En cette fin de saison automnale, mes pas m'ont porté jusqu'au 840 rue Cherrier, au Pavillon de danse de l'UQAM pour assister à la présentation de "Quelque chose de sauvage" de la belle "gang" du département de danse de l'UQAM sous la direction de Mélanie Demers, assistée d'Anne-Marie Jourdenais. Il suffit de voir l'affiche promotionnelle pour imaginer que les vingt-trois interprètes s'investiront. D'autant plus que les créations de Mélanie Demers demandent une présence physique forte et pas seulement de la danse. J'ai encore en tête les performances de Marc Boivin dans "Would" et il y a un peu plus longtemps, de Jacques Poulin-Denis dans "Junkyard/Paradise" et dans lesquelles la réussite, du rendu s'appuie sur leur présence "totale" !
Photo de Andréanne Ménard
"Vérité de La Palice", accepter d'investir une oeuvre de Mélanie Demers, doit se faire "corps et âme" et sans vouloir couper court, je peux déjà facilement affirmer que "c'est mission accomplie" ! Mais, laissez moi vous indiquer comment, Maude Archambault-Wakil, Estel Belval, Rachel Carignan, Penélope Desjardins, Ophélie Dubois, Catherine Dumais, Leslie Faure, Marie Fulconis, Victoria Juillet, Florence Lacroix, Élie Mainville, Léa Noblet Di-Ziranaldi, Isabelle Pin, Adam Provencher, Alexia Quintin, Lian Rodgers, Olivier Rousseau, Virginie Thivierge, DesNeiges Thomas-Groulx, Alexis Trépanier, Kali Trudel, Alex Vaudrin Demers et Giverny Welsch y sont arrivées. (oui, oui, je sais, arrivées avec pas de (e), mais avec autant d'interprètes féminines, moi je décide que oui !).
À notre entrée dans la salle, la première rangée, "ma" première rangée" !, était déjà occupée par les interprètes. Pas grave, je prends place juste derrière. Devant moi, la scène est toute vide, mais les gradins, eux, bien remplis. Nous avions eu les consignes d'usage avant notre entrée dans la salle, mais, malgré tout, il sont reprises par lui (Olivier Rousseau), habillé en "elle", en robe donc, qui a su lire dans nos têtes en nous demandant si nous avions trouvé dans la foule un visage familier. Pour ma part, la réponse est négative, mais de ma rangée, la vue est assez limitée. De cette entrée, difficile de ne pas y voir la signature de la chorégraphe qui sait être interpellante.
Vient vite par la suite, l'arrivée de tous les interprètes sur la scène, juste devant moi et avec le regard droit sur nous, tout déterminé. Déjà, dans leur regard, fort, il y a "Quelque chose de sauvage" ! Et dans leurs vêtements, toute la différence de cette individualité, différence qui se remarque, aussi, dans leurs bas qui me semblent tous différents aussi !
Par la suite, le mouvement prend place, s'immisce dans le lieu et devant nos yeux, la métamorphose s'effectue. Métamorphose dans le sens de mue, puisque les manteaux s'échappent des corps ou est-ce l'inverse ? Un constat s'impose, la nature individuelle et "sauvage" prend sa place et c'est là, juste devant nous. L'atmosphère sonore devient de plus en plus lourde et nous assistons à la convergence des corps délestés de sa gangue pour nous permettre d'en découvrir la valeur, la grande valeur.
S'en suit un magma, dans lequel l'organisation peut mystifier, mais qui éblouiera par son explosion. Mais quand même, la fatalité laisse sa trace et moi, je pense.
Il s'en suit aussi des tableaux, dans lesquels, il y a elle qui nous dit "Dieu merci, ce n'est pas moi ..." ou l'autre qui rejette en mots les jugements avoués ou non que nous pourrions avoir, avec cette teinte de "Quelque chose de sauvage". Elles ou ils, tout juste devant moi, sont convaincant(e)s, me troublent et me font perdre mes repères.
Et encore, ils se regroupent. Et de ce groupe, j'en vois et j'en ressens les soubresauts, juste avant le déferlement des vagues. Et quand ce groupe se dissout dans le lieu, il ne laisse devant moi, que lui, de son regard bien présent et que elle, de son regard absent, dans le tableau final empreint d'une juste dose de sauvage et d'intime. Et moi, imaginant la fin, je suis déjoué, mais heureux qu'ils m'aient amené ailleurs pour conclure.
De cette sortie danse, à la rencontre de la relève, j'en retiens que si la proposition chorégraphique a du sens, du sens "sauvage", il y a une relève pour la porter bien haut et pour cela merci, de mon salut bien bas.
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