Je ne saurais dire si j'avais déjà vu une oeuvre de Jan Martens, parce que pas de traces retrouvées dans ma mémoire, ni non plus écrites. Mais, son nom m'était assez connu pour me procurer un billet et me rendre à la première de son programme double à l'Usine C. "Bis" et "Ode to the Attempt", les œuvres au programme qui seront chacune d'une trentaine de minutes, avec un entracte presque aussi long. Ce qui est assez difficile à comprendre avec une scénographie en apparence aussi simple, avant et après, mais bon !!!!
Jan Martens par Phile Deprez tiré du site de l'Usine C
Ainsi donc, dans la grande salle de l'Usine C, nous prenons place devant cette grande scène toute vide. Et puis arrive, ce que je croie être lui, mais qui s'avère être elle, Truus Bronkhorst. À ma défense, ses vêtements et son allure androgyne m'ont déjoué. Elle débutera en inscrivant à la craie sur la scène, trois injections, la première, trois fois, la deuxième, deux fois et enfin une dernière, une fois. Trois injonctions ou "principes de vie" qui peuvent s'adresser à nous et qui comme la suite le montrera, pourront au contact de l'autre, peut s'effacer de notre parcours de vie.
Mais une fois, les injonctions partiellement effacées et délestée de ses vêtements, vêtue de son seul maillot, que lui est-il possible de faire ? Et c'est là, que nous serons interpellés, surpris aussi ! Parce que le tout prend une tournure, au propre comme au figuré qui m'interpelle au propre et qui me déstabilise au figuré. Cette femme se fera hymne à la détermination, à l'affirmation, mais aussi à la résilience. Tout cela, dans une simplicité désarmante laissant exposé son authenticité. Au final, difficile de se faire une impression nette de cette rencontre. Et bizarrement, je me suis posé intérieurement cette question (et que je vous partage), "Y a-t-il des œuvres qui sont faites pour ne pas être applaudies ?", sans manquer de respect pour l'interprète, évidemment !!!
Une fois le tout terminé, nous sommes invités à quitter la salle pour l'entracte qui s'est avéré dans mon système de référence temporel personnel, très long (!) et dont la fin a été annoncée par le son de la cloche.
A notre retour en salle, Jan Martens est déjà là, assis derrière sa table sur laquelle on retrouve un ordinateur et une console (qui contrôlera tous les aspects de la suite). Il nous observe arriver tout en effectuant certaines tâches. Une fois tout le monde rendu à sa place, il s'adresse à nous et inscrit sur le grand écran derrière la scène, treize titres fort énigmatiques qui présentent, nous le découvrirons plus tard, les treize parties de son oeuvre, dont "Tentative de mieux le définir". Certaines de ces parties qui seront accompagnées des huit pièces musicales, qu'il sélectionnera devant nous et qui par conséquent, je peux prendre en note, dont la percutante et appropriée "Bloody Mother F***Ing A**Hole" ou "BMFA"de Martha Wainwright.
Le tout s'avère fort surprenant, drôle aussi, mais surtout d'une simplicité qui s'avère fort efficace. Il s'adresse simplement à nous, en toute honnêteté, avec de petits faux pas techniques qui rendent la rencontre fort chaleureuse. Et lorsqu'il entreprend des mouvements de danse au son de la guitare Pat Metheny, avec des "Selective Conterpoint" de "Electric Conterpoint (de Steve Reich), je suis tout à fait comblé, qui s'est avéré mon tableau coup de coeur !
Une première rencontre, peut être, toute simple et fort belle qui méritait le temps pour la faire. Et mes pas ont accompagné un spectateur fort satisfait à son retour à la maison !
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