Lorsque mes pas me portent jusqu'à l'Espace Vert du Wilder, pour ma deuxième partie danse de ma journée, c'est pour assister à la deuxième édition des "LABdiff" dont la première avait eu lieu en novembre dernier. J'avais conclu mon texte de retour sur cette première édition avec la phrase, "Au final, moi le spectateur avide de belles rencontres et de nouveautés, cette première édition de "LABdiff" en mérite une deuxième au moins ! Cette "bouteille à la mer" semble avoir été ouverte, parce qu'une deuxième édition a lieu et jamais deux sans trois, une troisième aura lieu en mai prochain !
Pause
Pour ceux et celles qui ne sauraient pas ce qu'est un LABdiff, voici ma courte description. À des artistes, Tangente ouvre la porte de son studio pour une résidence de création avec au final, la présentation d'une performance d'une dizaine de minutes, premières ébauches de création avec en retour rétroaction des personnes qui y assistent. L'objectif est d'en produire une plus longue, guidés (ou non !) par les réponses entendues suite aux questions des créateurs et des commissaires de Tangente.
Fin de la pause
Donc, arrivé un "peu" à l'avance, j'attends l'ouverture des portes qui se fera une trentaine de minutes à l'avance, question de trouver pantoufles à ses pieds, de découvrir les objets d'art dispersés dans l'endroit et évidemment de trouver "ma place" autour du lieu.
Cette place sera juste à côté d'un vase d'eau en attente des mots sur ce type d'évènement et de la présentation de la première proposition de la soirée, soit celle d'Amara Barner qui actuellement étudie à l’Université Concordia en fibres et pratiques matérielles et qui a confectionné les oeuvres tout autour. Et c'est dans un lieu fort bien pourvu de spectateurs et spectatrices que le tout débute. Elle prend place, juste à côté de moi, devant le pot d'eau pour y tremper ses cheveux. Le tout est solennel et est une prémisse au parcours qu'elle entreprend. Un périple durant lequel des questions émergent ("why ?, "when") et que tout au long, ces "habits" revêtus tout au long et perdus après, représentent pour moi, celles et ceux que l'on rencontrent et qui nous transforment et qui nous font évoluer. Et au final, des moments de pure exultation, librement exprimés.
Crédit: Denis Martin fournie par TangenteUne vingtaine de minutes qui m'ont permis de découvrir comment faire vivre des tissus et d'apprécier le parcours de cette artiste. À suivre donc.
Le temps de retirer ce qu'il faut du lieu et d'en déposer d'autres (un violoncelle, un archet et une chaise), et prendre place derrière la ligne, débute la deuxième proposition de la soirée, soit celle de Taminator, alias Valérie Chartier, une des pionnières en krump comme on me l'indique. Arrivant de derrière moi, elle montre à mes yeux, une tension interne. Ses gestes sont intenses. Dans ce qui suivra, selon nos perspectives, on pourra y lire son histoire. Pour ma part, j'y vois une oeuvre en trois temps, celle d'une vie, suivie d'une mort et d'une résurrection et des souvenirs résurgeants de cette première vie. Ou aussi, celle d'une carrière entreprise, d'une retraite, suivie d'une deuxième vie riche en souvenirs aussi. Voilà la beauté d'une proposition qui guide le spectateur avec des mouvements tout en y laissant une place pour imaginer.
Crédit: Denis Martin fournie par TangenteEnfin, après la deuxième pause, est installée une console par terre côté cour. Arrivera Antonin Godin-Desmarais et son complice musical Adrien Poulin qui s'installe à la console. La suite sera composée des mouvements performatifs tout en amplitude et impressionnants d'Antonin qui évolue en aller et retour, sauf pour un intermède musical (à la guitare de son complice). On nous avait dit préalablement que le lieu où il voudrait performer serait composé entre autres de pierres brûlantes. Et c'est bien ce qui est possible de ressentir tout au long, sans cependant que la destination ou l'objectif à atteindre soit évident (pour moi, à tout le moins !), sinon la survie dans ce monde. C'est avec la conclusion de cette proposition que la soirée se termine.
Crédit: Sandra-Lynn Bélanger fournie par TangenteSi pour les deux premières propositions, nous étions invités à répondre à des questions (celles des artistes et des commissaires durant une quinzaine de minutes, pour la dernière, nous pouvions laisser nos réponses aux questions sur l'immense carton déplier dans le lieu.
Je reviens à la maison en me disant que de proposer une oeuvre sans contenu narratif après deux autres qui en étaient fort riche avait pour moi un côté quelque peu périlleux, mais bon!
Et aussi qu'effectivement Tangente est un diffuseur unique et pour cela il a bien sa place dans l'écosystème chorégraphique montréalais, sinon québécois, sans oublier mon agenda de sorties.
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