samedi 28 avril 2018

Sur mes pas en danse: "Les rois de la piste" qui a tout du terrain miné

C'est à la première de "Les rois de la piste" de Thomas Lebrun à l'Agora de la danse que mes pas m'ont amené en ce début très hésitant de printemps. De Thomas Lebrun, pas de souvenirs de son passage précédent "en ville", (septembre 2014 avec "Trois décennies d'amour cerné" sur l'amour après le VIH), mais cette fois-ci, on nous annonçait une oeuvre plus légère. Plus légère et encore sur une autre époque, celle de l'époque disco et son plancher de danse, sur lequel tout était permis. Celle de ma jeunesse durant laquelle, de façon occasionnelle, j'étais une des espèces de cette faune qui foulait le plancher de danse. La proposition était aussi intéressante pour la nostalgie que je pourrais y ressentir.

                                          Photo tirée du site de l'Agora de la danse

Comme à mon habitude, un des premiers à prendre place dans la salle, je m'assoie première rangée au milieu, juste devant un carré d'environ un mètre carré, légèrement surélevé. Choix que je ne regretterai pas, par la suite. La salle se fait pleine et le moment arrivé, les lumières de la salle s'éteignent pour laisser place à ce carré qui s'illumine. Il s'en suit un défilé des personnages et de leur comportement sur ce plancher de danse "où tout était permis !". En amplifiant les comportements jusqu'à la caricature, le chorégraphe, nous montrent des personnages d'un soir, loin de leur quotidienneté. Une fois franchi le seuil du plancher de danse, avec les habits "d'apparat" pour la mission à accomplir pour la soirée. Libérant les pulsions ou les retenues, jusqu'où le plancher de danse devient un lieu où tout est permis. La cible ou l'objectif se retrouve en soi ou dans l'auditoire ou sur ce petit espace libéré de tous les autres occupants.

Gros et caricatural est le propos durant ce défilement des genres durant la quarantaine de minutes. À la réaction que je perçois derrière moi, certaines ou certains s'y reconnaissent aussi. J'en retiens les stéréotypes comportementaux et aussi les chansons "disco" qui ont habités mon adolescence et ma période de jeune adulte. Un sensation particulière m'envahie lorsque j'entends "Smalltown Boy" de Bronski Beat (de l'album "The Age Of Consent de 1984), (note à moi-même: retrouver ce CD dans ma pile) qui me ramène avec intensité à cette époque.

Ce "podium" a tout d'un bûcher des vanités, où les corps sont offerts, avant l'époque où la notion des genres ne disparaissent et celles de danger et de "me too" n’apparaissent. Les interprètes sont totalement investis à leur mission et sans retenue devant nous.

Et tout à coup, le défilé s'arrête et de ce petit espace et son ombre, nous sommes libérés. La scène s’agrandit, créant un vide propice à la transformation. Et transformation, il y aura, autant dans les vêtements nettement  plus sobres et dépouillés aussi. Et quand le tout se termine sur la chanson de Gloria Gaynor, "I am what I am" et ses premières paroles, "I am what I am/  And what I am needs no excuses.", j'y vois aussi une confession du chorégraphe qui a voulu le faire "exagéré" et qui l'assume totalement. Comme dirait le sage, le choix des mots (et des chansons) n'est jamais innocent. J'aurais été bien curieux de connaître la réponse à mon affirmation lors de la rencontre avec le public du lendemain avec Thomas Lebrun.

Mon "petit doigt" me dit que l'oeuvre a été reçu très différemment et cela me semble fort compréhensible. Simpliste, facile, provocante, réflexive, exagéré, passéiste pourront être les adjectifs utilisés et je serai d'accord. Je serais bien curieux de savoir s'ils varient selon les générations. Peu importe notre opinion sur la qualité de l'oeuvre, les performances sur "scène" ou sur le plancher de danse de Julie Bougard, Matthieu Patarozzi, Véronique Teindas, Yohann Têté et Thomas Lebrun, elles, ne sauraient être remises en question. 

Une fin de saison à l'Agora de la Danse qui nous amène sur la "piste" de la réflexion de ce que je suis comme personne mais, aussi comme spectateur. Une de mes raisons de me rendre à une de mes sorties danse.


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