Se rendre à une soirée à Tangente expose le spectateur à faire la rencontre de propositions fort singulières qui interpellent. Et c'est vers ce type de soirée que mes pas m'ont amené en cette fin de mois de janvier avec sa toute puissance hivernale. Au programme, d'abord deux oeuvres vidéo, "Drain" et "Hold on" de Bettina Hoffmann et ensuite "WorkingOn WorkingOnUs" du Collectif Indefinable Folks (Joey Eddy, Williams Ellis, Robert Kingsbury, Kate Nankervis et Andrew Tay.
Encore une fois, c'est sans nos souliers, mais avec nos pantoufles (suite à l'invitation faite par les responsables de Tangente) que prenons place dans l'Espace Orange du Wilder, soit sur un des sièges derrière ou sur un "banc-coussin" sur le devant. Pour cette fois, j'ai sacrifié la première rangée aux plus jeunes pour prendre place sur un siège, plus confortable pour moi. La proximité des oeuvres que j'apprécie tant n'en a pas été sacrifiée puisque l'espace attribué aux spectateurs était assez limité.
Le tout débute avec "Drain" avec Kate Ladeheim, Freja Mitchel et Suzan Polat. Impossible de ne pas d'abord remarquer l'esthétique sobre, toute beige de ce qui nous est présenté. Par la suite, nous sommes entraînés dans une oeuvre "sans gravité" qui défie mes perceptions et qui captive mon attention. Et peu à peu, ma perspective se précise et je m'y retrouve dans ce milieu aqueux.
S'en suit, "Hold On", tout aussi esthétique, avec Ilya Krouglikov, Mélanie Lebrun, Keven Lee et Katie Philp. De ce quatuor fort bien soudé physiquement, nous découvrirons comment il est possible de rester "debout et solidaire", malgré les faiblesses de l'un.e ou de l'autre. Le sens de l'oeuvre est limpide, me touche et illustre bien ce que la vie devrait nous permettre d'espérer.
Photo de "Hold On" par Bettina Hoffmann sur le site de Tangente
Au final, deux courtes oeuvres, une quinzaine de minutes au total, qui présentent fort bien, deux aspects de notre relation aux autres.Pause et sortie de la salle, le temps d'installer la scène pour la suite, "WorkingOn WorkingOnUs".
Une fois de retour, nous retrouvons un peu partout sur la scène des artefacts blancs et une console double sur le devant gauche. Et puis tout à coup, les différents interprètes et artisans arrivent sur scène pour tout enlever !!! Nous avons attendu tout ce temps (une vingtaine de minutes) pour finalement voir tous les objets être remis en coulisses !!!
Ce qui suivra et qui est présentée comme une "expérience corporelle queer" se déclinera en différentes parties durant lesquelles le "maître des lieux", Andrew Tay dirige les quatre interprètes tout au long des différents tableaux qui je l'avoue humblement, attise ma fibre dubitative. Suivant docilement les indications du meneur, ils nous proposent d'abord une suite de levers de bras d'abord individuel et ensuite en duo qui nous demandent de lâcher prise sur le sens du mouvement.
Ensuite, les corps s'alignent pour recevoir dans leur bouche la "communion" qui nous sera révélée durant un tableau fort réussi. Par la suite, ils se dénudent peu à peu pour permettre à la matière aqueuse ou visqueuse dont ils ou elles sont enduit.e.s de présenter des effets esthétiques ou sonores. Durant tout ce temps, ce "WorkingOn WorkingOnUs" se mute en "WorkingOn Me" intérieur. Le sens m'échappe, mais je suis néanmoins fasciné par la relation entre lui et eux ou elles. Ça ne sera pas la première fois qu'Andrew Tay repousse mes limites. Je me rappelle encore de "Fame Prayer/Eating", il y a moins d'un an (au La Chapelle) durant laquelle j'avais repoussé mes limites perceptives de spectateur aguerri face à ce qu'on me présentait.
Je ne saurais dire honnêtement, en quoi consiste la nature queer de la présentation, mais pour conclure la présentation, j'aurai droit à une tableau, avec trois objets ramenés sur scène qui a tout du rituel queer, suivi d'applaudissements des interprètes qui propulse tout en haut des filaments qui ont, pour moi, tout le symbole d'un espoir.
Et arrive, par la suite, les applaudissements des spectateurs, dont j'aimerais tellement connaître la réaction suite à leur réception de cette oeuvre. (Demande du spectateur que je suis: si vous avez vu cette oeuvre et que vous avez des commentaires à me partager (juste à moi, soyez assuré), faites moi les parvenir en commentaires sur ce texte. Promis !, je ne les rendrai pas public. Je suis bien curieux de connaître votre réaction.
Une soirée chez Tangente qui repousse mes limites de spectateur et qui en explique ma présence.
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