Je me permets de le répéter, il est frustrant de ne pas connaître le moment de présentation extérieure des oeuvres chorégraphiques présentées à Montréal. Cette fois, grâce à un bon samaritain qui se reconnaîtra s'il me lit, de cette proposition, j'en connaissais le moment et le lieu et à l'avance en plus ! Ainsi donc contournant les nombreux chantiers routiers et réussissant à trouver un endroit pour garer mon véhicule, je peux marcher un coin de rue dans le Plateau jusqu'au lieu de prestation. C'est au Square de la place Roy que j'avais rendez-vous avec la proposition de Anne-Flore de Rochambeau.
Tout juste à l'avance, la chorégraphe et les trois interprètes (Marine Rixhon, Marijoe Foucher et Laurie-Anne Langis) sont là, ces dernières se préparant à ce qui suivra en s'échauffant ! Un court échange avec elles m'apprend que c'est une oeuvre déjà existante et que j'ai vue il y a quelques temps. Le lieu est assez désert, sinon un homme là assis et des gens passant, vaquant à leurs affaires. Ce qui me laisse perplexe sur le nombre de spectateurs à venir. Et puis le moment venu, les trois interprètes prennent dans leurs mains un petit tableau. Et arrive vers moi, l'une d'elle, (Marijoe Foucher) qui demande ma collaboration. Et là, la mémoire me revient, c'était il y a presque trois ans au Festival Quartiers-Danses, dans l'Espace culturel Georges-Émile-Lapalme. La proposition avait et a encore, je suppose, pour titre "Lore". Ce qu'elle m'a demandé est tout "simple" et je l'ai accepté avec grand plaisir. J'ai donc complété quatre lignes, Une maison de...- Proche de (ou dans)...-Illuminée par ...-Habitée par.... Tout comme la fois d'avant. Tout cela pendant que près de moi un haut-parleur récitait ces phrases complétées par d'autres auparavant.
Photo par David Wong tirée du site de la chorégrapheJuste pour vous, voici ce qui m'est venu en tête, un mercredi après-midi venteux sur une chaise dans une place publique de Montréal. "Une maison de rêves/Proche de nos souvenirs/Illuminée par ta présence/Habitée par nous deux". Laurie-Anne en prend connaissance et assez rapidement, me propose des mouvements inspirés par ces mots. Il y a moi là assis et elle qui danse "juste pour moi", dans une bulle spatiale et temporelle. Cette relation intime des mots et des gestes me rappellent encore une fois comment la présence "en vrai" est importante, sinon essentielle pour mieux ressentir l'essence d'une oeuvre chorégraphique. Une fois ces moments passés, un court échange s'en suit entre nous deux durant lequel j'apprends que je pourrai laisser une trace vocale de ces lignes en appelant au numéro de téléphone indiqué sur le tableau. Le cœur léger et très heureux, je me place en retrait pour découvrir en observateur d'autres rencontres artiste spectateur. Cette place sur laquelle les gens passaient rapidement au tout début, grâce aux approches fort respectueuses et très habiles de la chorégraphe, plusieurs personnes dont des jeunes femmes, un vieil homme, un couple, un enfant avec sa mère s'arrêtent et acceptent l'invitation à cette rencontre toute spéciale. Et de ce qu'en vois, tous apprécient. Et moi, dans un petit creux d'affluence, je replonge avec, cette fois, Mariejoe Foucher à qui je propose d'autres mots dont les derniers sont "nos désirs". Et à son tour, elle me propose, "juste à moi" une oeuvre fait de "bois", lisse comme un "lac", reflétant le "soleil" avec une intensité fort palpables et tellement bien exprimée de "nos désirs" ! Et moi encore une fois, je suis heureux.
Voilà une oeuvre fait pour des spectateurs de passage qui j'en suis certain, qui peut les rejoindre, et de laquelle ils repartent avec une sensation intérieure toute autre. Comme il est si bien écrit sur le site de la chorégraphe, "Guidés par la résonance des mots, les corps s’animent et révèlent une danse dont il émane une trace intuitive et spontanée de chacune des rencontres." Ces rencontres seront encore possibles dans d'autres lieux de Montréal dans les prochains jours. Malheureusement pas publicisées, ce sont les résidents de certains endroits de Montréal qui pourront en profiter.
Et moi, je repars sur des pas différents et satisfaits de ces rencontres chorégraphiques intimes sur une place publique !
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