C'était, il y plus de trois ans, ma première rencontre avec l'univers chorégraphique de Dana Gingras et son "Monumental". Une belle rencontre, marquante suite à laquelle j'avais écrit " Arrive le moment où chacun quitte son petit lieu et que tous occupent tout l'espace dans une série de tableaux présentant des relations de toute nature. Vivre avec les autres, faire sa place, prendre sa place, se faire entendre, entrer en relation tout en douceur, mais aussi avec, parfois la violence du contact ou de l'indifférence".
Tirée de La Presse
Voilà donc que quelques années plus tard, la chorégraphe poursuit son exploration de la relation avec les autres dans l'espace avec "Frontera". Elle le fait en utilisant les notions de frontière et de territoires avec des corps fort vivants, incarnés par des interprètes investi.es (Robert Abubo, Justin de Luna, Stacey Désilier, Léna Demnati, Louise Michel Jackson, Mark Medrano, Koliane Rochon-Prom Tep, Caroline Gravel, Sovann Rochon-Prom Tep et Lexi Vajda) que j'ai pu apprécier de ma troisième rangée, les regards déterminés et affirmés me le démontraient avec éloquence !). Et voici comment !
Le tout débute avec les lumières qui se font discrètes et des voix qui nous présentent des définitions de la notion de frontière. Et puis arrive cette femme qui arpente la scène délimitant le territoire pour en établir la frontière. Dans ce territoire, d'autres viendront la rejoindre et c'est ensemble que les illustrations de ce que peut être une frontière nous est présentée. Frontière qui peut être un objet de séparation, mais aussi objet de liaison. Frontière qui à notre époque, ne peut être franchie sans que l'on soit empêché ou scruté, comme l'on fait ses faisceaux lumineux. Faisceau linéaire mobile qui scrute chirurgicalement ceux qui la traversent ou faisceaux fixes qui empêchent les déplacements. Faisceau coupé par le ou les corps qui se déplacent. Faisceaux qui montrent des paries de corps mais jamais en leur entier, comme s'il était impossible de bien en saisir l'ensemble. Les symboles que j'y ai vu ont été nombreux et fort évocateurs, portés par les interprètes, corps en mission. Très impressionné par ce moment durant lequel les corps se sont faits "pont", porteur d'espoir.
Dans cet univers sombre, enrobé la performance musicale de Fly Pan Am (Roger Tellier-Craig, Jonathan Parant, J. S. Truchy et Felix Morel), impossible de ne pas réfléchir sur les aspects modernes des séparations que l'on se créé entre humains.
Voilà une oeuvre forte de sa perspective réflexive qu'elle nous présente. Une oeuvre qui émettait sobrement dans le visible (lire ici interprétation), mais aussi et surtout dans la partie ultra-violette (ou rationnelle) du spectre chorégraphique de ma perspective scientifique. Qui portait aussi un message d'espoir fort que, malheureusement, trop peu de spectateurs ont pu apprécier (la salle avait trop de sièges inoccupés), de ma perspective. Merci Dana !
Aucun commentaire:
Publier un commentaire