N'ayons pas peur des mots, c'est vers la première d'une première mondiale que mes pas se sont dirigés à l'Usine C (en collaboration avec L'Agora de la Danse). Une oeuvre attendue pour laquelle la foule était nombreuse et la salle "ben pleine". Les lumières étaient encore allumées, lorsque sans crier gare, les six interprètes (Isabelle Arcand, Sophie Breton, Claudine Hébert, Chi Long, Milan Panet-Gigon et Peter Troztmer) se sont amenés devant nous. Rapidement, parleurs et distraits se sont faits silencieux et attentifs. "À la douleur que j'ai" de Virginie Brunelle débutait sur une pose de photo de famille avec un, assis sur une chaise et les autres tout autour. Que l'on ait lu ou pas le feuillet de la soirée, le thème était annoncé, et il m'était évident que je découvrirais des histoires de famille. Une famille qui tentera de maintenir, à tout prix, les apparences. De cette photo qui fait la première page du feuillet, je serais tenté de dire que cette famille, tout en gestes, porte un "toast" "À la douleur que j'ai" d'en faire parti et d'en célébrer à sa façon son humanité évanescente. Cette sensation semble en accord avec l'intention de la chorégraphe qui associe la douleur avec la nostalgie. Comment maintenir un sentiment ou une sensation, malgré le passage du temps, voilà ce que j'ai pu voir, décliné sur différents tons et mouvements durant les différents tableaux de cette oeuvre. Peut-être que j'ai trop d'imagination, mais de ce qui m'était présenté, j'y retrouvais mes propres expériences familiales passées. Des relations entre deux, observées par les autres ou des tentatives de fuir de l'un contrées par tous les autres, parce qu'une famille, "c'est tissé serrée" !
Photo: Mathieu Doyon
Grand plaisir, j'ai eu, avec la gestuelle caractéristique et épurée de la chorégraphe qui me rejoint particulièrement et dans laquelle j'y voyais l'essentiel des choses exprimées et aussi, presque les pointes (du passé) dans certains tableaux. Il y a aussi ce tableau du duo qui s'éloigne avec une assymétrie synchronisée qui m'a tout à fait captivé. Il y a ce rythme effréné et cette utilisation de l'ombre pendant que se joue sous un projecteur une joute entre deux protagonistes.
Depuis ses premières oeuvres que j'ai vu d'elle, Virginie Brunelle, il me semble qu'elle délaisse peu à peu cette force brute pour une autre plus simple mais tout aussi puissante pour illustrer son propos toujours aussi pertinent et qui sait viser le vif de la chose.
Peu de soirées encore pour s'y rendre, mais j'en suis certain, ce ne seront pas les seules représentations. Restez à l'affût pour vous y rendre et pour moi m'y rendre de nouveau.
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