Il y avait un certain temps, sinon un temps certain que mes pas m'avaient porté à une proposition chorégraphique. À ce point que mes complices de sortie, mon petit calepin et son crayon, pensaient que je les avais laissé tomber ! Il en reste en cette semaine fort calme après cette période fort occupée, l'invitation de Nasim Lootij tombait bien et je l'ai accepté avec grand bonheur.
C'est donc en un jeudi après-midi fort clément que mes pas fort heureux, comme mon calepin (!), me portent jusqu'au Studio Jeanne-Renaud de Circuit-Est Centre chorégraphique. Le spectateur que je suis a bonne mémoire et par conséquent, il se rappelle que sa première rencontre avec Nasim Lootij avait eu lieu à la sortie de ce même lieu, il y a quelques années avec ma promesse de découvrir son travail. Depuis, c'est ce que j'ai fait avec grand intérêt et plaisir.
Au programme cette fois, une ébauche avancée (fort intéressante, de ma perspective) de "L'inconsistance" d'elle et Kiasa Nazeran, suite à deux semaines de résidence technique, qui concrétisaient le travail fait dans d'autres lieux auparavant. Nous serons quelques personnes à attendre pour prendre place dans la salle et une fois les portes ouvertes, nous sommes accueillis par Sophie Michaud. Cette dernière nous indique qu'ils en sont à mi-chemin du processus de création et que nous sera présentée une portion d'une quarantaine de minutes.
Sans autre préambule, les lumières s'éteignent et nous apparaissent cette femme et cet homme tout de noir vêtu.es. Il s'en suivra une série de tableaux qui débute avec ce rouleau de papier blanc qui est déroulé et dont une bande est coupée. Ce papier deviendra la pierre angulaire polymorphyque de cette proposition. Rapidement, cette bande de papier tout blanc, qui sera entre autre, transformée, utilisée et cachée, représentera pour moi, leur mémoire ou la mémoire du peuple iranien (les deux interprètes sont originaires de ce pays). Leur propos est politique, illustrant l'importance de l'inconsistance dans l'évolution politique de leur pays, mais pas seulement ! Cela sera dit avec conviction après la présentation lors de la discussion avec le public présent. De ma perspective et de d'autres aussi, ils l'ont fait de façon fort poétique et affirmée qui irradiait tout au long de ce que je découvrais là devant moi. Que faire avec ce refaire et ces souvenirs tout disparates et refoulés en soi ? J'ai vu leurs réponses toutes personnelles à ces questions !
Moment privilégié du spectateur que je suis, tout au long, je sens, non (!) je sais, que j'assiste à une rencontre marquante et la discussion qui suivra la présentation, me permettra de bien prendre la mesure de ce qui les anime. Je peux aussi apprendre que le processus de création a été et est appuyé par bon nombre d'organismes, rappelant au spectateur que je suis, que la route est longue et demande des appuis avant que l'oeuvre arrive à son point final devant un public. Il en reste que cette version en travail de "L'inconsistance" en cours que j'ai découvert en ce jeudi après-midi est entre bonnes mains pour l'amener à bon port en vue de notre prochain rendez-vous dans la programmation d'un diffuseur.
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