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vendredi 1 février 2019

Sur mes pas en danse: Retour sur oeuvre avec un terreau fertile pour le spectateur, "La possibilité d'une tragédie"


Avertissement: Voici le texte de ma chronique du 1er février à l'émission Danscussions & Co présentée sur CHOQ.ca.

Merci Alexia et bonjour à vous tous. Aujourd’hui, je veux rebondir sur une lecture fort intéressante, mais surtout enrichissante que j’ai fait récemment pour revenir sur une œuvre que j’ai beaucoup appréciée un peu après cette lecture. Mais commençons par le début.

Dirigé par les réseaux sociaux jusqu’au site internet du Regroupement Québécois de la danse (le RQD pour les habitués), j’ai lu récemment avec intérêt un texte de Katia Montaignac, intitulé, « Repenser notre regard sur la danse », avec la question toujours fort pertinente en entrée de jeu, Comment regarder la danse? Elle débute sa réponse de façon fort vraie: Il n’y a pas de recette ! Elle ajoute que tout regard sur la danse dépend avant tout d’un point de vue subjectif basé sur la relation que chaque spectateur entretient avec l’œuvre/la danse/l’art en fonction de son héritage culturel, et que « la danse offre une multiplicité d’interprétations.

Il s’en suit cinq parties: La première : Prendre conscience de nos lunettes, la deuxième : Verbaliser (ou écrire, serais-je tenté d’ajouter) ce que nous fait l’œuvre, la troisième : Échanger, discuter, débattre, La quatrième : Réinventer, S’approprier l’œuvre et enfin, Actualiser son regard. Elle conclue avec une question qu’elle emprunte à Gérard Mayen qui nous invite à repérer par où passe la danse ?

Aujourd’hui, je vous propose de surfer sur ses cinq partie et je le ferai avec « La possibilité d’une tragédie » d’Amélie Rajotte, présentée il y a quelques jours à Tangente. Une deuxième rencontre avec cette œuvre qui en suivait une première, quelques semaines plutôt, alors que le tout se peaufinait encore.

                                  Photo par Nelly-Ève Rajotte, tirée du site de Québec Danse

Donc un peu avant Noël, j’avais assisté à la sortie de terre de la graine de l’œuvre pour devenir une fort belle plante qui m’a montré son feuillage. Tout au long de la première présentation, je détournais l’intention première toute végétale de la chorégraphe pour la transposer dans une dimension toute humaine, celle de l’immigration. Peu à peu, dans cette atmosphère fort propice à la réflexion, je m’appropriais l’œuvre et le travail appliqué et méthodique de ces deux femmes (Angie Cheng et Jessica Serli), avec la terre et les plantes. J’y voyais le travail fort bienveillant des « fées de la terre d’accueil ».

Mais mon sens donné, allait-il tenir le coup pour la deuxième rencontre, lors de la présentation du résultat final ? C’est donc dans l’Espace Vert, oui, oui ! du Wilder que je prends place autour du lieu de prestation, où se trouve un module contenant que de la terre. Je découvre aussi des plantes en pot de différentes variétés, sur table, suspendues, ou par terre. Déjà présentes, les deux interprètes travaillent à préparer la terre, y enlevant les débris. Elles prennent soin des plantes en les arrosant, les vaporisant, les examinant et les caressant. Et nous, nous observons leur travail. Ce qui nous laisse tout le temps de prendre racine dans l’œuvre, aider pour cela par l’atmosphère sonore et musicale de Nelly-Ève Rajotte. Et moi, pendant ce temps, je prends des notes avec un crayon vert !

Si en entrée de jeu, trois plantes se retrouvent déjà sur la bordure, à la frontière de cette terre vierge à occuper, par la suite, ce sont plutôt les autres plus en retrait, qui seront d’abord déracinées de leur monde pour trouver leur place dans leur terre d’accueil, grâce au travail de ces deux fées. Elles les choisissent toutes différentes, selon leurs critères propres, et peu à peu, le lieu se couvre tout en vert. Oui, mon sens premier tient la route. Mais surtout, il y a là devant moi, un terreau fertile pour m’approprier l’œuvre et y semer mon sens.

Et tout à coup, le plus beau se produit, l’éclosion de l’œuvre, comme une plante qui nous offre sa fleur. Le module se fissure d’abord, pour ensuite devenir terre grande ouverte, après qu’une fraction de cette terre qui la constituait ait fait pont avec l’extérieur. Dans ce monde nouveau n’ayant plus de frontières, la terre se fait corps, la terre se fait liens tout différemment colorés. Ce travail minutieux et les efforts montrés, créent en moi un espoir vert, « v. e. r. t. » ou vers «  v. e. r. s. » l’avenir d’une terre-mère ouverte à tous. Que du bonheur pour le spectateur, merci Amélie !

Je m’arrête là. Bonne prochaine semaine de danse!

jeudi 20 décembre 2018

Sur mes pas en danse: À la rencontre des fées de la terre d'accueil

La saison culturelle est à toute fin terminée comme l'année d'ailleurs, mais une dernière proposition chorégraphique était proposée. Voilà donc pourquoi, mes pas m'ont amené jusqu'à la Maison de la Culture du Plateau Mont-Royal pour découvrir une ébauche assez avancée de "La possibilité d'une tragédie" d'Amélie Rajotte. Chemin faisant, je me demandais si la proximité du long congé du temps des Fêtes allait refroidir l'ardeur des spectateurs. Et bien non ! C'est une foule fort nombreuse qui a pris place autour de l'espace de prestation et dans les estrades un peu plus loin, déjouant les prévisions des responsables.

Mais, ouf !, moi, j'ai eu droit à une super belle place tout proche, comme quoi, arriver tôt a des avantages certains. Et de ma place, près de cet espace blanc rectangulaire, il y avait un module hexagonale rempli de terre, avec sur sa bordure, un certain nombres de plantes en pot. Aux extrémités de ce même espace, d'autres plantes, pleins de plantes dont plusieurs dans des piscines de plastiques circulaires. À notre entrée dans la salle, deux femmes (Angie Cheng et Jessica Serli) sont déjà en plein travail, dont une, "branchée"  avec des électrodes. Une autre (Nelly-Ève Rajotte), en retrait, s'active devant une console juste devant elle, génératrice de sons et de musique.

                               Photo de Angie Cheng par Nelly-Ève Rajotte tirée du site de L'Organisme

Le temps que tous les spectateurs prennent place, cela me laisse le temps de prendre mes repères et tenter d'évaluer le lieu de "La possibilité d'une tragédie". Premier constat, autour de cet espace de terre, c'est tout blanc immaculé ou tout vert végétal. J'apprendrai aussi, avant le représentation, que comme les plantes dans l'espace, l'oeuvre est mature mais toujours en évolution (le produit final, telle une récolte, sera présentée à la fin du mois de janvier de la prochaine année par Tangente dans l'Espace Vert, et oui, rien n'est laissé au hasard !!! du Wilder).

Les portes de la salle se ferment derrière les derniers arrivants et débute les pérégrinations des "fées de la terre d’accueil", une fois que la porteuse d'électrodes les a transmises à des plantes suspendues toutes proches. Nous pourrons donc suivre les gestes déterminés de ces deux femmes qui travaillent la terre, sortent les plantes de leur pot pour les mettre dans la terre du module blanc, non sans les avoir caressé ! Le tout se fait lentement, comme un pied de nez aux gens pressés par le temps. Telles des fées qui accueillent ces émigrants qui deviennent immigrants dans leur nouvelle terre d'accueil. Le tout, ne se fera pas dans laisser des traces et même une fracture de la terre d'accueil. Mais, c'est toujours aussi calmement qu'elles poursuivent leur oeuvre. Elles ont peut-être le regard absent, mais leurs gestes, eux, sont affirmés et déterminés et nous captivent, faisant grand bien.

Durant ces moments, chacun.e pourra trouver la signification. Pour peu que l'on accepte cette proposition toute poétique (dira fort justement une des personnes présentes durant la discussion d'après-représentation), notre capacité d'évocation nous amènera vers des horizons surprenants.

Et pour découvrir de votre propre point de vue, quatre moments ( du jeudi 24 janvier au dimanche 27 janvier 2019), soit l'an prochain dans un peu plus d'un mois.


vendredi 23 février 2018

Sur mes pas en danse: Une belle soirée avec la gang de "lorganisme"

Cette invitation, je l'ai acceptée. Par conséquent, mes pas m'ont amené au coeur du Parc Lafontaine à la Salle Paul-Buissonneau du Centre culturel Calixa-Lavallée pour assister à la soirée "dirty metal dancing" au profit de "lorganisme", (structure pour chorégraphes). 

                                      Photo de Dominique Bouchard

"lorganisme", sans apostrophe, est partie de la prémisse fort simple qu'ensemble, il est possible d'amener nos pas à aller loin, et en dance, avouez, ce n'est pas rien. Catherine Gaudet, Caroline Laurin-Beaucage, Amélie Rajotte et Anne Thériault l'ont mis en application depuis sept ans et sur la base de mes expériences personnelles de spectateur, elles ont bien réussi. J'ai encore fortement en moi, mon observation, l'automne dernier, de Caroline qui dans son cube à la Place des Festivals, poursuivait l'enrichissement de sa mémoire et il y a un peu plus longtemps (en 2014) la percutante pièce"Au sein des plus raides vertus" de Catherine. Et j'ai aussi en poche, mon billet pour sa prochaine création "Tout ce qui va revient" au Théâtre La Chapelle, début mars. 

Par conséquent, c'est pour pouvoir mieux implanter et faire croître cette "bête" à quatre têtes dans un environnement économique "aride" que les racines de cette soirée ont été mises. Le programme principal de cette soirée consistait à la présentation des chorégraphies créées avec des non-danseurs dans les ateliers "Metallica" (Catherine Gaudet et Caroline Laurin-Beaucage) et "Dirty Dancing" (Anne Thériault et Amélie Rajotte). 

Les portes s'ouvrent et nous pouvons prendre place, accueillis d'abord, par un portier à l'allure intimidante (Simon-Xavier Lefebvre, convaincant dans son rôle) qui me tend la main et ensuite par une femme (Amélie Rajotte) qui m'accueille par un "Do you love me ?". Évidemment !!!, je répond "oui" avant de prendre place sur mon siège. Il y a aussi sur la scène, ses trois acolytes qui pastichent un groupe rock en pleine action. Plusieurs autres spectateurs auront droit au même accueil qui provoquera surprise, réactions diverses et régulièrement un oui plus ou moins déterminé. Pendant ce temps, elle lancera son regard "à la recherche" parmi les spectateurs qui lui fera apparaître quelques fois un sourire. Elle lancera aussi "dans l'univers de cette salle", "you brake my hearth", jusqu'à une démonstration de twist, après une démonstration de "mashing potatoes". Voilà une façon, peu banale de débuter une soirée et qui montre les talents indéniables de comédienne de cette chorégraphe. Entre temps, la salle s'est remplie et arrive le moment d'un court et intense moment de danse avec Simon et Anne.

Par la suite, nous sera présentée la présidente d'honneur de la soirée, Julie Le Breton qui présentera "lorganisme" et enchaînera avec la présentation du premier numéro inspiré par le groupe "Metallica" avec une question piège aux deux chorégraphes. Sur scène, y viendront une dizaine d'amateurs de tout horizon professionnel qui ont osé et qui, manifestement ont autant de plaisir à être sur scène que nous de les voir. S'en suit la présentation du deuxième numéro sur un registre quelque peu différent et la question piège, soit une chorégraphie à partir du film "Dirty dancing". Encore là, le plaisir est manifeste parmi la quinzaine de participants et en fin de numéro, ce plaisir se propagera parmi plusieurs spectateurs présents qui sont invités à venir rejoindre les danseurs sur la scène. Pendant que moi, je reste bien "scotcher" sur mon banc, en me disant qu'il faudra bien qu'un jour, peut-être, que je "décoince" et que je suive l'exemple de ces gens et me laisser emporter par les mouvements et le plaisir de les faire. Mais, pas le temps de trop tergiverser, puisque le tout se termine et nous sommes invités à revenir au hall d'entrée pour découvrir, boissons, "gâteries", musique et belle rencontre. Pour ma part, un verre de punch à la main, j'étire la soirée avec de beaux et intéressants échanges. Mais arrive le moment de "lever l'ancre" et revenir avec mes pas à la maison, en me disant que les prochains pas de danse d'amateur pourraient être les miens. Mais surtout que grâce à mes pas et ceux de tous les autres spectateurs vers cette soirée, nous aurons droit dans les prochaines années à de beaux moments de danse.