Avertissement: Voici le texte de ma chronique du 1er février à l'émission Danscussions & Co présentée sur CHOQ.ca.
Merci Alexia et bonjour à vous tous. Aujourd’hui, je veux
rebondir sur une lecture fort intéressante, mais surtout enrichissante que j’ai
fait récemment pour revenir sur une œuvre que j’ai beaucoup appréciée un peu
après cette lecture. Mais commençons par le début.
Dirigé par les réseaux sociaux
jusqu’au site internet du Regroupement Québécois de la danse (le RQD pour les
habitués), j’ai lu récemment avec intérêt un texte de Katia Montaignac,
intitulé, « Repenser notre regard sur la danse », avec la question toujours
fort pertinente en entrée de jeu, Comment
regarder la danse? Elle débute sa réponse de façon fort vraie: Il n’y a pas de recette ! Elle ajoute
que tout regard sur la danse dépend avant tout d’un point de vue
subjectif basé sur la relation que chaque spectateur entretient avec
l’œuvre/la danse/l’art en fonction de son héritage culturel, et que « la
danse offre une multiplicité d’interprétations.
Il s’en suit cinq parties: La première :
Prendre conscience de nos lunettes, la deuxième : Verbaliser (ou écrire,
serais-je tenté d’ajouter) ce que nous fait l’œuvre, la troisième :
Échanger, discuter, débattre, La quatrième : Réinventer, S’approprier
l’œuvre et enfin, Actualiser son regard. Elle conclue avec une question qu’elle
emprunte à Gérard Mayen qui nous invite à repérer par où passe la danse ?
Aujourd’hui, je vous propose de
surfer sur ses cinq partie et je le ferai avec « La possibilité d’une
tragédie » d’Amélie Rajotte, présentée il y a quelques jours à Tangente. Une
deuxième rencontre avec cette œuvre qui en suivait une première, quelques
semaines plutôt, alors que le tout se peaufinait encore.
Photo par Nelly-Ève Rajotte, tirée du site de Québec Danse
Donc un peu avant Noël, j’avais
assisté à la sortie de terre de la graine de l’œuvre pour devenir une fort
belle plante qui m’a montré son feuillage. Tout au long de la première
présentation, je détournais l’intention première toute végétale de la
chorégraphe pour la transposer dans une dimension toute humaine, celle de
l’immigration. Peu à peu, dans cette atmosphère fort propice à la réflexion, je
m’appropriais l’œuvre et le travail appliqué et méthodique de ces deux femmes
(Angie Cheng et Jessica Serli), avec la terre et les plantes. J’y voyais le
travail fort bienveillant des « fées de la terre d’accueil ».
Mais mon sens donné, allait-il tenir
le coup pour la deuxième rencontre, lors de la présentation du résultat final ?
C’est donc dans l’Espace Vert, oui, oui ! du Wilder que je prends place autour
du lieu de prestation, où se trouve un module contenant que de la terre. Je
découvre aussi des plantes en pot de différentes variétés, sur table,
suspendues, ou par terre. Déjà présentes, les deux interprètes travaillent à
préparer la terre, y enlevant les débris. Elles prennent soin des plantes en les
arrosant, les vaporisant, les examinant et les caressant. Et nous, nous
observons leur travail. Ce qui nous laisse tout le temps de prendre racine dans
l’œuvre, aider pour cela par l’atmosphère sonore et musicale de Nelly-Ève
Rajotte. Et moi, pendant ce temps, je prends des notes avec un crayon vert !
Si en entrée de jeu, trois plantes se
retrouvent déjà sur la bordure, à la frontière de cette terre vierge à occuper,
par la suite, ce sont plutôt les autres plus en retrait, qui seront d’abord
déracinées de leur monde pour trouver leur place dans leur terre d’accueil, grâce
au travail de ces deux fées. Elles les choisissent toutes différentes, selon
leurs critères propres, et peu à peu, le lieu se couvre tout en vert. Oui, mon
sens premier tient la route. Mais surtout, il y a là devant moi, un terreau
fertile pour m’approprier l’œuvre et y semer mon sens.
Et tout à coup, le plus beau se
produit, l’éclosion de l’œuvre, comme une plante qui nous offre sa fleur. Le
module se fissure d’abord, pour ensuite devenir terre grande ouverte, après qu’une
fraction de cette terre qui la constituait ait fait pont avec l’extérieur. Dans
ce monde nouveau n’ayant plus de frontières, la terre se fait corps, la terre
se fait liens tout différemment colorés. Ce travail minutieux et les efforts
montrés, créent en moi un espoir vert, « v. e. r. t. » ou vers
« v. e. r. s. » l’avenir d’une terre-mère ouverte à tous. Que du
bonheur pour le spectateur, merci Amélie !
Je m’arrête là. Bonne prochaine semaine de danse!
merci Robert pour la dédicace :) c'est toujours un plaisir de te lire
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