En ce début de mois décembre fort occupé en danse, gracieuseté de Danse Danse, mes pas m'ont porté d'abord vers "Dance Me" de BJM - Les Ballets Jazz de Montréal, à la Salle Maisonneuve et ensuite, le lendemain vers, "Cosmic Love" de Clara Furey à la Cinquième Salle. Deux oeuvres qui m'ont amené d'un bout à l'autre du spectre chorégraphique, autant dans leur proposition que pour le public auquel ces propositions s'adressent. Et un examen rapide du hall d'entrée des deux salles permettait facilement de s'en convaincre, soit un public plus "classique" pour "Dance Me" et beaucoup plus "jeune" pour "Cosmic Love".
En cette soirée de première de "Dance Me", le public était fort nombreux et aussi fébrile tout comme moi. Une institution de la danse, le BJM nous proposait sa perspective chorégraphique de Leonard Cohen, sur sa vie et son oeuvre, et le défi était de taille. C'est de la première rangée que j'ai vu lever le rideau et, par la suite, des tableaux colorés du caractéristique chapeau de ce grand compositeur-interprète montréalais. Impossible de ne pas applaudir devant la virtuosité des interprètes et aux transitions musicales entre les pièces. Impossible aussi de ne pas apprécier certains tableaux fort éloquents et émouvants, tel que celui durant lequel, "lui" rencontre les "elle", le temps que sur l'écran arrière, leur chute ou leur passage ne soit complété. Jamais, je ne me suis lassé, mais dans ce déferlement de gestes, accompagnés quelque fois de ces "pole-barres mobiles" (dont la signification m'échappe totalement) la profondeur du propos de ce chanteur semble quelque peu laissé "au vestiaire". Et comment ne pas noter que le tout se termine, peut-être pour ne pas faire de faux pas, "sans mouvements", juste en chant pour le classique "Hallelujah".
Photo de "Dance me" tirée du site de Danse Danse
Impossible de dire que le moment a été désagréable, mais de cet homme, il n'en est pas le portrait auquel je m'attendais. Malgré tout, j'ai bien apprécié ma soirée, un peu moins quand même que les spectateurs présents qui ont accordé une grande ovation debout, tout autour de moi.
Retour, le lendemain, tout proche, à la Cinquième Salle de cette même Place des arts, "les pas du spectateur" se font décidément "jet-set !" pour la première de "Cosmic Love". Nous sommes invités à prendre place, à l'heure pile poil inscrite sur notre billet et à notre entrée, les interprètes sont déjà sur scène, chantant, tel un mantra, deux phrases, "I need a mouth"- "As wide as the sky". Et ces deux phrases chantées, elles résonneront une vingtaine de minutes "dans la place" accompagnées par le déplacement "aléatoires" des interprètes (Clara Furey, Winnie Ho, Peter Jasko, Benjamin Kamino, Simon Portigal, Zoë Vos et Tomas Furey). Il me faudra un certain temps pour abandonner ma position attentiste d'une suite "plus active" pour celle un peu plus confortable de celui qui reçoit. Je sens nettement une belle complicité riche d'une énergie interactionnelle entre les interprètes, mais elle semble nous exclure et pourtant je suis tout proche. La suite sera de même nature, avec deux longs tableaux durant lesquels, il me faudra encore lâcher prise sur ma perspective habituelle d'une proposition chorégraphique. Les choses sont lointaines et m'échappent et je me dois de lâcher prise. Et ce lâcher prise me demande un effort et je n'y arrive pas facilement. Il en reste que je conserve fébrilement mon attention qui me permet de constater qu'il y a une grande complicité entre les interprètes et que les déplacements me semblent tout, sauf improvisés. Je reste attentif jusqu'à la finale durant laquelle les bras de l'une, en haut, et de l'autre, en bas, disparaissent peu à peu de notre vue. Je suis perplexe devant la disparition de cet O.V.N.I. chorégraphique, mais tout à fait affirmatif sur le fait qu'il m'a amené ailleurs.
Photo de "Cosmic Love" tirée du site de Danse Danse
Avec ces deux sorties, le monde de la danse contemporaine me fait encore une fois constater de sa grande diversité qui peut alimenter l'appétit des spectateurs de tout le spectre des goûts.
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