vendredi 22 avril 2016

Sur mes pas en danse: troublé par "When the ice melts, wil we drink the water ?"

En conclusion de RAOTIHON:TSA (Focus sur la création contemporaine des premières nations), gracieuseté du Théâtre La Chapelle, nous étions invités à découvrir, pour une soirée seulement, au Café du Monument National, "When the ice melts, will we drink the water ?" de Daina Ashbee.



Cette jeune chorégraphe aux origines autochtones m'avait touché avec "Unrelated" présenté, il y a moins d'un an. Voici un extrait du texte que j'avais écrit à propos de cette oeuvre,  "....c'est une souffrance dévoilée, exprimée par des gestes d'auto-violence, par des gestes non aboutis, par des tentatives de prise en charge, mais jamais par la parole". Voilà pourquoi, j'étais là pour découvrir ce qu'elle avait à nous proposer avec l'interprète Esther Gaudette qui elle ne demande aucune présentation aux amateurs de danse d'ici. 

La soirée commence avec une prestation de musique électroacoustique de Jean-François Blouin dans l'entrée du café, juste devant un rideau qui annonce l'endroit de la suite de la soirée. Armé de son "Bâton de parole" les ondes musicales inondent l'espace avec en arrière plan sonore des captations sonores provenant de la réserve Nutashkuan, située sur les rives de la rivière Natashquan de la Côte Nord. Douce et agréable entrée en la matière, pour la suite qui, elle, ne le sera pas. Mais cela, nous ne le savons pas encore lorsque nous nous déplaçons pour prendre place sur les sièges qui entourent de part et d'autres la petite scène sur laquelle se retrouve déjà l'interprète, couchée sur le dos sur la scène blanche.

Bien que j'avais lu le feuillet qui indiquait, autant par le titre que par la description, "ouvrir la réflexion sur les changements climatiques" la thématique présentée, c'est la femme autochtone et toute son impuissance face à la violence de son destin que j'ai vu durant les trente minutes de prestations intenses qui ont suivies. Cette femme, à peine vêtue, toujours couchée sur le dos, ira chercher dans son intérieur ses mouvements qui illustrent sa souffrance et sa résillence. Pour ma part, j'ai été gardé captif par ce visage tellement expressif malgré une apparence de stoïcisme ou de regard projeté au loin. Les gestes sont violents et montrent une résistance passive fortement exprimée. L'interprète toujours le dos au plancher, tourne, se déplace, se contracte et se relâche vigoureusement durant un long moment, fort en intensité, tout cela dans le silence ou avec une légère trame sonore. Tout à coup, le noir se fait. La lutte semble féroce, si nous nous fions à ce que l'on entend, tandis que notre imagination permet d'y voir un affrontement sans lendemain. 

Les lumières se rallument et toujours couchée sur la scène, nous aurons droit à la conclusion et au lever de ce corps qui s'éloignera de nous, sans jamais revenir.  Long silence et enfin, des applaudissements fort mérités. Quelle belle fin !

Une oeuvre qui m'a troublé mais aussi interpellé. À y repenser, il y a certainement un lien entre le sort que l'on réserve à ces femmes autochtones et à celui réservé à "Mère Nature". Une fois que l'on aura détruit notre environnement, serons nous capables d'en assumer les conséquences ?




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