lundi 3 mai 2021

Sur mes pas (réels) en danse: Une rencontre forte en émotions avec "Bouleversement" !

 La vie fait parfois drôlement les choses. Parce que voyez-vous, je me rendais découvrir  "Bouleversement" d'Estelle Clareton qui allait me présenter l'angoisse ressentie devant une menace imminente (pour elle, la venue d'un tsunami). Et moi, en me rendant à l'Agora de la danse pour y assister, je me suis retrouvé coincé dans la circulation beaucoup trop lente avec une crainte toute forte et présente en moi, sous mon plexus, de ne pas arriver à temps ! Tic, tac, le temps s'écoule et chaque arrêt trop long faisait monter en moi, mon thermostat d'angoisse. Et puis, est-ce que je trouverai du stationnement pas trop loin, une fois rendu ? Une question qui une fois bien en place dans ma tête, "ajoute une bûche" dans le brasier d'angoisse qui prend de plus en plus de force. Je ne saurais dire à quoi ma figure ressemblait tout au long des derniers moments, mes yeux ne fixaient que la route devant fort achalandée en cette fin d'après-midi de vendredi. Mes mains, elles, étaient toutes crispées sur mon volant ! 

Juste avant de découvrir (je l'espère à tout le moins !) ce qui m'était annoncé, soit "la brève épopée de l’appréhension humaine d’une catastrophe, "moi je la vivais" en première partie de façon bien involontaire ! Ma catastrophe serait d'arriver trop tard et de me buter à une porte close ! 

Soyez rassurés, je me suis rendu juste à temps ! Et c'est donc, dans "mon" siège première rangée que j'ai pu découvrir, soulagé avec un relent d'angoisse (!), ce qui allait m'être présenté. Et, subtilement, cette angoisse s'est déplacée de mon tout en moi jusqu'à tout en elle devant moi. Ça, je l'ai ressenti rapidement. Sur une scène toute simple avec ce long plastique qui part du côté jardin vers le côté cour, elle vient devant nous. Et comme la vie le fait souvent, le tout se modifie subtilement, lentement comme cette bâche de plastique sous les pieds de cette femme.

                 Photo d'Esther Rousseau-Morin par Stéphane Najman sur le site de l'Agora de la danse

Il s'en suit des tableaux nous faisant évoluer dans les différents états face à l'imminence portés avec brio et intensité par Esther Rousseau-Morin. Avec quelques accessoires fort habilement utilisés, je me suis retrouvé entre autres, par procuration, dans un mauvais rêve, face au vent pour chercher l'air pour respirer, tout affalé de désespoir, dans une plongée en apnée dans un aquarium trop petit pour espérer. Mais le tableau le plus fort et le plus beau pour moi, est celui durant lequel elle prend place dans son cocon (la toile qui s'est métamorphosée avec les gestes de l'interprète) et en ressort. 

Je m'en voudrais de ne pas mentionner que si j'ai plongé dans tout ce que je vois devant moi, c'est aussi grâce à Karine Galarneau (scénographie), à Alexandre Pilon Guay (lumière) et Antoine Bédard (la musique). Et, heureuse initiative des gens de l'Agora, une fois les applaudissements chaleureux terminés, a été de dire tout haut la liste de tous les artisans de l'oeuvre présentée. (Et pourquoi pas poursuivre cette façon de faire dans l'avenir ?) 

De cette chorégraphe dont je me rappelle encore très bien, lors d'une édition passée du Festival Vue sur la relève, la démonstration de l'évolution des gestes quotidiens dans une cuisine en des mouvements plus abstraits qui en conservaient l'essence. Avec "Bouleversement", de ma perspective, elle conserve ce type de démarche, recette éprouvée, ce qui a permis de me rejoindre et je ne suis pas le seul. Question de me faire plaisir, je le reverrai lors de la webdiffusion à venir.



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