Je débuterai ce texte avec une question toute simple. Quel pourrait être votre souvenir d'une rencontre avec deux squelettes et pour préciser ma question, si cette rencontre avait eu lieu deux ans plus tôt? Évidemment, vous pourriez répondre que selon les circonstances, vos souvenirs seraient très différemment colorés et je ne pourrais qu'être d'accord. Voilà donc pourquoi, il est important pour moi aussi de contextualiser les miennes, mes circonstances de rencontre, évidemment ! Et c'est ce que je ferai à partir de maintenant.
Ainsi donc au Théâtre La Chapelle un soir de semaine, je me rend pour découvrir ce que deux squelettes, incarnés (!) par Priscilla Guy et Sébastien Provencher peuvent me proposer comme propos chorégraphiques. De cette rencontre, je ne me souviens de peu de détails, mais que c'est fou que je me souviens très bien que l'on peut mettre de la chair sur les os dans une oeuvre qui a pour titre "Deux squelettes". La démarche était prometteuse et je m'étais promis de suivre les pas de ces "paquets d'os" habiles à la réflexion.
Photo des deux principaux interprètes qui, sûrement, réfléchissent aux prop"os" à venir.
Voilà pourquoi, à la Maison de la culture du Plateau Mont-Royal, mes pas se sont dirigés et ont été bien accueillis (comme le reste du corps qu'ils déplaçaient) avec un bonsoir bien senti par les "Deux Squelettes" qui pour l'occasion, avaient revêtus leur peau et une serviette. Si la surprise peut prendre différentes formes, les différents spectateurs qui entraient en ont donné un bel échantillonnage.
Une fois tous les convives arrivés pour ce qui s'avèrera un festin qui avait, et c'est de moi, tout de l'osso buco avec une moelle intellectuelle fort savoureuse. Et les "Deux squelettes" nous présentent le menu de la soirée, soit un assemblage de tableaux suite à leur deuxième étape de création et pour lesquels, ils nous invitent à rester, pour le digestif après, pour échanger. Et tout à coup, les lumières s'éteignent et débute le repas aux multiples services.
Le tout commence avec la serviette en moins sur le bord de la plage et ce tableau qui met en place la vacuité fort éloquente des propos à venir. Le lecteur attentif notera ici l'apparente contradiction, mais dois-je rappeler que certaines expressions le sont tout autant, telles que "un silence éloquent", "une absence marquante" et expriment bien le propos voulu. Si par la suite, les squelettes s'expriment peu ou pas verbalement, les bandes audio et l'invité non annoncé (Dany Boudreault) se chargent de rendre fort audible les propos éloquents de ces "Deux Squelettes" et qui, selon moi, rendent hommage à certains aspects absurdes de la vie. Leur présence et le vide apparent de leurs propos résonnent fort efficacement. Voilà des "Os parleurs" qui par leurs gestes pourront divertir, faire rire aussi, mais aussi et surtout faire réfléchir.
De cette soirée, j'en retiens aussi que nous avons 206 os avec trois fonctions principales (pour les connaître, faudra aller se rendre découvrir la présentation finale dans un an ou deux), qu'il y a des trucs pour se rappeler du nom de ces 206 os et qu'avec des squelletes découverts, il est possible de faire les manchettes.
Impossible pour moi de ne pas revenir sur la performance de Dany Boudreault qui dans cette pastiche d'entrevue avec les deux squelettes nous livre une performance théâtrale de haut niveau. Pour moi qui l'avait découvert une première fois, via la performance de Marcel Pomerlo (il y a plus de dix ans) avec "Et j'ai entendu les vieux dragons battre sous la peau", il me semble évident que son verbe est à la hauteur de sa plume fort habile et éloquente.
Au final, des moments distrayants, mais surtout fort riches autant par le propos que par l'intention des deux créateurs. Des moments efficacement appuyés par des éclairages pertinents et des costumes "décalés". Je me permets ici un conseil, lorsque "Deux Squelettes" seront, enfin, à l'affiche, "be there" avec moi pour vous laisser convaincre par leur silence.
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