Pour peu que vous vous intéressez comme à la scène chorégraphique montréalaise, le nom de Virginie Brunelle vous est bien connu. Pour ma part, ma première fois, c'était il y a presque sept ans, à l'Agora de la Danse, rue Cherrier. De "Plomb", j'avais dit "Wowwwwww!", mais aussi "Plomb" comme dans l'expression "du plomb dans
l'aile" pour les relations humaines mais aussi comme l'oeuvre qui amène
Virginie Brunelle dans la "cour des grands". OK, je l'avoue la fin de ma citation était un peu prétentieuse pour un simple spectateur de danse ! Depuis cette première fois, j'ai vu et revu plusieurs de ces oeuvres, toujours avec le même plaisir dans lesquelles. J'avais aussi écrit (en 2017), toujours sur "Plomb" que je revoyais pour un soir seulement, " "Au final, "Plomb" irradie comme un corps noir soumis à la haute tension des relations humaines pour lequel les tableaux présentent tout le spectre des excès de notre nature.". Et j'avais complété par "À quand le retour chez un grand diffuseur, pour plus qu'une soirée ?"
Photo de la Compagnie Virginie Brunelle tirée du site de Danse Danse
Voici donc venu ce moment ! Celui de faire partie de la programmation de Danse Danse au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts. Et moi, j'avais bien hâte, comme ceux à qui j'ai parlé juste avant le début de la présentation. En ouverture de rideau, le Quatuor Molinari (Olga Ranzenhofer, Antoine Bareil, Frédéric Lambert et Pierre-Alain Bouvrette) est là au fond de la scène au milieu. Et puis, brillamment portée par les interprètes, Isabelle Arcand, Claudine Hébert, Sophie Breton, Chi Long, Milan Panet-Gigon, Peter Trosztmer et Bradley Eng, le tout débute. Devant moi, les relations humaines se tissent et se présentent en douceur, mais aussi en force, sinon en puissance, tout cela porté par la musique. La chorégraphe aime beaucoup la musique classique et pour son plus récent opus, elle incarne sur scène son accompagnement musical. Et comme Sophie Breton le mentionnait de façon fort convaincante lors de la rencontre d'après représentation, la présence sur scènes des musiciens avait un effet synergique tangible pour eux sur scènes. Et cela, je l'ai bien ressenti !
Dans les tableaux qui "explore(nt) les relations de pouvoir, les inégalités et le désordre social" (dixit le feuillet de la soirée). Ils sont incarnées dans des tableaux de groupe, de solo, et aussi de duo qui sont parsemés de symboles fort bien perceptibles, dont par exemple celui du Mur des Lamentations ! J'y retrouve régulièrement avec grand plaisir la répétition des mouvements telle que la propagation des ondes jusqu'à conscience. Si les musiciens utilisent des instruments à corde, les corps eux deviennent des instruments de percussion. soit en se projetant l'un sur l'autre ou en battant la mesure des mains sur leurs corps. Je revoyais là, les relations de cette humanité avec des excès, comme la chorégraphe le fait si bien. Des différents tableaux, j'en ai aussi beaucoup apprécié l'asymétrie des tableaux par le nombre impair des sept personnages. Par ce que découvre, pour moi, amateur de symétrie, il y a celle ou celui qui est seul.e . Cet aspect me trouble, mais surtout m'interpelle avec grand plaisir !
Au final, de cette épopée humaine que me reste-t-il en fin de parcours de ces efforts relationnels parfois inachevés? Désespoir ou désolation, peut-être, mais aussi de l'espoir et de l'émotion qui reste dans nos tripes et aussi des images de "ces corps avalés" déployés, voilà ce que je conserve en moi, à mon retour.
Je m'en voudrais de ne pas mentionner, en terminant, la satisfaction fort palpable et bien méritée de Pierre Des Marais entendant tous les commentaires fort positifs des spectateurs lors de la discussion d'après. Au final, un grand cru de cette chorégraphe et si cette oeuvre revient sur une scène montréalaise, promis, j'y retourne pour m'en faire une autre lecture parce que cette oeuvre est "polymorphique" de sens !
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