dimanche 30 décembre 2018

Sur mes pas au cinéma: "Un homme pressé" pour du Luchini et pas mal plus !

C'est un temps froid qui accompagne mes pas sur les trottoirs forts bien pourvus de pièges glacés jusqu'à "mon" Cinéma Beaubien. L'objectif de cette sortie hasardeuse, me faire réchauffer le cœur et l'esprit par une comédie. Une fois arrivé, c'est dans un hall fortement achalandé que je prends place, décidément, en ce samedi de fin d'année, je ne suis pas le seul à avoir besoin d'aller à la rencontre du septième art ! Les files d'attente et de sortie de salle s'entrecroisent, produisant des sourires et questionnements, mais jamais de mauvaise humeur.

C'est tout au fond de la salle numéro 1, au pied de l'écran, que je ferai mon entrée dans la salle qui sera "full comble" au moment du début de projection. La "magie Luchini" fonctionne encore pour attirer la foule et elle sera présente, pour satisfaire cette même foule tout au long du visionnement de "Un homme pressé". Nous découvrirons l'histoire d'un homme d'affaires qui "frappe un mur" et dont sa perspective sur la vie est drastiquement bouleversée. Malgré un sujet convenu, prévisible même, la qualité des moments est assurée par des ingrédients qui rehaussent la bonne performance de la tête d'affiche. Les présences du préposé d'hôpital drôle (Igor Gutesman), du serveur d'un café (Jean-Pascal Zadi) et de sa cuisinière personnelle (Clémence Massart) apportent une touche, telles des épices, dans cette histoire, qui a tout du "comfort food" ou aliment réconfort pour un cinéphile. Sans oublier la trame musicale qui inclut une chanson de Cat Stevens, "Father and Son", interprétée par le groupe américain Balmorhéa qui m'a fait craqué !

Tout au long, on rit face aux mots et phrases déformés de cet homme (Fabrice Luchini est fort efficace) qui revient d'un A.V.C. Appuyé par Leïla Bekhti ( dans le rôle de la "psychopathe", euh !! non de l'orthophoniste) et de Rebecca Marder (fort juste dans le rôle de sa fille). On verse des larmes aussi au visionnement de certaines scènes touchantes. La proposition de Hervé Mimran n'est pas sans défauts et certaines dérives, mais au final, nous les oublions et en ressortons le cœur léger et même toute la glace rencontrée sur les trottoirs au retour ne refroidit pas notre plaisir passé. 

dimanche 23 décembre 2018

Sur mes pas au cinéma: "Une affaire de famille" pas banale et à découvrir, vraiment !!

Difficile pour un cinéphile, dont moi-même, de rester impassible à l'invitation "toute fortement étoilée par les critiques et récompensée à Cannes" d'aller découvrir "Une histoire de famille" de Hirokazu Koreeda. D'autant plus, si vous avez vu et apprécié ses plus récentes propositions, le troublant "Tel père, tel fils", l'émouvant "Notre petite sœur" et le touchant ""Après la tempête" !

                                         Photo de Métropole Films tirée du site "Le Devoir"

Et je ne serai pas le seul, informé et intéressé, présent dans cette "trop petite" salle (comble) numéro 5 du Cinéma Beaubien en ce week-end d'avant Noël ! Arrivé plus de trente minutes à l'avance (un cinéphile averti est bien prudent), la file est déjà fort bien garnie et j'y prends place, tout prêt a prendre place dans la salle. Et cette file remplira "full", d'abord, le deuxième étage avant d'étendre son allongement tout en bas (merci au personnel d'avoir bien géré cette affluence !).

Une fois bien installé, "yeah!!!", l'attente et les bandes-annonces passées, je découvrirai cette "Affaire de famille" toute japonaise. Une histoire qui nous présente, d'abord, une famille ou ce qui en a toutes les apparences, une histoire en quatre temps.

Un premier temps, qui nous permet de découvrir les différents personnages.

Un deuxième temps qui nous permet de passer le balai sur les apparences présentées et peu à peu se faire une idée sur les liens réels entre les différents personnages.

Un troisième temps qui nous fait découvrir comment le vent des événements et le temps qui passe modifie le cours du temps familial.

Et un quatrième et dernier temps qui nous fait découvrir la nature humaine sous un jour différent et porteuse d'espoir. Difficile de rester insensible tout au long de ces moments !!!

Une oeuvre japonaise, loin des standards nord-américains, qui autant pas sa sobriété des effets et des explications données, nous permet d'y trouver notre place. Une oeuvre brillamment jouée, tout en sobriété qui n'éclabousse pas en bonnes intentions, laissant notre regard bien présent tout au long !

Une oeuvre qu'il serait bien dommage de rater en ces temps de réjouissances, parce qu'elle nous permet de réfléchir sur nos a priori sur la famille, celle dont nous héritons et celle que l'on choisi.


vendredi 21 décembre 2018

Retour sur mes pas en danse de l'automne: Mon palmarès et des mentions

Depuis le début de la saison automnale, fin septembre, c'est vers près d'une trentaine de soirées chorégraphiques et pas mal plus d’œuvres que mes pas m'ont amené. Je l'avoue, jamais je n'ai regretté les pas faits et le temps consacré à découvrir ces univers tout aussi différents que surprenants.

Certaines de ces œuvres m'ont surpris, déstabilisé même, m'en faisant apprendre sur moi-même encore et encore !!! Ce qui me fait dire : "vive la découverte de l'autre pour en apprendre sur soi" et me rappeler la parole du sage, de ces œuvres "en saisir les sens pour en comprendre le sens", telle une addition vectorielle, dirait mes amis mathématiciens, avec mes sens très humains, suis-je tenté d'ajouter.

Au final, voici mon top 5 que je compléterai avec quelques mentions.

En cinquième position, le "Remix" présenté par le Studio 303.  De "Fuck it" de Catherine Lafleur  remixée par Caroline Laurin-Beaucage et de "Belle" de Sarah Manya qui  "remixée" par Daina Ashbee, j'ai passé de très beaux moments. Le plaisir de découvrir "côte à côte" la version originale et une perspective "assez différente" est inestimable et fort intéressante. 

En quatrième position, "L'affadissement du merveilleux" de Catherine Gaudet présenté à l'Agora de la Danse. J'avais conclu mon texte d'impressions par les mots suivants: " Ces états de corps brillamment exprimés et montrés par cette équipe d'interprètes (avec leur forte présence) m'ont captivé et hypnotisé jusqu'à la toute fin.
Difficile d'extrapoler, mais j'ose néanmoins, "L'affadissement du merveilleux" sera un de mes coups de cœur de la saison par la teneur, toute simple, de son propos (chorégraphique) pour en révéler sa force." S'il est souvent périlleux d'extrapoler, cette fois, cela s'est avéré vrai.

En troisième position, "Ghost" de Tentacle Tribe présenté par Dans Danse. Un pur moment de plaisir dont je peux résumé mon expérience par le titre de mon texte, "Pour me faire rêver é(mer)veillé". Aussi, j'avais écrit, "Et dans ce rêve, j'y ai vu des êtres qui évoluaient devant moi, en des formes toutes aussi polymorphiques que fantastiques. J'y ai vu aussi comment le souffle nourrissait et pouvait influencer le mouvement des autres. De ces gestes qui se propageaient, tel le mouvement des ondes de la lumière."

En deuxième position, "L'entité du double" des Soeurs Schmutt présenté par Danse-Cité. Avec moi, rien à faire (!), elles ont une carte "chou-chou" avec moi et chaque rencontre est marquante. Et cette fois encore plus, parce que c'est d'elles qu'elles nous parlent et nous dansent. 

En première position, une autre de mes créatrices "chou-chou", Sarah Dell'Ava avec "Or", présenté par Tangente. Une rencontre mémorable, oui, oui, et toute en intimité d'une durée de quatre heures qui ont passé le temps d'un souffle. Une rencontre qui laisse des traces, telle une expérience de communauté unissant artistes et public. 

Pour compléter ce retour en arrière, je voudrais décerner quelques mentions spéciales, et soyez informés, la liste pourrait être beaucoup plus longue, à la hauteur de la grande satisfaction du spectateur.

D'abord, "Giselle" de Dada Masilo présenté par Danse Danse qui autant par sa relecture que par son interprétation nous entraîne dans un univers chorégraphique captivant et surtout différent.

Aussi, "Ground" de Caroline Laurin-Beaucage, présenté par l'Agora de la Danse, qui en termes succincts, est riche de ses perceptions multiples et de sa dualité "up and down" avec ses interprètes tout investis.

Encore, "De la glorieuse fragilité" de Karine Ledoyen, présenté par l'Agora de la Danse. Une oeuvre qui a résonné en moi, retraité, et qui m'a rappelé, en gestes, surtout, mais pas seulement, que la fin d'une étape peut être le début d'une autre. Et comme pour moi et ma vocation, pour eux, si elles ou ils laissent le monde de la danse, la danse ne les laisse pas pour autant tout en dedans.   

Enfin, impossible pour moi de ne pas mentionner mes soirées passées à découvrir les prestations de fin de session des étudiant.es de l'UQAM et de l'École de Danse Contemporaine de Montréal. Chaque fois, sans exceptions, mon plaisir de spectateur est au rendez-vous.

Ainsi donc, nous en sommes rendus à tourner la page de l'année 2018. Et le spectateur que je suis, tout comme un enfant devant ses cadeaux emballés, a bien hâte de découvrir les prochaines propositions de la prochaine saison. 


jeudi 20 décembre 2018

Sur mes pas en danse: À la rencontre des fées de la terre d'accueil

La saison culturelle est à toute fin terminée comme l'année d'ailleurs, mais une dernière proposition chorégraphique était proposée. Voilà donc pourquoi, mes pas m'ont amené jusqu'à la Maison de la Culture du Plateau Mont-Royal pour découvrir une ébauche assez avancée de "La possibilité d'une tragédie" d'Amélie Rajotte. Chemin faisant, je me demandais si la proximité du long congé du temps des Fêtes allait refroidir l'ardeur des spectateurs. Et bien non ! C'est une foule fort nombreuse qui a pris place autour de l'espace de prestation et dans les estrades un peu plus loin, déjouant les prévisions des responsables.

Mais, ouf !, moi, j'ai eu droit à une super belle place tout proche, comme quoi, arriver tôt a des avantages certains. Et de ma place, près de cet espace blanc rectangulaire, il y avait un module hexagonale rempli de terre, avec sur sa bordure, un certain nombres de plantes en pot. Aux extrémités de ce même espace, d'autres plantes, pleins de plantes dont plusieurs dans des piscines de plastiques circulaires. À notre entrée dans la salle, deux femmes (Angie Cheng et Jessica Serli) sont déjà en plein travail, dont une, "branchée"  avec des électrodes. Une autre (Nelly-Ève Rajotte), en retrait, s'active devant une console juste devant elle, génératrice de sons et de musique.

                               Photo de Angie Cheng par Nelly-Ève Rajotte tirée du site de L'Organisme

Le temps que tous les spectateurs prennent place, cela me laisse le temps de prendre mes repères et tenter d'évaluer le lieu de "La possibilité d'une tragédie". Premier constat, autour de cet espace de terre, c'est tout blanc immaculé ou tout vert végétal. J'apprendrai aussi, avant le représentation, que comme les plantes dans l'espace, l'oeuvre est mature mais toujours en évolution (le produit final, telle une récolte, sera présentée à la fin du mois de janvier de la prochaine année par Tangente dans l'Espace Vert, et oui, rien n'est laissé au hasard !!! du Wilder).

Les portes de la salle se ferment derrière les derniers arrivants et débute les pérégrinations des "fées de la terre d’accueil", une fois que la porteuse d'électrodes les a transmises à des plantes suspendues toutes proches. Nous pourrons donc suivre les gestes déterminés de ces deux femmes qui travaillent la terre, sortent les plantes de leur pot pour les mettre dans la terre du module blanc, non sans les avoir caressé ! Le tout se fait lentement, comme un pied de nez aux gens pressés par le temps. Telles des fées qui accueillent ces émigrants qui deviennent immigrants dans leur nouvelle terre d'accueil. Le tout, ne se fera pas dans laisser des traces et même une fracture de la terre d'accueil. Mais, c'est toujours aussi calmement qu'elles poursuivent leur oeuvre. Elles ont peut-être le regard absent, mais leurs gestes, eux, sont affirmés et déterminés et nous captivent, faisant grand bien.

Durant ces moments, chacun.e pourra trouver la signification. Pour peu que l'on accepte cette proposition toute poétique (dira fort justement une des personnes présentes durant la discussion d'après-représentation), notre capacité d'évocation nous amènera vers des horizons surprenants.

Et pour découvrir de votre propre point de vue, quatre moments ( du jeudi 24 janvier au dimanche 27 janvier 2019), soit l'an prochain dans un peu plus d'un mois.


lundi 17 décembre 2018

Sur mes pas hors piste dans un atelier d'écriture: Pour sortir ma plume de ses ornières !

L'invitation m'est parvenue via les réseaux sociaux, envoyée par Patricia Rivas, une de mes amies "Intimistes" pour la première fois du "Gym du lab littéraire". Une belle occasion pour moi de pratiquer une écriture, différente, "hors piste" et sortir des mes ornières. Invitation donc que j'ai pas pu refuser et "heureux" a été l'homme de l'avoir accepté. Si le Gym s'avère une destination pour tonifier mon corps, un "Gym littéraire" a eu le même effet sur ma "plume" et sur le "cerveau" de celui qui la tenait. Et si en plus, il y a dans le titre de cette proposition "lab", l'ex prof de chimie est comblé. Et voici comment cela s'est passé.


Dans une salle intime d'un resto, tout en bas de la rue St-Denis, nous sommes donc cinq, "orientés" par nos deux animatrices de l'occasion, Patricia et Audrey. Nous devrons prendre le crayon ou le clavier pour utiliser notre talent et notre imagination (heureusement pour moi, j'avais pas loin, un bon café) pour d'abord effectuer un premier exercice dirigé dans un temps prescrit (un premier effort pour moi, qui déteste les limites du temps !). Un exercice avec double contraintes, un sujet et une obligation d'utiliser la première lettre de notre prénom. Oufff!!  même si le R de Robert ouvre plein de possibilités,plus que certains autres prénoms, vite, je constate que certains mots qui m'auraient été très utiles me sont défendus !!!!  Comme la forme, elle, n'est pas contraignante, je réussi à mettre sur papier un produit qui, somme toute, rempli sa fonction. Loin de la qualité des autres autour de la table, comme je le constaterai par après. Mais comme le disait sagement Confucius, "le chemin est plus important que la destination" et le chemin a bien plu au "spectateur à plume" ! Et il faut réchauffer "la machine" !!!

Deuxième exercice, un peu plus long, exigeant lui aussi, nous laissait libre sur le style, portait sur un objet qui avions beaucoup aimé et sur un autre que nous avions détesté. Pour cela il fallait revenir dans notre plus lointain passé. Toute une vie et sa soixantaine d'années devrait être un champ fertile, mais en faire le tour pour récolter les fruits espérés s'est avéré plus exigeant qu'il n'y parait. Il en reste que les premières angoisses passées, le sang-froid reprend le dessus et accompagné d'une touche d'imagination, trouvée dans le "coin du cerveau" permet de produire un résultat intéressant. Exercice qui nous permet de nous dévoiler et qui à l'écoute des autres textes s'avère touchant et me rappelait mes soirées avec "Les Intimistes".

Le temps passe, sans que nous ayons prise sur lui, par conséquent, nous pourrons effectuer un dernier exercice, permettant au dicton "jamais deux sans trois", encore une fois d'être vrai. Exercice qui, pour moi a été le plus intéressant (et facile aussi), soit d'imaginer des objets réels avec des propriétés imaginaires. Rêver et projeter le tout sur papier tout au bout de ma plume, comment imaginer autrement faire du bien, sans contrainte et sans réserve. Je vous dévoile ici une de mes "trouvailles", soit une ampoule qui allumée dans une salle, permet d'avoir les idées claires et des opinions avisées à tous ceux et celles qui seraient dans cette salle. C'est dimanche, le cerveau s'est enfin mis en marche et se met en droit rêver, que demander de mieux !

Voilà donc les deux heures déjà derrière nous, et avec les traces laissées sur papier et dans les neurones, mes pas me ramènent à la réalité de ce mois de décembre. Ces moments m'ont fait promettre de tenter de sortir, le plus souvent possible, du confort des ornières de mon style pantouflard et oser explorer !

Entre temps, je ne peux que souhaiter que la proposition de reprendre mensuellement ce Gym Littéraire soit exaucé et que moi, je puisse m'y rendre encore et d'y être en bonne compagnie. Il reste encore plein d'exercices à faire et de petits chemins inconnus à explorer, loin des ornières.

samedi 15 décembre 2018

Sur mes pas en danse: Un programme triple qui annonce de beaux "pas sur scène" à venir

Un de mes plus gros plaisirs, fort connu, est de découvrir "les pas sur scène" des élèves de nos lieux de formation en danse montréalais. Après avoir apprécié ceux de l'UQAM, mes pas (marchés et non pas dansés) m'ont amené au Wilder pour découvrir ceux (pas mal mieux expressifs) des étudiant.es de troisième année de l'École de Danse Contemporaine de Montréal. Le programme était prometteur (et il a tenu ses promesses !) avec trois oeuvres au programme. D'abord, en lever de rideau, "TOC" de Iker Arrue, (que je ne connaissais pas), suivi de "Play" de Anne Thériault (que j'ai vu au dernier FTA) et pour terminer "À la douleur" de Virginie Brunelle (que j'avais vu, il y a 2 ans à l'Usine C, présenté par l'Agora de la Danse).

                                 Tirée du site de l'École de danse contemporaine de Montréal

Une soirée intéressante, donc, me permettant de découvrir un chorégraphe basque et deux relectures de créations déjà vues. Une soirée fort achalandée aussi, avec une salle comble, comme ça sera le cas pour les suivantes, si mes renseignements sont exacts. Une fois les consignes habituelles transmises, les lumières se font d'abord discrètes pour disparaître complètement et laisser place à une oeuvre, "TOC" dans laquelle chacun de nous (ou presque) se retrouvera. À tour de rôle, dans les trois tableaux, les dix-neuf élèves nous proposent d'abord une version dansée "de ne pas mettre le pas sur une ligne", jusqu'à la confession verbale de certaines de nos faiblesses psychologiques. Autant le geste que le propos, elles ou ils le portent fort bien jusqu'à nous, faisant en sorte que la résonance personnelle variera d'un spectateur à l'autre, mais certainement touchera notre cible individuelle.

Les applaudissements fort bien mérités envolés, il s'en suit la sortie de scène des interprètes et la sortie de la salle des spectateurs avant la suite. De cette suite, je suis bien curieux !

À notre retour dans la salle, neuf jeunes femmes nous attendent avec le thérémine, à l'avant gauche de la scène et le lecteur à cassettes, plus discret à l'arrière droit de cette même scène. Malgré l'étrangeté de ces deux instruments, ce sera les gestes de ces femmes qui marqueront notre attention (gestes qui seront repris aux applaudissement de la toute fin et qui pour moi, relève d'un "coup de génie"). Avec des vêtements d'une autre époque, elles nous proposeront des gestes et des mouvements en parfaite harmonie. De l'oeuvre originale avec trois interprètes, la relecture à neuf de "Play" (au sens propre comme au sens figuré, mais aussi mathématiques, avec trois au carré) nous amène dans une zone d'interprétation surprenante et fort intéressante. Le vieux spectateur que je suis y a trouvé son compte et pour cela, merci mesdames.

Juste le temps de reprendre le cours actuel des choses et d'enlever les accessoires, nous arrivera les dix autres élèves qui nous ferons plonger dans l'univers caractéristique de Virginie Brunelle avec la relecture de "À la douleur", dont la filiation avec l'oeuvre initiale "À la douleur que j'ai" est évidente. De ces contacts qui provoquent la souffrance, ces jeunes se les ont éloquemment appropriés. Les chocs des corps sont percutants (et résonnent en moi !) et sont d'autant plus crédibles avec la jeunesse qui les font. Ils portent fort bien l'univers chorégraphique de cette chorégraphe.

Au final de cette belle soirée, au risque de me répéter, l'avenir, sur scène, de la danse contemporaine est entre bonnes mains et pour cela merci à vous de l'École de Danse Contemporaine de Montréal. Et surtout à la prochaine, Chanelle Allaire, Catherine Ally, Rodrigo Alvarenga-Bonilla, Éloïse Bastien, Madeleine Bellefeuille, Solene Bernier, Angélique Delorme, Jade Dussault-Lapointe, Constance Gadan, Simone Gauthier, Rafaelle Kennibal Cox, Cheline Lacroix, Lucie Lesclauze, Brian Mendez, Mathilde Mercier-Beloin, Abe Mijnheer, Lorena Salinas, Audrey Thériault et Leah Tremblay. Je suis convaincu que je vous reverrai sur une scène bientôt.

jeudi 13 décembre 2018

Sur mes pas en danse: Une oeuvre particulière(ment) et intéressante avec la gang de l'UQAM

Il y a de ces propositions "danse" que s'annoncent fort intéressante, autant par ceux et celles qui seront sur scène que par ceux et celles qui "mettront la table". Et "le renoncement à la sauce" d'Enora Rivière n'a pas fait exception ! Pour leur spectacle de fin de session les vingt-quatre élèves (vingt-trois jeunes femmes et un jeune homme) de l'UQAM nous ont proposé encore cette année, une oeuvre intéressante et particulière qui leur a demandé une grande part de retenue. (Question à moi-même: D'où viennent les interprètes masculins que je vois sur nos différentes scènes ???)

                                                   Affiche de Jeanne Maugenest

Une fois que mes pas m'aient amené à mon siège et que les lumières se soient éteintes, apparaît graduellement une troupe de jeunes qui courent autour de la scène, à l'image de notre vie actuelle. À ce rythme "fou", la nombre se gonfle, malgré le départ de certains. On le ressent, il faut suivre le rythme et l'effort individuel y est mis pour rester avec le groupe. Le rythme même infernal se doit d'être suivi, même si cela demande que l'on fasse le pas (plus vite) de plus. Une entrée en la matière à la symbolique fort moderne malgré l'inspiration du début du siècle précédent, "Nijinskienne". De cette entrée en la matière endiablée, il s'en suit une suite qui sédimente les formes jusqu'à obtenir un tableau tout riche de son immobilité. Immobilité qui dure sans toutefois nous faire souffrir. Il y a dans ce contraste et le moment qui se présente, l'occasion de prendre conscience. De plonger dans notre intériorité, pour prolonger l'oeuvre en nous.

Et puis tout à coup, les formes vacillent, des mouvements  s'ébauchent et l'action qui reprend. Nous aurons droit par la suite, comme pour ce qui a précédé à une suite de tableaux, aux rythmes brisés qui illustrent bien, selon moi, ce que veut dire vivre aujourd'hui, lorsqu'on est jeune. Le tout parfois déstabilise, interroge nos certitudes et notre confort de spectateur, mais au final, crée le terreau fertile pour une prise de conscience. Et comme elle l'avait fait avec sa création chorégraphique "Moteur" et son livre "ob.scène", Enora Rivière propose, à la toute fin, une introspection dans celles et ceux qui se sont proposés en gestes devant nous.

Une belle soirée durant laquelle, Fannie Arsenault, Marianne Beaulieu, Stéphanie Burke, Camille Demers-Paquin, Joanie Deschatelets, Marjolaine Fontaine, Flavie Gaudreau-Majeau, Valérie Huard, Pierre-Rodrigue Kwemi, Catherine Laroche, Roxanne Larochelle-Mosseau, Kyeve Leblanc, Stéphanie Leclair, Sarah Mugglebee, Lysia Paquin, Marie-Christine Paré, Catherine Pelletier-Voyer, Carol-Anne Roy, Chloé Saintesprit, Emilie-Claude St-Amour Maillé, Zoé-Claude St-Jean-McManus, Manon Terres et Camille Turcot-Riel ont renoncé à la sauce (et aux artifices) pour nous présenter une oeuvre riche de son essentiel. Merci à vous pour ces beaux moments.


dimanche 2 décembre 2018

Sur mes pas de spectateur: Une rencontre touchante toute à fait de "Traits Communs" avec "Les Intimistes".

D'un chapitre à l'autre, depuis leur cinquième, qui a été mon premier avec elles, Les, que je serais tenté de transformer en "Mes," Intimistes me proposent, d'un chapitre à l'autre, de mieux les connaître. Si dans mes premières rencontres, leurs histoires me semblaient un peu plus "périphériques", tout autour d'elles, les plus récentes me plongent en elles.

                                               Affiche du Chapitre 12 fait par Tania Arana

Au retour de cette soirée fort touchante qui a fait complètement fondre le quatrième mur, chères amies, ce texte, c'est à vous que je l'adresse. Parce que ce chapitre 12, "Traits Communs" n'avaient rien de commun dans sa teneur, mais oui, "commun" dans le sens universel des êtres humains. Parce que Sandrine Quynh, Tania Arena, Sarah Keita, Laurence A. Perrault, Patricia Rivas, Audrey Lavigne et Vanessa Seiler, chacune à votre façon et avec votre belle écriture, vous m'avez touché profondément. Riche de leur honnêteté et de leur franchise, chacun de vos textes, brillamment présentés, m'ont ému et troublé, me faisant passer des rires aux larmes.

Sans revenir sur les détails de vos confidences, je m'en voudrais de ne pas revenir brièvement sur chacun de vos grands "Traits Communs" et pour cela, vous me permettrez, chères Intimistes, de vous tutoyer !

Sandrine dans "C'est cadeau", toi si riche de tes excès et de tes "limites", et qui avec ce chapitre me fait constater et surtout apprécier que chacun de nous avons une valise héréditaire et qu'avec cette valise familiale, il faudra faire son chemin, peu importe le lot qui se trouve à l'intéreur.

Tania dans "Les Nomades", je partage tout à fait ton constat qu'il peut être difficile, sinon impossible de tout bien classer les gens, d'ici, d'ailleurs ou de partout, qui a des allures de nulle part, sinon de les classer chacun dans sa propre case. En ce sens, pour moi, tu es unique, malgré tes origines si nombreuses.

Sara, avec "Le bleuet du Saguenay" tu nous parles de ton héritage génétique paternel, d'attributs physiques qui te distinguent et qui t'ont agacée parfois, sache qu'à mes yeux (et sûrement pas seulement aux miens), ils te rendent unique ! L'hérédité est un bien qui n'est pas que physique, mais qui a toujours une grande valeur.

Laurence, dans "Somatisation" comme à chaque fois que je t'écoute, avec ton style pétillant, mais surtout avec ta grande sincérité, tu me fais un "grand effet", un grand "oumfff", sans que cela se transforme en mal de dos, sois rassurée. Tu me fais aussi réaliser que cette "mère" que tu as tant souhaité, moi, j'ai eu la chance de l'avoir eu. Sache que, grâce à toi, je l'ai réalisé encore une fois, un peu plus.

Patricia, avec ton "Long cou", tu as su me surprendre avec ton cou aux traits communs de ta mère, de ton père, mais aussi d'un dinosaure qui sort de sa coquille ! Peu importe que le pays de tes parents soit peu connu comme le sont les origines des gnocchis, moi le 29 de chaque mois je tenterai d'en manger à mon souper.

Audrey dans "Cave à souvenir" avec tes yeux toujours pétillants, tu nous parles d'un trait de caractère hérité de ta famille. Ce trait qui t'amène à ramasser et à conserver les "pierres" rencontrées sur ton chemin, peu importe leur nature, sache que ce trait de caractère nous unit. À cette "pierre" qui n'en est pas une, il y en aura une autre qui a tout de la pépite d'or, suffit de garder son esprit et son cœur ouvert. Mais cela, je sais que tu l'as déjà compris.

Vanessa qui est revenue sur les moments de ta jeunesse, avec "Je ne te reconnais pas". Tu nous a parlé du passé pour ne pas être dépassée ou aspirée par l'ampleur du vide que tu as vécu. Celui laissé par ta mère. Touchante, ta façon de nous le présenter, ce vide, et quand arrive le moment durant lequel tu nous répètes "moi, ça je ne le savais pas", tel un mantra, je nous sens libérés.

Il y aura eu aussi votre surprenante "Liste des choses que ma famille fait que vous ne croirez jamais", décliné en deux temps, qui fait rire, parfois "jaune". Ce qui sera aussi le cas lorsque vous lirez la liste du public en fin de soirée.

Comment conclure quand tout est dit et que les félicitations ne pourront pas être à la hauteur de la franchise que vous nous montrez ? Comment ? Tout simplement conserver en soi, précieusement, vos confidences toutes intimes et vous dire merci !