Pour la première soirée de la saison chez Tangente, nous étions pertinemment informés (par la commissaire): "La chair forme le canevas de ces deux récits contemplatifs", mais ces deux récits seront fort contrastés. Dans un premier temps, Dana Dugan, une féministe circassienne, qui nous interpellera sur le corps des femmes avec deux oeuvres "MEATmarket" et "(transFIGURation), précédées d'une projection vidéo sur les dérives sexistes de la publicité et de la réaction de jeunes enfants devant des images publicitaires choquantes pour quiconque, utilisant des femmes !
Par la suite, Élian Mata nous propose "Forêt" une douce allégorie sociale sur nos origines humaines toutes différentes. Percutante donc pour la première partie et poétique pour la deuxième, mais toutes les deux permettent une réflexion.
Le moment venu pour entrer dans la salle, nous laissons nos chaussures à l'entrée et nous sommes accueillis par Dana Dugan, tout sourire. Elle nous invite aussi à prendre nos aises et découvrir le lieu. Nous y découvrirons des inscriptions sur le sol, quelques accessoires disséminés un peu partout et un trapèze. Le temps que la salle se remplisse, nous pouvons découvrir la projection, sur grand écran dans le fond de la salle, de vidéos dont le slogan revient, "Women not objects" !
Et puis, l'écran se fait discret et la performeuse nous invite à tour de rôle à mettre la main à un cordon de plastique et à faire une cercle ou plutôt une ellipse autour d'elle et de son trapèze. Une fois que toute la foule nombreuse trouve place, elle nous invite à entreprendre notre marche rotatoire. Le temps de prendre notre rythme, elle se dévêt et prend place sur le trapèze, telle une pièce de viande pour nous présenter "MEATmarket". De notre perspective en constante évolution (de face, de dos, de proche ou de loin), nous la découvrons différemment, mais toujours avec le même effet, de celle qui tente de rester une femme, coûte que coûte. Durant la présentation de l'oeuvre, certains et certaines démissionnent, laissent le cordon pour prendre une place fixe, facilitant la marche de ceux qui restent. Et l'oeuvre se conclue, nous laissant libre de prendre place "fixe" cette fois pour découvrir "(trans)FIGURation". Juste avant, elle fait appel à des spectateurs pour lire un texte et éventuellement l'aider durant une transition.
Ayant réussi à trouver ma place dans le lieu, autour du trapèze, elle se met dans la peau de la cigale et prend place tout en haut pour nous présenter une série de transformations toutes aussi éloquentes pour nous qu'exigeantes pour elle. De cette femme en constante transformation, je reste captivé. C'est la pièce des deux qui me rejoint le plus. Elle est là tout en haut et lutte avec elle-même et la gravité pour y rester. Rester soi-même tout en évoluant, voici ce que j'y ai vu tout au long de ce moment. J'ai beaucoup aimé !
Mais cela se termine et elle revient sur terre pour recevoir les applaudissements fort bien mérités suite à "son cri (physique) troublant" ! Et nous, nous devons quitter la place, pour laisser la mise en place de la suite.
Tirée du site de Prodem.
À notre retour, nous avons le choix entre des coussins devant ou des chaises en retrait sur la scène tout autour du lieu de prestation. Une fois, tous les spectateurs en place, les lumières s'éteignent et une musique fort "évocative" prend le relais remplissant cette noirceur d'une sensation méditative. Et arrive le moment où peu à peu la clarté timide d'abord et un peu plus assurée ensuite, prend place et nous permet de découvrir des corps couchés, loin les uns des autres. Nous assistons leur très lente rencontre pour devenir un magma de devenirs individuels. Et de ces individus, sans attributs vestimentaires, mais tous différents, leur évolution s'avère fort poétique. Simple en sera la suite, mais fort accessible et surtout fort éloquente. De nos comportements individuels qui peu à peu deviennent en phase, j'en vois devant moi, une belle illustration, peu importe nos attributs physiques ou vestimentaires. Élian Mata, Matéo Chauchat, Marianne Gignac-Girard, Naïla Rabel, Jean-Philippe Ung et Jacqueline van de Geer, vos pas m'en ont montré une illustration.
Et moi, de ma condition humaine et masculine, je repars de cette soirée très "Tangente", tout en prenant conscience que la suite des choses peut dépendre de moi, mais aussi des autres tout autour.
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