Je me souviens d'un échange avec Dena Davida. C'était il y a quelques années, avec l'Espace Wilder, encore à l'état de projet, elle parlait d'un lieu qu'elle pourrait investir totalement et surtout différemment. Des projets, vous en conviendrez, il est facile d'en avoir et d'en parler, mais cette fois, celui d'investir différemment le lieu, a été pour cette soirée, "Couper-Coller" (titre aussi éloquent qu'évocateur) dernière de la saison de Tangente, ce projet donc, a été totalement réussi. Et je suis certain que tous les spectateurs présents partagent totalement mon opinion.
Photo : Thibaut Larquey sur le site Tangente
Mais avant de vous permettre de bien comprendre mon affirmation, il faut commencer par le début de ce programme triple, dont les deux premières oeuvres ont été présentées à la cinquantaine de spectateurs dans la salle "Dena Davida" au sous-sol de l'Espace Wilder. En première partie donc, "Nolo: Curating the body" de "The Uncollective (Eve Stainton, Michael Kitchin et Sorcha Stott-Strzala) qui nous attendent à notre arrivée dans la salle dont les sièges sont disposés tout autour. La scène est vide, seulement une perruque blonde et un vase d'eau sur un bloc, au milieu. La salle se remplie et la présentation commence avec l'interprète de l'oeuvre (Eve Stainton) qui quitte son siège, un des nôtres. Le vide qu'elle crée sera vite comblé par ce qui suivra. L'oeuvre, il peut être utile de la rappeler (comme son titre) a mis ensemble des fragments d'oeuvres de six chorégraphes (trois d'ici et trois du Royaume-Uni) pour en faire un tout que nous découvrirons en suivant ce personnage intrigant et fascinant. Cette femme se déplace, déplace des objets imaginaires qui nous imaginons fort bien et tout réellement, jusqu'à ces poussières à mes pieds qu'elle vient enlever. Cette abstraction, elle nous le concrétise, tout comme comme ces objets qu'elle déplace ou qu'elle dispose dans cet espace devant nous et que nous pouvons presque voir. Cette femme sait faire effet et aussi établir des relations, autant par ses gestes que par son regard. Une trentaine de minutes fort bien remplie, mais surtout une rencontre fort bien réussie. Pause.
Deuxième partie de la soirée, dans la même salle, "Identity Binding" de et avec Victoria Mackenzie. Le programme de la soirée indiquait, "Une aventure de la perception dans la sinueuse route menant à la représentation objective de soi." et c'est exactement ce que j'ai ressenti tout au long de la représentation. Cette jeune femme, déjà présente à notre arrivée, dans la vie, a fait "du chemin", a évolué, s'est transformée, mouvements chorégraphiques pour appuyer son propos. C'est impossible de ne pas le ressentir. Je dirais même que pour elle, j'ai éprouvé une certaine sympathie, sinon, une sympathie certaine, tout au long de son cheminement. Habilement exprimé surtout en street dance, mais pas seulement, les gestes captivaient. Nous percevons nettement l'aspect chronologique de son évolution, comme celui de la chenille qui devient un superbe papillon. Pause et décision.
Décision d'attendre une trentaine de minutes ou non pour découvrir la troisième partie de cette soirée. Pourquoi ? Parce que seulement 26 personnes à la fois pourront assister à la troisième partie de cette soirée. Décision difficile pour quelqu'un qui s'est levé à 6h30 (soit 15 heures plus tôt), mais décision prise, d'attendre. Donc après une attente, d'un peu plus de trente minutes, nous (26 personnes maximum, je le rappelle) sommes conviés à prendre place dans un monte-charge pour assister à la présentation de "Monte-Charles" de Philippe Meunier et Ian Yaworski avec Sébastien Chalumeau, Jonathan C. Rousseau, Philippe Meunier, Antoine Turmine, Ian Yaworski. Ainsi donc un des projets de la commissaire de Tangente ( Dena Davida) se concrétisait avec une oeuvre qui met les spectateurs dans un monte-charge et présente des tableaux dans différents lieux (et étages) de ce building en construction (qui devrait officiellement être complété début juin). Un peu comme une visite au Jardin zoologique de St-Félicien !!! "Monte-Charles", c'est de la gigue contemporaine (comme je l'aime bien) déconstruite, mais surtout émouvante et touchante par les relations qu'elle nous présente entre les interprètes masculins et entre les interprètes et les spectateurs Et cela dans ce monte-charge qui se déplace entre les étages et les tableaux. Donc, de notre position, les portes du monte-charge s'ouvrent et dehors nous découvrons ces relations exprimées, de tout proche ou de plus loin. Le propos terminé, un des interprètes (les cinq à tour de rôle) nous accompagne à l'intérieur pour monter ou descendre vers le prochain tableau et à la conclusion de cette soirée, fortement applaudie.
De retour à la maison, il me sera aisé de me dire que ce lieu encore inachevé nous réservera, dans l'avenir, quelques autres belles surprises, dont Dena Davida sera une des auteures.
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