En ce mois de mai bien entamé et avec une mère nature qui commence à ajouter des degrés à son humeur mercurial, mes pas m'ont amené jusqu'à mon Alma Mater (l'Université de Montréal) pour assister à la présentation de la pièce "Le doux parfum du vide" de Pascal Lafond par les étudiant.e.s de deuxième années en Médecine de l'Université de Montréal. J'y vais parce que la metteure en scène, Fanny Giguère est une connaissance, mais aussi l'invitation par son "menu" était appétissante.
C'est dans une salle remplie à presque capacité que je prend place pour la deuxième et dernière soirée de présentation. Arrivé bien à l'avance, j'apprend par le feuillet de la soirée que "Le doux parfum du vide" sera "rempli" par dix-sept interprètes (Catharine Aaron, Oubada Al Zib, Martine Chamberland, Maude Cossette-Lefebvre, Catherine Desjardins, Michelin Forcier, Richard Godoy, Marianne Goudreault, Mélissa Gougeon, Yara Haddad, Ariane Lambert, Louis Laplante, Florence Ouellet-Dupuis, Jérémie Roy-Allain, Kate Wilson, Guo Ruey Wong et Matthieu Fortin (au piano). J'y apprend aussi que dès de le début de cette aventure théâtrale, la metteure en scène (Fanny Giguère) et le producteur (Joakim Gagnon-Gougeon) ont jeté leur dévolu sur cette pièce pour "le potentiel rassembleur de ce texte à l'humour noir et au propos corrosif" qui leur semblait évident. Je peux déjà annoncer que la suite leur a donné raison.
Situons brièvement le contexte de cette présentation. Pour certaines et certains, il ne suffit pas de se consacrer uniquement à ses études de deuxième année pour devenir médecin. Il faut un "petit" peu plus et utiliser les temps libres pour aller "ailleurs". Donc, pendant près d'un an, ils ont mijoté "avec application" (selon une source bien au fait) leur prestation pour que "l'opération théâtrale" soit une réussite, ce qui a été le cas. Après la présentation d'usage, les lumières s'éteignent et nous commençons à découvrir les "plats". En apéritif, sous le projecteur et le "crochet", une jeune femme, en jaquette d'hôpital, se lance dans un long diatribe de ce que dans sa vie, elle n'a jamais fait. La liste est longue et recoupe, j'en suis certain, la nôtre, jusqu'au constat "d'être passé à côté !". La table était mise !
La suite présente une série de courts tableaux, des tapas, percutants et troublants et très souvent colorés d'un humour grinçant, portés par des étudiant.e.s "allumé.e.s" ! Certains personnages reviennent dans plusieurs tableaux se dévoilant peu à peu à nous leur vraie nature. De ce restaurant "trois étoiles" où l'on sert "banalement" de la viande humaine, de ce "bétail humain" fort humain et consentant à qui il ne faut pas parler, "farci" de cette lassitude et de la désillusion qui rôdent dans la vie et dont nous serons des témoins. La table est fort bien garnie. Les ingrédients sont parfaitement dosés pour éviter les indigestions. Comment rester indifférent à ce tableau qui ouvre le quatrième mur, mettant les spectateurs en pâture ?
Un texte écrit par un jeune auteur (Pascal Lafond) en 2004, dont la pertinence, aujourd'hui, est encore actuelle qui percute d'autant plus qu'il est porté par des jeunes qui dans quelques années seront celles et ceux qui auront à traiter un poumon ou un cœur et pas du tout accessoirement l'humain qui le possède. Cette rencontre théâtrale me rassure et résonne d'autant plus en moi qui a terminé, il y a peu, la lecture de "Sapiens, Une brève histoire de l'humanité" de Yuval Noah Harari qui porte, entre autre, un regard sur notre "non préoccupation" envers les conditions de vie des animaux, êtres vivants, qui seront éventuellement dans nos assiettes.
À ces jeunes qui pourraient se la faire facile, je dis merci et surtout bravo ! "Le doux parfum du vide" est tout sauf ce qu'on titre pourrait l'annoncer, soit bien rempli de sens et de promesses.
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