dimanche 19 janvier 2020

Sur mes pas de lecteur: Une plongée fort riche dans l'intimité d'anciens interprètes en danse avec "L'Abécédaire"

Je ne surprendrai pas beaucoup de lectrices ou lecteurs, mais le monde de la danse, au sens très large, m'intéresse. Pas seulement, de ce que l'on me propose sur scène, aussi sur ce que ressentent et vivent les interprètes et les chorégraphes.

Voilà pourquoi, j'ai été très intéressé par le projet de Karine Ledoyen (Danse K par K), "De la glorieuse fragilité" qui s'inspirait du témoignage de ces interprètes qui avaient quitté la scène, j'y étais comme spectateur. Elle en a tiré une oeuvre chorégraphique qui rayonnait, loin de l'ombre des regrets (de ces temps passés). De ce type d'incursion dans la "tête" des interprètes, je me souviens encore du livre "Ob.scène" d'Enora Rivière que j'ai tant apprécié.

                           Karine Ledoyen, la chorégraphe derrière le projet (et le livre). Photo: Maison pour la danse

Quand j'ai appris qu'un recueil, "L'abécédaire", sur lequel l'oeuvre était construit, était disponible, j'avais une mission, me le procurer ! Et ce fût, mission accomplie! De ces témoignages, "bien" recueillis lors d'entrevue par Katya Montaignac, avec les questions suivantes "Dans quel contexte as-tu arrêté la danse ?", "Que te reste-t-il de la danse dans ton quotidien ?" et enfin "Peux-tu me décrire ton dernier salut sur scène ?", je les ai lu en un temps record.

Un abécédaire qui commence avec avec le "A" d'un "Adieu" fort touchant jusqu'au "Z" d'un "Zoom" sur l'identité d'une interprète en danse, avec un épilogue riche des derniers saluts de quatorze d'entre elles et eux.

Familier avec ce milieu, j'ai aussi joué le jeu de tenter d'associer le témoignage avec celles et ceux que j'ai connu comme spectateur. Et quelque fois, les "indices parsemés" m'ont permis de dire oui ! Mais peu importe, ma lecture était fort éclairante sur ces femmes et ces hommes qui ont vécu intensément leur passage sur les "planches" avec leur lot de certitudes et de questionnements, aussi !

J'y ai lu comment on quitte la danse, mais que jamais la danse ne nous quitte jamais. Comment les blessures et l'âge amènent les pas hors de la scène, loin de ce milieu ou loin. Il n'y a pas deux histoires semblables, mais toutes sont empreintes d'une humanité ressentie qui m'ont touché.

En tournant la dernière page, je me permets un souhait ! Comme l'indique aussi, une d'entre elle, "je ne dirais pas non à un projet qui réunirait d'anciens danseurs qui se retrouvent pour dépoussiérer leur corps dansant pour le partager sur scène sans penser impressionner, ni à retrouver une certaine virtuosité" (page 40).

On peut toujours se permettre d'espérer, mais peu importe la suite ou non, merci Karine pour m'avoir amené là tout en dedans !


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