La saison régulière en danse présente ses derniers pas sur scène et mon bilan pointe son bout du nez, mais la saison des festivals débute en force. Voilà donc pourquoi, mes pas m'ont amené jusqu'au Studio Hydro-Québec du Monument National pour une soirée danse concoctée par le Festival vue sur la relève. Un programme triple, (je pensais !) avec des œuvres de chorégraphes déjà sur mon "radar" de spectateur.. Une soirée qui sera fort bien remplie avec des propositions toutes différentes qui pourraient surprendre le spectateur et voilà pourquoi.
L'heure de présentation arrivée et le hall fort bien garni, les portes de la salle de présentation s'ouvrent. En se rendant à mon siège, sous mes pieds, un grand nombre de ce qui semble des clichés, bien "scotchés" au plancher (j'ai vérifié !), rendant leur rencontre sans danger, sauf pour la curiosité de celui qui se pencherait sans prendre de précaution sur ses arrières !
Je prends place et la salle se remplit et nous attendons le début. Et les lumières se ferment et de la musique accompagnée de chansons débute. Une chanson, deux chansons, cinq au total sans que rien ne se passe sur la scène sinon seulement une parcelle circulaire dont le centre est marqué d'un "X" est éclairé. Moi, comme bien d'autres, scrute le fond de la salle, guettant l'arrivée de quelqu'un, quelque part. C'est fou ce que notre imagination aux aguets peut voir une ombre se profiler. Mais tout à coup "apparaît" une voix, celle d'une femme qui nous l'apprendrons très vite est celle de Marie-Pier Meilleur (la créatrice des clichés sur le plancher). Elle s'ouvre à nous pour nous parler de son besoin de reconnaissance artistique, elle qui dans Google est éclipsée par Marie-Pier Morin. Elle veut son moment de gloire et nous, nous embarquons dans son jeu, jusqu'à participer au jeu "Marie dit", enchaînant applaudissements et ovations à elle dont on ne "voit" que la voix ! Le jeu se termine à la satisfaction de la "maître du jeu" et moi, je reluque une de ses œuvres par terre. Combien succomberont à la tentation, mystère comme pour moi d'ailleurs !!!
Les lumières s'éteignent de nouveau et débute "La mécanique des dessous" de et avec Manuel Shink. Informé en début de soirée, je sais donc que nous aurons droit à une version plus développée que celle que j'avais déjà vue à Tangente l'automne dernier. Durant les moments qui ont suivi, je constate qu'il poursuit son travail pour "préciser" le flou de la frontière des genres. Il le fait en se dévoilant autant par ce qu'il a sur lui que ce qu'il y a en lui. Si les différentes parties ne s'insèrent pas, selon moi, dans une trame narrative qui me semble latente, les différents tableaux eux portent bien et certains sont fort percutants et très esthétiques. Il y a aura une version trois, c'est prévisible et moi j'y serai pour la découvrir.
Photo de Manuel Shink par Denis Martin
Les lumières s'allument au son des applaudissements et quelques instants plus tard débutait, sur un ton fort différent, "Collision" de et avec Hélène Remoué accompagnée par Justine Chevalier-Martineau, Sara Cousineau, Jessica Dupont-Roux, Cara Roy et Gabrielle Roy. "Collision" est décrite, fort justement dans le programme de la soirée comme "une danse féminine et puissante qui se démarque par son aspect fougueux". C'est donc une proposition au rythme soutenu, haletante, dans laquelle, j'ai ressenti souvent l'affrontement entre elles. une intensité sans retenue de la première à la dernière minute enrobée d'une trame musicale (Pierre-Luc Senécal) "hard and loud" qui laisse le spectateur essoufflé à la fin de la présentation. Il ne vous reste qu'à imaginer ce que cela a demandé aux interprètes qui, selon moi, exprime chorégraphiquement très bien "le but ultime du parcours : La liberté" que la chorégraphe leur demande d'atteindre. Pause bien méritée pour tous et sortie de la salle demandée pour préparer la scène de la dernière oeuvre de la soirée, "Dunno wat u kno" de Nate Yaffe/Je suis Julio.
Photo : Flamant
À notre retour dans la salle, nous découvrons une marée de matelas gonflables qui recouvre toute la scène et en divers endroits, des personnages (Angie Cheng, Audrée Juteau et Sonya Stefan) tout aussi déformés qu'inanimés. Et ils le resteront un certain temps, avant que n'émergent de légers mouvements perceptibles par le bruits qu'ils produisent sur les matelas tout de plastique. La suite nous montre ces êtres prendre vie dans une suite de mouvements sans logiques, sinon se déplacer pour prendre une place au milieu d'une banlieue imaginaire dans laquelle le faux et le toc priment sur le vrai. Arrive le moment auquel le peau artificielle est laissée derrière, sans que l'être qui en émerge ne trouve de sens à ses mouvements. Mais, le spectateur est déjoué, puisque, tout à coup, une construction, faite de ces matelas, n'émerge des efforts de ces trois femmes. Et tout à coup tout s'écroule et un raz de marée (de matelas) déferle jusque dans les estrades nous rappelant que personne n'est à l'abri de l'absurdité de la vie. Une oeuvre qui m'a montré une allégorie de besoins artificiels qui nous "botoxent" l'esprit à l'ère de la modernité et de la vacuité de certains de nos comportements. Un moment qui m'a plongé dans une réflexion sur l'absurdité dans et durant les traits temporels durant la présentation de l'oeuvre et bien après en revenant chez moi
Photo: Frédéric Chais
De cette soirée qui a débuté vers 20h00, nous en ressortons passé 22h00 après avoir découvert trois, sinon quatre oeuvres nous amenant dans différentes directions et satisfait des chemins parcourus et des propos matures vus et entendus.
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