuvre sur
laquelle je vous reviendrai à un autre moment.
Il y a aussi la partie dans l’ultraviolet de l’œuvre,
toute aussi invisible, qui, elle, s’adresse à notre tête, à notre rationalité,
à nos connaissances ou à notre bagage culturel. L’intention et le message que
la ou le chorégraphe veut ou souhaite nous transmettre. Et j’y reviendra aussi.
En conclusion, un œuvre possède donc son
« spectre » qui lui est caractéristique dont le rayonnement avec ces
maximas rayonnera vers un public fort diversifié, peut-être hétéroclite, qui
sont donc des détecteurs fort différents. Alors quand, le chorégraphe créé,
est-il conscient de « son spectre » et quand le spectateur se procure
un billet est-il conscient de ses zones de détection ?
Question fort large sur laquelle, je vous laisse et qu’il
me fera plaisir d’échanger avec les intéressé.e.s. Je reviendrai aussi pour
compléter cette perspective qui peut s’avérer fort complexe.
Mais d’ici là, bonne prochaine semaine de danse!
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