lundi 3 mai 2021

Sur mes pas (réels) en danse: Avec celle qui vit le deuil, mais qui "dit" "Je ne vais pas inonder la mer"

De "Je ne vais pas inonder la mer" de Sonia Bustos, j'en avais vu des extraits grâce à l'équipe de la Maison de la culture Notre-Dame de Grâce. Dans le propos de l'oeuvre, le deuil de sa mère et de sa grand-mère, il y avait une sensibilité qui m'a rejoint. Je dois avouer, si cela est nécessaire à dire, que je suis sensible aux rencontres et celle que me proposait cette chorégraphe-interprète mexicaine d'origine me semblait fort intéressante. C'est donc, grâce à une invitation que j'ai pu être dans "mon" siège en première rangée avec une dizaine d'autres personnes au MAI pour découvrir le parcours de vie de cette femme. 

                                    Photo de Sonia Bustos par David Wong sur le site du MAI

À mon entrée en salle, il y a trois personnes assis du côté jardin, tandis que du côté cour, il y a cette femme toute silencieuse, comme absente, loin dans ses pensées près d'une petite table sur laquelle il y a des fleurs dans un vase. Une fois toutes et tous assis.es, nous arrivent des voix dont celle d'une enfant. Pour moi, c'est clair, nous remontons dans le passé de cette femme, alors jeune enfant. Tout est silence, et empreint d'intimité ! Et puis, le temps passe et cette enfant devient adolescente avec ce qui mijote dans le coin derrière. Les évènements se font plus cruels, le destin frappe et je le sens, cette femme n'accepte pas la perte des êtres chers. Dans la noirceur, je découvre avec intensité ce corps qui souffre. Et puis après, cette robe dont elle se détache avec grande peine. J'y vois les souvenirs de celles qui la portait et qui la berçait. 

Il s'en suit avec le chant d'abord et la musique ensuite, qui l'accompagne dans sa réconciliation. À preuve, elle reprend les fleurs qu'elle avait laissées derrière. Je sens un certain apaisement. Il s'en suit une suite, en rituel, tout en crescendo vers un apaisement. Et pour cela, elle n'est pas seule ! Dans ce rituel exposé (thématique dont elle nous avait parlé !), la musique et le chant sont fort importants et la guident. Cette femme et ces deux hommes ( Eloisa Resendiz, voix, jarana et danse, Charles Cantin, voix, leona et danse et Aurélien Tomasi, voix, requinto) l'accompagnent lorsqu'elle fait le lien avec ces pétales de fleurs entre le maintenant et le passé ! Le tout, je le ressens fortement, lui permet de faire la paix avec ces deuils et lorsque devant nous apparaît cette boîte en bois, les pas montrent la direction . Et lorsque cette femme, après les autres, prend place sur cette boîte, ses pas résonnent résolument vers le futur en paix avec elle-même.

Et une fois, les applaudissements fort bien mérités envolés dans la salle, elle nous remercie et nous invite à accepter un petit présent (de façon tout à fait sanitaire !) avant de quitter.

Voilà une proposition qui présente une belle rencontre avec un propos clair et riche en symboles. Cette histoire est la sienne, tout comme elle pourrait être la mienne ou la vôtre. Une proposition accessible à un public diversifié qui mérite qu'elle soit présentée encore et encore devant le plus grand nombre.

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