C'était, il y a un peu plus de deux ans, à une "Passerelle" de l'UQAM, j'étais dans la salle et il m'était présenté une oeuvre au titre ambigue, "J'ai rasé mes jambes six fois and no sex happened" d'un chorégraphe que je découvrais pour la première fois. Mes impressions de l'époque, je vous les indique ici en préambule: Enfin, "J'ai rasé mes
jambes six fois and no sex happend" de Philippe Dandonneau avec Sébastien
Provencher et Claudia Chan Tak ne laisse pas indifférent. De ce moment présenté
par rounds, j'en retiens surtout le propos provocant plutôt que les gestes qui
l'ont illustré. Voilà des jeunes qui ont des choses à dire et qui ont une
audace sans borne. Me faire brasser comme spectateur, j'aime beaucoup."
C'était, je vous le rappelle, il y a deux ans et depuis, le trio "infernal" a poursuivi son chemin de création et il nous présentait une oeuvre toujours aussi audacieuse, provocante et aussi menaçante, mais pour ce dernier qualificatif ambigu (à l'image du propos de l'oeuvre), j'y reviendrai plus loin. Et pour ce faire, si les éléments de base d'antant sont restés bien présents (j'en avais surtout retenus les scènes de combat), d'autres se sont ajoutés et le personnage féminin a pris une plus grande place bien méritée, totalement et parfaitement assumée par Claudia Chan Tak.
Photo Gabriel Germain
Donc, mes pas m'ont amené dans ce lieu, Le Théâtre La Chapelle, qui m'a permis tout au cours des dernières années de découvrir des oeuvres dont l'audace, à défaut de repousser les limites pour illustrer leur propos, faisaient mieux, comme pour cette oeuvre, en les redéfinissant ou en les brouillant.
Et voilà pourquoi en quelques exemples !
Le tout a débuté sur fond de chants d'oiseaux en début de matinée avec deux hommes qui se présentent, l'un imberbe et à la chevelure longue et l'autre aux cheveux rasés et à la barbe bien fournie. Ils seront rejoints par une femme aux vêtements éclatants et au verbe affirmé. Tout au long des différents tableaux présentés en quatre rounds, j'ai pu voir deux hommes aux vêtements et personnalités très variables et souvent contradictoires, une femme, comme le fait "l'Homme", "pisse" tout à la ronde pour établir son territoire, d'un air affirmé. Aussi, déterminé à la cause, un Don Quichotte à la hache sans peur, incarné par Sébastien Provencher qui avait intérêt à conserver l'objet bien en main. "Mosus !" que de mon siège en première rangée, j'ai eu peur, mais vraiment peur, au point de vouloir quitter. Il y a aussi ce tableau durant lequel, nos conceptions simplistes et "fleur bleue" sur fond de gazon si vert (celui du voisin, sûrement), sont rapidement soufflées comme la vie souvent nous le fait avec nos conceptions. Si la trame musicale était particulièrement réussie, c'est un moment de danse sur fond de bruit de scie à chaîne en pleine action qui m'a le plus touché. Un moment fort de la soirée pour moi. Aussi, nous avons droit à un duo de couple sur fond "c'est pathétique". Il y aura aussi ce tableau d'affrontement qui laisse là, en plan une cuisse de poulet tristement abandonnée. Il y aura aussi ce tableau durant lequel les deux hommes s'exhibent sans pudeur, ce qui me rappelait un tableau tout aussi interpellant de "Warning" de Mandala Situ chorégraphié par Dave St-Pierre. Enfin, le tout se termine avec une scène de rasage avec Philippe Dandonneau et évidemment "No sex happened" !!!
Au final, une oeuvre "folle" qui fait éclater les conceptions faciles sur les hommes et les femmes avec une série de symboles tout aussi intéressants à découvrir qu'à interpréter. Et s'il y a deux ans, j'en avais surtout retenu le propos, cette fois, les gestes m'ont frappé fort aussi. De quoi dépeigner, à défaut de les raser, les plis bien droits de certaines certitudes que nous pourrions avoir de ce qu'est un homme et de ce qu'est une femme.
Impossible de ne pas ajouter qu'il y avait un peu de moi dans ce spectacle, mais cette si petite contribution a été soulignée dans le feuillet du spectacle, merci gang !
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