Ma première "rencontre" avec Milan Gervais date d'assez longtemps, lors d'une table ronde, elle en avant et moi dans la salle, sur les présentations "in situ". C'était l'époque durant laquelle le spectateur que je suis réservait ses pas presque exclusivement pour des spectacles en salle. Ce qu'elle avait dit comme les autres participants, m'avait ouvert de nouveaux horizons que j'ai depuis assez bien explorés. Juste pour elle et sa compagnie Human Playground, depuis cette première rencontre, j'ai vu et revu "Auto-Fiction" et "Parking", quelques fois, dans différents lieux publics. Impossible de ne pas constater l'effet produit avec le public de tout âge ! Et moi, de rencontre en rencontre, j'ai développé une certaine affinité, sinon une affinité certaine, avec la perspective chorégraphique de cette femme. Chaque fois, j'étais impressionné par le travail et l'imagination de la chorégraphe pour faire prendre racine son oeuvre dans un lieu fortement urbain, rue St-Denis, tout comme dans des parcs, du parc Lafontaine à celui d'Émilie Gamelin !
Tirée du site de Danse-Cité
Cette fois, elle m'invitait "long way from home in the west part francophone of Montreal !", soit à seize stations de métro sur la ligne verte, au Stationnement"tout en étages" Éthel dans le quartier Verdun. Et en ce jeudi soir, j'ai donc fait d'abord connaissance avec l'entrée de ce stationnement étagé de neuf étages. Comme d'habitude, je suis "un peu" à l'avance, mais je ne suis pas le premier à l'entrée de ce stationnement, bien accueilli par les gens de Danse-Cité. Le moment venu, juste avant de débuter notre exploration des différents étages, nous avons droit à quelques indications de la guide de la soirée, Maud Mazo-Rothenbühler, que nous devrons suivre, elle et sa lumière.
Et le moment venu, nous entreprenons la montée de ce stationnement à partir du quatrième étage. Nous y découvrirons graduellement les cinq personnages (Jessica Serli, Susan Paulson, Marine Rixhon, Patrick Lamothe et Simon-Xavier Lefebvre), tels des fantômes des lieux avec leurs vêtements et leurs différentes histoires aussi. Ils investiront les lieux par leurs déplacements, avec des ondulations mystérieuses, intrigantes aussi, pendant que tout autour les signes sonores la vie de ce quartier nous parviennent, accompagnant la trame musicale d'Antoine Berthiaume. Dans ce premier "tableau", j'y vois d'abord des trajectoires linéaires sans interaction, comme ces véhicules qui se déplacent dans ce lieu, mais qui d'abord peu à peu , mais ensuite de plus en plus se font interactifs. Et de ces rencontres, ils laissent des traces d'eux (certains de leurs vêtements) derrière eux !
Nous sommes ensuite invités à nous déplacer un étage plus haut, au cinquième, où tout au loin, tout différemment coloré de leurs vêtements, nous découvrons une histoire toute différente dans laquelle la chute de l'un amène l'autre pour le relever. De tout loin là-bas, ils viennent vers nous et nous sommes là pour voir ces êtres qui une fois arrivés proches de nous repartent tout là-bas ! Une fois eux repartis, nous sommes invités jusqu'au sixième étage, devant une grille derrière laquelle un être, fort mystérieux, capte notre attention et qui se mettra en action. Par la suite, et c'est pour moi un des moments forts de la soirée, je découvre un tableau sur deux étages, tels des univers parallèles et synchronisés. Un rappel fort simple et évident que notre destin n'est peut-être pas si unique !
Nous sommes ensuite invités dans un "coin du 7e étage" pour découvrir "une soirée de bal" avec des personnages qui évoluent de façon fort particulière (sans que je sois capable de dire de quoi il s'agit !), mais en voyant que derrière une grille un corps inanimé se trouve là ! Décidément, chaque étage recèle une histoire fort différente et un destin fort coloré de départ !
Et puis arrive le moment où nous sommes invités à nous diriger jusqu'au huitième étage, destination finale de notre expédition de spectateur, en plein air, où nous apparaissent deux "anges", parce que voyez-vous, c'est le ciel (et le temps frais de septembre) qui nous accueillent ! Et ces deux "anges" évoluent jusqu'à leur libération suivis par nos applaudissements, fort bien mérités, pour elles et les autres interprètes aussi !!!
Il s'en suit une invitation à rencontrer les artisans, rencontre dirigée par Sophie Corriveau, invitation que j'ai acceptée sans hésitation. Et de cette rencontre, fort riche des informations du processus de création du studio au lieu de prestation, qui a demandé une grande capacité d'adaptation à tous et qui pour les interprètes, selon une d'entre elles, reprise par d'autres, a été stimulant.
Au final, Milan Gervais, m'a montré une fois de plus, sa maîtrise des lieux et comme elle le dit, que le béton peut être une terre fertile pour faire croître une oeuvre fort riche en mouvements et en symboles. Et pour cette création, comme elle l'a indiqué, elle a pu compter sur l'inestimable collaboration de l'équipe de Danse-Cité qui l'a accompagné jusqu'à l'éclosion de l'oeuvre. Merci à vous tous qui m'avez amené jusqu'au huitième étage de ce lieu bétonné, pour découvrir qu'un lieu en apparence banal, glauque peut, avec imagination et travail devenir le théâtre de moments riches en symboles. Et je laisse le mot de la fin à la chorégraphe, "INSCAPE (est) une façon de ressentir et de réfléchir la ville, de prêter une voix artistique au questionnement sur les infrastructures urbaines, le contexte environnemental de ce début du XXIe siècle et les besoins présents et à venir de notre humanité."
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